Titre : Incendies
Réalisateur : Denis Villeneuve
Année de sortie : 2011
Durée : 2h19
Genre : Drame
Acteurs : Lubna Azabal, Mélissa Désormeaux-Poulin, Maxim Gaudette…
Histoire : Lorsque le notaire Lebel fait à Jeanne et Simon Marwan la lecture du testament de leur mère Nawal, les jumeaux sont sidérés de se voir remettre deux enveloppes : l’une destinée à un père qu’ils croyaient mort et l’autre à un frère dont ils ignoraient l’existence. Jeanne voit dans cet énigmatique legs la clé du silence de Nawal, enfermée ces dernières années dans un mutisme obstiné depuis son lit d’hôpital. Elle décide immédiatement de partir au Moyen-Orient exhumer le passé de cette famille dont elle ne sait presque rien… Le jeune Simon, lui, n’a que faire des caprices posthumes de cette mère avare d’affection qui a passé sa vie à leur empoisonner l’existence. Mais son amour pour sa sœur le poussera bientôt à rejoindre Jeanne au Moyen-Orient sur la piste d’une Nawal bien loin de la mère qu’ils ont connue. Épaulés par le notaire Lebel, les jumeaux remonteront le fil de l’histoire de celle qui leur a donné la vie, découvrant un destin tragique marqué au fer rouge par la guerre et la haine…
Mon avis :
J’ai découvert Denis Villeneuve cette année avec Sicario et Premier Contact et même si je n’aime pas toujours ses histoires, je dois reconnaître que c’est un grand réalisateur, ce qu’il a su démontrer une fois de plus ici. Pourtant Incendies n’a pas un sujet facile. Je ne pensais même pas aimer d’abord et puis je me suis laissée emporter par cet histoire dure et cruelle mais tellement pleine d’humanité.
Au début, nous suivons deux jumeaux Jeanne et Simon dont la mère vient de mourir. Le rythme est assez lent et l’ambiance très froide, limite clinique, cela créé une distance entre eux et nous et je me suis sentie un peu mal à l’aise à l’idée de les suivre. Puis Jeanne part à la recherche de ses origines. Elle cherche à savoir qui était sa mère, ce qu’elle avait vécu, d’où elle venait et dès lors je me suis laissée embarquer pour ce drame familial.
La photographie du Moyen Orient est très belle, cruelle et pleine d’espoir à la fois. On suit en parallèle le chemin de Jeanne et des flashback retraçant le lourd passé de sa mère. On redécouvre cette femme qui n’avait rien d’appréciable et on comprend que c’est la vie qui l’a marquée très tôt. Plus on avance dans la quête de Jeanne, plus les découvertes sur sa mère sont terribles et sordides. Ça prend vraiment aux tripes et le réalisateur parvient peu à peu à nous faire passer tout un tas d’émotions. Il fait monter progressivement la tension jusqu’à la terrible révélation finale qui ne laissera personne indifférent.
A travers leur histoire, c’est l’histoire des exactions qui ont lieu en Moyen Orient dans ses pays qui sont sans arrêt en guerre depuis des décennies. Le réalisateur nous livre sa vision de la guerre et de ses conséquences sur les civils. Il nous parle des tensions religieuses entre communautés, de l’embrigadement, de la place des femmes et des enfants, des traumatismes que la guerre a sur eux, des conditions de vie en prison, etc. C’est dur mais nécessaire et c’est fait avec beaucoup de finesse sans qu’on sente jamais le moindre voyeurisme malsain ou le moindre jugement sur leur façon de vivre. C’est fort aussi parce que ce sont des sujets durs et difficiles à aborder, à raconter et à filmer, mais Denis Villeneuve le fait avec un grand talent.
J’ai pris une vraie claque en regardant ce film qui ne m’augurait rien de bon au premier abord. En fin de compte, j’ai trouvé la réalisation et surtout la mise en scène et la réalisation magistrales. Moi qui déteste les films ayant traits au terrorisme et aux guerres religieuses, je me suis vraiment laissée entraîner par l’histoire de Jeanne et sa mère. Parce que ce film est avant tout l’histoire d’une femme et de sa tragique destinée.
Il ne faut pas hésiter à aller au-delà de la première demi-heure poussive parce que ce film est une grande histoire.