Titre : Claudine
Auteur : Riyoko Ikeda
Éditeur Us : Seven Seas
Année de parution Us : 2018
Nombre de pages : 105
Histoire : Née en tant que « Claudine » dans un corps de femme qui ne reflète pas l’homme qu’elle est au fond d’elle, cette histoire nous fait suivre le parcours de Claudine, ses douleurs, ses peines et ses amours pour différentes femmes. La grande mangaka Riyoko Ikeda explore les genres et la sexualité dans une France du début du XXe siècle, dans ce puissant conte qui parle aussi d’identité, de culture et d’acceptation de soi.
Inédit en France
Mon avis :
En fan de la première heure de Riyoko Ikeda, dont j’ai toutes les oeuvres parues en Français (oui, je sais, il n’y en a que deux…), j’ai sauté sur l’occasion que les Américains nous offraient de pouvoir lire Claudine. Le titre est court mais encore une fois très fort et on y retrouve toute la puissance narrative de l’autrice.
Claudine, c’est l’histoire d’un drame annoncé. On suit depuis son enfance, la petite Claudine, qui est née dans un corps de femme mais se sent homme. On la voit donc grandir, s’affirmer, tomber amoureuse et souffrir dans un monde pour qui les transsexuels sont encore un tabou.
Claudine est une personnage typique des oeuvres de Riyoko Ikeda, c’est une personne forte et fragile à la fois, charismatique et torturée en même temps. Elle suscite de suite notre intérêt. Elle nous emporte dans le tourbillon et le drame de sa vie sous la plume toujours aussi théâtrale de la mangaka à grand renfort de pages éclatées et autres effets stylistiques propres aux années 70 que personnellement j’adore.
Les dessins sont fins, d’une beauté d’un autre temps avec ces cheveux vaporeux et ses grands yeux si expressifs. L’autrice parvient à faire passer tellement d’émotions sur les visages de ses personnages mais aussi dans leurs attitudes. La composition des pages est très dynamique malgré son côté théâtral et souvent dramatique. Elle excelle aussi dans les brefs moments humoristiques qu’elle met en scène avec des personnages presque en SD tordants. Honnêtement, je trouve ses dessins juste parfaits pour cette histoire et ses histoires en général.
Parce qu’ici, nous sommes plongés en plein drame dès le début. L’ambiance est pesante, on sent que malgré les airs enjoués de l’héroïne tout ne va pas bien se passer. En effet, ça ne peut être que dur d’essayer de s’affirmer transsexuel dans la France du début du XXe siècle. Personne ne comprend vraiment Claudine, pas même sa famille, et les femmes qu’elle rencontre ont chacune des réactions différentes face à cela. C’est tellement étrange pour l’époque de rencontrer quelqu’un qui dit qu’elle n’est pas du genre de son corps de naissance. On voit une femme devant nous, mais elle se dit homme. Je comprends que certains aient du mal à le comprendre ou l’accepter à l’époque et ça Riyoko Ikeda le rend très bien, montrant les différentes réactions qu’on peut avoir en tant de médecin, mère, père, frère, amie d’enfance, mentor, rencontre d’étudiant, etc.
En une centaine de pages, la mangaka brosse un panel assez large de réactions différentes face à cette question, mais ce n’est pas le seul thème qu’elle aborde. Elle parle aussi d’amour dans un sens plus large : l’amour entre un père et sa fille, la fascination pour quelqu’un d’intellectuellement supérieur ou encore un amour plus « traditionnel » dans lequel certains vont se réfugier par pression de la société cachant leurs vrais désirs qu’ils assouvissent parfois ailleurs. C’est un titre vraiment très riche.
Mes seuls regrets viennent de sa brièveté, j’aurais aimé que ça dure un peu plus de 100 pages, l’autrice m’a tellement habituée à ses longues fresques, mais aussi la narration souvent faite par le docteur qui « suit » Claudine. De ce fait, on ne voit que de brefs moments de la vie de Claudine et parfois l’ensemble manque un peu de liant, comme si on avait enlevé des bouts de l’histoire pour la publication, ça donne un sentiment étrange.
Sinon, l’ensemble de l’oeuvre est un vrai coup de coeur pour moi. J’ai été touchée par le personnage de Claudine et sa dramatique histoire qui dans un sens n’a pas été sans me rappeler celle d’Einar Wegener dans The Danish Girl. Je recommande cette lecture bien évidemment à tous les fans de Riyoko Ikeda mais aussi à ceux qui voudraient lire des histoires puissantes sur la communauté LGBT.
Qu’est-ce que j’adore le trait de cette mangaka… et je me rends compte que je ne possède toujours pas les Rose de Versailles dans ma bibliothèque. SCANDALE! Vraiment dommage qu’on ne trouve pas d’autres de ses titres en VF…
J'aimeAimé par 1 personne
Exactement, je ne comprends pas pourquoi les éditeurs ne se sont pas penchés sur le restant de sa bibliographie (hors titres adaptés en dessins animés) !
Bon courage pour trouver les Roses de Versailles, je ne sais pas s’ils sont encore dispo tous les trois… Moi, je suis ravie d’avoir pu tomber sur la première édition en occaz à l’époque. Je n’aime pas trop les nouvelles couvertures blanches ^^!
J'aimeAimé par 1 personne
Justement je pense que c’est parce que le style fait trop « daté » et que beaucoup ne le liraient pas… pauvres ames LOL. Oui, ils sont toujours dispo dans une belle édition de 2011. C’est l’un des points positifs avec Kana il y a toujours du stock meme pour des titres anciens ou long comme Detective Conan (par exemple).
J'aimeAimé par 1 personne
Si c’est vraiment à cause du style, c’est ridicule vu que côté seinen bizarrement, ce n’est pas un frein…
Ouf, alors pour la dispo. C’est un bon point de la part de Kana de savoir gérer son fond. Donc tu n’as plus de raison pour ne pas te jeter dessus xD
J'aimeJ'aime