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Ces nuances entre nous de Chihiro Hiro

Titre : Ces nuances entre nous

Auteur : Chihiro Hiro

Éditeur vf : Akata (M)

Année de parution vf : 2019-2020

Nombre de tomes vf : 4 (série terminée)

Histoire : Shinobu est rentrée au lycée depuis à peine un mois. Elle mène son quotidien de manière plutôt ordinaire, en se laissant aller au fil des jours sans passion véritable ou objectif de vie. Mais lorsqu’au détour de la salle d’arts plastiques, elle croise la route d’Okachimachi, un de ses camarades, la lycéenne va commencer à se poser des questions… Et si sa vie était en train de prendre de nouvelles couleurs ?

Mon avis :

Tome 1

Voici le dernier shojo feel good qu’Akata a décidé de nous sortir à l’arrivée de l’été. Je dois dire que j’ai été surprise que l’annonce de la licence fut si proche de la date de sortie, mais la petite vidéo de présentation de Bruno (lien) m’a de suite convaincue. Il y avait d’abord les réflexions derrière le choix du titre qui m’ont plu, mais également la construction des personnages et la thématique les entourant qui me titillait, et bingo c’est exactement ce qui m’a plu !

Ces nuances entre nous n’est que la deuxième série de Chihiro Hiro, qu’on avait déjà découvert dans Plus jeune que moi (chez Akata aussi), mais on sent déjà chez elle, une grande facilité à raconter une histoire toute simple pour la déployer et en faire une histoire bien plus consubstantielle, le tout dès le premier tome ce qui est assez fort.

Tout commence lorsque Shinobu qui est entrée au lycée depuis quelques mois rencontre par hasard le talentueux Okachimachi. Celui-ci dessine merveilleusement bien mais ne semble pas apprécier les compliments de la jeune fille, ce qui va agacer celle-ci et la faire s’arrêter sur lui. Sa vie de lycéenne qui se déroulait sans la moindre passion, ni le moindre but, va alors prendre une toute autre couleur.

J’ai été assez séduite par ce speech dès le début. J’ai trouvé intéressant que dans un shojo lycéen on n’oriente pas uniquement l’histoire sur une probable histoire d’amour – parce qu’il ne faut pas se leurrer, il y en aura une – mais également sur la construction de la personnalité de ces jeunes adultes. L’héroïne est une fille banale, qui mène une vie ordinaire quoiqu’un peu triste puisqu’elle n’a pas de grande passion, ni de but et que même ses amies ne l’emballent pas plus que ça, ni les garçons qu’elle ne remarque pas. C’est un peu fade comme vie. Mais sa rencontre avec Okachimachi, qui est un artiste et qui voit la vie différemment, la pousse à se remettre en question. Il l’oblige à voir la vie sous un autre oeil, à se poser, à réfléchir et à s’intéresser et s’ouvrir aux autres, donnant un nouveau lustre à sa vie si banale autrefois, lui faisant remarquer que des petits rien peuvent la rendre pleine de couleurs et de nuances. C’est très subtil et très bien amené, ce qui change par rapport à d’autres shojo qu’on pourrait croire dans la même veine.

Bien sûr, on n’échappe pas à certains clichés du genre. On sent vite l’héroïne craquer pour ce garçon posé et différent des autres. On sent également ce dernier intrigué par elle et devenir possessif envers elle. Il y a même un troisième larron qui arrive assez vite dans l’histoire pour probablement former un début de triangle amoureux. Ces éléments m’ont certes fait lever les yeux au ciel, mais ils ont beau être vus et revus, comme l’angle de l’histoire est différent et que l’autrice amène cela avec beaucoup de simplicité, ça ne m’a pas tant dérangé que ça.

Du côté des dessins, je les trouve déjà très beaux alors que ce n’est que sa deuxième oeuvre publiée. Elle a un trait très expressif, qui croque à merveille les changements de sentiments et donc d’expressions de ses personnages. En l’espace d’une page, elle peut avoir un dessin humoristique montrant l’agacement d’un personnage, avant de passer à un plus sérieux montrant la gêne ou la détresse d’un autre. J’aime beaucoup la finesse des visages et tout ce qu’elle fait passer à travers les grands yeux de ses personnages, cela donne aux lecteurs un vrai sentiment de proximité avec eux. Surtout qu’elle aime en plus bien situer son histoire et n’hésite pas à planter de jolis décors qui nous parlent également, faisant sentir que c’est bien un titre actuel.

Avec ce premier tome, Chihiro Hiro démontre qu’elle sait renouveler le genre du shojo lycéen, et chez Akata on montre qu’on sait toujours aussi bien dénicher les jeunes talents et les suivre. Je suis curieuse de voir comment va évoluer son histoire, si l’autrice va maintenir le cap et ne pas se laisser prendre par le piège de la romance lycéenne avant le développement des personnages. J’espère qu’elle sera plus maligne que cela.

Tome 2

Je sais qu’avec ce titre, je suis en plein dans une romance lycéenne classique mais elle a le petit truc en plus qui me donne le sourire et me fait passer un très bon moment de lecture.

Les héros de notre club d’entraide poursuivent leurs petites missions au sein du lycée dans la bonne humeur, entre chamailleries et boutades. Leur entrain donne envie à une nouvelle élève, Ayumi, de les rejoindre et voilà notre trio qui passe à un quatuor. Mais ce n’est pas l’élément clé de ce tome. En effet, l’autrice a décidé de tourner son regard sur Hakamada. Le garçon qui semble être avant tout un Don Juan toujours enjoué cache en fait des blessures comme tout adolescent dans ce type de titre. Je sais que c’est cliché mais encore une fois c’est le ton et la manière employés par l’autrice qui parviennent à me séduire. On n’a aucun personnage agaçant ou caricatural ici. Juste des adolescents comme les autres avec leurs failles. Mais l’autrice les pousse à prendre en compte leur prochain, à s’intéresser à l’autre, à prendre soin de lui et à l’écouter et j’adore cela. Il se dégage ainsi une grande bienveillance et une grande douceur de ce manga.

Petit bonus pour les fans de romance, l’héroïne commence de plus en plus à montrer des signes des sentiments qu’elle éprouve pour Okachimachi. Sa fascination pour les grandes mains de celui-ci m’amuse beaucoup d’ailleurs, vu que je partage ce trait avec elle ^^ En parallèle, ce dernier laisse poindre sa jalousie à cause de l’intérêt que la jeune fille porte à Hakamada. C’est mignon tout plein, tant c’est maladroit et naïf. Encore une fois, rien de révolutionnaire mais on sent une vrai sincérité dans l’oeuvre qui ne peut que donner un doux sourire au lecteur.

En plus, je trouve que les dessins s’améliorent vraiment. J’apprécie de plus en plus la finesse du trait de l’autrice, la variété des regards et des expressions dont elle affuble ses personnages, ainsi que la composition toujours dynamique des pages avec une grande variété de situations dans lesquelles elle semble toujours à l’aise. C’est vrai charmant de voir une telle évolution surtout quand on se rappelle ses premières pages dans Plus jeune que moi, son précédent titre paru chez nous. Chihiro Hiro me semble être de plus en plus une autrice de shojo à suivre.

Tome 3

Déjà l’avant-dernier tome de cette sympathique série. J’en ai trouvé la lecture fort rapide alors que pourtant il se passe des choses importantes puisque l’autrice revient à la fois sur le personnage de Hakamada et son passé, et sur le héros Okachimachi et son futur.

On sent bien qu’on est à un tournant de l’histoire. L’héroïne devient alors le témoin privilégié du devenir de deux de ses amis. Le premier, Hakamada, souffre encore de son passé et ne parvient pas à avancer. Classique dans les shojo, oui, mais c’est bien fait ici parce que c’est simple et sans trop de chichi. C’est juste perturbant de voir l’héroïne en faire autant pour lui alors qu’elle n’est pas spécialement proche de lui en dehors du club. Cependant, j’ai aimé la thématique de l’héritage (sportif ici). J’ai aussi aimé que l’autrice nous dise qu’on a le droit d’abandonner quelque chose qui nous tient à coeur sans pour autant perdre celui qu’on est et ses amis.

L’autre personnage dont on suit l’évolution de près grâce à Shinobu, c’est bien sûr Okachimachi qui tourne en rond depuis le début. On revient en effet sur la sempiternelle question dans l’art du beau face à l’émotion. Vaut-il mieux une oeuvre techniquement réussie mais sans émotion ou une oeuvre plus faible de ce point de vue et pleine d’émotions ? Question compliquée et pour laquelle l’autrice botte un peu en touche, en choisissant à la place de développer enfin quelque chose entre Shinobu et Okachimachi, poussant ainsi celui-ci à mettre enfin des émotions dans ses dessins. Cependant avec seulement un tome (?) avant la fin, ça fait un peu court pour développer tout ça et j’ai peur d’une fin précipitée maintenant…

Tome 4

J’avais placé plein d’espoir dans ce titre alors de la lecture du premier tome. Je voulais y voir un shojo en milieu scolaire différent des autres, avec peut-être une orientation plus poussée sur l’amitié et l’entraide que sur la romance. Malheureusement, le résultat est un peu mitigé.

Certes nous sommes tout à fait dans ce que nous vend Akata, un shojo feel good, où on suit une bande d’ado un peu mal dans sa peau qui va devenir amis et se mettre à aider les autres pour trouver une forme d’accomplissement. Cela prend la forme d’un festival folklorique local qu’ils aident ici et qui est l’occasion pour nous lecteurs de voir un peu les coulisses de celui-ci. MAIS et c’est tout le problème, tout ce tome tourne autour de la romance entre les deux héros : Okachimachi et Shinobu, ce qui occulte tout autre développement. L’autrice abandonne alors les autres personnages qui ne sont là que pour faire de la figuration et tout propos en dehors de sa romance. C’est bien dommage.

On retombe donc dans quelque chose de vu et revu qui n’est pas mal fait mais qui n’apporte rien de neuf, alors que j’avais espoir que si au début. C’est attendrissant de voir la déclaration simultanée des deux héros et de se rappeler tout ce qui les a conduit là, en particulier la peinture. C’est mignon de voir que chacun a permis l’épanouissement de l’autre. Leurs premiers pas en tant que couple sont maladroits, comme deux jeunes faons qui apprennent à marcher (vous voyer l’image de Bambi, c’est tout à fait eux !). J’ai lu cela sans déplaisir mais je n’ai pas grand-chose de plus à dire dessus tant c’est vide et banal.

Ces nuances entre nous se conclut sur cette note une peu décevante pour ma part parce que j’attendais plus du titre au vu des pistes lancées dans le premier tome. Si vous cherchez un petit shojo tout mignon avec une romance lycéenne douce sur fond d’amitié et d’entraide, foncez, ce titre feel good est pour vous. Si vous vouliez un titre qui change, là par contre, passez votre chemin.

Ma note : 13,5 / 20

7 commentaires sur “Ces nuances entre nous de Chihiro Hiro

  1. Bon bah tu as réussi à éveiller ma curiosité pour ce titre qui ne m’intéressait pas vraiment de base xD Mais je pense me la procurer quand elle sera entièrement publiée, comme ça j’aurai ton avis sur l’ensemble 😀
    Merci pour ta chronique ! 😉

    Aimé par 1 personne

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