Titre : Boudicca
Auteur : Jean-Laurent Del Socorro
Éditeur : Actu SF (grand format), J’ai Lu (poche)
Année de parution : 2017 ; 2018
Nombre de pages : 297
Histoire : Angleterre, an I. Après la Gaule, l’Empire romain entend se rendre maître de l’île de Bretagne. Pourtant la révolte gronde parmi les Celtes, avec à leur tête Boudicca, la chef du clan icène. Qui est cette reine qui va raser Londres et faire trembler l’empire des aigles jusqu’à Rome ? À la fois amante, mère et guerrière mais avant tout femme libre au destin tragique, Boudicca est la biographie historique et onirique de celle qui incarne aujourd’hui encore la révolte.
Mon avis :
L’an passé, je découvrais la plume de Jean-Laurent Del Socorro avec Royaume de vent et de colères qui fut une énorme surprise. J’avais adoré son style enlevé et sa façon de revisiter un pan de notre Histoire que je ne connaissais pas. C’était vraiment dépaysant aussi bien en tant qu’amatrice d’Histoire, qu’en tant qu’amatrice de fantasy. Il fallait donc que je me lance dans son autre roman d’historique-fantasy, surtout que la figure de Boudicca ne m’était pas inconnue. J’en ressors charmée mais moins marquée que par son autre titre.
Avec ce nouveau titre, l’auteur s’embarque cette fois direction l’Angleterre, celle de l’Antiquité, du temps des Romains et des peuples celtes qui la peuplaient, un temps de frictions entre deux civilisations qui se rencontrent et se confrontent. Il y a quelques années, j’avais eu la chance de voir à la télévision un documentaire retraçant la vie de Boadicée/Boudicca, cette reine celte dont Jean-Laurent Del Socorro a fait la figure de proue ici. J’avais été emportée par le récit de sa vie et les aventures qu’elle avait vécues, ainsi que par sa force de caractère, ce que je dois l’avouer j’ai retrouvé en partie ici.
L’auteur au cours de ces près de 300 pages retrace la vie de cette guerrière faite femme. Même si cela peut paraitre rapide, il en garde la substantifique moelle. On découvre ainsi sa naissance, son enfance, son entraînement, son mariage, sa vie de femme, sa vie de mère, les luttes qu’elle mène et la vengeance qu’elle cherche à accomplir. C’est un récit assez complet. Malheureusement, peut-être parce que je suis une férue de récit biographique, j’ai trouvé celui-ci un peu sec, c’est-à-dire un peu trop concis à mon goût et je le regrette.
J’ai cependant beaucoup aimé la plume de l’auteur encore une fois. Il est surprenant de voir à quel il adapte celle-ci au temps du récit qu’il nous fait vivre. Dans Royaume de vent et de colères, j’ai le souvenirs d’une plume légère, virevoltante et incisive. Ici, on se retrouve avec une plume beaucoup plus brute, sèche, cassante voire coupante qui correspond bien à la rudesse de l’époque. Il livre ainsi un titre court mais dense et intense. Il s’en dégage une puissance dramatique très forte au point d’en être écrasante même parfois. C’est un récit fort, corsé, où la cadence est donnée par les drames que va vivre son héroïne.
Il dépeint celle-ci en quelques traits, très rapidement, avant de lui ajouter petit à petit au fil des chapitres de nouveaux traits qui viennent l’affiner et la complexifier à la fois. Le personnage de Boudicca porte clairement le roman, sans elle il n’y aurait pas d’histoire. Du coup, tout est centré autour d’elle et jamais on n’en dévie pour aller voir ailleurs. C’est certes un parti pris que je comprends, notamment pour la chute finale qui est d’une grande puissance, mais que j’ai pu regretter parfois. Boudicca est un personnage qu’on a envie d’aimer mais pour qui il est parfois difficile d’avoir ce sentiment tant elle semble être d’une autre dimension que nous. Elle est d’emblée posée comme la fille des Dieux et ce statut qui la place à part l’éloigne souvent de nous. C’est assez déstabilisant.
Cependant, j’ai beaucoup aimé suivre les drames de sa naissance et de son enfance. J’ai trouvé ces moments très puissant émotionnellement parlant et l’auteur à très bien su rendre la rudesse de ses moments ainsi la complexité des émotions engagées par les différents personnages. Dans le même registre, j’ai beaucoup aimé les passages sur ses relations avec ses filles qui font un triste écho avec son enfance justement. Et pour finir, j’ai été saisi par le drame qui se joue si brutalement à la fin et qui débouche sur sa quête de vengeance. C’est un mélange d’émotions brutes qui saisit le lecteur et ne le lâche pas. J’ai eu par contre beaucoup plus de mal avec les passages sur son mariage, la perte de son père où ses premières révoltes. J’y ai trouvé des maladresses qui m’ont parfois sortie de ma lecture. Le rythme y était également plus mou, les émotions moins prenantes. Bref, j’ai eu un petit moment de flottement à mi-parcours.
J’ai tout de même beaucoup aimé une fois de plus retrouver des thèmes qui me sont chers comme l’aspiration à la liberté, l’insoumission, la place de la femme, la rencontre entre deux civilisations. Cela donne une teinte résolument moderne et féministe même au récit (sans en faire trop pour ceux à qui ça ferait peur…) qui n’a pas été sans me déplaire au contraire. Ça fait du bien aussi de ressentir ce genre d’engagement dans des récits où on ne s’attend pas à le trouver.
Boudicca a donc été une lecture riche et prenante mais aussi parfois déstabilisante. J’ai encore une fois été frappée par le talent d’écrivain de Jean-Laurent Del Socorro mais j’ai moins été emballée par le récit que je l’aurais souhaité. J’attends tout de même de pied ferme son prochain titre. Encore une Histoire revisitée peut-être ?
Ma note : 16 / 20
Note : Je n’aime pas beaucoup la couverture de la version poche. Je trouve celle du grand format bien plus belle et représentative du personnage…
Ah bah justement je me disais au début de l’article que je trouvais la couverture du poche très jolie 😁
C’est vrai que c’est un récit beaucoup plus froid que celui de Royaume de vent et de colères, peut-être aussi parce qu’il ne s’agit pas d’un personnage fictif et que l’auteur n’a pas souhaité trop s’éloigner des faits historiques.
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Lol on n’est vraiment pas raccord en ce moment ^^!
Tu as certainement raison, la froideur doit aussi venir du côté historique auquel il a voulu être fidèle, mais du coup c’est un peu dommage, on n’est pas autant emporté que sur son précédent titre…
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Ah ah ^^
C’est vrai qu’on est dans l’impossibilité de s’attacher à elle, contrairement aux personnages de Royaume (…) qui étaient eux extrêmement humains …Là, on est d’accord 😉
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Je l’ai dans ma PAL!!!
Pareil, je trouve la couv du grand format plus chouette.
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Alors une bonne lecture en perspective pour toi, j’espère !
J’avoue, je serais tombée sur le grand format en occasion, je l’aurais pris direct à la place du poche xD
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Un livre dont j’entends beaucoup de bien ces derniers temps, je note =)
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J’ai beaucoup aimé cette lecture aussi. C’était mon premier roman de l’auteur, et ça ne sera sans doute pas le dernier !
Et en passant, je suis de la team couverture du grand format 😂
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N’est-ce pas qu’il n’y a pas photo entre les deux couvertures ?
En tout cas, ravie que tu aies apprécié aussi. Je ne peux que t’encourager à lire Royaume de vent et de colères que je lui trouve bien supérieur même si assez différent 😉
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C’est pas pour rien que l’illustrateur a eu un prix aux Imaginales pour cette couverture !
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sur 300 pages, j’ai envie de me laisser tenter, et je ne connais pas du tout ce personnage historique ce qui rajoute à ma curiosité
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C’est vrai que t’as l’air de bien aimer ce genre d’univers, en tout cas d’après ce que je vois passer chez toi ^^
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