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Perfect World de Rie Aruga

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Titre : Perfect World

Auteur : Rie Aruga

Éditeur vf : Akata (L)

Années de parution vf : 2016-2021

Nombre de tomes vf : 12 (série terminée)

Résumé du tome 1 : Tsugumi Kawana est une jeune femme de 26 ans qui travaille dans une boîte de design d’intérieur. Lors d’une soirée d’un client tenant une boîte d’architecte, elle va tomber nez à nez avec son premier amour et confident quand elle était au lycée : Ayukawa. La jeune fille semble très vite retomber sous son charme. Mais lorsque ce dernier décide de partir, elle va alors se rendre compte que quelque chose a changé. En effet, Ayukawa est en fauteuil roulant à présent.

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Mes avis :

Tome 1

Ce titre est une vraie surprise ! Je ne voulais pas commencer cette série à la base et finalement après l’avoir feuilletée j’ai craqué et la lecture complète de ce premier tome a confirmé mon choix.

Perfect world est un très beau titre qui sait parler de handicap sans tomber dans le larmoyant et l’apitoiement. J’ai aimé la douceur et la bienveillance qui se dégage du titre et en même temps le souci de raconter au plus près comment est la vie d’un handicapé sans oublier les détails peu reluisants mais en conservant aussi les bons moments. L’auteur équilibre parfaitement les deux et le fait de voir le handicap à travers les yeux d’une jeune femme qui tombe amoureux d’un jeune homme handicapé qu’elle a connu et aimé autrefois est un excellent choix. Cela permet de s’intéresser avant tout à l’homme en tant que tel et non pas seulement à son handicap. Le fait que cela se passe dans le milieu de l’architecture me plaît également parce que c’est un milieu qui m’a toujours fascinée et qu’en plus, cela permet de parler d’aménagement de l’espace urbain et de l’habitat. Pour le moment ces points ne sont qu’effleurés, la romance primant tout de même sur le portrait d’un handicapé au travail ou d’un handicapé dans sa vie de tous les jours mais l’ensemble est plaisant à suivre.

La romance entre ces deux anciens amis se met peu à peu en place. Ils retrouvent leur ancienne complicité et se voient sans que le handicap soit un obstacle. On suit aussi les pensées de l’héroïne qui a besoin d’un temps d’adaptation avant de réaliser que c’est l’homme qui l’intéresse et qu’elle se moque de ce handicap, ce qui est très beau à voir. Elle réalise qu’il est toujours celui qu’elle a connu, il est devenu architecte comme il le voulait, il fait toujours du basket comme au lycée. Du coup, on la voit se rapprocher de lui comme dans toute relation. Mais ce qui est intéressant ici aussi, c’est sa réaction à lui qui est bien plus complexe. Il a un passé amoureux lui aussi et a souffert à cause de son handicap et du regard des autres, alors il ne sent pas de s’engager à nouveau à la légère. Je l’ai trouvé très touchant dans son envie d’être indépendant, de ne pas dépendre des autres, de ne pas leur causer de soucis et du coup de se sacrifier.

Ainsi malgré un côté assez classique dans le déroulement de la romance et dans le graphisme, le sujet du handicap, son traitement et la personnalité des personnages rendent ce titre vraiment intéressant à suivre.

Tome 2

Dans la veine du premier, j’ai aimé la façon dont l’auteur fait évoluer le couple  Tsugumi – Ayukawa dans ce tome 2. Le fait d’être en couple ne signifie pas la fin des problèmes mais plutôt le début de nouveaux. Si certains sont un peu trop attendus et artificiels pour moi, comme l’aide à domicile rivale de l’héroïne ou l’ancien camarade de classe rival du héros, d’autres m’ont semblé plus crédibles. En effet, même si ça fait mal, je trouve normal que les parents de Tsugumi s’inquiètent pour elle à cause de sa relation avec un handicapé par exemple. Je trouve aussi assez judicieux de montrer combien Tsugumi cherche à bien faire pour comprendre et aider Ayukawa. Ça m’a beaucoup touchée et j’ai aimé la voir tout donner pour lui, au point de s’épuiser. Je sais que ça fait cliché, que ça rappelle celui de la bonne petite épouse japonaise, mais je pense surtout que dans un couple quand l’un peut faire plus que l’autre dans certains domaines il le fait sans arrière pensée. Après, j’ai aimé que ce ne soit pas à sens unique, qu’Ayukawa le sente et voie bien que Tsugumi en fait trop. Mais il y a un vrai manque de communication dans leur couple et c’est bien dommage. Ayukawa s’ouvre de temps en temps mais pas encore suffisamment. Je comprends que ce soit dur de parler de tout ce qui nous fait mal, de tout ce à quoi on doit renoncer quand on souffre d’un handicap, mais je pense vraiment que c’est nécessaire à leur couple.

Rie Aruga est douée pour mettre en avant ces sentiments ambigus qui habitent les personnages et c’est ce que j’aime vraiment dans ce titre malgré ces dehors de romance un peu niaise.

Tome 3

Je suis un peu déçue après avoir lu ce tome. Je me doutais qu’avec un sujet comme le handicap on aurait droit à notre lot de malheurs, mais là je trouve que ça fait un peu « too much » au point de rendre le tout artificiel. Il n’y a plus de nuances dans les réactions de certains personnages et l’accumulation de drames m’a vraiment agacée.

Dans ce tome, j’ai parfaitement compris l’angoisse des parents de Tsugumi quant à sa relation avec Ayukawa, mais pas la main mise qu’ils cherchent à avoir sur leur fille parce que c’est vraiment malsain. Je comprends également l’attachement de l’infirmière d’Ayukawa et à la limite qu’elle ait pu tomber amoureuse de lui, mais elle est ignoble aussi bien avec lui qu’avec Tsugumi. Elle se comporte comme une vraie psychopathe par moment et surtout une vraie manipulatrice en faisant pénétrer insidieusement ses idées pour séparer le couple. Je la trouve vraiment horrible et l’aide qu’elle apporte à Ayukawa ne le justifie en rien.

A côté de ça, je trouve que les questionnements que le couple se pose sont logiques. L’auteure arrive très bien rendre toute l’angoisse qu’on doit ressentir dans ce genre de relation quand l’un est malade ou a trop tiré sur la corde. C’est juste que là, ça s’enchaîne trop vite à mon goût. Je n’arrive pas à reprendre mon souffle et la conclusion de ce tome est convenue et attendue. J’ai vraiment eu l’impression que la nuance dont elle parvenait à faire preuve dans les tomes précédents avait disparu ici et que c’était tout ou rien. C’est dommage. J’espère vite retrouve ce que j’ai aimé au début parce que si ça tourne trop au drame ou au mélo, ce titre ne sera plus fait pour moi.

Tome 4

Après la déception du dernier tome, j’ai trouvé celui-ci beaucoup plus fin et intelligent et beaucoup moins truffé de clichés. Il faut dire que les éléments perturbateurs que sont le père de Tsugumi et l’infirmière d’Ayukawa interviennent moins aussi.

Ayukawa et Tsugumi sont désormais séparés et il faut leur apprendre à vivre l’un sans l’autre, à se reprendre et à avancer. Nous suivons surtout le point de vue de Tsugumi qui essaie de comprendre la décision d’Ayukawa et de tourner la page. Je suis assez triste qu’elle ne se batte pas plus pour rester avec lui. Du coup, on passe par certains clichés du shojo : la soirée avec les copines où on picole, le gentil garçon ami de toujours et amoureux de l’héroïne qui l’aide à tourner la page. Ça, j’ai moyennement aimé même si on s’en doutait depuis un moment. Par contre, j’ai trouvé intéressant de voir Koré-éda complètement honnête et franc avec lui-même et avec elle. Il est conscient de ses sentiments pour Ayukawa et les accepte. Il compte tout de même se battre pour la conquérir et la rendre heureuse. J’aime ça.

J’ai également beaucoup aimé la prise de conscience progressive d’Ayukawa. Oui, c’est lui qui a mis une barrière dans leur relation en se servant de son handicap comme excuse, et oui c’était bête et elle lui manque. C’était beau de le voir progressivement changer d’avis et aller jusqu’à tout donner pour la récupérer mais échouer. C’était plein d’émotions, triste et beau à la fois. Enfin, j’espère que mon intuition à la fin concernant Mlle Kawana va se confirmer et qu’elle a bien changé comme je le crois après avoir vu les sentiments si forts d’Ayukawa pour Tsugumi.

En conclusion, je commence à retrouver ce que j’aime dans la série, à savoir un traitement plein de finesse du handicap.

Tome 5

Je ne suis pas forcément fan de la tournure qu’a prise la série mais je dois reconnaître que ce tome était encore une bouffée d’émotions.

La séparation de Kawana et Ayukawa me pèse encore. Je n’aime pas le couple qu’elle forme désormais avec Koré-éda et pourtant, je commence à comprendre pourquoi la mangaka a fait ça. Les rencontres que chacun fait depuis qu’ils sont séparés sont nécessaires pour les faire grandir.

En restant à Matsumoto, Kawana rencontre un couple qui est presque le reflet de ce qu’elle a vécu avec Ayukawa. Ça la fait donc replonger dans le passé et ça lui permet de mieux analyser ce qu’elle a vécu. Elle voit tout sous un autre oeil. Le couple en question est d’ailleurs poignant et ils sont en grande partie responsable de la qualité de ce tome. Les difficultés qu’ils rencontrent pour vivre ensemble et se bâtir un avenir m’ont beaucoup émue.

A côté de ça, je trouve la relation entre Kawana et Koré-éda très superficielle. On sent bien que celle-ci ne l’aime pas et qu’elle se sert de lui et c’est vraiment triste parce que c’est quelqu’un de bien et il mérite mieux que de servir de béquille. Du coup, je trouve qu’à l’inverse la relation entre Ayukawa et Nagasawa est bien mieux menée. L’analyse est beaucoup plus fine et finalement c’est la relation dont l’évolution m’a le plus plu dans ce tome. Nagasawa m’a vraiment fait de la peine, de même qu’Ayukawa qui ne sait pas comment se comporter avec elle.

Mais maintenant, j’attends que ces histoires annexes soient mises de côté et que le couple principal se reforme pour aller de l’avant, qu’on arrête un peu avec les excuses artificielles qu’ils se trouvent.

Tome 6

Ça fait plusieurs tomes que j’attends de retrouver le coup de coeur des débuts sans y parvenir, celui-ci commence à s’en rapprocher. Ayukawa et Kawana se reparlent enfin et se retrouvent autour d’un projet important qui symbolise un peu ce qu’ils n’ont pas réussi à construire. J’aime la sensibilité avec laquelle l’autrice les guide vers ce rapprochement. Le projet sur lequel ils travaillent est très beau, le couple à qui il est destiné est touchant, alors finalement je suis contente que Rie Aruga s’en serve dans son histoire.

On constate combien Kawana a changé depuis leur séparation. Elle est plus sûre d’elle, plus combative et plus forte. On le voit dans chacune de ses décisions du début à la fin de ce tome. Ayukawa, lui, semble avoir peu changé et je le regrette. Je n’aime pas sa fausse gentillesse envers son infirmière, ça va juste blesser tout le monde. Je n’aime pas non plus toutes les fausses excuses qu’il trouve au début pour repousser Kawana. Finalement, c’est peut-être lui l’instrument le plus mélo dans l’histoire et ça m’agace. En même temps, j’ai été soufflée de le voir s’acharner autant pour aider un couple de parfaits inconnus. A l’inverse, je continue à être agréablement surprise par Koré-éda qui est d’une gentillesse, d’une patience et d’une compréhension rare. Je n’avais pas vu venir l’histoire de son frère et ça explique peut-être bien des choses. Je sens bien qu’il va se faire larguer d’ici peu et je serai triste pour lui à ce moment-là même s’il aura vraiment fait tout ce qu’il peut.

Je commence donc à raccrocher avec l’histoire dans ce tome parce que je sens les propos de l’autrice plus clairs et qu’il y a quand même moins de mélo. J’ai aussi l’impression qu’on se dirige tranquillement vers le final de l’histoire, j’espère ne pas me tromper.

Tome 7

Probablement le tome que j’ai le plus attendu depuis les débuts de la série, la faute au terrible événement qui se produit à la fin du tome précédent.

Rie Aruga adore jouer sur le registre du drame et ici ce n’est pas un petit drame intime qui se produit mais quelque chose de bien plus vaste qui touche tout le monde. Cependant, assez intelligemment, elle le traite de façon très personnelle en montrant comment une catastrophe naturelle peut toucher de manière complètement différente les personnes à mobilité réduite. En quelque page, elle nous renvoie combien notre monde, nos villes, nos maisons sont construites pour les personnes dites normales, en tout cas sans handicap, parce que lors de ce type d’événement tout devient un obstacle même des petits éléments qui nous semblent parfaitement banals. C’est là le vrai drame.

Du côté de la romance, là j’ai été plus agacée. Kawana ne peut s’empêcher de s’inquiéter pour Ayukawa, ce qui est normal, mais elle en fait des caisses, il n’y a aucune subtilité. En fait, c’est à ce moment-là qu’on voit tout remonter. Pauvre Koré-éda. Du coup, j’ai eu l’impression de passer mon temps à suivre ses atermoiements, sa fausse assurance qui ne fait que souligner sa fragilité réelle. J’ai quand même vraiment du mal avec ce genre de personnage qui se donne des faux airs de femme forte sans l’être du tout au final.

A l’inverse, j’ai trouvé Ayukawa bien plus touchant. On voit lui aussi qu’il est très touché par ce qu’il se passe, mais il parvient à garder la distance nécessaire. Il ne joue pas de son handicap, au contraire il sait reconnaitre ses priorités et voir quand quelqu’un est plus dans le besoin que lui. C’est un homme formidable qui arrive même à prendre du recul plus pour arriver à en parler à Kawana. Je l’apprécie vraiment beaucoup et je trouve qu’il a bien évolué sur sa vision de son propre handicap.

Donc en dehors de la romance, j’ai vraiment apprécié que l’autrice aborde ce sujet dans ses propos sur le handicap. Elle continue à avoir un langage direct. A nous parler sans concession des difficultés des personnes à mobilité réduite aussi bien dans leur quotidien habituel que lors de moments plus exceptionnels et c’est terriblement touchant mais tragique. Ça marque.

Tome 8

Avec ce tome, on amorce un sacré virage vers la fin de la série selon moi. Du coup, le déroulement est assez classique et prévisible. Pas que je n’ai pas aimé mais je n’ai pas non plus été bouleversée comme j’ai pu l’être auparavant, la surprise n’étant pas au rendez-vous ni vraiment l’émotion. Pourtant Kawana fait preuve de bien du courage en venant retrouver Itsuki sur un coup de tête pour lui parler de ses regrets, et ce dernier fait enfin preuve d’honnêteté en lui parlant des siens. J’ai aimé la mise en scène de cette soirée où le paysage était rempli de petites bulles d’émotions contenues.

C’est la suite qui m’a laissée un peu sur ma faim tant c’était conventionnel. Après un face à face « entre hommes » (mon dieu le cliché !) pour parler de l’avenir de Kawana (sans elle…), Itsuki met aussi les choses au clair avec Nagasawa, comme c’était attendu. A nouveau, aucune surprise ici, l’autrice se contente d’enfin mettre les points sur les i. J’ai bien aimé entendre les pensées de ce personnage si difficile à aimer et qui le mériterait pourtant.

Reste maintenant, le premier problème qu’ils avaient rencontré en plus du handicap d’Itsuki : le regard de la société et surtout la famille de Kawana qui n’accepte pas cette relation jugée trop difficile, contraignante. Ça va probablement être le dernier point noir à régler dans la série.

Perfect World reste une bonne lecture mais un peu trop facile peut-être. Je reste sur ma faim. Il me manque le petit truc en plus pour finir la gorge serrée et la larme à l’oeil comme dans d’autres séries qui me touchent bien plus ^^!

Tome 9

Ce nouveau tome aurait presque pu offrir une jolie conclusion à la série si l’autrice n’avait pas décidé de continuer. On y trouve tous les ingrédients pour un beau happy end à l’américaine. Les amateurs du genre seront ravie, mon coeur de fleur bleue l’est, mais ceux qui veulent une histoire un peu plus poussée resteront assurément sur leur fin.

En effet, ici Rie Aruga passe à la vitesse supérieur concernant les héros dont le couple a quand même pas mal ramé. Elle va donc leur faire rapidement enchainer pas mal de péripétie, je trouve et faire vite avancer le temps et les saisons surtout. Ainsi Ayukawa va devoir convaincre le père vieux, fatigué et malade de Kawana et ce n’est pas facile. C’est par contre nécessaire et ça soulève des questions importantes sur la dépendance et le handicap. J’ai quand même trouvé que ça allait un peu vite… Puis une fois cela réglé, c’est la concrétisation de leur relation qui est à l’ordre du jour et là aussi l’autrice nous le fait en accéléré et c’est bien dommage. Oui, d’accord les personnages ont évolué, muri, ils ont compris les failles qu’il y avait en eux et dans leur relation et ils y travaillent, mais est-ce une raison pour changer à ce point de rythme et griller les étapes ? J’ai malheureusement eux le sentiment de quelque chose de trop artificiel et même si je suis contente pour les héros, je suis aussi restée de marbre face à ce qui leur arrivait ce qui n’était pas le cas autrefois.

Ainsi avec ce 9e tome, vous pouvez déjà trouver une conclusion à la série si vous souhaitez vous arrêter là. Moi, j’ai quand même envie de poursuivre un peu pour voir si je vais retrouver l’émotion des débuts. Mais c’est sûr que si la mangaka continue d’aller aussi vite, je ne vais pas trouver et ça m’attristera.

Tome 10

Lors de ma dernière lecture de la série, j’avais peiné à me sentir touchée par les événements qui avaient lieu tant l’autrice avait accéléré son rythme ce qui empêchait pour moi tout développement nécessaire à cela. Cette fois, c’est le sujet au centre du tome avec lequel je n’ai eu aucun atome crochu…

Nos héros sont désormais mariés, la prochaine étape est donc de fonder une famille. Oui, vous m’avez bien lu. Comme si on était forcément obligé de faire/avoir des enfants une fois qu’on est bien installé. Je déteste cette idée, cette norme imposée par une société bien pensante et vu qu’ici c’est amené en plus sans la moindre subtilité, ça m’est passé complètement au-dessus de la tête. J’ai juste été agacée de bout en bout.

Mais passons, heureusement l’autrice nous sert une série sur le handicap, elle parle donc de comment ça peut se passer pour des couples dans cette situation et ça c’est bien raconté. Enfin bien raconté, je parle vite, parce qu’encore une fois elle met le turbo, ne prend pas le temps de bien poser ces moments ce qui donne une fois de plus un sentiment de superficialité.

Quand je lis une série avec des héros adultes et un ton sérieux, je m’attends aussi à ce qu’on développe bien la psychologie des personnages. Or depuis plusieurs tome, la mangaka a perdu ce talent. Elle va trop vite et semble cocher une checklist. Très peu pour moi. Je n’arrive plus à me sentir impliquée émotionnellement par l’histoire et les personnages, ce qui me rend triste parce que j’avais beaucoup aimé les débuts de la saga.

Tome 11

Et voilà l’avant-dernier tome de la saga, une saga que j’aurai adoré au début mais qui m’a perdue en cours de route à cause de trop de mélodrame et qui ne me raccroche pas à la fin à cause d’une sentiment de platitude… Désolée pour les fans.

Après le mariage rapide, les tentatives tout aussi rapides et pourtant lassantes de tomber enceinte, place à l’adoption. En soi, je trouve intéressant qu’on en parle dans ce genre de titre. C’est bien d’aborder la question pour les couples dont l’un des membres est handicapé et c’est un sujet peu traité en général dans les mangas. Le souci, c’est que la façon de faire de l’autrice rend tout cela très plat, je trouve. On a une suite d’informations sur le sujet qu’on tente d’intégrer à la narration mais on sent bien que ça fait catalogue. L’autrice étale ses connaissances sans que j’ai ressenti le moindre sentiment ou presque. Tout est en pilote automatique… Les seuls moments où j’ai ressenti quelque chose, c’est lorsque les parents d’Itsuki interviennent dans l’histoire et lorsque ce dernier se met à soutenir sa femme et propose de devenir le parent principal. Le reste m’a laissée totalement indifférente.

Alors oui, je suis sévère, je sais, mais l’émotion est indispensable pour moi, les informations ne suffisent pas. J’ai tout de même trouvé intéressant d’apprendre comment cela se passe au Japon, quelles sont les conditions pour les parents, qui plus est quand l’un est handicapé. Je n’ai pas forcément apprécié ce que j’ai appris et j’ai grincé des dents à plusieurs reprises, mais ma non-envie d’enfant a peut-être joué.

En revanche, j’ai beaucoup aimé l’évolution du couple. Itsuki est fantastique. C’est un homme moderne, qui a tout sauf une position de macho. Il tient compte des désirs aussi bien familiaux que professionnels de sa femme et agit en conséquence en considérant tous les éléments. C’était intéressant ainsi de voir aussi comment la société considère le rôle des femmes et celui des hommes lorsqu’un enfant arrive. L’intention de l’autrice de pousser à plus d’ouverture et de modernité en donnant un vrai rôle aux hommes et aux pères m’a beaucoup plu.

Honnêtement, la série aurait très bien pu s’arrêter là-dessus, cela aurait été une jolie fin. L’autrice a fait le choix de poursuivre et notamment de revenir sur certains personnages, ce n’était pas obligé, mais c’est tout à son honneur. Le chapitre consacré à Koré-éda m’a surprise. Je l’ai, une nouvelle fois, trouvé un brin trop rapide, mais la diversité qu’il propose avec une jeune femme ayant une prothèse m’a plu. En plus, c’est un personnage qui mérite une fin heureuse, alors c’était mignon. Je me demande tout de même ce que nous réserve l’autrice dans son dernier tome tant j’ai l’impression d’avoir fait le tour.

Ainsi, même si je ne suis pas convaincue par la narration de l’autrice qui va trop vite à mon goût et manque d’émotion, je suis heureuse des idées et thèmes qu’elle soulève que je trouve modernes et intéressants. C’est bien de voir de tels sujets de société abordés dans un manga, cela lui donne presque une forme d’utilité publique ^^

Tome 12

J’ai souvent critiqué la série ces derniers temps, les tomes étant devenus trop mélodramatiques pour moi pour certains ou trop rapide dans leur narration pour d’autres. Mais cet ultime volume offre une très belle conclusion, je l’avoue, et j’y ai retrouvé le plaisir des débuts. La boucle est ainsi joliment bouclée.

Après tant et tant d’épreuves, Itsuki et Tsugumi sont désormais mariés et parents, l’autrice nous offre donc une conclusion très douce où on voit les nouveaux défis des jeunes parents. J’ai beaucoup aimé. On sent de la part de Rie Aruga une vraie volonté de montrer avec justesse le quotidien des personnes handicapées moteur au Japon et c’est tout à son honneur. Alors certes, on n’évite pas un petit sentiment de « catalogue » encore une fois car elle ne maîtrise pas encore vraiment l’aspect narratif de son oeuvre, mais c’était louable.

J’ai beaucoup aimé la fraicheur apportée par le personnage de Koki, le fils adoptif des héros. Il est hyper gentil, plein d’énergie et aussi un peu capricieux comme bien des enfants qui ont besoin de tester pour apprendre les limites et bien grandir. C’était touchant de voir Tsugumi et surtout Itsuki dans leurs rôles de parents. Ils se posent tout plein de questions, comme chaque parent, mais avec une nuance supplémentaire due au statut particulier de leur famille (handicap + adoption). J’ai été contente de voir Itsuki autant au centre des discussions, mais un peu chagrinée quand même de voir Tsugumi en retrait même si elle est présente. De même, on se concentre beaucoup sur leur vie de parent et leur vie de couple est un peu trop oubliée. Ce sont les seuls bémols que j’ai trouvés dans ce tome.

Après les suivre dans leur vie quotidienne et leurs nouveaux défis est riche. Il y a la question de l’image d’un parent handicapé, la difficulté encore plus grande d’être nouvellement parent quand on a un handicap, la question des aménagements urbains, de la maladie, du deuil… C’était chouette car toujours traité avec réalisme et positivité, car même si ça ne va pas, l’autrice montre qu’on peut toujours trouver quelque chose ou quelqu’un à quoi/qui se raccrocher.

Pour le reste, j’ai également été ravie de revoir certaines anciennes têtes mais pas tous. C’était bien dosé. Les petites scènes où on voit Itsuki jouer avec ses amis étaient chaleureuse. C’était beau de revoir Keigo et de traiter de la difficulté à refaire sa vie quand on a perdu un être cher de manière aussi « injuste » en quelque sorte. J’ai été émue par nos retrouvailles avec un Haruto qui avait bien grandi et son chapitre pointe aussi du doigt des injustices que vivent encore les handicapés au quotidien. Mais malgré tout ça, ce que je retiens c’est la chaleur et la lumière qui ressortent à chaque fois de ces pages. C’est beau.

Perfect World aura été une série inégale, c’est vrai. Mais l’autrice aura toujours porté de belles valeurs et surtout elle aura médiatisée à sa façon, comme elle le pouvait, ce quotidien que vivent les handicapés et qu’il serait bon d’entendre plus parler pour remédier à toutes les injustices qu’ils vivent chaque jour. J’en garderai donc toujours un beau souvenir.

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B lecture

26 commentaires sur “Perfect World de Rie Aruga

      1. Je ne le ressens pas aussi négativement que toi, alors ça va.
        Je ne pensais pas qu’on aurait autant de choses en un volume, et oui cela pourrait être une conclusion. Je suis contente de les voir sur la même longueur d’onde et concrétiser leur amour. Mais cela peut être une bonne idée si c’est bien géré de continuer, car ce n’est pas parce qu’ils savent, sont ensemble, ont concrétiser leur amour, que tout va être rose
        @++

        Aimé par 1 personne

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