Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Moving Forward de Nagamu Nanaji

 

Titre : Moving Forward – Aruitou

Auteur : Nagamu Nanaji

Éditeur vf : Akata (M)

Années de parution vf : 2017-2019

Nombre de tomes vf : 11 (série terminée)

Résumé du tome 1 : Sourire pour quoi ? Sourire pour qui ?
Pour masquer ses blessures… ou exprimer sa joie ?
Kuko, jeune lycéenne, affiche toujours un sourire radieux ! Mais autour d’elle, personne ne semble soupçonner que derrière cette apparente bonne humeur se cache une profonde douleur. Ni son père. Ni Kiyo, son voisin métisse. Ni Ibuki, son amie d’enfance fan de shôjo mangas. Seul Outa, jeune étudiant en école d’art, réussit à lire en elle, au-delà des apparences. Car en réalité, depuis sa plus tendre enfance, Kuko souffre d’une absence : de celle d’une mère décédée lors du grand séisme de Kobé. Alors, pour exorciser tout son mal-être, la jeune fille aime tenir son blog photo, sur lequel elle poste « sa vision du monde », à travers le regard des animaux. Mais l’arrivée dans son quartier d’un garçon plus perspicace que les autres pourrait bien chambouler son quotidien…

Mes avis :

Tome 1

Nanamu Nanaji est une auteur dont j’ai déjà lu et dévoré les précédentes oeuvres, en particulier Parfait Tic ! où j’avais adoré suivre les aventures d’Ichi et Daiya. Mais ici, l’auteure a choisi de changer de direction, de sortir de ses comédies romantiques habituelles pour faire un titre plus sérieux et c’est une franche réussite.

J’ai de suite adhéré à l’ambiance que la mangaka a voulu créer dans ce titre. C’est empreint de mélancolie, de spleen, de vague à l’âme et ça me touche particulièrement. Que ce soit par le tableau qu’elle peint de la ville ou par les personnages dont elle fait le portrait, j’ai été touchée. La ville de Kobe est magnifiée sous son trait et j’ai maintenant très envie d’y aller pour découvrir ses petites ruelles et ses coins secrets. Les personnages sont plein de subtilités et de niveaux de lecture différents.

J’ai en particulier été touchée par l’héroïne, Kuko, dont le vague à l’âme a résonné en moi. Son mal être qu’elle cache derrière un sourire de façade me parle. On comprend très vite que son côté enjoué et le courage dont elle fait preuve sont un masque cachant de grandes faiblesses. Ce moment clé qu’est l’adolescence est en train de fissurer ce masque peu à peu et on sent que quand il va tomber, ça va vraiment faire mal.  Pour le moment, c’est à la fois l’arrivée de Mister grognon qui joue du saxo et ne veut pas être à Kobe, et sa prise de conscience naïve de ses sentiments pour Outa qui viennent faire basculer son équilibre. La métaphore de la perte de celui-ci avec sa chute était toute trouvée. On sent vraiment plein de choses sous-jacentes chez elle, que ce soit dans ses relations avec les autres (ses amis, son père, Outa) ou dans sa vision d’elle-même. C’est pourquoi j’ai été particulièrement touchée par la phrase du joueur de saxo qui est vraiment très représentative de ce titre et de ce premier tome mais que j’ai trouvé un peu simpliste pour quelqu’un qui ne sait pas quelle souffrance elle peut vouloir cacher.

En quoi ce serait une souffrance d’exprimer ce qu’on a à l’intérieur de soi ?

Mais Kuko n’est pas la seule à avoir su susciter mon intérêt. J’ai également aimé sa relation enjouée et naïve avec son voisin ami d’enfance, qui est amoureux d’elle, ce qu’elle fait semblant d’ignorer pour ne rien changer à son quotidien. J’ai également apprécié le côté un peu farfelu de sa meilleure amie qui a l’air d’être une jeune fan de manga qui a arrêté ses études, ce qui pourrait beaucoup apporter à la série si c’était traité avec justesse. Mais j’ai surtout été touchée par le portrait d’Outa, ce jeune artiste complètement perdu, qui suscite tellement de sentiments contradictoires chez Kuko. J’espère vraiment qu’on ne restera pas au stade du cliché avec lui, parce que l’aspect artistique du titre m’intéresse beaucoup.

Nagamu Nanaji signe donc ici un titre qui change de ce qu’elle a pu faire auparavant. Elle a tout de même su conserver ses petites touches d’humour, une héroïne un brin naïve et son joli coup de crayon qu’elle a mis cette fois à disposition d’une très belle ville de Kobe. La mélancolie du titre me touche énormément et j’espère bien qu’elle ne perdra pas cette marque de fabrique par la suite.

Tome 2

Ce deuxième tome confirme mon coup de coeur. J’aime décidément beaucoup l’ambiance de ce titre.

J’ai versé ma petite larme lors du chapitre d’ouverture qui explique la fêlure de Kuko. Le flashback sur le tremblement de terre de Kobe et la perte de la mère de Kuko était terrible. Celle-ci était tellement lumineuse que je comprends qu’indirectement Kuko ait tout fait pour lui ressembler et/ou être telle qu’elle attendait qu’elle devienne. Du coup, je me dis que sans s’en rendre compte son père et tous les gens qui l’entourent lui ont mis une sacrée pression sur les épaules et c’est ce que je trouve intéressant dans ce titre. J’aime la façon dont la mangaka décortique la pression que la société met sur nous pour qu’on présente toujours une face réjouie et qu’on cache ainsi nos problèmes sauf à nos très proches.

Forte, enjouée et courageuse, telle une baie de Kuko, je croyais qu’il fallait que je sois comme ça pour les autres… Est-ce que je me trompais ?

Du coup, même si ça m’a agacée parfois, je comprends les interrogations incessantes de Kuko sur les épines que cache son sourire. Je ne pense pas que son interprétation soit la bonne. Je ne pense que son sourire soit une arme à double tranchant et peine les autres, en tout cas il ne devrait pas puisqu’elle le fait pour eux, et en même temps je comprends qu’il puisse agacer parce qu’il est faut. Il est dont très intéressant de voir comment Kuko s’en construite autour de cette idée et comment on sent bien qu’il va se reconstruire après avoir été malmenée là-dessus pour aboutir à quelqu’un de bien plus sincère.

Par contre, le point faible du titre, c’est clairement la romance. J’ai l’impression que la mangaka ne sait pas trop où elle va. Si jamais ce que dit l’amie de Kuko se vérifie, ce sera une vraie déception. La relation qu’elle entretient avec son ami d’enfance est bien plus intéressante que ses déboires avec Outa, l’artiste, et Sazuku, le ronchon même si ce dernier a un certain potentiel, du fait de toujours la mettre face à la réalité. Après, j’aime tout de même voir Kuko s’ouvrir à des sentiments amoureux parce que ça la rend encore plus touchante et que ça la pousse à s’interroger sur son mode de vie. Outa continue à m’intéresser dans sa voie d’artiste en détresse même s’il peut être agaçant aussi à jouer les être fragile et éthéré.

Enfin, j’ai vraiment trouvé que Nagamu Nanaji jouait bien avec la mise en page, nous présentant des planches très dynamiques, très belles et surtout pleines d’émotions. Moving Forward est donc assurément un très joli titre qui vaut le détour.

Tome 3

Je sais que tout le monde n’a pas aimé ce tome ni même la série, mais moi je reste sous le charme. Il se dégage un je ne sais quoi qui me parle, un vague à l’âme et un spleen qui me touche et résonne en moi.

J’ai donc aimé découvrir la suite des aventures de Kuko dans ce tome où on se concentre sur ses histoires de coeur. Je suis triste des distances qu’elle a prises avec son ami d’enfance, Kiyo, qui est pourtant celui qui la comprend le mieux et qui est toujours là pour elle. J’ai un peu de mal avec la façon dont elle prend en main sa relation avec Outa. Celui-ci est amoureux d’Una, une femme mariée, et Kuko veut le pousser à l’oublier, mais elle s’y prend très mal en lui imposant ses désirs. Sa meilleure amie et fan de manga essaie de lui expliquer mais Kuko est déjà tellement mal dans sa peau qu’elle n’arrive pas à l’entendre.

J’ai d’ailleurs trouvé que le mal être était encore une fois le thème central de ce tome. Kuko est mal parce qu’elle est incomprise et que tous lui imposent la vision qu’ils ont d’elle, c’est-à-dire celle d’une fille forte. Outa, lui, est mal dans sa peau parce qu’il est amoureux d’une femme mariée, mais aussi parce que l’inspiration le fuit et qu’il croit voir en Kuko tout ce qui lui manque : une inspiration, une sensibilité artistique, une force. J’ai été très touchée par leur mal être à chacun et ça a vraiment fait écho en moi. Je comprends leurs raisons à chacun et j’aimerais presque qu’ils arrivent à se dévoiler l’un à l’autre, que Kuko montre sa fragilité et Outa son manque de confiance en lui, pour qu’ils arrivent à communiquer et à se trouver. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé quand il lui explique qu’il ne se sent pas adulte malgré son âge. Il a tellement raison. Ce n’est pas parce qu’on est adulte physiologiquement qu’on l’est intérieurement au plus profond de soi.

Ma seule déception avec ce tome, c’est clairement que l’histoire principale s’achève au 3/4 du volume pour laisser place à une histoire annexe indépendante. C’est très frustrant !

Tome 4

Ici, on tombe de plus en plus dans la romance lycéenne et ça m’agace un peu. La force du titre, c’était justement de parler d’autre chose, de parler d’adolescents sans mettre les romances au coeur de tout et dans ce tome, ce n’est plus le cas malheureusement.

En effet, les 2/3 du tome sont consacrés à la relation entre Sazuku et sa copine complètement schizo. J’ai eu beaucoup de mal. Je comprends que l’auteure s’en serve comme élément déclencheur pour permettre à Kuko d’explorer toute la noirceur de son âme, mais j’ai trouvé ça trop lourd. C’est la psychologie de Kuko qui m’intéresse et non la relation de Sazuku et sa copine. De même, ça m’a agacée de voir à quel point la mangaka insistait sur les hommes de la vie de Kuko pour laisser en plan sa seule amie fille qui est complètement sous exploitée à mon grand dam.

J’ai tout de même beaucoup aimé plonger dans le psyché de Kuko qui commence à comprendre ce qu’Outa lui reproche parce qu’au final ils sont assez semblables sur certains points. Sa détresse est alors palpable et son masque se fissure de plus en plus. Il me tarde de voir le moment où elle n’arrivera plus à le remettre. En tout cas, aussi bien la copine de Sazuku qu’Una sont de vrais électrochocs pour elle et je pense qu’on en verra mieux les conséquences dans le prochain tome.

D’un point de vue graphique, j’aime toujours autant la série et en particulier les paysages de la ville de Kobe qu’elle nous permet de découvrir. Ça me donne de plus en plus envie de visiter la ville.

Tome 5

Je suis encore toute chamboulée après avoir lu ce nouveau tome. Nagamu Nanaji est vraiment très douée pour jouer avec nos émotions. Mais je dois aussi avouer que comme l’héroïne, j’ai été paumée pendant une bonne partie du tome. Je ne comprenais pas trop le propos de l’auteur. Après sa dernière confrontation avec Outa, Kuko est perdue dans ses sentiments et dans sa vie. Elle a découvert une part assez sombre d’elle-même qu’elle ne va pas aimer et du coup elle ne sait plus comment se comporter. En même temps, on la sent libérer d’un poids mais complètement paumée parce qu’elle ne sait plus dans quelle direction avancer. La mangaka est vraiment douée pour nous faire ressentir le malaise qu’il y a en elle. Personnellement, j’ai vraiment ressenti des échos de ce qu’elle vivait et ça m’a pris aux tripes. Toutes ses questions existentielle sur l’honnêteté, la vérité, le vivre avec les autres, résonnent profondément en moi, et maintenant je trouve la couverture très parlante en regard de ça.

A côté, la romance est un peu plus agaçante. Je suis à fond pour le couple Kuko-Outa, pour moi ils se feraient vraiment du bien l’un l’autre s’ils arrivaient avant à résoudre leurs problèmes, mais pour le moment ils sont juste agaçants. Nagamu Nanaji les rend profondément humains mais du coup leurs défauts ressortent encore plus. Par exemple, Outa a encore l’immaturité de son âge et manque de tact. Kuko lui ressemble en cela d’ailleurs. Tous les deux sont maladroits, inadaptés et en manque d’affection. La dernière réflexion de Kuko m’a moi aussi donné envie de les prendre dans mes bras pour les réconforter. Et puis, il y a Sazuku qui d’un coup regarde Kuko différemment. C’est très amusant de la voir remarquer ses regards mais j’espère que ça n’ira pas plus loin entre eux. Enfin, je n’avais pas vu venir Ibu et ses sentiments pour Kiyo. Du coup, j’ai trouvé le petit chapitre annexe sur elle très pertinent et j’ai aimé découvrir ce personnage. L’auteur parle avec beaucoup de bienveillance de cette fille limite hikkikomori et de sa passion pour les mangas dans lesquels elle se réfugie. J’ai beaucoup aimé.

Quand je me dis que je veux serrer quelqu’un dans mes bras… En fait, c’est peut-être moi qui veux être dans les bras de quelqu’un…

En souriant et en repoussant parfois la douceur qu’on me donne… En fait ce que je voulais… c’est peut-être que quelqu’un vienne me sauver…

Pour finir, le moment le plus fort de ce tome a été pour moi la discussion entre Kuko et son père. Ce petit moment père-fille plein d’honnêteté et de tendresse m’a vraiment remuée et c’est exactement ce que j’aime dans ce titre.

Tome 6

C’est le premier tome où je suis un peu réservée. Comme le dit si bien Ibu, une héroïne qui réfléchit trop, ça donne envie de lire en diagonale. Et dans ce tome, Kuko réfléchit beaucoup trop.

Au début, j’ai cru qu’elle allait avancer tout comme Outa mais au final j’ai trouvé l’histoire assez statique. Kuko continue à s’interroger sur le visage qu’elle doit présenter aux autres sans trouver la réponse et en commettant toujours les mêmes erreurs ce qui est un peu lassant.

Par contre, Outa semble avoir trouvé la voie de la rédemption, lui, et ça me plaît. J’aime assez son évolution. Les quelques pages où on retourne dans son passé permettent de le comprendre un peu mieux et c’est un personnage complexe qui gagnerait à être connu, j’en suis sûre. Pareil pour Una et son mari, j’aimerais bien qu’on approfondisse ces personnages si sensibles.

Du coup, on a un tome qui traine un peu en longueur avec une héroïne en plein émoi adolescent qui n’arrête pas de se poser les mêmes questions. Les personnages qui gravitent autour d’elle sont heureusement bien plus intéressants dans ce tome. En plus d’Outa, j’ai apprécie les petits moments entre Kiyo et Ibu, mais aussi le désir de changer de Sazuku. Je regrette juste que le tome se termine trop tôt encore une fois même si la petite histoire qui le conclut est toute mignonne.

Tome 7

Les garçons ont bien raison, ce que Kuko peut être compliquée. Je suis comme eux, je ne comprends pas tout dans ses émois adolescents sans fin. Elle n’en finit plus de s’interroger sur sa relation avec Outa et les implications de son influence indirecte sur lui. C’est triste de la voir se flageller autant pour quelque chose dont elle n’est pas responsable. J’ai beau aimé les histoires d’amour torturée, ici j’ai quand même l’impression qu’ils se prennent bien la tête pour pas grand-chose parfois. Alors qu’on aurait pu s’attendre au contraire, Outa a perdu toute envie de continuer le dessin tel qu’il le faisait jusqu’à présent et c’est bien triste. Il fallait qu’il change mais pas comme ça. J’aurais voulu qu’il prenne conscience de sa passion pour le dessin et qu’il travaille différemment, c’est tout.

Kuko, elle, avance. Elle prend conscience grâce aux belles paroles de Sazuku, qu’elle ne doit pas toujours porter un masque, que ça fait du mal à ses proches et qu’il faut parfois leur montrer qu’elle a besoin d’eux. C’est la partie terriblement touchante de ce tome, le fait qu’elle commence à accepter et savoir montrer ses faiblesses devant les trois garçons. J’ai beaucoup apprécié cela, que ce soit avec Sazuku qui commence à craquer pour elle et fissure sa carapace, devant Kiyo son ami de toujours qui n’attendait que ça, ou encore devant Outa, celui qu’elle aime et qui la perturbe tant. L’autrice met superbement en scène ces moments grâce à des cadrages plein de beauté et de poésie comme au début du chapitre 35, tout au long du 36 (avec Una) ou encore à la fin du 37. Toutes les métaphores autour des cheveux et de la coiffure de Kuko m’ont émue également. Quant à la dernière scène où l’héroïne prend enfin conscience de sa valeur, que d’émotions ! Ça va être long d’attendre jusqu’au mois de mai…

Tome 8

Petite déception avec ce nouveau tome dont j’attendais beaucoup. Nagamu Nanaji sait vraiment nous torturer après nous avoir fait croire à une chance pour Kuko et Outa, la chute est rude. Du coup comme Kuko, j’étais un peu déprimée dans ce tome. J’ai bien senti son état d’abattement compréhensible mais j’ai apprécié de la voir enfin se montrer honnête avec son entourage en ne cherchant à sourire à tout prix même quand ça ne va pas.

Du coup, j’ai vraiment détesté la crise d’Ibu dans ce tome. Elle reproche à Kuko d’être honnête parce que pour elle ce n’est pas bien de se montrer faible devant nos proches ?! Non, vraiment ! J’ai cru rêver en lisant ça et j’ai vraiment bouilli pendant tout le tome. Je ne veux pas que Kuko revienne en arrière et face à nouveau semblant d’être forte et d’aller bien. Je veux qu’elle s’autorise à être faible quand elle ne va pas bien.

Pour les garçons, j’étais une fan absolue d’Outa donc je dois tenter de faire mon deuil sachant que l’autrice ne m’aide pas en continuant à nous le montrer tenter d’aller de l’avant (ou fuir ?). Il me touche vraiment ce garçon à hésiter entre sa passion et le monde réel, à ne pas être sûr de lui, à douter. A l’inverse, je trouve les deux autres totalement fades. Sazuku ne me plaît pas du tout malgré les tentatives de la mangaka de le rapprocher de Kuko. Il est fade et sans saveur pour moi, trop plat et ses sentiments pour Kuko sortent un peu de nulle part en plus. A la limite, je préfère le gentil Kiyo qui a toujours été là pour elle, et qui est peut-être celui qui la comprend le mieux, mais comme Ibu l’aime bien, je les verrais bien ensemble ^^

Ce tome n’est donc pas folichon, entre déprime de Kuko, crise d’amitié d’Ibu et chute d’Outa. Le prochain annonce une petite sortie à la plage qui pourrait rabattre les cartes mais qui fait tellement clichée en même temps, j’attends mieux de la mangaka !

Tome 9

Comme je l’avais dit dans ma critique du précédent tome, je ne suis pas fan de la tournure prise par la série qui tourne trop autour des romances de Kuko en ce moment et du coup fait un peu trop ado par moment. Ce n’était pas pour ça que je lisais la série, du coup la romance de l’héroïne avec Kiyo et Sazuku me saoule un peu. Heureusement, l’autrice a le talent de nous montrer qu’il ne faut pas s’arrêter là. En effet, leur petite excursion à la plage qui était partie pour être on ne peut plus chiante, classique et guimauve fut une belle occasion pour mettre en avant les valeurs féministes de la mangaka. On parle ainsi de consentement, de femmes fortes qui n’ont pas nécessairement besoin d’un homme pour s’en sortir et on voit des garçons s’interroger sur leur rôle dans une relation. C’est super chouette !

Du coup, même si j’ai trouvé le début de ce tome plus faible, j’ai beaucoup aimé. En plus, l’honnêteté de Kuko nous éclate à la figure et nous touche comme c’est pas permis. Elle s’ouvre à ses amis filles ou garçons, elle avoue ses sentiments et ses hésitations sans honte, j’adore ! L’honnêteté et l’amitié sont vraiment deux belles valeurs de ce titre, qu’on retrouve d’ailleurs dans une seconde partie qui rebat les cartes.

En effet, il se produit un événement grave qui va bouleverser tout le monde et qui va pousser Kuko à prendre une décision lourde de sens. J’ai à nouveau été touchée par ses émotions à fleur de peau, par leur détresse et tristesse à tous. J’ai moi-même eu une boule dans la gorge pendant toute la séquence. Et les conséquences que ça produit me plaisent beaucoup pour le moment. Du coup, la coupure est juste horrible et je me répète mais l’attente va être très longue jusqu’au mois de novembre V.V (PS: S’il vous plaît, mettez-nous plus d’Ibu dans le prochain tome !)

Tome 10

A l’approche de la fin, je savais que j’allais être ravagée avec cette lecture et je n’y ai pas réchappé. J’ai fini encore une fois en larme devant tant d’émotions. Depuis plusieurs tomes, le mal être de Kuko va croissant et l’on sentait bien qu’on arrivait à un point de non retour. C’est ce point qui est atteint ici et de quelle façon. On vit alors une histoire intense, où l’on s’inquiète vraiment pour elle, où on souffre pour elle. Et au coeur de tout ça, revient les terribles questions : qu’est-ce qu’être fort ? a-t-on le droit d’être faible ? J’ai ressenti cela comme un vrai cri au coeur, celui d’une autrice japonaise pour qui la force et la faiblesse sont un point important dans sa culture et surtout des points sensibles, à discuter. J’ai écouter récemment une émission de philo (lien) sur les samourais et je pense que l’on rejoint ici ce qui y a été dit sur l’interprétation de la force par les japonais et cette obsession envers cette « qualité ». C’est assez terrifiant et ça fait du bien de voir une autrice s’emparer du sujet de si belle façon !

J’arrive pas à être gentille. J’suis pas assez forte… pour être gentille.

Du coup, ce tome est très centré sur les personnages et leurs émotions, mais on ne voit pas que Kuko. C’est l’occasion aussi de retrouver Outa, et que de changement depuis les débuts, il a vraiment mûri et pris conscience des autres. J’aurais vraiment aimé le voir finir avec Kuko >< On suit également Sazuku qui s’adoucit maintenant qu’il a compris ses sentiments, mais je ne peux pas m’empêcher de le voir comme un personnage secondaire. Non, ceux qui m’ont vraiment plu ici, ce sont Ibu et Kiyo. Depuis le temps que j’attendais qu’on les mette un peu plus en avant ces deux grands maladroits. J’ai adoré leurs discussions. J’ai ri avec beaucoup de bienveillance devant la réalisation de Kiyo et devant la gaffe d’Ibu. Je veux trop qu’ils finissent ensemble >< Oui, je suis à fond sur les couples dans cette série.

J’ai donc été toute chamboulée par ce tome, à la fois par les petites histoires de coeur, mais surtout par le grand mal être de Kuko qui finit par bouleverser tout le monde, nous lecteurs y compris. Je ne veux pas trop en révéler, mais la mise en scène et la mise en page de l’autrice est encore une fois un vrai petit bijou, notamment dans le dernier chapitre. Je suis fan ❤

Tome 11

J’ai repoussé aussi longtemps que je le pouvais la lecture de ce dernier tome mais il fallait bien que je le lise un jour, alors j’ai enfin sauté le pas. J’avais peur de finir dévastée tant cette série m’a chamboulée au fil des tomes. Mais je suis surprise d’avouer que même si j’ai beaucoup ce dernier tome, ce ne fut pas le choc émotionnel que j’attendais. Je pense que tout avait déjà été dit avant et du coup ce fut bien plus calme cette fois.

J’ai beaucoup aimé au fil de ma lecture des derniers chapitres, découvrir le ressenti de l’autrice sur cette série. Elle se confie énormément dans les blablas qui parsèment les ouvertures et colonnes des chapitres et l’analyse qu’elle en fait est très juste. Comme elle, je me suis sentie parfois perdue dans ce qu’elle voulait dire au cour de cette série, mais c’était parce que je sentais que ça lui tenait vraiment à coeur et qu’elle touchait là quelque chose de sensible. J’espère en tout cas qu’elle aura rencontré plus de succès, que ce qu’elle semble dire, auprès du public japonais également parce que c’est une lecture vraiment nécessaire pour la jeunesse.

Dans ce tome, Kuko réussit enfin à dire à ses proches ce qu’elle a sur le coeur, ce qu’elle ressent depuis si longtemps sans réussir à mettre les mots dessus. Rien que d’en reparler, j’ai les larmes qui me montent aux yeux. Son échange avec son père se révèle là-dessus encore une fois essentiel. Kuko s’est mis une telle pression sur les épaules pour porter courageusement le prénom que sa mère disparue lui avait choisi. Mais maintenant, elle a compris que ce n’était pas la bonne voie, notamment parce qu’elle a su écouter et digérer les discours contradictoires de ses proches. Je pense que ce sera un personnage qui me marquera longtemps tant certains éléments chez elle ont résonné en moi.

Malheureusement, elle vole presque toute la vedette dans ce tome. J’aurais aimé voir un peu plus l’évolution des garçons. Certes, ils ont changé. Outa a compris qu’il pouvait concilier les deux : devenir adulte et conserver sa passion pour le dessin sans la pression de devoir gagner à tout prix. Ce sera clairement le personnage masculin qui aura le plus marqué ma lecture dans cette série avec le père courage de Kuko. Sazuku, lui, est sorti de sa carapace et ose montrer sa sensibilité, mais je reste assez hermétique avec ce personnage un peu cassant même s’il est gentil au fond. Kiyo, lui, commence à être moins immature et à remarquer les autres autour de lui, se focalisant moins sur Kuko. J’aime beaucoup sa relation naissante avec Ibu qui est juste trop mignonne et qui aurait mérité une petite série, elle aussi. Reste Ran et Una dont je regrette vraiment qu’ils aient tellement été relégués au dernier plan, en plus l’autrice nous achève en disant qu’elle aurait écrire une histoire sur eux mais que c’était trop mature pour son public V.V

La fin, elle, est très réussie. Elle montre, que certes on est dans un shojo, mais que la romance ne fait pas tout. Ici, c’était un titre sur une adolescente et ses amis qui se cherchaient. Ils se sont trouvés plus ou moins, alors nul besoin de caser tout le monde avec quelqu’un, libre à nous d’imaginer même si on nous donne quelques pistes (dont une que je préfère ignorer ><). Même si ce tome m’aura moins bouleversée que les autres, il reste que c’est une très belle conclusion et surtout que j’ai adoré suivre l’histoire de Kuko. J’aimerais lire plus de shojo comme celui-ci, plus mature que les romances habituelles, avec des questionnements plus universels aussi et tellement plus d’émotions. Je sais que cela a été dur pour l’autrice mais quelle belle récompense une série d’une telle qualité !

Ma note : 16 / 20

11 commentaires sur “Moving Forward de Nagamu Nanaji

  1. Tome 7 : « L’autrice met superbement en scène ces moments grâce à des cadrages plein de beauté et de poésie comme au début du chapitre 35, tout au long du 36 (avec Una) ou encore à la fin du 37. Toutes les métaphores autour des cheveux et de la coiffure de Kuko m’ont émue également. Quant à la dernière scène où l’héroïne prend enfin conscience de sa valeur, que d’émotions ! Ça va être long d’attendre jusqu’au mois de mai… » Exactement 🙂 !

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