Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Dans un recoin de ce monde de Fumiyo Kouno

Titre : Dans un recoin de ce monde

Auteur : Fumiyo Kouno

Editeur vf : Kana (Made In)

Année de parution vf : 2013

Nombre de tomes : 2 (série terminée)

Résumé du tome 1 :

Mes avis :

Tome 1

Après le Pays des cerisiers, j’ai voulu tester l’autre oeuvre de Fumiyo Kouno paru en France se déroulant pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le ton est très différent, le sujet n’est pas le même et pourtant on retrouve avec le même plaisir le dessin et la narration si typique de l’auteure.

Ici, nous suivons la jeune Suzu de la veille de la Seconde Guerre jusqu’au coeur de celle-ci. Mais ce n’est pas la guerre qui est vraiment le sujet, c’est le quotidien de Suzu, quotidien de millier de Japonais, pendant la guerre. Ainsi sous des dehors on ne peut plus banal, Fumiyo Kouno nous relate le quotidien des gens de la campagne pendant la guerre. On voit comment leur vie a basculé. On vit les restrictions avec eux. On suit la façon dont ils s’accommodent de tout ça et trouvent des astuces pour survivre. On suit aussi l’entraide qui se met en place entre eux, la façon dont ils communiquent, apprennent à se défendre ou se protéger, etc. C’est vraiment très riche mais pour qui ne connait pas déjà un peu la période, ça fait peut-être beaucoup de choses à assimiler et ça peut avoir un côté indigeste j’imagine.

Pourtant la mangaka essaie vraiment de nous entraîner dans son histoire en imaginant une héroïne attachante, naïve et maladroite, une vraie campagnarde dans l’âme qui a le coeur sur la main. Suzu nous est diablement sympathique et il est agréable de suivre ses aventures quotidiens, que ce soit enfant avant la guerre, ou toute jeune femme pendant celle-ci. On suit ses premiers pas maladroits en tant qu’épouse et bru. C’est fort amusant et c’est aussi l’occasion de revenir sur les traditions d’alors pour les jeunes femmes mariées.

Graphiquement, on sent que l’auteure s’amuse. Elle propose des chapitres de styles différents où elle joue sur le découpage, la narration, le degré de finition du dessin. Cela dynamise une lecture somme toute assez classique en dehors de ça et cela donne une autre dimension à l’histoire puisqu’elle mêle mise en page classique et mise en page inspirée de classiques de la littérature japonaise.

J’ai une nouvelle fois beaucoup aimé le travail de Fumiyo Kouno mais je l’ai trouvé plus intimiste et moins ambitieux que dans le Pays des Cerisiers. Ici le ton est plus doux, plus serein et apaisé. Ce n’est pas la dénonciation d’une injustice mais le récit du courage de ces Japonais ordinaires. Ainsi même si le titre est de plus en plus difficilement trouvable, je le recommande à tous. Au pire, vous avez le film d’animation qui en est adapté qui doit sortir prochainement en DVD.

Tome 2

Dans ce second tome, Fumiyo Kouno fait montre de tout son talent. C’est une pure décharge d’émotion et à nouveau un vrai cri du coeur face à l’horreur de cette guerre sans nom.

Nous retrouvons le quotidien de Suzu, son mari et sa belle-famille, tandis que la guerre s’intensifie de plus en plus et donc qu’elle prend une place énorme dans leur quotidien. On suit à nouveau les horribles conséquences de celle-ci à commencer par une perte tragique qui marquera Suzu à vie. Mais celle-ci décide de ne pas se laisser abattre pour autant et on retrouve ici une femme tellement courageuse ! C’est admirable. Elle, tout comme son entourage, sont des modèles de vaillance.

J’ai vraiment eu un gros coup de coeur pour eux, que ce soit le mari timide de Suzu, sa belle-soeur intimidante ou sa belle-famille accueillante, chaleureuse et compréhensive. J’ai vraiment aimé cette cellule familiale qui s’est constituée au fil des épreuves. On y retrouve les mêmes interrogations que dans beaucoup de familles qui ont été formées lors de mariages arrangés. Ainsi Suzu et son mari ne sont pas sûrs de leurs sentiments, on les découvre maladroits, en proie au doute et à la jalousie, mais ça les rend terriblement humains et attachants au milieu de toute cette horreur qui se déchaîne.

L’assemblage de ces deux ambiances si différentes et pourtant si complémentaires fait toute la richesse du titre. On suit un quotidien banal mais qui est en même temps conditionné par la guerre qui fait rage. Le conflit s’intensifiant ici, leur quotidien n’en devient que plus important. Il est de plus en plus rude et en même et en même temps de plus en plus essentiel pour eux afin qu’ils puissent gardent tout leur esprit. C’est magnifique à lire alors que franchement à première vue on pourrait croire que ça ne paie pas de mine quand on voit ce dessin doux et un peu fade. J’ai vraiment été frappée par la charge émotionnelle de ce récit qui nous bouleverse au détour d’une scène sans crier gare.

Ainsi, j’ai à nouveau trouvé que Fuyumi Kouno, avec sa force tranquille, transmettait parfaitement la violence de cette guerre, de ses bombardements aériens, de ses attaques, de ses pertes humaines, de ses bombes atomiques, mais aussi l’espoir qui ne mourrait jamais chez ces habitants durement touchés. C’est encore une fois une superbe ode à l’humanisme et au courage. J’ai été très touchée et j’aimerais continuer à pouvoir lire des oeuvres aussi fortes.

Ma note : 17 / 20

2 commentaires sur “Dans un recoin de ce monde de Fumiyo Kouno

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