Livres - Science-Fiction

L’homme qui mit fin à l’histoire de Ken Liu

Titre : L’homme qui mit fin à l’histoire

Auteur : Ken Liu

Editeur vf : Le Bélial’ (Une heure lumière)

Année de parution vf : 2017

Nombre de pages : 107

Résumé : Futur proche.
Deux scientifiques mettent au point un procédé révolutionnaire permettant de retourner dans le passé. Une seule et unique fois par période visitée, pour une seule et unique personne, et sans aucune possibilité pour l’observateur d’interférer avec l’objet de son observation. Une révolution qui promet la vérité sur les périodes les plus obscures de l’histoire humaine. Plus de mensonges. Plus de secrets d’État.
Créée en 1932 sous mandat impérial japonais, dirigée par le général Shiro Ishii, l’Unité 731 se livra à l’expérimentation humaine à grande échelle dans la province chinoise du Mandchoukouo, entre 1936 et 1945, provoquant la mort de près d’un demi-million de personnes… L’Unité 731, à peine reconnue par le gouvernement japonais en 2002, passée sous silence par les forces d’occupation américaines pendant des années, est la première cible de cette invention révolutionnaire. La vérité à tout prix. Quitte à mettre fin à l’Histoire.

Mon avis :

J’ai voulu lire cette nouvelle pour découvrir le style de Ken Liu dont j’attends parler depuis un moment, mais je ne sais pas si j’ai fait le bon choix. En effet, les choix scénaristiques sont tellement originaux que je ne sais pas si c’est vraiment représentatif de ce qu’il peut faire ou non…

Au cours des plus de 110 pages qui composent L’homme qui mit fin à l’histoire, Ken Liu se livre à l’expérience d’écrire sous la forme d’un documentaire télé ce qui donne un aspect très atypique à sa nouvelle. De plus, il a choisi des thèmes très forts : le crime contre l’humanité et le devoir de mémoire. On ne peut donc pas rester insensible face à son sujet mais est-ce pour autant une bonne nouvelle, je n’en suis pas sûre.

L’auteur se contente tout au long de son documentaire d’exposer les opinions plus ou moins tranchées de plusieurs protagonistes fictifs mais fortement inspirés de personnes qu’il a rencontrées dans ses recherches. Son titre a donc plus vocation à être un essai qu’un vrai récit tel que je voulais en lire. Ça n’enlève rien à la qualité de L’homme qui mit fin à l’histoire, mais ça rend mon avis un peu mitigé à cause de mes attentes. En effet, je m’attendais vraiment à ce qu’on s’intéresse plus à ces voyages dans le temps qu’il promettait, qu’on les suive plus et non qu’on s’intéresse aux polémiques qu’ils ont suscitées surtout de manière aussi froide et quasi clinique.

Pour en venir au contenu, j’ai été surprise par ce que j’ai découvert. Je n’avais pas entendu parler des expériences horribles faites par les Japonais au sein de l’Unité 731 pendant leur guerre contre la Chine et Ken Liu ne nous épargne rien de ce côté-là. J’ai donc pris beaucoup de plaisir à découvrir ce nouveau pan de l’histoire mondiale et ça m’a vraiment donné envie de m’intéresser à ce côté-là de notre planète qu’on ignore bien trop souvent dans notre enseignement de l’Histoire européocentré. J’ai vraiment été glacée d’apprendre les atrocités commises par les Japonais et j’ai trouvé assez juste le discours de Ken Liu disant que nous les Européens nous avions une mauvaise image de la Chine et que donc on avait souvent tendance à occulter ce que les Japonais leur avaient fait.

En plus de ces faits de guerre, toutes les questions tournant autour de l’écriture de l’Histoire, par qui ? comment ? sont très intéressantes, de même que les questions de mémoire et de devoirs de mémoire qui sont des sujets assez glissants. Ici, l’auteur nous laisse nous forger notre propre opinion à travers les témoignages qu’il livre et l’utilisation future qu’il imagine qu’on pourrait faire de ces questions. Personnellement, ce sont des thèmes qui m’intéressent et auxquels j’avais déjà réfléchi donc ça n’a pas remis en cause les conclusions auxquelles j’avais déjà abouties mais cela a enrichi ma réflexion, je pense.

Cette nouvelle de Ken Liu est donc surprenante, pleine de réflexions et très intéressante à lire, mais j’aimerais trouver un vrai récit de cet auteur pour pouvoir déterminer si j’aime son style.

Ma note : 15 / 20

6 commentaires sur “L’homme qui mit fin à l’histoire de Ken Liu

  1. Je ne connaissais pas ce titre. Je suis plutôt enthousiaste comme toi, pour le côté voyage dans le temps (ah et elles ont l’air intéressantes ces règles, si elles sont bien expliquées ^^,) et découvrir une Histoire qu’on ne nous apprend pas. Mais je pense que je risque d’être un peu déçue par le fait qu’au final, corrige-moi si je me trompe, si on démarre par de la fiction, c’est plutôt un documentaire sur les actions de cette unité qui se met en place ? Ou tu as quand même un récit au milieu des débats ?

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    1. Effectivement, c’est essentiellement un documentaire sur les actions de cette unité, la reconnaissance de ce qu’ils ont fait par les états, la façon dont on écrit cette Histoire-là, etc. Il n’y a pas de vrai récit du voyage dans le temps à proprement parler, c’est ce que je regrette ^^’

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      1. C’est dommage, ça aurait peut-être eu plus de poids. Mais comme tu le dis, c’est un choix narratif de l’auteur qui peut explorer les différentes théories … donc une lecture très différente du voyage dans le temps classique. Je range le titre dans ma tête, je te redis si je tombe dessus 🙂

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  2. Bonjour,

    Je viens de voir que tu avais cité mon blog, du coup je passe faire un tour 😉

    Je me retrouve beaucoup dans ton commentaire. Lors de ma lecture, j’ai moi-aussi été un peu déçue du manque de développements sur les voyages dans le temps. Mais cela dit, cette nouvelle m’a tellement donné à réfléchir (sur la place de l’Histoire, à son importance dans notre quotidien, futur etc…) que sur le coup ma déception est assez vite passée.

    Et, finalement, maintenant que de l’eau a passé sous les ponts comme on dit (je crois avoir lu ce livre il y a un peu plus d’un an), je ne regrette pas du tout ce manque d’effets narratifs. Je garde de ce livre une impression de « coup de poing » ou de « baffe » intellectuel/le, et je crois que ses messages m’auraient sans doute moins marqués s’ils avaient été un peu trop noyés dans du « superflu » narratif. Cet avis ne tient qu’à moi bien entendu, mais je ne peux pas m’empêché de faire un parallèle avec La ferme des animaux et 1984 de George Orwell. J’ai d’abord lu 1984, et j’avais de grandes attentes… et j’ai finalement été déçue car je trouvais qu’il y avait trop de narration qui n’apportait rien au point fort du livre (selon moi) : les idées et réflexions sur la société. J’ai lu ensuite La ferme des animaux. Ce livre m’a bien plus plu parce qu’il a justement rempli les attentes que j’avais pour 1984. Certes, il y a une histoire, mais… j’ai trouvé qu’elle ne prenait pas trop l’ascendant sur le reste de l’oeuvre et qu’elle restait avant tout au service de la réflexion. Bref, tout çà pour dire que j’ai aimé « L’Homme qui mit fin à l’histoire » justement parce que j’ai l’impression qu’il se rapproche plus de la Ferme que de 1984. Mais là encore, je le répète, cela reste un avis purement personnel.

    Peut être en effet qu’il faudrait plutôt parler d’essai et non de nouvelles…

    Dans tous les cas, je ne sais pas ce que tu en penses un an après, mais personnellement je garde un très bon souvenir de ce livre, bien que je conçoive facilement qu’il puisse ne pas plaire à tous (du fait du manque de narration mais également en raison des événements historiques très choquants qu’il présente).

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    1. Bonjour,
      Effectivement, je pense que tu as raison quand tu dis que ce choix de quasi absence de narration est justement l’une des forces du titre et l’une des raisons qui fera qu’on s’en rappellera. Après, étant une fan de narration et m’y attendant, je ne peux m’empêcher de ressentir ce manque. Si j’avais su dès le début dans quoi je m’engageais, ç’aurait peut-être été différent mais ce n’est pas comme ça qu’on m’avait vendu le titre ^^!

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