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Freya – L’ombre du prince de Keiko Ishihara

Titre : Freya – L’ombre du prince

Auteur : Keiko Ishihara

Éditeur vf : Doki Doki

Année de parution vf : Depuis 2019

Nombre de tomes vf : 9 (en cours)

Histoire : Freya est une timide jeune fille qui vit à Tena, un paisible village du royaume de Tyr. Mais la quiétude de son quotidien est bouleversée par le retour d’Aaron et Alex, ses frères de cœur, qui sont porteurs d’une terrible nouvelle : le puissant royaume voisin de Sigurd exige la reddition de Tena, poursuivant ainsi son annexion progressive de Tyr. Pour sauver son pays, Freya se rend au château de Rocca, où elle tombe nez à nez avec un jeune homme qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau, mais qui est sur le point de mourir. Et le destin de Freya va s’en retrouver changé à jamais…

Mon avis :

Tome 1

Doki Doki est une maison d’édition où j’achète peu de titres, ne me sentant pas forcément proche de leur ligne éditoriale. Par contre, ils ont le chic pour sortir des petits titres de fantasy assez classiques et toujours très bien dessinés qui me rappellent mes premières années de lectrice. J’aime donc bien de temps en temps replonger dedans.

Freya – L’ombre du prince est tout à fait dans cette veine. Avec ces dessins beaux, fins et détaillés, nous plongeons dans l’histoire d’une jeune fille dont le destin va subitement changer jusqu’à ce qu’elle doive prendre en main le destin d’un royaume.

Le premier tome est une vaste introduction à ce sujet. On nous y présente d’abord le temps d’un long premier chapitre les protagonistes principaux et leurs relations. Puis dans deux chapitres plus courts, les implications des bouleversements du rebondissement des toutes dernières pages du précédent. On y découvre alors d’autres nouveaux personnages qui vont graviter autour des héros et enrichir l’histoire qui commence à se dessiner de façon un peu plus complexe. Mais il faudra probablement attendre encore un ou deux tomes avant que celle-ci atteigne son plein potentiel.

Pour l’histoire, celle-ci se contente d’être celle d’une héroïne un peu trop pleurnicharde, qui vit dans un petit village avec sa mère malade. Mais déjà on nous plante autour un décor plus complexe avec des histoires de rivalités entre deux pays dont l’un est une puissance expansionniste. L’héroïne se trouve prise au milieu de tout ça pour une raison bien tirée par les cheveux à laquelle il manque quand même une explication pour le moment (Spoiler : Je parle de sa ressemblance connue avec le prince). Près d’elle, gravitent deux beaux gosses chevaliers, deux frères qui ont grandi avec elle et qui seront là pour la soutenir dans ses nouvelles aventures où elle va devoir jouer un rôle inattendu qui va lui permettre de grandir et s’affirmer.

Alors oui, les personnages sont clichés et cela ne s’arrange pas par la suite. Keiko Ishihara accentue même ce côté avec les mâles entourant l’héroïne, dès le chapitre 2, donnant un petit côté harem qui va vite m’agacer s’il n’évolue pas plus que ça. De la même façon, je n’ai pas trop apprécié la transformation trop rapide et subite de l’un d’eux pour coller à l’image d’un autre… La construction des personnages manque encore de subtilité.

Mais j’ai aimé voir l’autrice surfer à fond sur les codes des shojos d’autrefois. On sent aussi bien chez elle l’influence des anciens titres shojo plein d’aventures que des titres plutôt orientés romance à l’image de Georgie dont j’ai senti une référence directe et évidente dans le premier chapitre, avec son héroïne entourée de deux frères amoureux d’elle. Mais on ressent aussi l’influence d’autres titres portés sur le travestissement comme Princesse Saphir ou Utena. Ce qui donne un ton assez plaisant à la série.

Question rythme, on est bien servi avec un premier chapitre très riche, où l’autrice alterne moments calmes de présentations, petites touches d’humour, moments plus sérieux et tendus voire menaçant, et même parfois distillations de mystères autour des personnages. C’est très agréable à lire. On tourne les pages rapidement pour découvrir la suite. Mais surtout, j’ai beaucoup aimé le coup de semonce qui clôture le chapitre 1. Je ne pensais pas voir ce genre de scène à ce moment-là de l’histoire et c’est un très bon rebondissement d’emblée qui donnera le ton, je l’espère.

Un dernier mot sur les couvertures, celle du tome 1 qui vient de sortir et du 2 prévu pour bientôt. J’aime beaucoup leur composition en miroir et l’élégante douceur froide qui s’en dégage.

Même si le titre est encore en construction, Freya – L’ombre du prince fut une bonne surprise. J’ai aimé le classicisme de l’histoire qui m’a rappelé d’anciens titres que j’ai lu aussi bien en manga qu’en roman. Les personnages ont le potentiel de devenir attachants et charismatiques si on leur fait emprunter le bon chemin. De même, si l’autrice complexifie l’histoire comme il faut, il y a moyen de faire quelque chose de passionnant. Tout va donc dépendre de l’orientation des prochains chapitres. Par contre, sachant qu’il n’y a que 2 tomes parus au Japon, on va avoir de quoi attendre…

Tome 2

Le premier tome avait été une agréable surprise, cette suite le confirme allègrement. Les aventures un peu timides de notre héroïne gagnent en importance ici, au fur et à mesure des trahisons qu’elle subit et de l’aspect politique de l’intrigue qui prend de l’importance. Les personnages murissent et se dévoilent, pour former un petit groupe soudé et prometteur. Je suis vraiment contente d’avoir essayé de nouveau shojo d’aventure.

Nous avions laissé Freya en mauvaise posture après qu’elle se soit portée au secours de l’un de ses chevaliers. Ce n’est que le premier pas vers une intrigue plus complexe qui se révèle devant nous, puisque le royaume Tyr est sous la menace de celui de Sigurd et que près du prince, de nombreux personnages importants, sont prêts à le trahir soit pour prendre sa place, soit pour tirer profit d’un conflit qu’ils voient perdu d’avance. C’est de la high fantasy classique mais c’est plutôt bien fait.

L’autrice mélange cette intrigue avec des petites histoires plus intimes permettant de donner plus de consistance à l’histoire. On voit ainsi Freya s’attacher l’affection des chevaliers chargés de la protéger en faisant preuve d’un courage proche de la témérité. Elle commence aussi à endosser plus naturellement le costume de prince tout en conservant des caractéristiques qui lui sont propres, ce qui donne un joli mélange assez attachant avec une héroïne forte tête mais qui cherche à aider son peuple.

J’ai donc à nouveau passé un chouette moment de lecture, jusqu’à cette fin terriblement cruelle, puisqu’on va devoir maintenant attendre un moment avant de lire la suite qui vient tout juste de sortir au Japon.

Tome 3

Y a pas à dire parmi les shojo d’héroïc-fantasy que j’ai lu et que je lis, celui-ci se place vraiment dans le haut du panier. Il a beau être classique il s’en dégage une fraicheur et une honnêteté rare, notamment grâce aux beaux discours portés par l’héroïne qui illuminent ce tome !

La surprise du premier tome passé, le déroulé de l’histoire est assez classique. On assiste dans ce tome au siège d’une place forte, dans laquelle se rendent le prince et son chevalier blanc pour soutenir les soldats qui y sont. Entre assaut, piège, trahison et attaque surprise, on est bien servi, l’action est omniprésente. C’est vif et rapide même si prévisible. Mais ça a beau aller vite, ça ne manque pas d’impact pour autant et c’est grâce au bel équilibre trouvé entre action et construction des personnages.

Dans ce tome, on se centre sur Freya en tant que Prince, qui comprend qu’elle peut être les deux, qu’elle n’est pas obligée de se renier pour endosser le costume du prince et réussir, et que c’est au contraire en alliant les deux qu’elle sera victorieuse. Elle est aidée pour cela pour Julius, son chevalier blanc, dont j’ai adoré le développement ici. C’est un personnage froid, qui cache sous un masque de cynisme beaucoup d’humour, de reparties et d’amour aussi. La relation qui se noue entre les deux est très belle et honnête. Ils osent se montrer tel quel en face l’un de l’autre, Julius ne se cachant pas de la critiquer et Freya de lui désobéir, pour autant ils savent qu’ils peuvent compter l’un sur l’autre. Freya apporte quelque chose de totalement nouveau à Julius qui lui permet de grandir, tandis que Julius l’aide à réaliser qu’elle peut être elle-même en jouant le prince. C’est un très beau duo assez inattendu, je l’avoue.

Reste après que l’autrice utilise vraiment de grosses ficelles. On devine très vite qu’il y a un traitre, qui c’est, que ça va mal tourner mais que ce ne sera pas la fin pour autant. Heureusement, ça passe plutôt bien et ce n’est pas complètement fumeux non plus. Peut-être aussi, que le fait que les combats claquent (Oh, le duel de Julius !) et que Freya harangue à merveille ses camarades soldats, aide pas mal ^^

En tout cas, j’ai passé un excellent moment une fois de plus. Je n’ai pas vu le temps passer. J’ai aimé la surprise de la fin et je suis frustrée de ne pas avoir la suite à me mettre sous la dent.

Tome 4

Avec ce quatrième tome, qui sort dix mois après le précédent… l’autrice ne nous trahit pas et continue à fournir une oeuvre qualité, classique certes mais très bien écrite et qui coche toutes les cases d’un très bon shojo d’aventure !

Je me suis donc à nouveau régalée des aventures de notre héroïne travestie en prince. L’histoire avance d’un bon pas. Le rythme est vraiment entraînant et en même temps, on n’a pas l’impression qu’il survolte ce qu’elle veut raconter, alors que ça pourrait être le cas. Non, Keiko Ishihara a vraiment trouvé le bon équilibre pour proposer une histoire dynamique et approfondie juste ce qu’il faut.

L’histoire se découpe en deux partie ici. Dans la première, Freya doit affronter Sigurd mais elle reçoit l’aide inattendue du peuple des forêts, ce qui offre un second souffle à cette bataille qui suit un long siège. Court mais intense et très bien mis en scène pour montrer la brutalité de la guerre, son absurdité et l’importance de figure porte étendard comme peut l’être le Prince. Freya est vraiment lumineuse dans ce rôle et elle emporte tous les suffrages.

J’ai beaucoup aimé continuer à la voir devenir de plus en plus forte ici. Elle noue de belles relations avec Julius et Alexis, comme prévu, mais également avec les soldats et le peuple, parce qu’elle est toujours positive, fonceuse et pleine d’abnégation. Elle rayonne dans l’adversité.

Adversité à laquelle elle va vite être confrontée en rentrant chez elle. Forte pourtant de cette victoire, les oppositions persistent mais elle va les affronter frontalement avec une réussite certaine. C’est un peu facile, une fois de plus, mais la solution apportée me plaît assez et ouvre l’histoire sur une nouvelle intrigue qui promet de l’aventure et des rencontres. Les confrontations politiques de Freya sont intéressantes même si un peu légères et pas mal d’indices sur ses origines sont glissées. On découvre également, enfin, le Roi et s’il fait de la peine, il offre aussi un joli moment plein de gaieté qui fait du bien vu les circonstances. C’est un personnage qui m’a touchée et j’ai aimé que l’autrice traduise ainsi sa maladie, ce n’est pas mélodramatique ni trash, c’est émouvant.

Les dessins sont également toujours aussi plaisant dans leur classicisme. L’autrice en plus a créé de jolies ambiances autour des différents duos, que ce soit les rapprochements touchants de Julius envers Freya qu’il considère différemment maintenant, ceux d’Alexis qui ose faire le premier pas et se dévoiler, ou Freya envers « son père » qu’elle affronte et console à la fois. Ça m’a mis plein d’étoiles dans les yeux. J’ai adoré.

Alors oui, ça ne révolutionnera pas le genre, mais je suis tellement en manque de shojo d’aventure que ça fait un bien fou d’en trouver des aussi bien écrits, dessinés et mis en scène que celui-ci. C’est classique mais ça touche mon coeur de fan en manque. J’aime le développement des personnages, l’avancée rapide et pourtant non survolée de l’histoire et la joliesse des dessins. Je suis par contre vraiment frustrée par son rythme de publication.

Tome 5

Avec son rythme de parution toujours aussi lent, cette série de fantasy ultra classique n’est vraiment pas aidée, alors quand en plus le tome enchaîne les facilités, ça fait un peu flop…

Je ne sais pas si c’est dû à l’espacement trop grand entre chaque tome mais j’ai trouvé ce tome bien trop rapide et un peu vide. L’autrice semble courir après le temps. Elle nous entraîne dans une nouvelle intrigue qui semble assez superficielle du premier au dernier chapitre.

Après un premier chapitre qui n’est que l’occasion de rencontrer un nouveau prétendu farfelu et caricatural pour Freya, Keiko Ishihara nous entraîne dans de nouvelles aventures diplomatiques secrètes avec Freya et ses chevaliers. Elle revisite ainsi allègrement les contes et autres récits de chevalerie que l’on connait mais elle le fait un peu à la va-vite avec un rythme très soutenu qui empêche une bonne caractérisation des personnages, les faisant plutôt reposer sur des archétypes grossiers qui m’ont laissée sur ma faim.

Avec ses camarades, elle est lancée sur les route pour raviver une antique promesse d’entraide mutuelle avec quatre autres royaumes. En chemin, elle croise donc le caricatural roi de Sigurd, qui ne m’a pas fait forte impression loin de là. J’y ai plutôt vu un guignol sanguinaire… Puis, elle enchaine et se retrouve à Nacht où elle tente de séduire la femme du souverain pour le rencontrer mais les moyens mis en oeuvre sont grossiers. On nous présente en effet une souveraine nymphomane adepte des jeunes et beaux mâles du coin, aidée d’une servante cruelle et brutale qui fait froid dans le dos. Tout ça est présenté sans la moindre nuance, avec un groupe de héros qui va se servir de la beauté de Julius pour arriver à ses fins.

J’ai vraiment espoir que derrière ce lancement grossier et trop rapide, ce nouvel arc de l’intrigue se révèle plus riche que ce que j’en voit. Après tout, nous sommes dans le pays responsable de la mort du grand amour de Freya, frère d’Alexis. Après tout, Freya est devenue une vraie meneuse d’homme. Et après tout, elle commence à s’éveiller à certains sentiments pour ses deux chevaliers servants les plus proches. Alors plutôt que de vouloir tout précipiter, j’aimerais que l’autrice prenne le temps de creuser la psychologie de ses personnages et leurs relations avec leurs alliés / ennemis potentiel.

Mes retrouvailles avec Freya ne se sont pas aussi bien passée que prévue. Trop de précipitation, trop de raccourci, trop de superficialité, pour faire autre chose qu’un banal récit réchauffé d’heroïc-fantasy. J’attendais mieux. J’aime les récits classiques mais encore faut-il faire preuve d’une minimum d’originalité et de volonté de proposer son oeuvre à soi. Ici, tout respire la facilité… Dommage.

Tome 6

Dans les shojo d’inspiration héroïc-fantasy, malgré parfois ses tomes un peu à côté, Freya conserve une jolie place aux côtés de Yona ou Shirayuki. Avec un ton volonté plein de souffle épique, le titre nous entraîne dans la quête de son héroïne se faisant passer pour un prince et cherchant à rassembler les royaumes voisins pour lutter contre leur grand ennemi.

Depuis le tome précédent, Freya est à Nacht, royaume voisin malheureusement tombé sous la coupe de Sigurd suite à de sombres machinations. Prisonnières avec Julian, celle-ci n’a cependant pas perdu espoir et compte bien se battre pour faire entendre sa voix.

Thème phare de ce tome et thème actuel, nous suivons dans ces chapitres deux jeunes femmes qui se croient fragiles de par leur statut de femme mais qui vont se révéler dans l’adversité, osant relever la tête et se battre. C’est un message fort. J’aime quand la fantasy nous parle aussi de notre monde comme ici.

Cependant le décor de fantasy est également bien présent et à mon plus grand plaisir. Bien que classique, j’ai apprécié de sentir ici un certain souffle épique à partir du moment où l’héroïne reçoit de l’aide pour imaginer une évasion, se sauve, rencontre le ou plutôt la bourreau de la reine, et va mener une quête pour révéler les sombres secrets de celle-ci et libérer le vrai héritier au trône. Ce sont des mécanismes déjà vus mais qui fonctionnent très bien et qui rendent le récit entraînant. Nous sommes avec des secrets de familles, des secrets de rois et des pays qui s’entre-déchirent face à la peur du puissant royaume voisin. C’est très efficace pour rendre l’histoire prenante.

Bien sûr, il n’en serait rien sans les personnages. Freya touche avec son double costume de Prince casse-cou et de femme sensible, à fleur de peau. J’aime de plus en plus sa dynamique trouble et touchante avec Julian, c’est un joli rapprochement qui dans un sens me plaît plus que sa relation trop amicale avec Alex. J’aime aussi ce qu’est devenu Julian, mélange de l’homme arrogant et sûr de lui qu’il a toujours été et chevalier servent sensible à la détresse de sa maîtresse pour qui il commence à éprouver des sentiments. On voit peu Alex, mais quand il est intervient, ce n’est pas pour rien et j’ai aimé son efficacité sur le terrain. Enfin, il y a la mystérieuse bourreau de la reine, qui dérange, intrigue et fascine, elle m’a charmée par son évolution de femme effacée et timide, en femme prenant son courage à deux mains pour défendre ceux qu’elle aime. C’est une belle écriture des personnages.

Il ne me reste donc plus qu’à dire que je trouve vraiment dommage que la parution de cette charmante série soit si lente, cela casse un peu tout le rythme et le souffle que l’autrice essaie d’insuffler derrière ces jolis dessins. Il y a une jolie intention derrière ce décor de fantasy médiévale assez classique qui mériterait d’être renforcé.

Tome 7

Toujours avec sa parution un peu lente qui empêche de pleinement plonger dans la souffle de l’histoire, Freya se fraye son chemin au sein de ces shojos d’aventure qui renouvellent un peu le genre en France.

Ce septième tome est celui d’une fin annonçant un renouveau. Au contact des histoires de famille du royaume de Nacht, Freya est confronté à son grand ennemi : Sigurd. Mais si la première partie de ce tome a un joli souffle dramatique, la seconde fait un peu retomber le soufflet et me passionne moins, c’est une transition un peu ratée et timide.

J’ai bien aimé la dramaturgie de la mise en scène de l’affrontement final entre les deux reines de Nacht. C’était joliment écrit, même si classique, car l’autrice se sert habillement d’une ambiance historique européenne qui fait toujours son petit effet, notamment avec des personnages aussi gris que ceux que nous suivons. A croire que cela devient presque la norme et qu’on n’a plus de personnage profondément méchant. Ça me manque un peu.

On se retrouve avec le classique épisode de la reconquête d’un pouvoir perdu où les héros doivent faire preuve de charisme, ce qui est réussi. On prend plaisir à voir la reine légitime redresser le menton et se battre. Et ça change de voir Freya et ses compagnons plutôt en retrait car le coeur est ailleurs à ce moment-là. J’aime également que ce soit des femmes et non des hommes qui fassent le destin de ces royaumes au final. C’est très actuel.

Après tout est très convenu et prévisible ici. On se doutait bien que la fausse méchante allait tomber et que les pseudo gentils allaient reprendre le pouvoir. C’est plus la réaction de Freya qui temporise et préfère préconiser à ses alliés de jouer un double jeu le temps de se remettre qui surprend. La course-poursuite qui s’ensuit avec le général de l’armée adverse est d’ailleurs un modèle du genre. On retrouve toute l’habileté de l’héroïne et ça fait plaisir de la revoir en duo avec Alex. C’est un chouette moment.

Je regrette presque en revanche que la romance vienne se glisser à ce stade dans l’histoire. Finalement, j’étais bien sans et c’est une fleur bleue qui dit ça. Alors voir Alex se comporter bêtement à cause de ses sentiments m’agace. Voir Julius s’éveiller bien maladroitement à ses sentiments également surtout vu leur différence d’âge. Oui, c’est une question qui me chafouine quand elle est mal amenée comme ici. Il y a quelque chose d’incongru à voir cela prendre une telle place alors que l’esprit de l’héroïne est ou devrait être ailleurs. Cependant, j’avoue que ça m’amuse de voir le début d’un harem inversé ^^’

Il y a encore et toujours de bonnes intentions derrière cette série mais il lui manque pourtant quelque chose. Dans le genre, Le Requiem du Roi des Roses, Yona princesse de l’aube ou Called Game réussissent mieux à s’imposer et à définir puis poser une histoire épique et dramatique avec une héroïne forte. Là, ça reste surtout classique et un brin superficiel et le rythme sporadique de publication n’aide en rien…

Tome 8

Ça me fait toujours plaisir de retrouver Freya et ses amis car ils nous offrent un des rares shojos d’aventure fantasy du marché français. Je me plais donc à suivre leur quête pour sauver leur pays qui les emmène de royaume en royaume et ce même si ça va beaucoup trop vite.

Il y a en effet un bel effort de Keiko Ishihara pour donner du souffle à sa série et la faire toujours avancer à un bon rythme. Après l’accord conclu avec Nacht, direction Asha où Freya et ses compagnons sont conduits par leur guide Yorn pour aller à la rencontre du souverain de ce royaume sous domination sigurdienne.

S’il est appréciable de voir une fois de plus l’histoire avancer d’un bon pas, de faire la rencontre d’un personnage aussi calme et charismatique que la reine douairière Mariam et d’avoir autrice qui développe l’intériorité de ses personnages phares, il faut aussi reconnaître que tout va beaucoup trop vite et que ça donne un sentiment de précipitation et superficialité à l’ensemble. C’est dommage. Il aurait mieux valu qu’elle prenne le temps pour nous donner ces leçons de diplomatie qu’elle avait commencé à élaborer ou pour nous montrer les trahisons vécues par le peuple accueillant Freya, ou encore qu’elle nous fasse mieux sentir la peur de vivre sous le joug de Sigurd en étant à se point essoré économiquement et sous la menace. Là, elle précipite tout, balance un retournement qui n’a pas vraiment de sens et propulse l’héroïne dans un nouvel affrontement contre des sous-fifres qui n’a rien pour nous faire trembler. C’est fade.

Si je trouve vraiment dommage que l’autrice ne prenne pas le temps de développer le décor politique de son histoire, j’aime assez en revanche la dimension émotionnelle du titre. Ça me touche de voir ces garçons de plus en plus séduits par le caractère fonceur de l’héroïne et souhaitant leur prêter assistance, notamment Julius. J’ai apprécié aussi le chapitre revenant sur la jeunesse d’Alex et montrant combien sa non expressivité n’était pas un manque de sentiment mais bien autre chose, plutôt un trop plein de sentiments durs à exprimer pour lui après tout ce qu’il a vécu. Cependant, je dois reconnaître qu’ils ont beau me toucher sensiblement, ces petits moments sont tout de même bien fades et inutiles par rapport au tableau bien trop édulcoré de l’histoire et c’est dommage de préférer ceux-ci à ce dernier.

C’est bien de vouloir écrire une aventure de fantasy épique avec des femmes fortes et courageuses au pouvoir, c’est encore mieux de les mettre en scène dans un tableau politique dense et réaliste, plutôt que de passer aussi rapidement dessus comme ici, ce qui donne un sentiment de trop peu et de déception. Freya a du potentiel mais pour l’instant l’autrice est loin de l’exploiter pleinement comme dans un Yona Princesse de l’aube.

Tome 9

Ça fait vraiment du bien d’avoir des shojo d’aventure, des shojo fantasy, bien écrit. Il y a un certain côté jouissif à suivre des plans politiques et militaires qui prennent forme astucieusement sous nos yeux. Il est juste frustrant qu’un rythme de parution lente vienne casser le souffle qu’on sent pourtant dans la série.

A l’image de Yona ou Called Game, je prends vraiment plaisir à chaque lecture à retrouver l’univers de Freya. J’aime suivre notre jeune héroïne, devenu Roi malgré elle, chausser ses responsabilités et se battre pour son pays. C’est une dynamique qui me plaît dans ce type de shojo d’aventure. Cependant, l’immersion est vraiment compliquée par la lenteur de la parution qu’on peut imputer aux Japonais et il faudra sûrement une relecture pour pleinement sentir le potentiel de la série exploité comme il le devrait.

Il faut dire que nous sommes en plus, ici, plutôt dans un tome de transition. Freya a connu un certain revers avec la mort du roi d’Asha assassiné par le royaume de Sigur et l’affrontement avec son ennemi Zabel qui la prend de court. Elle fait donc un repli stratégique avant de mieux repartir. L’occasion pour nous d’aller à la rencontre de la reine Mariam, un personnage fascinant, ainsi que son peuple et de découvrir les choix terribles qu’elle a dû faire pour le protéger, montrant qu’elle reine à la poigne de fer elle est.

Le hic, c’est que l’autrice cherche à raconter trop de choses ici et qu’elle condense en un tome ce qui aurait dû en prendre au moins le double. Elle nous conte (en survolant) la terrible destinée du peuple de Mariam et la figure de Reine guerrière qu’elle représente. Elle nous montre la façon dont Freya et Alec se relève de leur choc, avec le rôle de professeur que joue Julius. Elle nous fait croiser le Chevalier bleu, personnage, ici aussi, toujours aussi fascinant. Et cerise sur le gâteau, on a droit à un bref passage avec « Didi » qui tente de séduire Freya. N’en jetez plus ! Comment donner pleinement sa place à tout cela, l’autrice condense trop et tout semble aller trop vite et ne pas avoir la consistance et la profondeur que cela pourrait avoir alors que les promesses sont là.

J’aime donc le côté politique de Freya mais je vois aussi ce que cela pourrait être si on lui en laissait l’espace et je ne peux m’empêcher de sentir un trop peu. Il en va de même côté psychologie des personnages, certes on comprend en quelques pages combien Mariam est une grande dirigeante, mais ça aurait eu tellement plus de poids en la voyant plus avec son peuple et en la laissant nous raconter son passé. A la place, on a de vagues romances qui prennent de la place pour pas grand-chose. Je ne suis absolument pas convaincue par les manoeuvre de Didi et je trouve le triangle amoureux Alex-Freya-Julius assez fade dans sa réalisation, le premier étant trop jeune et le second pas assez entreprenant. On a certes des scènes mignonnes et une belle osmose de plus en plus évidente entre eux mais c’est insuffisant pour m’emporter pleinement. Heureusement quelques scènes viennent sauver la mise et nous émouvoir.

Série pleine de potentiel, elle se fait aussi un peu lentement tuer à cause de son horrible rythme de parution qui la dessert incroyablement et l’empêche d’être plébiscitée comme d’autres, alors qu’elle le mérite. Avec la Romantasy qui a le vent en poupe, elle a toute sa place car elle associe politique, quête de soi, héroïne héroïque et engagée et douce romance, dans un récit épique où il se passe toujours quelque chose. Certes, cela manque de développement à mon goût, ça va trop vite, mais le potentiel est partout. Amateur d’aventure et de fantasy, lisez Freya !

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7 commentaires sur “Freya – L’ombre du prince de Keiko Ishihara

  1. Du coup ça va xD Ce tome est très introductif, j’espère aussi que les personnages vont évoluer, du moins de façon plus subtil comme tu dis, mais cette série a un très gros potentiel comme on peut le voir à la fin du chapitre 1, j’en reste encore choquée d’ailleurs O.O J’ai tout de même hâte de lire la suite, pour bien poser mon avis, et avoir des réponses à ton spoil notamment xD

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