Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

City Hunter Rebirth de Sokura Nishiki

Titre : City Hunter Rebirth

Auteur : Sokura Nishiki (d’après l’oeuvre originale de Tsukasa Hojo)

Éditeur vf : Ki-Oon (shonen)

Années de parution vf : Depuis 2019

Nombre de tomes vf : 13 (en cours)

Histoire : Kaori est une inconditionnelle de City Hunter. Son fantasme est de vivre de grandes aventures aux côtés de son idole, Ryo Saeba. Mais, célibataire à 40 ans et prisonnière d’un boulot ennuyeux, elle commence à perdre ses illusions de jeunesse…
Son quotidien morne bascule le jour où, percutée par un train à pleine vitesse, elle se réveille dans la peau d’une lycéenne dans le Shinjuku des années 80 ! Désorientée et à bout de nerfs, elle tente le tout pour le tout et trace le fameux XYZ sur le panneau de la gare…

Mon avis :

Tome 1

Ce City Hunter Rebirth est en quelque sorte, le second titre que je lis où l’auteur se plait à revisiter un manga ultra connu façon un peu uchronie, grâce à un personnage qui y replonge dedans et connait la série par coeur parce qu’il est fan. Lors de la lecture du premier titre (Comment je me suis réincarné en Yamcha ?), je n’avais pas aimé le concept pour différentes raisons expliquées dans mon article. Mais ici, la plupart de ces écueils ont été évités et j’ai bien plus apprécié ma lecture même si je garde quelques réserves.

Comme dans le titre cité ci-dessus, on se retrouve propulsé dans l’univers qu’on connait bien grâce à une fan qui s’y retrouve elle aussi par inadvertance. En effet, l’héroïne : Kaori, 40 ans, se retrouve brutalement dans les années 80 et dans la peau de celle qu’elle était à 16 ans, après avoir été bousculée sur le quai d’une gare. Perdue, sa seule solution est d’aller écrire un message sur le tableau destiné à son idole : Ryo Saeba.

Dans ce titre, écrit et dessiné par Sokura Nishiki, nous retrouvons le célèbre univers de Tsukasa Hojo jusque dans ses moindres détails. La fan qui sommeille en moi a donc été ravie de retrouver Ryo, Kaori et tous les personnages clés de la saga (Umibozu, Miki, Saeko), ainsi que l’univers du Shinjuku des années 80, tout ce qui tourne autour de City Hunter (le tableau à la gare, la café Cat’s Eye, la demeure de Ryo…), et surtout son humour (coucou, massue, Ryo en mode coureur de jupons mais sérieux quand il faut), bref tout ce qui fait le charme de la série d’origine et qui fonctionne comme des marqueurs.

Avec ce premier tome, l’auteur amorce à peine son histoire. Il nous montre ce qu’il souhaite faire passé le postulat de départ, à savoir revisiter les plus célèbres histoires de City Hunter et les modifier un peu grâce à l’intervention de cette fan ultime. Ce n’est pas particulièrement original mais j’ai aimé retrouver ce mélange d’ambiance légère et de moments sérieux où chaque seconde compte, qui est propre à la série. Cependant pour le moment, on n’a encore vraiment démarré qu’une seule histoire, celle de Miki et Umibozu donc je reste un peu dans l’attente. On prend le temps de nous installer mais il ne faudrait pas trop rester scotché comme ça.

J’ai d’ailleurs quelques réserves. Je ne suis pas entièrement fan des dessins, qui cherchent vraiment à imiter City Hunter, qui semblent beaux, mais à qui il manque le charme et le charisme d’Hojo. Il s’en dégage une certaine maladresse, notamment côté proportions parfois. L’histoire, elle, forcément se répète. Il y a beaucoup de grosses ficelles et l’humour est parfois trop exagéré. J’aime les coucous de Ryo, mais quand même parfois c’est trop…

Ce City Hunter Rebirth est donc une bonne idée mais qui demande encore confirmation et développement. L’auteur maîtrise bien l’univers qu’il a repris. Prendre pour base l’histoire originelle c’est bien, mais s’en éloigner aussi est la clé pour donner vraiment corps à cette série.

Tome 2

Ce n’est pas dans ce tome 2 qu’il y aura un envol de la série. Celle-ci continue à reproduire le même schéma, à savoir reprendre une affaire connue de City Hunter pour la revivre à travers les yeux et les perturbations plus que modestes de la fan n°1 de notre nettoyeur. Du coup pour le lecteur de la première série, il n’y a aucune surprise ou presque ici. C’est juste le plaisir de retomber dans cet univers et de retrouver les personnages et leurs aventures avec quelques modiques modifications et quelques commentaires savoureux de Saori. Je ne dis pas que je n’aime pas. Je prends plaisir à (re)lire l’histoire, à (re)voir les personnages et leurs relations évoluer mais je ne sais pas si je tiendrai énormément de tomes ainsi. Je trouve dommage de ne pas mieux exploiter l’introduction de cette jeune femme venant du futur et du monde réel. Il y a certes des petits moments où cela introduit une modification dans l’histoire mais c’est tellement minime qu’on l’oublie vite. Je risque de finir déçue à force.

Du côté de ce tome, on conclut l’histoire entre Ryo, Miki et Umibozu. Comme j’avais adoré ce chapitre dans l’histoire originelle forcément j’ai aimé ici aussi même si ça a manqué de l’émotion de l’original parce qu’on suit Saori qui décortique tout et que le regard est donc différent, plus analytique et comique, moins émotionnel. On enchaine ensuite avec l’affaire de la jeune Sara, cette enfant qui peut voir ce que ressentent les gens quand elle les touche. On n’en est qu’au tout début, mais ça pourrait être intéressant si elle touche Saori, sauf que je crains que l’auteur n’aille pas jusqu’au bout… Affaire à suivre.

Tome 3

Le mangaka a dû se rendre compte que son fonctionnement un peu trop classique allait coincer au bout d’un moment et lasser le lecteur, du coup dans ce 3e opus, il tente d’innover et d’ajouter une épaisseur à son scénario. Pour cela, il ajoute un nouveau personnage venant du monde réel à son intrigue, ce qui change doucement la donne. Saori n’est plus la seule spectatrice, elle a une acolyte, ce qui fait qu’on ne va plus seulement s’intéresser aux affaires de Ryo que l’on connait déjà mais également à des choses se passant autour. J’ai trouvé que c’était une bonne idée, même si dans le fond, ça ne règle pas tous les problèmes. En effet, le titre reste un bon divertissement mais il continue à lui manquer une âme. Ainsi, on passe un bon moment à recroiser tout le monde et à suivre l’affaire en cours avec la jeune Sarah mais ça s’arrête là. Je ne suis pas passionnée par ce qu’il se passe comme c’était le cas dans la série originelle. Je me sens aussi spectatrice et c’est tout de l’histoire, et donc je ressens un certain manque. Je continuerai parce que j’aime bien retrouver l’univers et que ce n’est pas désagréable, mais ce titre est loin d’être un indispensable.

Tome 4

La série continue son petit bonhomme de chemin avec de plus en plus d’histoires inédites par rapport au manga d’origine ce qui est très sympa, même si soyons honnête, on est loin de l’intensité et de la qualité de celui-ci.

Ainsi, dans ce tome, les auteurs nous livrent 2 histoires. La première est la suite et fin de celle commencée précédemment avec le prof d’école pervers. Ce dernier se révèle complètement barré et il faut bien l’intervention du duo Ryo-Umibozu pour calmer tout ça. C’est une histoire assez symptomatique de certains vices bien japonais : les hommes amateurs de sous-vêtements de fillettes et la course à être parfait qui en pousse plus d’un au suicide. C’est cliché mais efficace. Ici, j’ai surtout aimé la puissance de la candeur de ce petit garçon qui se met à admirer Umobozu suite à son intervention.

La seconde histoire, elle, est très différente. Ryo y a cette fois un client et non une cliente. En prime, celui-ci lui propose une affaire complètement différente de celles dont il a l’habitude. Et pour finir, il réveille de vieux démons chez notre nettoyeur. On le retrouve donc complètement sous tension et il parvient même à se faire surprendre. Bien joué !

Le titre reste ainsi une lecture agréable mais loin d’être aussi amusante, touchante et sérieuse que sa série d’origine. C’est un bon divertissement, bien fichu, mais il manque d’émotion.

Tome 5

Un nouveau tome de City Hunter Rebirth à me laisser perplexe, voici l’impression que je garde de cette lecture. Je sais que je me plaignais quand ce n’était qu’un redite et que j’étais contente de voir enfin arriver un scénario plus inédit, mais ce n’est pas non plus la panacée.

L’introduction du personnage de J.J. ancien shooté à l’angel dust comme Ryo était plutôt une bonne idée. Malheureusement le traitement dans la première moitié de ce tome fut bien longuet et indigeste. J’ai trouvé la course poursuite, puis l’affrontement entre Ryo et lui très très long et mal joué. Tout était exagéré, avec des dialogues bas de gammes et des enchainements prévisibles car déjà vus. En plus, les dessins perdent en qualité.  Je n’ai donc pas aimé. Ils font très figés au niveau des expressions, surtout chez J.J., et vide au niveau des arrières-plans des cases, sans parler du problème de la gestion des ombres quasi inexistantes qui rendent le dessin plat. Je n’ai vraiment pas aimé cette partie.

Et en même temps, avec l’introduction de ce personnage, on parle du passé de Ryo, de sa relation à l’angel dust et à son père adoptif : Kaibara. Alors forcément, ça je ne peux que l’aimer. C’est prometteur pour la suite parce que ça permet de creuser ce personnage et peut-être d’abord une zone d’ombre de la saga originale qui passe quand même très vite sur le sujet. On sent que l’auteur a vraiment envie de parler plus de ses héros et de leur famille, car c’est aussi le moment choisi pour faire arriver la « soeur » de Kaori. Du coup, le final était bien meilleur et a relevé le niveau de cette lecture me permettant de terminer sur une bonne note.

La lecture de cet isekai dans l’univers de City Hunter reste compliquée. Ce n’est jamais simple de reprendre un univers aussi bien travaillé et culte que celui d’Hojo. Du coup, l’auteur continue à peiner pour trouver le bon rythme et faire les bons choix entre reprise des histoires connues et introduction de nouvelles sortant de son imagination.

Tome 6

Je suis parfois assez critique envers la série depuis ses débuts, mais je dois reconnaitre que peu à peu certains défauts sont corrigés et que ça devient de plus en plus une bonne lecture.

Les auteurs continuent à s’éloigner du cadre d’origine tout en en prenant certains éléments clés et cela donne un joli résultat. Dans ce tome, on suit ainsi en parallèle l’affaire où Ryo, enfin surtout Kaori, protège la soeur de cette dernière sans qu’elle le sache, et une histoire de vengeance autour de J.J. Les deux s’emboitant merveilleusement bien et mettant en lumière aussi bien la superbe relation de confiance, voire plus, entre Kaori et Ryo, et celle qui est en train de se nouer de sempai à kohai entre Ryo et J.J.

Cela donne une lecture pleine d’humour et de rebondissement, l’auteur continuant à reprendre les codes de la série, telles que les incartades de Ryo avec les femmes ou les scènes d’échange de balles et de course poursuite en voiture. J’aime beaucoup. J’ai à la fois l’impression de me retrouver dans City Hunter et de découvrir de nouveaux épisodes.

Cependant, il y a toujours quelques petits ratés. Ainsi, certains dessins sont légèrement ratés au niveau des proportions, je pense à la course poursuite de J.J. où les rapports corps/véhicules ne vont pas. L’attitude bien lourde de Ryo, qui passait dans les années 80-90, a plus de mal à passer inaperçue de nos jours et fait vraiment harceleur de bas étage. Si des défenseurs(-seuses) du phénomène #MeToo passaient par là, il prendrait cher. De plus, on sent bien que ce n’est pas du Hojo. Je ne sais pas comment l’expliquer mais émotionnellement, on n’est pas autant impliqué.

Toutefois, j’ai passé un très bon moment. J’ai beaucoup aimé la dynamique entre Kaori et sa soeur, qui en révèle en fait beaucoup sur notre héroïne et sur Ryo, même s’il essaie de rester dans l’ombre. Je me suis amusée des nouveaux trouble-fêtes venant du passé de J.J., dont l’un ressemble à s’y méprendre à l’associé d’Edgard dans Edgard le détective cambrioleur. C’est très classique mais bien écrit.

Ainsi Sokura Nishiki continue à prouver que c’est dans les vieux qu’on fait la meilleure soupe. Sa reprise de City Hunter, même si elle ne vaut pas l’original et en est même bien loin, offre tout de même un très bon divertissement !

Tome 7

Avec une dynamique désormais bien huilée, Sokura Nishiki continue de nous replonger dans l’univers sombre et comique de City Hunter, passant d’une affaire à l’autre en ajoutant de plus en plus sa touche.

Ici, elle revisitait un moment charnière de l’oeuvre, l’épisode consacré à la soeur de Kaori. L’occasion de revoir un Ryo amoureux qui tente de le cacher. On assiste à de très jolis moments entre lui et Kaori où l’on sent toute la confiance qu’ils se font mutuellement. C’est superbe. Les échanges de regards, les gestes, tout nous porte à comprendre la force du lien qui les unit et c’est toujours aussi touchant à voir même des années après, même sous la plume et le trait d’un autre mangaka.

La petite touche en plus bienvenue cette fois, c’est tout l’intrigue autour de l’Angel Dust. C’était un pan qui avait été traité un peu trop rapidement parfois dans le manga d’origine et j’ai l’impression que l’auteur s’y attarde plus ici. Lors de cette mission, c’est avec la figure de Python qu’on reparle de cette terrible drogue et que Ryo au détour de certaines phrases se livre un peu à ce sujet. L’histoire de Python et de son frère, elle, est très belle et n’a pas été sans me rappeler certains passages de Banana Fish, le shojo d’Akimi Yoshida qui se passe aux USA, où il est également question d’une drogue dure et de belles et fortes relations fraternelles. On y retrouve le même drame, la même Amérique miséreuse et la même détresse chez certains jeunes pour qui la drogue devient l’unique solution à leur problème.

Tout cela est mis en scène de façon toujours aussi énergique, avec une alternance bien dosée entre scène de duel armé ou à main nue cette fois, moments d’introspections et dialogues forts. L’humour reste toujours bien présent, mais je l’ai trouvé plus tempéré cette fois. Il faut dire que la situation était assez tendue et que Ryo risquait gros jusqu’au bout.

Comme souvent dans la saga, le volume se referme sur le tout début d’une nouvelle histoire, une qui va encore impliquer un personnage phare de la mythologie : Bloody Mary. Le potentiel comique et dramatique avec Ryo et Kaori est déjà là, j’ai hâte de relire cette histoire sous la plume de Sokura Nishiki pour voir comment elle va ajouter son grain de sel !

City Hunter Rebirth continue à proposer une relecture intéressante de la saga d’origine. Certes, c’est très classique mais c’est un bonheur de retrouver les héros de notre enfance et ses petits ajouts, notamment sur l’Angel Dust et donc le passé de Ryo, sont les bienvenus.

Tome 8

L’auteur continue, désormais qu’il a pris sa vitesse de croisière, à mélanger histoire connue, coulisses de celle-ci et histoire inédite, un mélange qui me plait bien mais qui ne m’emporte pas autant que la série originale.

Ainsi même si j’ai passé un bon moment, le fait de voir et suivre l’histoire de Mary, du point de vue de Sayuri l’a rendu bien plus fade. Les émotions ressenties lors de la confrontation de celle-ci avec Ryo, lors de ses échanges avec Kaori ou lors de moments cultes entre Kaori et Ryo ont disparu ici. L’auteur a préféré nous montrer quelque chose d’inédit, ce qui est une bonne chose en soit, mais malheureusement ça a laissé les sentiments un peu de côté. A la place, nous retrouvons une Sayuri qui fait équipe avec un Umibozu plus que réticent. Celle-ci veut vraiment participer à l’histoire et ne plus rester une spectatrice, ce qui est une bonne idée. En plus, cela permet un joli focus sur Umibozu, un personnage que j’apprécie beaucoup.

Mais clairement l’histoire de Mary est passé très rapidement, trop, sans véritable moment d’émotion, mais aussi sans action vraiment tonitruante. Alors j’en viens à me dire que je préfère encore quand l’auteur invente totalement une histoire comme avec J.J., là au moins il y a du rythme, des sensations, tout ce qu’il faut. Ce n’est pas fade.

Ainsi, j’ai été ravie de voir le tome se conclure sur l’ouverture d’une nouvelle affaire qui, elle, ne figure pas dans la série originale. Ryo a à faire au patron d’une grande compagnie pharmaceutique, ancien militaire, qui participerait à un vaste trafic de drogue. Pour le moment, ça démarre assez tranquillement et classiquement avec une petite provoc’ de notre cher videur, mais je me dis qu’il y a le potentiel d’avoir quelque chose en plus et pourquoi pas de se rapprocher de l’Angel Dust, pan de l’histoire que j’aimerais vraiment voir traité à fond.

Ce tome 8 de City Hunter Rebirth fut donc une bonne lecture classique dans son genre, où l’auteur continue de revisiter des histoires connues sous un nouvel angle. Angle, qui ici a permis d’impliquer plus Sayuri et de mettre Umibozu en avant. Cependant, je préfère quand ce sont des histoires totalement inédite et j’attends beaucoup de la dernière qui commence à se mettre en place.

Tome 9

Ça y est, sauf erreur de ma part, nous avons enfin basculé sur une intrigue 100%, ça fait plaisir ! Je vais enfin pouvoir arrêter de comparer à la série d’origine, en tout cas je vais essayer, et prendre l’histoire juste pour elle-même. Et ici, l’autrice exploite à fond les ombres de City Hunter et des rapports de Ryo à la guerilla, aux commandos armés et aux revendeurs de drogue, ce qui n’est pas pour me déplaire.

Certes, disons-le directement, cela n’a pas la même odeur, ni la même saveur que la série d’origine. On sent d’emblée quelque chose de plus lisse, plus formaté, plus propre à répondre à des exigences de maintenant, avec des dialogues un peu faciles, plutôt qu’une oeuvre d’auteur comme avec Tsukasa Hojo. Mais cela reste un bon divertissement honnête et bien construit.

Dans ce nouvel épisode inédit, donc, le trio des garçons que nous voyons en couverture va se frotter à Robert Steiner, le directeur d’une grosse entreprise de trafic de drogue et ancien soldat de l’armée latuanienne à la sinistre réputation. Il va débarquer à Tokyo avec ses sbires pour tenter de se débarrasser de Ryo and Co. qui les gênent.

Attaque de leurs domiciles, fuite par les faux plafonds, confrontation dans les parkings, enlèvements et mission de rescousse sont au programme de ce nouveaux tomes où nous héros bien virils vont avoir du boulot. J’ai eu un peu de mal avec le schéma de la demoiselle en détresse même si je sais que c’est la marque de fabrique de la série, mais il me semblait que l’auteur d’origine avait sensiblement évolué sur la question au fil du temps, ce qui n’est pas le cas ici. Tant pis, cela donne la part belle à notre trio de nettoyeurs qui s’en donnent à coeur joie.

La mise en scène des combats imaginée par Solura Nishiki est pleine de classe. Umibozu a vraiment le haut de l’affiche pour ça dans ce tome avec sa force herculéenne face aux couteaux et autres armes tranchantes de son adversaire qui a enlevé Miki. C’est amusant de voir le classicisme dont fait preuve la mangaka pour imaginer cette mission de sauvetage, chaque homme étant face à la femme qui compte pour lui… N’empêche, j’ai adoré voir les différents combats qui a chaque fois sont adaptés au nettoyeur mis sur la sellette. J.J. se retrouve par exemple face à son passé et Ryo face à un adversaire au camouflage encore plus performant que le sien. Le fait de dérouler ces deux derniers combats en parallèle est d’ailleurs une riche idée car cela aurait dommage d’enchaîner les 3 les uns à la suite des autres…

En tout cas, avec son dessin toujours très dans les codes de ce que faisait Tsukasa Hojo, l’autrice nous offre un tome quasiment 100% action, avec très peu d’humour et beaucoup de sérieux, très peu de tranche de vie et beaucoup de danger. C’est classique, peut-être déjà vu, mais rythmé et prenant, et on aime voir nos héros se battre. Le fait d’utiliser des éléments qui n’avaient été que peu exploités dans la série d’origine comme le passé d’enfant-soldat de Ryo ou le fait qu’il ait eu maille à faire avec des cartels de la drogue est une bonne idée pour se démarquer et ne pas juste répéter des histoires déjà connues. Cela permet à Saori et à nouveau d’être face à du contenu inédit dont on peut douter de l’issue, ça change.

Avec ces derniers tomes, Sokura Nishiki commence à prendre son envol. Elle est encore un peu timide dans la forme, répétant des schémas déjà connus, mais elle a le mérite de proposer des histoires inédites où elle fait bien briller ses héros. Ici, c’est au tour de nos trois nettoyeurs, il est à espérer que ce sera un jour autour des femmes, car il serait triste de rester sur cette image de série viriliste, ce que n’était plus trop City Hunter les tomes passant.

Tome 10

D’habitude plus les tomes passent, plus je me lasse. Ici, c’est l’inverse, plus les tomes passent, plus l’histoire se bonifie, je trouve.

En se glissant dans les interstices de ces histoires déjà connues, Sokura Nishiki nous fait vraiment retrouver la saveur de la série d’origine mais avec un petit truc en plus vraiment agréable. Elle a su conserver l’humour de la série mais aussi ses moments de tension et d’émotion autour de ces duos phares que son Ryo et Kaori, ainsi que Miki et Umibozu. Un régal ! L’ajout de J.J. et Saori fut fort sympathique dans la première histoire de ce volume, apportant un nouveau duo à suivre avec une nouvelle dynamique, celle d’une rédemption et un nouveau chez soi. J’ai beaucoup aimé.

Mais c’est surtout de retrouver l’ambiance et l’univers de City Hunter que je savoure. Quand Ryo part affronter ces ennemis, j’ai presque l’impression d’entendre les musiques et les voix si particulières de l’animé doublé en français, car ce sont les mêmes méchants caricaturaux qu’on a. L’autrice sait donner une belle tension comme Tsukasa Hojo et se sert pour cela avec habileté du passé de Ryo, que ce soit avec Robert Steiner et l’organisation Teope, dont les magouilles politiques sur fond de drogue, ne peut que dire quelque chose au vieux lecteur.

Et cerise sur le gâteau, nous plongeons dans la seconde partie du tome dans une histoire connue, celle de la belle armurière confiant sa fille à Ryo, ce qui nous donne l’occasion de découvrir un peu le passé de celui-ci. L’autrice apportant sa propre touche en nous racontant un pan de l’épisode qu’on ne connaissait pas. On se régale donc à la fois de revoir Ryo et Kaori jouer les parents avec cette petite fille trop mignonne, et on prend plaisir à découvrir un Ryo plus jeune, qui n’était pas encore celui qu’on connaît.

Sokura Nishiki a vraiment su trouver ses marques et son style, mélangeant moments connus, en réinterprétant d’autre et ajoutant son propre grain de sel en se glissant dans les interstices de l’histoire, elle nous offre de très chouettes moments qui plairont aux nostalgiques de la série comme moi. J’aime la place que prennent J.J. et Saori, apportant une touche de jeunesse et nouveauté. J’aime la découverte du passé de Ryo.

Tome 11

Avec l’une des plus belles couvertures de la série, les auteurs continuent de nous faire redécouvrir avec un plaisir presque coupable les grandes heures de la série cultes vues à travers un angle inédit.

Je dois avouer cependant qu’au fil de mes lectures, mes souvenirs se font de plus en plus lointain et que je commence à peiner à dire ce qui provient de la série d’origine et ce qui a été ajouté ici. Souvent, je me rappelle des grandes lignes des enquêtes mais pas suffisamment des détails pour voir les ajouts ou divergences qu’il y a ici. Mais ce n’est pas grave car le plaisir est intact !

Dans ce tome, nous avons droit à pas moins de deux histoires. Tout commence avec l’armurière, fille de l’homme qui s’occupait du colt de Ryo, qui voit sa vie et celle de sa petite fille menacée. Une histoire adorable notamment à cause de la double présence de cette petite fille accro à la poudre et des souvenirs d’un jeune Ryo vu à travers le regard d’une gamine. C’est fou la classe que ça donne à un homme, surtout quand c’est quelqu’un comme lui prêt à donner sa vie pour ceux qu’il aime. Un grand classique mais qui fonctionne toujours aussi bien. Le seul bémol viendrait peut-être des dessins à ce moment-là qui montre un Ryo à la carrure exagérément large, ce qui n’est pas très esthétique et rompt avec son allure habituelle, un brin plus fine quand même.

J’ai beaucoup aimé voir cette douceur en lui, celle de l’homme qui comprend qu’il ne souhaite à personne de suivre sa voix et surtout pas à une petite fille de cet âge. Il est beau du coup dans son envie de les protéger de ce milieu qu’il ne connaît que trop bien. J’ai aussi beaucoup aimé le voir toujours aussi classe face à des ennemis quand même un brin ridicule, il suffit de voir leurs surnoms : araignée et chauve-souris ^^! L’auteur avait quand même le chic pour tourner en ridicule les antagonistes durs à cuire de cette série et on le retrouve bien ici.

Dans la seconde histoire, nous avons quelque chose de plus doux. Les auteurs reviennent sur l’épisode où Kaori s’est vue courtisée par le père d’une jeune aveugle. Je trouve malheureusement qu’on va un peu trop vite dans cette relecture de l’histoire. Quitte à nous proposer un chapitre où Ryo va être jaloux car un homme approche celle qui l’aime, j’aurais aimé que ce soit un peu plus détaillé. Idem, quitte à voir Kaori se faire courtiser et hésiter un peu, j’aurais aimé le voir un peu plus. Là, tout est trop rapide pour vraiment le savourer. Certes, on s’amuse de suivre nos deux héroïnes venant de notre présent, qui sont les yeux et les oreilles de l’histoire, mais à vouloir tout diriger, orienter, elles accélèrent trop les choses.

Heureusement c’est aussi un moment savoureux où l’humour est de mise et on rit à la fois de la mise en scène extérieure proposée par les deux petites héroïnes, mais également des scènes où Ryo et Kaori se chamaillent révélant ainsi leurs sentiments. Le choix du décor : un hôpital, change aussi par rapport à d’habitude et on s’amuse de toutes les bêtises que Ryo peut y faire, mais cela a un petit côté anecdotique, je dois reconnaître.

Lecture toujours aussi fraîche, City Hunter Rebirth donne surtout très envie de replonger dans la série originelle. Elle offre quelques jolis ajouts mais va parfois un peu trop vite, ce qui la rend plus divertissante et reposante que marquante. Si le but est de titiller notre nostalgie, ça marche, mais si c’est d’être original, ça tombe un peu à côté.

Tome 12

Avec des tomes quand même bien fins (moins de 150 pages…), nous nous rapprochons peu à peu du climax de la série (tome 27 sur 36) et ça fait plaisir de continuer à voir des scènes clés de celle-ci rejouées sous un autre angle.

Consacré en grande partie à la fin de l’épisode de Mayuko et son infirmière, ce volume sous ses dehors de vaudeville est plus sérieux que d’autres. L’autrice nous emmène dans un joli jeu de sentiments inavoués mais montrent aussi la difficulté que c’est à être honnête avec soi-même et à franchir un certain cap parfois. Alors entre cet épisode et celui de « La Cendrillon dans la ville » qui lui fait suite, nous sommes gâtés en matière de sentiments amoureux.

Ce qui reste sympathique dans cette série qui innove fort peu en reprenant les épisodes clés de City Hunter la série d’origine, c’est que se glisse quand même une réflexion extérieure sur ce que pouvait ressentir les personnages à tel ou tel moment, là où dans la série d’origine, pris dans l’action, l’auteur n’avait pas toujours eu le temps de s’y attarder. Ainsi avec nos charmantes trouble-fêtes venant de la réalité, nous allons y réfléchir à chaque fois.

Dans l’épisode de l’hôpital cela se traduit par un interventionnisme maladroit qui vient compliquer les choses et modifier un tout petit peu la trame de l’histoire avant que celle-ci ne retombe sur ses pattes. Merci ainsi pour ce beau moment d’échange et confiance entre Ryo et Kaori qui révèle leur complicité et leurs sentiments même s’ils ne sont pas près à le reconnaître quand M Uragami le leur fait remarquer.

Dans l’épisode du relooking de Kaori pour un rendez-vous nocturne incognito avec Ryo, cela se traduit par une vision bien plus dramatique et moins romantique de ce moment qui a pourtant fait rêver des générations de lectrices et lecteurs. Non sortir avec quelqu’un sous une fausse identité et recevoir des sourires en tant que cette personnalité fictive, ça ne fait pas du bien au coeur, au contraire, même si c’est beau pour le lecteur de les voir aussi libres et complices sans rien pour freiner leurs envies comme ils le font habituellement.

L’autrice nous offre donc 2 histoires terminées dans ce tome, ce qui est rare. Pas de cliffhanger pour anticiper le prochain tome. Ce furent deux moments émouvants et intenses où des sentiments cachés n’ont pu s’empêcher d’affleurer dans le feu de l’action. Merci à Sokura Nishiki de faire ainsi revivre cette saga culte de mon enfance et de me donner envie de la relire, ce qui sera sûrement le cas à la fin de sa réédition en perfect chez Panini 😉

Tome 13

Avec toujours autant de saveur et d’astuce, l’autrice nous replonge dans les chapitres qui ont fait les grandes heures de City Hunter. Passé les premiers chapitres plus légers, on entre vraiment dans le dur en ce moment, en touchant au passé de Ryo et c’est explosif.

Depuis le début, j’aime cette revisite d’une série chère à mon enfance, mais l’autrice avait démarré assez tranquillement. Maintenant, elle entre dans la dernière partie de City Hunter, plus sombre, plus âpre, plus tragique et c’est encore mieux !

Avec la même astuce que précédemment, elle mélange ainsi l’histoire telle qu’on la connaît, ici l’arrivée de Sonia pour venger Kenny l’ex-partenaire de Ryo, et des éléments nouveaux qui vont faire sortir l’histoire de ses rails, en l’occurrence la vengeance du fils du chef de mafia qui avait causé la mort de Kenny et que Ryo avait éliminé. Vous voyez comme tout s’imbrique.

La recette reste la même, un savoureux mélange de gaudriole, qui ne passe pas toujours forcément très bien de nos jours avec un Ryo qui joue un peu trop les obsédés, mais bon c’est sa marque de fabrique désormais, et de l’action à n’en plus finir. On rit des bourdes et mésaventures sentimentales du héros. On serre les dents quand il se retrouve face à ce fantôme si dangereux qui parvient à l’attaquer jusque chez lui et on tremble quand on voit ce que son intervention a changé dans la trame bien connue de son duel à venir. C’est donc toujours aussi prenant à lire et j’aime beaucoup ce mélange pour ma part.

Alors oui, le dessin de la dessinatrice ne vaut pas celui de Hojo, il n’a pas le même grain, la même touche rétro polar noir, il est plus lisse, mais la dynamique est bonne elle. On est content de retrouver des histoires connues avec des petites touches en plus qui viennent changer celles-ci et nous offrir autre chose. L’autrice fait en plus le choix de ne pas tout reprendre à l’identique et faire quelques coupes dans le récit qui ne gêne en rien et permet d’aller à l’essentiel, notamment entre Ryo, Sonia et Umibozu. Ça permet de ressentir la même urgence mais sans être encombré de toutes les explications. Après est-ce que ça va manquer à quelqu’un n’ayant pas lu l’oeuvre originale ? Je ne sais pas n’étant pas dans cette position.

J’ai donc passé un très bon moment à nouveau devant cette répétition d’une série que je connais si bien et affection. Je prends plaisir à la retrouver sous un autre angle avec de légères modifications qui pourraient tout changer et offrent une nouvelle tension lors de moments clés comme ce duel qui se profile pour le prochain tome. J’ai hâte d’en voir le résultat.

(Merci à Sanctuary et Ki-Oon pour ces retrouvailles)

Ce diaporama nécessite JavaScript.

4 commentaires sur “City Hunter Rebirth de Sokura Nishiki

  1. Il a l’air assez sympa, peut-être plus abouti que Yamcha, car il y aura plusieurs tomes. Je l’ai acheté ce week-end, mais pas encore lu, je vais essayer de pas trop trainer (ça serait pas mal pour une fois ^^)

    Aimé par 1 personne

  2. Bonjour,
    Au vu de ta chronique, j’admets que les réserves que j’avais au début persistes toujours, à première vu, le résumé n’est pas des plus transcendant, et manque peut-être de renouveau pour que je me lance pleinement dans la série…

    À voir par la suite, ainsi que le nombres de tomes prévus !

    Cordialement,
    Euphox 🦊

    Aimé par 1 personne

    1. Effectivement si tu cherches du renouveau ici, ce n’est pas le cas pour moi. C’est plus une espèce de relecture avec des clins d’oeil aux lecteurs. Il faudra voir si par la suite l’auteur parvient à s’en détacher plus.
      Merci pour ton commentaire et ton passage ici en tout cas 🙂

      J’aime

Laisser un commentaire