Livres - Classique·Livres - Contemporain

Confession d’un masque de Yukio Mishima

Titre : Confession d’un masque

Auteur : Yukio Mishima

Éditeur vf : Folio (poche)

Années de parution : 1958 (1e éd. vo) ; 1971 (1e éd. vf)

Nombre de pages : 247

Histoire : Yukio Mishima naît en tant qu’écrivain à partir de l’éclatant succès que reçut Confession d’un masque. Raconté à la première personne, le roman est indéniablement d’inspiration autobiographique. Le jeune garçon qui s’y livre souffre de se sentir différent des autres. Chétif, il est en outre issu d’un milieu moins favorisé que ses condisciples. Plus tard, fasciné par les représentations morbides et cruelles, il découvre qu’il en tire un plaisir allant jusqu’à la jouissance. Mais sa différence fondamentale et douloureuse réside dans son penchant homosexuel. Au Japon, sans doute plus que nulle part ailleurs, le besoin de se conformer à la normalité tourne parfois à l’obsession. Craignant le regard des autres, il feint de se sentir attiré comme eux par les jeunes filles de son école, la honte qui l’étreint est telle qu’il veut y croire lui-même. Esclave des conventions, il s’éprend de Sonoko la soeur d’un de ses amis, et fait naître un amour artificiel pour satisfaire son besoin de conformisme, mais ce jeu de dupes ne sera que vaines souffrances.

Mon avis :

Yukio Mishima est un auteur japonais sulfureux de par sa vie, que je me plais à découvrir par petites touches depuis l’an passé, où j’avais écouté une série d’émissions radio très intéressantes sur le personnage. Confession d’un masque est son titre emblématique et j’en avais repoussé la lecture de peur de la trouver trop complexe ou trop dérangeante, je ne savais pas trop. Heureusement, je me suis bien trompée et ce fut une très bonne lecture, édifiante et révélatrice sur l’auteur, qui m’a passionnée de bout en bout.

Dans ce roman quasi autobiographique, l’écrivain confie le récit de son enfance, son adolescence puis ses premiers pas d’adultes dans le Japon des années 20 à 50. Se côtoient ainsi un récit très intime sur sa vie, ses aspirations, ses désirs, sa vision de la vie… et un récit plus vaste sur le Japon traditionnel de ces années-là. C’est passionnant.

La plume de Mishima est d’une rare fluidité. Elle coule allègrement sur le papier alors que je m’attendais à quelque chose de plus ampoulé ou travaillé, ici tout est fait dans la simplicité. Pour autant, l’auteur a tendance par moment à nous perdre dans les méandres de ses réflexions et ça peut être déroutant. Pour en finir sur le style, le récit se découpe en 4 chapitres de longueurs inégales qui marquent les 4 périodes marquantes de sa vie jusqu’à ses 24 ans (?). C’est donc un texte très abordable, qui se lit assez facilement parce que le style est simple et contemporain, tout en restant personnel.

Le personnel et l’intime, sont justement au coeur de ce récit. On y suit un Mishima qui décortique ses pensées et ses désirs depuis tout petit jusqu’à ses années de jeunes adultes. Ce n’est pas un récit linéaire. Il perçoit tantôt quelque chose en lui, qu’il renie ensuite avant de renouer avec plus tard. Mais c’est un récit puissant et saisissant. Il montre ici combien les événements de l’enfance sont essentiels dans la construction de l’individu plus tard. Les choix très particuliers qu’il a subis dans son éducation sont des marqueurs essentiels pour le comprendre plus tard et dans son cas, ça fait un peu peur.

En effet, je ne vais pas vous cacher qu’il y a des moments assez dérangeants dans cette autobiographie. En analysant ses désirs, Mishima révèle sa fascination pour le sang, la violence, la contrainte et ça fait froid dans le dos, surtout quand on connait son parcours. Ça résonne en plus avec un Japon où le nationalisme monte alors en flèche avec les dérives que cela peut occasionner, alors ça peut facilement troubler le lecteur.

Pour autant, c’est très bien contrebalancé par l’analyse très touchante d’un jeune homme homosexuel qui cherche parfois à comprendre sa nature, parfois à la cacher voire la renier pour coller à l’image que la société souhaite avoir de lui. Et la construction du masque qu’il va poser devant son visage est analysée d’une façon saisissante ici, tellement juste de la part de la personne concernée que c’en est très surprenant.

Pour finir, j’ai beaucoup aimé dans ce titre tout ce que l’auteur révélait en filigrane sur la société japonaise de ces années-là, la façon dont ils vivaient avant, pendant et après la guerre, le fonctionnement au sein de ses familles appartenant à une petite bourgeoisie, les codes de la vie d’alors, etc. Il y a plein de petites informations à prendre pour les curieux de cette époque.

Confession d’un masque, plus qu’une autobiographie, s’est révélé être un titre très touchant sur l’éveil au désir d’un jeune japonais attiré par les hommes dans une société où cela est encore tabou. C’est également le tableau d’un époque charnière fait avec beaucoup de subtilité, qui pourra en intéresser plus d’un.

Ma note : 15 / 20

3 commentaires sur “Confession d’un masque de Yukio Mishima

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s