Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Les enfants de la baleine d’Abi Umeda

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Titre : Les enfants de la baleine

Auteur : Abi Umeda

Éditeur vf : Glénat (seinen)

Années de parution vf : Depuis 2016

Nombre de tomes vf : 21 / 23 (en cours)

Résumé du tome 1 : Dans un monde où tout n’est plus que sable, un gigantesque vaisseau vogue à la surface d’un océan de dunes. Il abrite des hommes et des femmes capables pour beaucoup de manipuler le saimia, un pouvoir surnaturel qu’ils tirent de leurs émotions. Ce don les condamne cependant à une mort précoce.
À bord de la “Baleine de glaise”, ils vivent leur courte vie coupés du reste du monde. Jusqu’au jour où, sur un vaisseau à la dérive, le jeune Chakuro fait une étrange rencontre…

Mes avis :

Tome 1

Dans un univers de Fantasy rappelant furieusement les films du studio Ghibli, Abi Umeda nous emporte dans son histoire. J’ai été de suite happée par cet univers à la fois futuriste et hors du temps, avec un petit côté ancien du fait que la technologie à proprement parler a disparu au profit d’une énergie « magique », la saimia. J’ai trouvé les décors de la baleine de glaise véritablement enchanteurs et ceux de la mer de sable inquiétants, à l’image de l’île de Lycos. Il y a énormément de mystères qui se dégagent de cet univers dont on devine qu’il prend place dans un futur post-apocalyptique.

On ne connait qu’une communauté mais très vite on devine la présence d’autres. Le fonctionnement de celle-ci nous est expliquée pas à pas au fil de l’histoire et des rencontres que l’on fait, ce qui fait qu’on l’assimile très bien sans que cela soit lourd et chiant à lire comme parfois. D’ailleurs l’équilibre entre texte et dessins/actions est très bien. L’auteur a un vrai talent pour nous narrer son histoire, tout comme elle a un talent rare pour dessiner les planches de cet univers fantastique. Les dessins des décors sont splendides, les personnages sont aussi agréables et leurs vêtements intéressants. Il y a juste le côté androgyne de certains personnages qui m’agace un peu.

Justement du côté des personnages, on suit une fine équipe menée par Chakuro, qui a tout du héro agaçant et pleurnicheur dont je ne suis pas fan. Il me rappelle un peu l’héroïne de la Musique de Marie, mais en moins bien… Ce n’est pas forcément grâce à lui que l’histoire est intéressante mais plutôt grâce à sa rencontre avec celle qu’il appellera Lycos, ou bien avec le chef des rebelles : Ohni. J’aime bien aussi l’idée des marqués/non-marqués qui rythment la communauté et permet à certains d’obtenir le statut de dirigeants. Le club restreint des anciens cache bien des secrets, comme on s’en rend compte à la fin.

Côté histoire, au début on est plutôt dans la présentation de la Baleine de glaise, il y a un petit côté vie quotidienne pas désagréable. Mais très vite les choses changent avec la rencontre d’une fille venant d’une autre communauté et qui n’a pas du tout les mêmes us et coutumes. Leur univers s’ouvre alors et l’on découvre que c’est la communauté de Chakuro qui cache quelque chose. Les dernières pages en cela sont vraiment percutantes et inattendues. Elles me rappellent un peu les scènes de violences que l’on peut voir dans certains Ghibli. J’espère juste que ce nouveau virage dans l’histoire sera aussi bien géré que les débuts.

Tome 2

Cette suite est à nouveau un enchantement pour les yeux, décidément, je raffole du trait de l’auteur entre douceur et tragédie. L’histoire, ici, commence sous des jours tragiques avec la suite de l’attaque du peuple de Lycos. Ils font vraiment froid dans le dos et ont tous l’air complètement fou, surtout Leodari. L’idée en plus de leur faire porter un masque et un costume de clown renforce le sentiment de peur et d’absurde. En se mettant à la place du peuple de Phaleina, nous non plus on ne comprend pas ce qui se passe et le pourquoi d’un tel déchainement de violence. C’est par contre enfin l’occasion de voir la Saimia en action, et c’est assez impressionnant, cela me donnerait presque envie qu’ils en fassent un film animé. Mais c’est surtout un moment tragique où il y a énormément de pertes du côté des habitants de la Baleine de glaise. L’auteur ne nous épargne absolument pas et montre que sous des dehors un peu enfantin se cache en fait une histoire cruelle et sans pitié.

Grâce à l’attaque, on en apprend enfin plus sur l’origine des habitants de Phaleina et sur ce que cachent les Anciens. On découvre aussi un petit peu ce qui se cache à l’extérieur, mais il reste encore beaucoup de choses à découvrir quand même. Enfin, c’est surtout l’occasion de faire bouger les choses dans la Baleine de glaise elle-même et de remettre en question certaines certitudes qui faisaient fonctionner la petite société, comme le fait de contrôler ses émotions lors de la mort de proches. Ils commencent bien à se rendre compte que quelque chose cloche et que leur façon de faire n’est pas la bonne. Mais le pire vient des Anciens qui bien qu’ils soient conscients que ça ne va pas, préfèrent choisir la fuite plutôt que de se battre. J’espère que la jeune génération parviendra à les faire changer d’avis. En tout cas, la lutte est bien engagée à la fin de ce tome pour que tous puissent survivre.

Pour terminer, j’ai trouvé l’évolution des personnages bien gérée, notamment du côté de Chakuro, qui même s’il pleurniche encore beaucoup, mûrit et prend de l’assurance pour se battre. Mais ce n’est pas le seul, j’ai aimé voir Ohni mettre ses convictions à l’épreuve, voir Lycos changer de camp et ne plus rester passive, ou encore Suoh se rebeller. Ils sont tous attachants à leur façon parce qu’ils ne se laissent pas porter par l’histoire mais préfèrent se dresser contre.

La série reste donc d’excellente qualité, vraiment passionnante. J’ai juste une interrogation sur la longueur vu la rapidité des événements.

Tome 3

L’histoire avance mais la série marque un peu le pas dans ce tome. Pendant toute la première partie, je me suis un peu ennuyée. Le dialogue entre les Anciens et les jeunes avait un dénouement inévitable. Il n’y avait aucune surprise du coup, j’ai trouvé que ça trainait en longueur. Le côté « bons sentiments » de la série m’a aussi agacée. Pareil, les préparatifs de la bataille sont longs, pas très dynamiques et du coup peu intéressants, et rien qu’avec tout ça, plus de la moitié du tome est déjà passé… Parce que ce que j’attendais depuis le début, c’était la nouvelle bataille qui avait été annoncée la dernière fois. J’ai aimé l’organisation des habitant de la Baleine de glaise pour se défendre, c’est astucieux et ça rend bien. Mais surtout, j’ai aimé suivre la petite équipe partie à l’assaut de Skylos, c’était sûr qu’ils ne pourraient y arriver aussi facilement, alors même si la fin est percutante, elle est aussi attendue. C’est l’après qui m’intéresse désormais. Comment contourner ce piège ? Comment atteindre le coeur de Skylos ? Quelles seront les conséquences s’ils mènent leur mission à bien ? Mais surtout j’ai encore plein de question sur les Nous et sur Neri et sa soeur. L’univers a l’air encore très riche et j’espère que l’auteur aura le temps et le talent pour les traiter correctement.

Tome 4

La série continue à marquer le pas et j’ai trouvé ce tome particulièrement brouillon et lent. On n’avance pas beaucoup, il n’y a pas non plus beaucoup d’émotions contrairement aux premiers tomes. On se concentre sur les Noüs et leur influence sur les habitants des vaisseaux. On a donc droit à de nombreux combats assez intéressants où chacun démontre se dextérité mais où les personnages principaux qu’on suivait sont un peu en retrait au profit de seconds couteaux bien plus charismatiques, ce que j’ai beaucoup aimé. Cependant après ce long combat qui a été l’occasion d’une vraie hécatombes, on retombe un peu au point de départ. La menace est toujours présente mais elle reste encore mystérieuse ne connaissant pas bien le frère de Lycos, et surtout les Noüs prennent de plus en plus de place dans l’histoire au fur et à mesure qu’on découvre leurs pouvoirs et qu’ils commencent à communiquer avec la population. C’est clairement ces deux éléments qui me donnent envie de lire la suite.

Tome 5

J’avais eu un vrai souci avec le tome précédent, celui-ci me réconcilie avec la série. J’ai trouvé l’histoire très riche, on découvre des choses aussi bien sur Phaleina que sur le vaste monde qui l’entoure. Les personnages sont moins agaçants que d’habitude parce qu’on s’intéresse à quelque chose de plus vaste et j’ai vraiment eu l’impression d’être dans un récit de fantasy comme lors des premiers tomes. J’ai d’abord été ravie des visions de Chakuro, me disant chouette, on va enfin voir le passé de Phaleina, mais ça m’a plus fait l’effet d’un pétard mouillé, dommage. C’est plutôt par l’arrivée de Roxalito que nous apprenons des choses et mon dieu, c’est aussi noir que je le craignais. Sous des dehors d’un monde tout doux et gentil, l’auteur décrit une réalité violente et glaçante. On le voit aussi bien en apprenant le vrai rôle de Phaleina qu’en suivant le debrief d’Orca une fois rentré chez lui. Du coup, on passe d’un extrême à l’autre entre les gentils et naïfs habitants de Phaleina (à part quelques uns comme Ohni ou le Caporal) et la cruauté de ceux du dehors. Je suis du coup ravie d’en apprendre plus sur leur univers et je reste encore très curieuse des nouveauté que Roxalito et sa troupe vont apporter. Les guerrières qui l’entourent m’intriguent beaucoup. Ils ont déjà permis la mise en mouvement de l’île et sa sortie de l’isolement, qui sait ce qu’ils vont encore apporter à l’histoire.

Tome 6

Même si je continue à aimer la série dont l’univers s’élargit pour mon plus grand plaisir, je n’ai pu m’empêcher de trouver au nouveau l’histoire assez brouillonne ici. L’auteure s’éparpillent un peu et cela rend la narration parfois confuse. Pourtant elle a tout plein de bonnes idées dans ce tome. On apprend tout d’abord l’origine de la gouvernance par les non-marqués et j’ai trouvé ça fort intéressant et poignant grâce aux souvenirs de Chakuro. Puis, on suit ensuite leurs aventures sur les mers de sables pour se rendre au pays de Roxalito et ainsi sauver tout le monde du destin funeste qui les attend. Mais ce n’est pas aussi simple, et c’est normal. Certains marqués s’élèvent contre cette décision prise unilatéralement par leurs élites. On sent bien que quelque chose gronde là-dessous et qu’une force mystérieuse pousse derrière. Cette même chose est en train de transformer Ohni et le Caporal ce qui m’intrigue assez. J’aime beaucoup ce côté un peu glauque et mystique qui rejoint ce qu’on a appris précédemment sur les Nous. C’est vraiment un univers fantastique propice aussi bien au rêve qu’au cauchemar. D’ailleurs sur leur route, ils croisent aussi deux lieux mythiques : le Tour du temps et la Cité du sel qu’on peut interpréter à la fois comme les vestiges d’un ancien temps/monde, ou des lieux fantasmés. J’aime assez le concept mais je trouve ça dommage d’aborder les deux aussi rapidement dans le même tome. L’auteur ne prend plus bien le temps de poser les choses, c’est dommage.

Tome 7

Alors qu’ils sont en route vers de nouveaux horizons un mystérieux bateau fantôme croise la route de la Baleine de glaise et tout bascule. Dans ce nouveau tome, l’auteure relance sont histoire en révélant un pan du passé des premiers habitants de l’île. Si j’ai trouvé le début assez fouillis, j’ai très vite été emportée par cette nouvelle histoire. Grâce à elle, on a enfin des éléments de réponse sur Ohni et ce que cela révèle sur leur monde est fascinant. J’ai été très touchée par l’histoire de la première capitaine de l’île qui avait eu un passé tout sauf facile et dont le traumatisme qu’elle subit encore par la suite est à l’origine de bien des drames. On sent encore qu’il y a plein de mystères qui peuplent la Baleine de glaise et qui ne demandent qu’à nous régaler. On a l’impression que c’est une histoire où il y a toujours plus de petits secrets cachés pour notre plus grand plaisir. J’ai donc été assez frustrée quand en pleine action et en pleine révélation, l’histoire s’est interrompue pour une histoire annexe… Mais cette histoire s’est révélée passionnante elle aussi. Elle revient de façon assez surprenante sur le passé d’un personnage secondaire et met en lumière un nouveau pan de leur univers. J’ai beaucoup aimé.

Tome 8

Tandis que Phaleina poursuit son voyage vers la terre ferme, le maître mot de ce tome est « tristesse ». En effet, on s’attache ici aux personnages qui ont le plus souffert dans leur vie et qui continuent à souffrir. On s’intéresse d’abord à Ohni qui découvre enfin qui il est tandis que ses pouvoirs deviennent incontrôlable. C’est un vrai crève coeur de le voir blesser les autres sans le vouloir et prendre la décision de s’isoler pour éviter que ça ne se reproduise. Ce personnage a tellement évoluer depuis la première fois qu’on l’a vu que c’est dommage de le voir réduit à ça. Au passage, la scène où il décide de rester sur Phaleina après le départ des autres et l’une des plus belles et émouvantes de la série.

Après Ohni, l’auteure nous emmène faire un petit tour hors de la Baleine de Glaise pour voir un personnage marqué lui aussi à sa façon. On découvre le passé d’Orca, le frère de Lycos, et on nous donne des pistes quant à sa terrible personnalité. On apprend également quel est son but. Mais surtout il prend une nouvelle dimension, en n’étant plus seulement le soldat barré qu’on avait vu jusqu’à présent. J’ai beaucoup aimé la dynamique de sa relation avec Itia, j’ai trouvé leur moment particulièrement poignant.

Enfin, dernier personnage qu’on voit ici, c’est le Caporal et là, je ne m’y attendais pas. Les révélations qui tombent sur lui m’ont complètement prises par surprise et je me demande quelles en seront les conséquences. En attendant, ça montre une nouvelle facette de ce personnage, un côté bien plus fragile et inattendu chez lui.

Pour finir, après toutes ces émotions et tandis que Phaleina est tout prêt d’arriver, on termine le tome en laissant couver un putch et avec l’arrivée d’une nouvelle menace extérieure. L’auteure sait nous tenir en haleine. Le prochain tome promet d’être moins introspectif.

Tome 9

En effet nous repartons en plein dans l’action avec ce nouveau tome. Ça y est Phaleina arrive dans la ville de Roxalito et comme on pouvait s’y attendre ce ne sera pas aussi beau et facile qu’annoncé. De nouvelles épreuves les attendent qui ne vont que retourner le couteau dans les plaies à peine refermées des habitants de Phaleina marqués ou non marqués.

J’ai eu un peu de mal avec le début de ce tome où j’ai trouvé que la narration marquait le pas. Ça manquait de souffle épique, c’était un peu mou et forcé, on a vite senti où voulait aller l’auteure et c’est bien dommage. Elle nous avait habitué à tellement de sensibilité et de subtilité que j’ai trouvé tout ça trop facile et pas à la hauteur. Les nouveaux personnages et leurs relations entre eux sont trop caricaturaux. Je n’ai pas accroché.

Pour autant, j’aime la nouvelle dynamique qu’ils induisent et la façon dont ils permettent de relancer l’histoire des deux côtés. On se retrouve à nouveau en plein milieu d’un conflit. On retrouve ainsi en filigrane le peuple de Lycos, qui devrait bientôt repointer le bout de son nez. On sort aussi d’une impasse avec Ohni et on le revoit avancer, ça fait du bien. J’ai aimé l’évolution qu’on voit chez lui mais aussi chez Chakuro. De même, j’ai apprécié de voir un Suoh plus combattif et un Caporal plus impliqué dans ce qui se passe autour de lui. Dans l’ensemble, j’ai aimé l’attitude de chacun des habitants de la Baleine de Glaise, on voit que leurs précédentes épreuves les ont changés et les ont soudés.

Les enfants de la Baleine reste donc un excellent shojo d’aventure qui va désormais s’engager encore une fois dans une nouvelle direction qu’il me tarde de découvrir.

Tome 10

On reste encore en pleine action avec ce 10e tome déjà. Après un début sous tension mais un peu mollasson, les chapitres suivants s’enchaînent sans accroc et surtout sans nous laisser le temps de souffler. Tout semble enfin se rejoindre : les habitants de la baleine de glaise, le peuple de Lycos, mais aussi celui de Roxalito. Les trois sont prêts à s’affronter sur Amonlogia qui sera le théâtre de cette guerre.

Je trouve la façon d’entremêler les intrigues très bien faite. J’ai aimé voir certains marqués être obligés de devenir des soldats pour Amonlogia afin de libérer les marqués, mais trahir cette promesse par une pirouette pour finalement essayer d’aller libérer ces derniers. J’ai également aimé la discussion entre le Duc d’Amonlogia et Suoh qui sous-entend qu’il y a ici aussi des liens entre leur Sotiras et les Nous. J’aimerais vraiment qu’on ait des éclaircissements là-dessus d’ici la fin de la série.

Enfin comme j’ai été contente de voir Orca, le frère de Lycos, arriver et secouer encore la fourmilière. Ce type est énigmatique et ambigu à souhait. On se demande pourquoi il les attaque, quel est son but à lui mais aussi celui de son pays. On se demande aussi quelles relations il pouvait avoir avec Lycos et avec ce petit groupe de soldats qu’il a lui-même recruté. Ses pouvoirs sont surprenants et semblent se rapprocher de ceux d’Ohni. Le fait qu’il parte seul en ville avec son petit groupe pour mener à bien son projet donne un côté guérilla urbaine à son action qui m’a vraiment séduite graphiquement et scénaristiquement.

La série continue à avancer et à me plaire avec son ton qui se durcit et l’action qui se densifie. Je  lirai la suite avec beaucoup de curiosité.

Tome 11

Dans ce tome, tout prend sens après les aventures que nous avons suivies sur Phaleina et en dehors depuis le début. Les fils de l’intrigue commencent vraiment à se rejoindre pour tisser une toile cohérente assez ambitieuse et dépaysante qui garde le ton sombre mais prometteur de la série.

Le tome s’ouvre sur un rapide état des lieux qui était vraiment le bienvenu vu que je ne savais plus trop où on en était après avoir regardé l’animé cet été… L’autrice ne se perd pas en rappel inutile et va ensuite trop à l’essentiel, nous projetant rapidement en pleine action. Le rythme ne baisse pas ensuite jusqu’à la fin du tome. On a à peine le temps de reprendre notre souffle entre les différentes scènes d’action qui s’enchaînent.

On suit ainsi d’un côté le frère de Lycos, qui marche sur le palais pour aller confronter le duc et surtout affronter son Noüs. Il est d’un charisme fou et j’ai été agréablement surprise sur ce que l’on découvre sur lui et ses intentions. C’est très bien amené. Et d’un autre côté, en parallèle, on suit Ohni et les marqués de Phaleina en plein mission pour libérer leurs amis. Ce sont peut-être eux, une fois encore, qui apportent le plus d’émotions mais je les ai trouvé un peu en retrait niveau intensité face à ce monstre qu’est Orca. Cependant, leur avancée reste prenante avec son lot de rebondissements, de rencontres et d’alliance. C’est super à suivre.

Je me suis régalée avec ce nouveau tome où les ambitions d’Orca éclatent à la face de tous et aident enfin à mieux comprendre cet univers si complexe. Il me tarde vraiment de lire la suite !

Tome 12

Ce tome se sera fait attendre et en même temps, il fut lu avec une rare rapidité. Il faut dire que les quelques 150 pages qui le composent sont un concentré d’action. Nos héros sont toujours coincés à terre en train d’essayer de secourir les non-marqués, mais rien ne passe comme prévu. L’opposition qu’ils rencontrent n’est pas celle qu’ils attendaient et elle est bien plus costaud. L’autrice joue à fond sur l’opposition entre la philosophie de vie des habitants de Phaleina et ceux de l’Empire incarnés par Orca. C’est le coeur même de ce tome. Ce dernier est un personnage vraiment complexe et sa rencontre avec nos héros sera explosive dans tous les sens du terme. Il les interroge sur leur nature et leurs désirs mêmes en cherchant à imposer les siens.

Alors, pour être honnête on n’avance pas beaucoup dans l’histoire ici. Il y a surtout beaucoup de parlotte entre les différents personnages et les différents groupes. Il y a aussi plusieurs jolis combats qui mettent en jeu la vie de chacun et qui sont très bien orchestrés. La tension est toujours présente. On se demande qui va survivre et comment, au prix de quel sacrifice. C’est dur. Pour autant, ça me donne parfois l’impression de répéter des choses déjà vues dans les tomes précédents, et du coup, j’ai le sentiment de ne pas avancer. On en arrive avec Orca à quelque chose que j’attendais déjà depuis un certain temps. Même si je reconnais avoir passé un bon moment, notamment parce qu’il a une personnalité complexe et trouble et qu’il questionne pas mal Ohni mais aussi le Caporal et que j’aime ça.

C’est donc un tome un peu à part pour moi, beaucoup d’action, beaucoup de conversations, peu d’avancement de l’histoire, mais une opposition franche et intéressante entre les protagonistes qui va nous amener vers un nouvel arc qui semble prometteur.

Tome 13

Plus de six mois après le précédent tome, dur dur de se rappeler de tout ce qui est arrivé dans Les enfants de la baleine et je dois bien avouer que les premières pages furent un peu rudes pour moi, mais j’ai retrouvé par la suite le même plaisir que d’habitude pour cette histoire se passant dans un milieu aussi rude.

L’autrice clôt l’arc d’Amonlogia. La grande bataille est terminée mais les pertes furent importantes. Cela a tout de même permis à Roxalito de comprendre qu’il était aimé par son père et son entourage, ce dernier expliquant enfin pourquoi il se comporte ainsi. Il souhaite protéger son peuple avant tout et la dure réalité a fini par rattraper son idéalisme de jeunesse. Face à la menace de l’Empire sans nom, il n’y a donc pas de place ici pour les habitants de la Baleine de glaise qui doit repartir à la recherche d’une autre terre d’accueil.

Le périple ne va pas être de tout repos, on le sent, parce que l’aventure qu’ils viennent de vivre a laissé des traces. Suoh a décidé de révéler la vérité à son peuple mais également de se montrer plus réaliste et donc de ne pas partir à la rescousse de ceux qui ont été capturés. Ça va bien diviser tout le monde et des tensions sont à prévoir.

Du côté du frère de Lycos, celui-ci a explosé en plein vol et révèle enfin sa vraie face, je pense. Il prend la décision drastique de rompre avec son royaume pour déclarer son indépendance et ainsi partir à la conquête d’autres Noûs pour pouvoir ensuite conquérir celui de son royaume. Mais il semble encore cacher bien des secrets derrière et ça me fascine. De la même façon, le nouveau personnage introduit, sorte de face cachée de Chakuro, titille fortement ma curiosité tout en me perdant encore un peu plus dans ce vaste univers.

Les enfants de la Baleine reste donc une lecture dépaysante dans laquelle j’aime plonger et me perdre avec cette sensation de me laisser couler dans des eaux sombres.

Tome 14

A chaque fois que je reprends la série après une pause, là de 9 mois à cause du Corona virus, j’ai beaucoup de mal à me rappeler des tenants et aboutissants de la série et de l’endroit où l’on se situe, ce tome n’y a pas échappé. Pourtant, l’éditeur fait tout pour nous accompagner en nous proposant d’entrée une présentation des personnages et un court résumé de la situation, mais rien n’y fait…

En plus, il faut avouer que le titre est très philosophique et qu’il nous perd parfois dans de longues réflexions sur ce qui définit l’humanité, les relations entre les gens, les sentiments que l’on ressent, etc. Dans ce tome où l’on se concentre sur la mission de sauvetage de Lycos et Ohni, on est également confronté avec force à l’idéologie complexe d’Orca le frère de Lycos et ça n’a rien de simple. Il présente au petit groupe la révolution qu’il souhaite mettre en place envers et contre tous, pensant qu’il sait mieux que tous ce qui est bon pour eux. C’est un projet nébuleux dans sa mise en place et totalement fou, qui implique cependant astucieusement Lycos, Phaleina et les Daimonas. On commence ainsi à faire un peu le lien avec tout ce qu’on a vu, mais quel remue ménage cérébral il faut faire pour tout saisir ^^! Pour ma part, j’aime ce désir qu’il a d’infléchir le destin mais je pense que j’aurai besoin d’une bonne relecture à la fin pour bien tout saisir.

Heureusement le lecteur n’a pas seulement droit à sa petite leçon de philosophie dans ce tome, l’auteur n’oublie pas de nous offrir un peu d’action avec la mise en route de la mission de sauvetage inattendue de Suoh qui avait pourtant dit qu’il ne ferait rien. Son plan est complètement farfelu et peut prêter à rire mais c’est aussi, de la part de la mangaka, un bel ode au pacifisme et au dialogue, alors ça m’a plu. J’ai trouvé la mise en place de cette mission dynamique, avec une belle alternance entre humour et émotion. L’action est présente, les rencontres aussi. La découverte de l’intérieur du nouveau vaisseau d’Orca intrigue et les artefacts qu’on n’y trouve ne sont pas sans rappeler l’univers de Nausicaä de Miyazaki. J’avoue que c’est côté « ancienne civilisation mystique » qui m’intrigue et me séduit le plus, peut-être est-ce du à ma passion pour l’Histoire et l’archéologie.

Le tome cependant est court et se lit vite vu qu’il ne contient que 160 pages… L’intrigue est resserrée mais nous montre bien vers quoi on s’oriente. Le mystère est toujours présent et les messages sur l’importance du dialogue et de la compréhension de l’autre marquent. C’est graphiquement toujours aussi beau. Mais je n’ai pas été marquée par ce tome comme j’ai pu l’être par d’autres. Je n’ai pas été surprise non plus. J’ai plutôt eu l’impression que tout suivait naturellement son cours.

Tome 15

Quel tome déchirant !  Abi Umeda offre ici un portrait cru et sensible du destin d’un enfant soldat et c’est magistral !

Arrivé face à Orca, les volontés des habitants de la Baleine de glaise s’opposent à la sienne. Orca rêve de créer une oasis de bonheur quitte pour cela à massacrer tout un peuple. Son idée est magnifique mais le moyen d’y parvenir est terrible. Forcément, Lycos et ses amis ne peuvent que s’y opposer.

Après un déluge d’actions et de révélations un brin brouillon au début, l’autrice nous dirige ensuite vers le terrible récit du passé d’Orca pour que l’on comprenne enfin mieux ce personnage tellement ambivalent. Il tient toutes ses promesses. Avec lui, on découvre un jeune garçon qui n’a jamais voulu de la vie qu’il a dû mener. Il a été embrigadé bien trop tôt dans un conflit qui ne lui parlait pas et l’a transformé en être qui ne lui ressemble pas. C’est la métaphore parfaite de l’enfant soldat et l’autrice ne nous épargne vraiment pas. Son histoire est magnifiquement touchante. Je n’aurais jamais deviné qu’il lui était arrivé tout ça. C’est superbement raconté, avec tellement d’émotions, belles et dures à la fois. J’ai été très touchée.

Grâce à cela, on comprend enfin mieux les plans d’Orca et ce n’est pas trop tôt tant ce fut longtemps obscur et brouillon. Pour autant, il reste encore énormément de mystère même si l’autrice révèle de temps à autre des petites révélations sur l’univers et sa géopolitique en particulier. Cependant reste des interrogations sur celui qui ressemble à Chakuro par exemple et bien d’autres questions. Cela montre à quel point ce monde est fascinant.

Alors que la série touche à sa fin au Japon et devrait faire une vingtaine de tomes, avec celui que nous avons entre les mains, un nouveau tournant s’amorce grâce aux révélations qui tombe sur l’un des personnages les plus énigmatiques de la série. Drame, tristesse et plein d’autres émotions sont au rendez-vous. Préparez les mouchoirs !

Tome 16

Même si j’aime beaucoup les dramatiques aventures de ce shojo, fort m’est de reconnaître que ça devient aussi sacrément difficile de suivre les méandres de son histoire, encore plus avec une parution ralentie car proche de la japonaise ^^!

Je me suis donc fait quelques sacs de noeuds à essayer de resituer l’histoire dans les premières pages, heureusement d’un résumé et un aperçu des personnages est là pour nous aider et que l’autrice aussi fait quelques rappels bienvenus.

L’histoire se veut toujours aussi dramatique. A chaque accalmie qu’on pense trouver, à chaque lueur d’espoir, une nouvelle menace apparaît et vient tout remettre en question. C’est terrible, c’est même parfois à se demander comment tant de personnages qu’on chérit sont encore en vie après toutes ces morts.

Dans ce tome, Lycos et ses amis affrontent d’abord Orca pour tenter de le rallier à leur cause maintenant qu’ils savent qui il est vraiment. J’aime que l’autrice n’édulcore pas, du moins pas trop. Orca n’est pas absout de ce qu’il a fait, il doit au contraire vivre avec et essayer de se racheter. Son évolution est vraiment belle dans ce tome. Il réapprend à être lui-même auprès d’Itia mais également des habitants de Phaleina.

Celle-ci est donc victime d’une nouvelle menace. Vraiment j’ai eu l’impression de la voir sortir de nulle part, je vais être honnête et ça m’a agacée, comme s’il y avait une sorte de surenchère. On découvre ainsi une nouvelle personnalité de l’Empire toute aussi folle qu’avait pu l’être Orca autrefois et qui fait de drôles d’expériences avec le Nous de son vaisseau. Pour le lecteur, ça donne lieu à de nouveaux combats cruels et dramatiques, l’autrice ne nous épargnant rien.

Avec ses dessins toujours aussi poétique et onirique, Les enfants de la baleine continue à se renouveler à l’aide de menaces qui s’enchainent contre Phaleina. Cependant à tirer sur la corde et à espacer les sorties et donc les lectures, celles-ci deviennent plus floues et brouillonnes, c’est dommage. Je trouve qu’on perd un peu de vue l’ensemble, le but de nos héros, leur cheminement, tant tout est flou et chaotique aussi bien narrativement que géographiquement parfois. Une univers qui me plait, que j’adore, mais qui gagnerait en puissance en étant plus clair.

Tome 17

J’ai beau adorer la série, j’appréhende toujours un peu de replonger dans son univers tant il est complexe et tarabiscoté, surtout avec ses sorties de plus en plus espacées. Mais, j’ai eu la très belle surprise de tomber sur un tome plus clair que les autres où l’autrice redéfinissait bien les enjeux tout en enrichissant sa mythologie. Magnifique !

En effet, l’univers des Enfants de la baleine n’a rien de simple et je serais bien en peine de faire le récit de l’ensemble de leurs péripéties depuis le début. En entamant ce tome, je me rappelais surtout que les héros étaient en plein affrontement avec Orca et son vaisseau, et que la bête noire de ce dernier venait d’arriver parce qu’Orca avait fait sécession. Le tome reprend effectivement à ce moment-là, Orca a été capturé par Saligkari qui le torture et menace de tuer sa soeur et sa femme juste par plaisir sadique, tandis que le Noüs qu’il a jeté sur la Baleine de glaise fait des ravages.

L’intrigue que nous allons suivre dans ce tome prend de multiples formes. Il y a à la fois l’attaque présente de Phaleina contre laquelle luttent ses habitants, dont Ohni et le Caporal, tandis que Suoh a été « statufié » ; et en même temps, Orca est livré aux sévices de son ancien chef, tandis que Chakuro tente de libérer le vaisseau d’Orca du sort lancé par les prêtes empêchant l’usage du saimia. Mais ces intrigues présentes déjà passionnantes et riches en émotions sont en plus doublées par des intrigues plus ésotériques se déroulant dans l’esprit de certains d’eux qui vont être riches en révélations.

J’ai adoré l’alliance des deux. C’était bien joué d’encadrer les révélations faites dans les esprits d’Ohni et du Caporal par les autres événements, cela rendaient celles-ci encore plus centrales pour la suite. Les changements perçus chez Orca se concrétisent et font plaisir à voir, montrant le joli travail de l’autrice sur la figure de l’enfant soldat. Quant à Chakuro, ça fait plaisir de le voir actif et de le voir déjouer les plans des prêtres. J’espère d’ailleurs qu’on reviendra sur ceux-ci et l’aspect religieux de la série.

Du côté d’Ohni et du Caporal, on est vraiment sur un récit clé, là pour faire avancer l’histoire et émouvoir le lecteur, ce que ça parvient à merveille à faire. Ce duo plus adulte me plait depuis le début et voir la genèse de leur rôle est passionnant et émouvant. On en apprend beaucoup sur le passé de Phaleina, les expérimentations des anciens, leurs foirages, l’origine des pouvoirs du Caporal, ses relations à sa famille, ainsi que la naissance d’Ohni et sa vraie signification. C’est un très joli pied de nez à tout ce que pouvaient penser les personnages jusqu’à présent. J’ai adoré !

En plus, c’était vraiment émouvant parce que l’autrice a choisi un cadre sous forme de cocon où les sentiments et la relation entre les deux hommes étaient exacerbés. On finit la larme à l’oeil avec eux et on est autant grisé que triste par ces révélations et leur conclusion.

L’autrice a encore produit un tome à tomber par terre. Ses dessins sont et restent toujours aussi sublimes, d’une poésie onirique, douce et macabre, presque organique, vraiment marquante. Oui, ils ne sont pas toujours simple à appréhender. Oui, parfois ils manquent de lisibilité mais c’est justement ce qui leur donne un charme si particulier et dépaysant, nous permettant de mieux plonger dans cette histoire à part.

Sous fond d’expérience scientifique ratées, d’enfants-cobayes et d’enfants-soldats, la série continue son sombre portrait d’une humanité en perdition qui pourtant n’a jamais perdu espoir et continue à croire en des lendemains plus lumineux, au point de convertir les âmes les plus sombres. C’est brillant !

Tome 18

J’ai l’impression que les tomes sont de plus en plus fins, 160 pages max, mais on ne peut pas dire que l’autrice chôme. Il se passe énormément de choses. On dit au revoir à une époque et suite à un bond dans le temps judicieux, on entame un tout nouveau chapitre qui s’annonce encore plus sombre.

J’avoue que la parution ralentie ne m’a pas aidée au début à me situer. J’étais un peu perdue dans l’intrigue et dans tout le langage propre à la série aussi. Heureusement, les aventures se suivent sans déplaisir et le ciel s’éclaircit peu à peu. J’ai ainsi pu assister avec beaucoup d’émotion au sacrifice d’Orca, le frère de Lycos, qui a enfin compris ce qui comptait pour lui. C’était beau de le voir ainsi transformé. J’ai adoré sa relation avec Itia et Leodari. Son choix va changer beaucoup de choses et permettre à Phaleina d’éloigner le danger qui la guettait.

Une nouvelle ère s’ouvre alors, une ère de paix qui va durer une petite année au cours de laquelle les habitants de Phaleina vont apprendre à cohabiter avec leurs nouveaux locataires. J’ai été touchée là aussi par les changements apportés et opérés. C’est beau de voir cela après toutes les épreuves qui ont eu lieu. Cependant, on se doute bien que ce n’est qu’une accalmie et que rien n’est fini. La preuve puisque Suoh n’a pas abandonné son rêve de trouver une terre ferme et accueillante pour eux.

Je n’ai donc pas été surprise quand une nouvelle aventure s’offre à eux dans les dernières pages. L’autrice a à peine le temps de lancer son nouvel arc mais les mystères sont déjà bien preignant et prenant. On découvre une nouvelle terre, de nouvelles légendes, de nouveaux habitants et de nouvelles coutumes, ainsi qu’un nouveau méchant qui a l’air d’être le Big Boss final cette fois et qui clôt le tome sur une note terrible.

Ainsi, bien que toujours brouillon dans sa façon de raconter les événements, Les enfants de la baleine est toujours une série qui me fascine. J’aime l’imagination dont fait preuve l’autrice. Elle m’embarque toujours dans des aventures qui m’emmènent très loin. J’aime toujours autant l’émotion qu’elle insuffle aussi à son histoire, grâce à des personnages plein de nuances, pour qui la rédemption n’est pas juste un mot jeté en l’air.

Une saga a l’aura puissante et marquante qui malgré ses défauts reste totalement indispensable pour moi.

Tome 19

Nous voici parti pour encore un nouvel arc dans cette histoire décidément à rallonge et j’espère bien que ce sera le dernier cette fois car je ne vois pas trop ce qu’elle pourrait raconter encore après sans donner le sentiment d’exagérer…

Les enfants de la baleine est vraiment depuis ses débuts un très beau shojo d’aventure sur fond d’une fantasy âpre et dépaysante. Cependant, je dois avouer une certaine forme de lassitude au fil des tomes malgré le fait que l’intrigue se soit un peu éclaircie au fil des aventures de nos héros. Alors maintenant qu’ils ont trouvé leur terre promise et que le big boss semble vouloir leur chercher des noises, j’espère qu’on arrive au bout du bout.

Ce tome, fort mince encore une fois, nous plonge dans l’installation des habitants de Phaleina à Kivotos, ce havre de paix bucolique où des habitants aux coutumes proches des leurs les ont accueillis à bras ouverts. Cela marque une pause salvatrice après tous les combats qui ont eu lieu et c’est fort agréable de voir nos héros dans une dynamique positive d’installation et non de combat. Ainsi, même si c’est fort bref, j’ai apprécié ces instants de vie où on les voit découvrir un autre peuple, d’autres paysages et mettre la main à la patte pour se créer un nouveau cocon, sans oublier ce qui s’est passé et dans le but toujours d’avancer dans la vie et de rendre hommage aux défunts, un pan important de l’histoire.

Cependant, j’ai aussi apprécié quand l’engrenage s’est grippé et que d’un côté les habitants de Kivotos sont venus parler d’une funeste prophétie et de l’autre que l’Empereur, double de Chakuro s’est mis en marche vers eux. Ce dernier est vraiment l’élément perturbateur ultime de la série avec ses ambitions pharaoniques de destruction de tout leur monde pour mieux le faire renaître en le modelant selon sa volonté. Sa mégalomanie fait peur et en même temps, je le trouve bien moins charismatique que ne le fut Orca et ses sbires en son temps. Les attaques que subissent les habitants de ce monde sont bien moins marquantes qu’au début, soit qu’on s’est habitué à cela, soit que la brièveté de celles-ci contribue à les rendre plus fades et moins impactantes. J’ai un peu le sentiment qu’une routine s’est installée en fait.

Ainsi même si le folklore de la série et ses motifs mélancoliques me séduisent toujours autant, je ne peux m’empêcher de trouver qu’elle a bien perdu en qualité depuis le début. On n’est plus dans la série coup de poing dénonçant le militarisme et les enfants soldats. On est beaucoup plus dans un basique récit d’aventure sur fond de fantasy avec la recherche d’un paradis terrestre où s’établir et bâtir une société plus égalitaire en pensant ses plaies et en se souvenant de tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour cela. C’est plein de bonnes intentions mais plus banals et cela se sent dans la narration et l’histoire qui ont moins d’impact et font plus déjà vu.

Reste des dessins toujours aussi sublimes par leur finesse et leur onirisme, contribuant beaucoup à la belle ambiance mélancolique du titre, ainsi qu’une imagination folle pour les décors, costumes et créatures qui immergent vraiment dans un univers 100% dépaysant.

J’espère donc qu’on s’achemine bien vers la fin de l’histoire avec cet arc confrontant les héros à leur désir ultime d’un côté et leur ennemi ultime de l’autre. Abi Umeda a pour moi fait le tour de ce qu’elle avait à dire et il temps de conclure avant de trop dénaturer le titre. Elle nous aura offert une bien belle et rude ballade dans cet univers mélancolique et dramatique à souhait souligné par la magie de ses compositions graphiques.

Tome 20

Même si je sais désormais qu’on approche de la fin de la série, que c’est dur à chaque fois de recoller les morceaux de l’intrigue quand on débarque à nouveau. La lenteur de le publication complique les choses mais la narration emberlificotée de l’autrice n’aide en rien et pourtant, au final, c’est toujours la poésie de l’objet qui l’emporte et heureusement.

Cependant, on sent une Abi Umeda un peu à bout de souffle qui nous ressert encore la même trouvaille scénaristique : l’attaque de la Baleine de glaise par de nouveaux ennemis. C’est un peu redondant. A chaque nouvelle menace, ils se retrouvent sous le feu des attaques les pauvres et on retrouve les mêmes scènes de courage, de sauvetage, de mise en danger… Il serait temps de faire un peu de neuf.

L’autrice a dû se le dire aussi car enfin, elle nous livre les secrets de la baleine, des Noüs, des archivistes et j’en passe. Quel bonheur au bout de 20 tomes d’en découvrir enfin plus sur cet univers. Cela se sera fait attendre. DE manière toujours aussi âpre et poétique, l’autrice nous décrit le basculement d’une société, la nôtre, dans le monde des Marqués qu’on connaît. Tout s’éclaire alors, nous sommes dans une dystopie où une mystérieuse espèce, probablement extraterrestre, est un jour arrivée sur Terre et a tout fait basculer.

C’est raconté assez rapidement par l’autrice et malgré la charge d’information, on assimile tout cela très facilement, car elle met cela sur le compte des Archivistes. Elle mélange ainsi astucieusement et pour une fois de manière très claire, informations sur l’univers et sur les personnages. On découvre comme la Baleine de glaise est devenue ce qu’elle est, comment les humains ont eu des pouvoirs, qui sont les Archivistes. C’est hyper riche et vraiment fascinant. J’ai adoré. Je trouve juste triste qu’il ait fallu attendre si longtemps pour le découvrir. Avait-on besoin de tous ces détours ?

Le récit en tout cas est beau et plein d’émotion. On tremble à nouveau pour ces habitants en danger. On a mal au coeur du nouvel affrontement auquel doivent se livrer Ohni et Shuan. On est touché par le destin de cet ancien Archiviste et sa rencontre avec le bébé Noüs. L’autrice sait vraiment transmettre à merveille les émotions à travers ses dessins si dynamiques et oniriques. Elle transmet parfaitement sa volonté pacifique de lutter contre la guerre par les mots et la mémoire et non par les armes. C’est très touchant.

Univers totalement dépaysant, Les Enfants de la Baleine est un titre vraiment singulier porteur de belles valeurs, de valeurs essentielles, qui malheureusement sont un peu noyées sous une narration maladroite qui nous jette à la vue de superbes dessins, des émotions déchirantes mais une intrigue bien trop tortueuse dans laquelle on a tendance à se perdre, oubliant même le propos de l’autrice. Il faut espérer que les derniers tomes seront allier le meilleur des deux et rendre l’ensemble plus clair et direct.

Tome 21

A l’approche de la fin, Abi Umeda accélère encore sa valse funeste pour une mélodie terriblement sombre et cruelle contre laquelle nos héros sont bien en peine. Tragique et poignant !

Explorant encore le passé et les origines de Phaleina et du rôle d’Archiviste de Chakuro, l’autrice nous livre ici un tome riche et émouvant où les émotions jouent un rôle central. Avec une narration parfois un peu floue, elle débroussaille tout de même les enjeux de ce dernier volet de son histoire et avance vers la symphonie finale.

Au coeur de cette nouvelle histoire, une relation d’amitié entre l’ancêtre de Chakura ou plutôt une lointaine incarnation et un noüs très particulier : Skia. A la mort du premier suite aux guerres des humains, ce dernier décide de reprendre son rêve : un monde sans guerre et pour cela il imagine qu’il faut priver les humains de leurs émotions quitte à les tuer tous pour créer une nouvelle espèce. L’engrenage était lancé.

Terrible fable autour de la volonté de pacifier un monde, Les enfants de la baleine montre combien il est dur de comprendre les désirs de l’autre mais également de mettre fin à la guerre. On a beau s’y prendre par n’importe quel bout, ce n’est jamais satisfaisant et il y a toujours des pertes. C’est puissamment écrit et mis en scène.

Les émotions sont ainsi toujours au coeur de tout, du but que c’est fixé Skia mais également de ce qui motive ceux qui luttent contre lui dans le présent, et chez le lecteur qui assiste à tout cela. Comment ne pas être touché par la détresse de cet être qui comprend si mal les hommes ? Comment ne pas fondre devant ce nouveau Ohni également qui comprend enfin le rôle que peut jouer Suoh et forme un drôle de duo avec lui ? Et que dire de la fratrie Lycos – Orca qui a tellement changé depuis le début ? C’est un vrai bouillonnement d’émotion qui est mis en scène et s’empare de nous.

Avec ce dessin toujours aussi poétique et organique où les émotions semblent prendre corps dans ces filaments qui s’échappent de partout, Abi Umeda nous séduit autant qu’elle nous met mal à l’aise, car elle montre et illustre ce qui est habituellement caché, que ce soit la lumière ou la noirceur, les apparences ou l’intériorité. Sous son trait incisif tout prend vie !

A trois tomes de la fin, l’autrice met un sacré coup d’accélérateur dans sa fable écolo-pacifiste où elle décrit avec toujours autant de nuances et d’absence de manichéisme les difficiles mécanismes pour mettre en place une utopie sans guerre. Quel rude monde qu’elle nous décrit mais quelle richesse dans les émotions !

6 commentaires sur “Les enfants de la baleine d’Abi Umeda

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