Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Good Morning Little Briar-Rose de Megumi Morino

Titre : Good Morning Little Briar-Rose

Auteur : Megumi Morino

Éditeur vf : Akata (M)

Années de parution vf : 2017-2018

Nombre de tomes : 6 (série terminée)

Histoire : Parce qu’il souhaite prouver à son père qu’il pourra arrêter ses études à la sortie du lycée, le jeune Tetsu a commencé à travailler comme employé de maison pour la prestigieuse famille Karasawa. à la demeure surnommée « la maison au sommet de la colline », le lycéen se doit de respecter une seule règle : ne pas surtout pas s’approcher de la petite annexe du jardin, dans laquelle réside cloîtrée la jeune fille malade de la famille Karasawa. Pourtant, un jour, son regard croisera celui de la mystérieuse Shizu. Aussitôt attiré par son sourire empli de tristesse, Tetsu se permet alors de braver l’interdit… Il ne s’imagine pas encore les nombreux secrets qui entourent la jeune fille. Qui est-elle vraiment ?

Mes avis :

Tome 1

Il faut savoir aller outre ses a priori quelques fois. Ici, je partais avec l’idée que ce serait une romance comme les autres avec peut-être juste une petite pointe de mystère mais rien de folichon. L’extrait gratuit ne m’avait pas convaincue mais j’ai quand même insisté et fait l’effort de l’acheter. Après ma lecture, je suis ravie de cet achat. L’histoire est surprenante, pleine de sensibilité, de subtilité et de force. L’auteur mène parfaitement sa barque et nous entraîne dans des mers inconnues et inattendues. Le dessin est très doux avec de belles compositions. Ce premier tome est une vraie réussite.

Au début, nous suivons un jeune garçon qui a décidé d’arrêter ses études pour travailler sans qu’on sache trop pourquoi. Il bosse pour l’entreprise de son père qui envoie des intérimaires sur des missions. La sienne, c’est d’être homme à tout faire dans une grande famille, famille dont la fille vit mystérieusement à l’écart de la maison principale, dans une annexe. Et quand il tombe sur elle, il ne comprend pas trop le pourquoi de cette décision.

Tout le travail de l’auteur dans ce premier tome d’introduction est de nous amener avec beaucoup de talent à comprendre la décision des parents de Shizu, comprendre le cheminement qui les a amenés à une telle décision alors qu’au premier abord ça a l’air complètement absurde. Effectivement qui « enfermerait » à l’écart sa fille parfaitement saine de corps et d’esprit ? Derrière ce sujet, on sent poindre chez l’auteur la critique de ces parents qui n’écoutent pas leurs enfants et qui veulent se conformer à la norme. Étrangement, on retrouve un petit peu ceci aussi dans la relation entre le héros, Tetsu et son père. Ce dernier refuse d’entendre la décision que son fils a prise. Il pense agir pour son bien en s’opposant à lui mais Tetsu est déjà très mur pour son âge et assume son choix malgré les apparences.

J’ai beaucoup aimé justement ce décalage introduit entre l’apparence des personnages et leur caractère. Aussi bien Tetsu que Shizu ne sont pas qui ils semblent être. Ils cachent un passé lourd de conséquences et derrière leur visage souriant ou enjoué, ils sont pétris de douleurs. Si j’avais assez vite deviné ce qui était arrivé à Tetsu dans les grandes lignes, ce n’était pas du tout le cas pour Shizu. D’ailleurs, la mangaka s’amuse à nous faire partir sur des pistes complètement fausses à plusieurs moments dans ce tome et je pense qu’on n’est pas encore à l’abri d’autres révélations par la suite. En attendant, on a deux personnages principaux terriblement solitaires malgré les apparences, qui se sentent abandonnés par leur entourage et qui vont apprendre à s’apprivoiser et à compter l’un sur l’autre pour avancer à nouveau.

Cela donne une ambiance assez particulière au titre, avec des moments très doux et mignons entre les personnages principaux tandis qu’ils se découvrent et qu’une amitié nait. Puis une ambiance plus lourde et sombre peu à peu au fur et à mesure que les secrets apparaissent, se révèlent pour mieux s’épaissir. De plus, ce n’est pas que leur passé qui les hante, leur présent n’est pas rayonnant non plus et les adultes de l’histoire n’y sont pas étrangers. Cela peut paraitre très rude, mais on sent bien que derrière toute cette froideur, une chaleur va naître et réchauffer leur coeur engourdi. Il y a donc un vrai message d’espoir dans ce titre à partir du moment où ils se rencontrent.

Les dessins participent grandement à cette ambiance, sachant se montrer tour à tour plein de douceur, dynamiques et amusants, mais aussi sombres, glaçants et effrayants. J’aime beaucoup le trait de Megumi Morino. La couverture est juste superbe. J’aime le design des personnages et le talent avec lequel elle sait montrer leurs changements d’humeur et de personnalité. Les passages humoristiques sont aussi mignons comme tout et détendent bien l’atmosphère quand c’est nécessaire.

Ce titre est une vraie surprise et une vraie réussite pour moi grâce à la narration et aux dessins maîtrisés de la mangaka. Good Morning Litte Briar-Rose est un titre à découvrir de toute urgence car il change des shojos habituels.

Tome 2

L’effet de surprise du premier tome étant passé, l’histoire suit son cours ici. Mais loin d’être banale, l’auteure décide de faire de son histoire une vraie quête, la quête de l’identité de Shizu. Celle dont le corps est possédé par des esprits semble fade et inexistante en comparaison, mais au fil des chapitres on va apprendre avec émotion à la découvrir.

J’ai beaucoup aimé à nouveau, la sensibilité avec laquelle Megumi Morino aborde cette thématique. On a d’abord une Shizu inconsistante, qui a l’air toujours à moitié endormie et surtout sans âme ou opinion. Mais peu à peu, on voit à la fois Tetsu mais aussi les âmes qui habitent son corps s’associer pour l’aider à trouver qui elle est. C’est touchant de la voir alors sortir seule pour la première fois et se confronter au monde, la voir chercher à se lier à quelqu’un et surmonter ainsi ses peurs elle aussi.

Tetsu et elle se sont vraiment bien trouvés pour cela. La mangaka a fait de Tetsu un personnage assez réaliste. Il sait montrer ses forces comme ses faiblesses. Il est prêt à affronter ses peurs pour le bien de ceux qu’il aime et à mettre de côté ses rêves pour un intérêt supérieur. C’est vraiment un chic type que j’apprécie de plus en plus.

De la même façon, je trouve les âmes qui habitent ne Shizu profondément gentilles que ce soit Haru ou Shinobu. J’ai eu un peu plus de mal avec Mirei et Kanato mais c’est parce qu’ils sont encore immatures et un peu égoïstes, ce qui est normal au vu de leur âge. Cependant, j’ai aimé la dynamique qu’ils ont insufflé au titre. L’équilibre est parfait entre la découverte des âmes, le réveil progressif de Shizu et les aventures de Tetsu.

Ce titre reste une vraie bouffée d’air frais.

Tome 3

Voici un tome qui comptera pour la suite de l’histoire, j’en suis convaincue. A travers Tetsu, on commence également à voir Shizu se trouver et cela donne une très belle lecture pleine d’émotions.

Cette fois, on se concentre donc sur Tetsu, sa passion pour le foot mais surtout son grand sens de la famille. J’ai vraiment été touchée par son histoire, qu’on a continué à creuser ici. Que ce petit garçon ait abandonné ce qui comptait le plus pour lui pour s’occuper des membres de sa famille parce qu’il considère que c’est encore plus important, est admirable. C’est donc avec beaucoup d’émotions qu’on revient sur son passé de joueur, sa rencontre avec Chihiro et quelques moments qu’ils ont vécu ensemble. On ne peut qu’être touché par son parcours atypique pour un garçon si jeune. J’aimerais tout de même bien avoir le fin concernant son dernier sacrifice, est-ce vraiment pour sa famille parce qu’il voulait s’occuper d’elle ou y avait-il encore autre chose ?

Mais tout le talent de l’autrice ici et de conjuguer cette découverte de Tetsu avec celle de Shizu qui peu à peu s’éveille aux sentiments. C’est extrêmement touchant de la voir commencer à se préoccuper de Tetsu et de la voir ainsi sortir de sa coquille. Elle prend enfin possession de son corps quand elle le désire, le tout sous le gentil patronage des esprits qui habitent son corps. On sent vraiment toute la bienveillance de ceux-ci envers nos deux adolescents, ils font tout pour les aider à grandir et à se trouver ce qui est fort touchant. Ainsi la dernière déclaration de Shizu envers Tetsu m’a touchée en plein coeur parce qu’elle montre bien combien elle s’est ouverte depuis le tome 1.

Tome 4

On a vraiment passé un cap avec ce tome. Sous ces airs gais avec cette couverture très printanière, l’histoire devient de plus en plus sérieuse et ça me plaît. L’autrice allie à merveille douce romance naïve et le sujet plus sérieux de la différence, de la maladie, chez son enfant.

Dans ce tome, Shizu évolue énormément. Elle développe de plus en plus d’émotions, rencontre de plus en plus de gens, sort de plus en plus. C’est touchant de la voir grandir et s’épanouir sous nos yeux, telle une fleur qui s’ouvre au printemps. Sa romance naissante avec Tetsu est toute mignonne également parce qu’elle ne se rend compte de rien et que celui-ci est un grand naïf maladroit.

D’ailleurs, Tetsu aussi évolue pas mal dans ce tome. Il prend confiance en lui, fait la paix avec lui-même en quelque chose et s’ouvre enfin à son ami Chihiro, osant lui demander de l’aide, ce que celui-ci attendait depuis longtemps. Ce duo d’amis m’a beaucoup touchée parce que comme le dit Chihiro, sans Tetsu et sans sa famille, il aurait pu devenir un autre Shizu, lui qui voit aussi les esprits des défunts.

Malheureusement toutes ces choses positives sans balayer d’un revers de main à la fin avec l’arrivée de l’horrible père de Shizu, qui est une pourriture de première. J’ai rarement autant détesté un personnage, ce qu’il ose faire à sa fille est ignoble. Il semble ne se poser aucune question en plus, contrairement à sa femme qui souffre, elle, ça se voit, et qui commençait à changer et à accepter d’aider Shizu.

Megumi Morino continue donc de nous conter cette jolie mais triste histoire de main de maître. Elle maîtrise parfaitement sa narration, alternant moments mignons, doux, romantiques ou plus sérieux sans le moindre couac. Elle va maintenant mettre en petit coup d’accélérateur à deux tomes de la fin et j’en suis déjà triste.

Tome 5

La saga aurait presque pu se conclure ici tant l’autrice a bien fait avancer son histoire dans ce tome encore tout en émotions. L’émotion d’enfants qui s’ouvrent et parlent enfin à leurs parents. L’émotion de parents qui écoutent et parlent avec leurs enfants. Good Morning Little Briar-Rose est vraiment un très joli titre sur la famille et la nécessité de communiquer.

Dans ce tome, on rendre enfin dans le coeur des problèmes de chacun. On commence avec Tetsu qui en allant se réfugier chez son grand-père va se retrouver confronter aux choix qu’il a fait sans en parler à personne. On aborde alors un sujet très difficile, celui de l’euthanasie et de l’acharnement thérapeutique, ainsi que du poids d’une personne gravement malade sur une famille. C’est traité avec beaucoup de subtilité et en même temps on nous fait bien comprendre à quel point c’est difficile d’être à la place du conjoint mais aussi à la place de l’enfant. J’ai été très touchée par le sujet.

Après la famille de Tetsu, il fallait bien s’engager dans celle encore plus compliquée de Shizu. Et ici, que c’était aussi beau mais douloureux. J’ai beaucoup aimé l’évolution de la mère de Shizu qui elle aussi sort de sa coquille. Tous les flashbacks sur son passé avec la mère de Tetsu, Aki, étaient les bienvenues pour la comprendre. C’est une femme seule et fragile qui avait besoin de l’aide et du coup de pouce que lui a apporté Tetsu. Son mari, malgré toute sa maladresse, est un homme terriblement blessé par la vie qui va avoir lui aussi un long chemin à faire. Par contre, on est d’accord qui rien ne peut justifier la violence dont il a cherché à faire preuve et ça m’agace qu’on balaye ça comme si de rien n’était. J’espère désormais que leur petite famille s’en portera mieux et qu’ils parviendront à se reconstruire maintenant qu’ils se sont parlés.

Heureusement pour alléger toute cette atmosphère assez lourde, l’autrice n’oublie jamais d’ajouter une touche d’humour bon enfant. L’ambiance est donc tantôt triste tantôt douce et tendrement drôle. J’aime ces petites touches de légèreté qui confère à l’ambiance tellement bienveillante du titre. La grande surprise du tome concernant Shizu est d’ailleurs parfaitement dans cette veine. Je ne l’avais pas vu venir et j’ai presque envie de relire les tomes précédents pour y trouver des indices.

Megumi Morino réussit encore un tour de force dans ce tome en faisant avancer son histoire dans la bonne direction, à une rythme soutenu, sans faillir et avec toujours autant d’émotions et de surprises. Quelle bonne mangaka !

Tome 6

Ça y est, il est temps de dire au revoir à Tetsu, Shizu et toutes les âmes qui l’habitent. Ce n’est pas sans tristesse que je l’ai fait mais j’en ressors vraiment avec le sourire et du baume au coeur.

De bout en bout, Good Morning Little Briar-Rose aura été une série joliment menée. L’autrice nous a emportée dans un tourbillon d’émotions et de bons sentiments pour une histoire riche et maîtrisée, où le fantastique se mêle au présent et au quotidien de ce petit groupe d’adolescents qu’on a suivi.

Cet ultime tome est donc celui des au revoir. Ce n’est jamais un exercice aisé mais Megumi Morino aura le faire avec justesse, tirant juste ce qu’il faut sur notre corde sensible tout en concluant l’histoire de chacun comme il se doit. On commence d’abord l’esprit qu’on connaissait peut-être le moins bien, Haru. On découvre ainsi son histoire et son passé par le biais de sa fille adoptive. C’est une très jolie histoire, assez actuelle, qui aura su toucher ma corde sensible et qui marque la première pierre dans les adieux qu’on va devoir faire.

Par la suite, l’autrice décide de nous montrer combien Shizu a changé. Elle a désormais un âme et celle-ci est sur le point de devenir complète. J’ai beaucoup aimé les métaphores employées pour nous dire que désormais Shizu était enfin heureuse parce qu’elle avait su trouver sa place dans le monde et de se trouver des gens avec qui partager ses joies et ses peines. Le parallèle avec La Belle au bois dormant était vraiment charmant et très bien mené. On suit donc dans ces ultimes chapitres, la complétude de Shizu, qui signifie aussi malheureusement en parallèle les au revoir avec les esprits qui l’habitent puisqu’elle n’a plus besoin d’eux désormais. C’est doux et amer à suivre. On est heureux pour la nouvelle Shizu qui s’est épanouie telle une rose, mais on est triste pour ces âmes auxquelles on s’était attachées et tout ça est très bien raconté par l’auteur qui ne verse jamais dans le sentimentalisme à outrance. Tout sonne juste et nous touche en plein coeur, de la détresse de Shizu, à l’espoir qu’elle trouve en Tetsu et ses nouveaux amis. Shizu est devenue une fille forte, capable d’affronter son père et le monde. C’est très touchant.

Alors forcément, j’ai versé ma petite larmichette au milieu de ce trop plein d’émotions et la goutte d’eau fut bien sûr la belle Mirei qui a toujours été là pour notre petit couple et à qui Shizu rend un vibrant hommage dans ces dernières pages pleines d’espoir.

Good Morning Little Briar-Rose aura été un titre qui m’aura touchée de bout en bout. J’ai trouvé l’histoire de cette enfant aux multiples personnalités, rejetée par ses parents, qui va trouver des gens pour la comprendre et lui permettre de s’en sortir, vraiment très belle et très juste. Merci Akata de l’avoir publiée !

Ma note : 16,5 / 20

8 commentaires sur “Good Morning Little Briar-Rose de Megumi Morino

      1. Non, ça va, je vais garder toute la surprise, ça me suffit de savoir que tu as aimé. On en rediscute après 😉 (et tu pourras tout me dire XD). Bon, faut déjà qu’il vienne à moi. Hâte d’avoir tes impressions sur l’autre nouveauté akata et isabella (qui elle m’inspire très bien).

        Aimé par 1 personne

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