Titre : Chiisako Garden
Auteur : Yuki Kodoma
Éditeur vf : Vega
Année de parution vf : 2019
Nombre de pages : 190
Histoire : La petite Luna vient d’emménager avec sa famille dans une charmante maison avec un joli jardin. Et c’est dans ce carre de verdure préservé qu’elle fait la connaissance d’un petit être, avec qui elle se lie très vite d’amitié. Mais Luna est la seule à voir son minuscule ami, ce qui ne manquera pas de créer des tensions avec ses parents…
Et si vous preniez le temps de tendre l’oreille ?
Vous entendriez peut-être le murmure d’une de ces mystérieuses créatures lilliputiennes qui ne se dévoilent qu’à un tout petit nombre d’entre nous…
Mon avis :
Déjà enfant, j’étais fan des Minipouss et des Voyages de Gulliver qui passaient à la télévision, alors forcément quand je sais que ces créatures font partie des histoires d’un manga qui doit sortir, je ne peux que m’y intéresser. Ajoutez à ceci que l’autrice n’est autre que celle de Kids on the slope, ce josei sur le jazz que j’ai adoré il y a quelques années, j’étais obligée de l’acheter !
Chiisako Garden se présente un peu comme un titre pour enfants, du moins en apparence, mais quand on commence à lire les 5 histoires qui le compose, on se rend compte que Yuki Kodama s’adresse en fait aux adultes et tente de leur rappeler combien l’imagination est importante et qu’il ne faut jamais se moquer de ceux qui en ont. C’est ainsi une très belle ode au travail que font les auteurs en mettant les mondes qu’ils ont imaginés à notre disposition.
Pour ma part, j’ai aimé de bout en bout, d’abord parce qu’on y retrouve le trait simple mais évocateur de l’autrice, mais également ses ambiances un peu hors du temps et empreintes de mélancolie, qui m’avaient tant charmée autrefois et dans lesquelles je me retrouve. Chaque histoire est l’occasion d’aller au devant d’un personnage qui rencontre un Chiisako, ces créatures qui ressemblent à des Lilliputiens. Mais chaque héros est également quelqu’un qui détonne un peu dans le paysage, soit par son imagination fertile, soit par son inadaptation aux normes de ceux qui l’entourent. Et les aventures qu’il ou elle va vivre sera un moyen de découvrir que ce n’est pas grave d’être différent et qu’il faut au contraire le cultiver. J’ai beaucoup aimé ce message.
Dans la première histoire, nous faisons la connaissance d’une charmante petite fille, qui comme dans Arrietty va emménager dans une nouvelle maison et y faire la connaissance d’un Chiisako répondant au nom de Ten, mais elle est la seule à le voir et personne ne la croit. Sa mère a beau être autrice (oui AUTRICE et non « auteure » qui ne respecte pas la règle de construction des noms au féminin… et qui m’a agacé tout au long de ma lecture…), elle ne parvient pas à faire preuve d’imagination face à ce que lui raconte sa fille et la rabroue inutilement. La mangaka fait ici une belle critique du fossé entre enfants et adultes et des incompréhensions et frustrations qui peuvent en naitre. C’est une belle histoire émouvante où une mère qui va apprendre à écouter sa fille, lui faire confiance.
Dans la deuxième histoire, on retrouve ce monde de l’écriture, puisque ceux qui vont rencontrer un nouveau Chiisako sont autrice et éditeur. En effet, au détour d’une sortie à la montagne pour un repérage afin d’écrire un roman, le binôme va tomber sur une de ces créatures. On va découvrir avec eux de façon assez amusante qu’il y a des règles pour pouvoir voir les Chiisako : seuls les enfants et gens qui n’ont jamais été amoureux le peuvent. C’est l’occasion de faire une incursion dans le processus créatif d’une autrice ainsi que dans le genre de relation qu’elle peut entretenir avec son éditeur, j’ai trouvé ça fort intéressant. Il y a aussi un joli discours sur son travail et la place qu’y tient l’imagination une fois de plus. Et pour finir, j’ai beaucoup aimé le choix par la mangaka d’une héroïne enrobée. Elle en fait un très beau portrait avec cette femme enjouée, pleine d’énergie, à l’aise dans son corps et dans sa tête. C’est une histoire adorable lors de laquelle on voit en direct un personnage tomber amoureux de façon fort cocasse.
Après tout, on peut être un auteur de fantasy sans être magicien, n’est-ce pas ? Alors on peut écrire sur l’amour sans avoir jamais aimé.
Dans la troisième histoire, Yuki Kodama ose parler avec beaucoup de douceur et de bienveillance d’un phénomène terrible : les hikkikomori, grâce à son héros qui est un jeune garçon qui vit enfermé chez lui, n’ose plus sortir et ne va donc plus en classe. Sa rencontre avec une Chiisako va l’aider à s’en sortir, à s’ouvrir de nouveau et à oser affronter le monde. Même si elle m’a plu, c’est l’histoire que j’ai trouvée la plus faible. La relation entre les deux personnages, la belle amitié et plus, qui se noue entre eux va trop vite et aurait mérité qu’on prenne plus le temps. Mais j’ai trouvé la fin très belle, pleine de douceur, de sensibilité et de subtilité. On y découvre également encore de nouveaux petits détails sur les créatures au centre de ce recueil.
J’ai été surprise de retrouver Ten, le Chiisako des débuts, dans la quatrième histoire. On découvre son passé, quand il cohabitait avec d’autres humains dans la maison où on le rencontre. Ces derniers sont un mari et une femme un peu particuliers, ce que nous allons découvrir au fil des pages. La jeune femme est la seule à voir Ten et à entretenir une relation directe avec lui, mais son mari et au courant et la croit, faisant preuve d’une belle ouverture d’esprit. Toute l’histoire repose sur la relation de ce couple et ne voulant pas vous gâcher le plaisir, je dirai juste que j’ai été très émue par la fin. C’était une belle histoire en costumes.
Enfin, la dernière histoire prête à sourire puisqu’on y fait la connaissance, sur son lit de mort, de l’autrice des livres pour enfants racontant les aventures des Chiisako. Elle nous explique d’où lui sont venues toutes ces idées et c’est l’occasion de revivre un moment charnière de son passé. C’est une charmante histoire, qui met des étoiles dans les yeux du lecteur et en même temps où la mangaka fait preuve de beaucoup d’humour et de second degré. Elle livre à nouveau un beau message sur le processus de création des auteurs et ce à quoi ils peuvent aspirer dans leur travail. J’ai trouvé la fin parfaite !
Pour conclure, au cours des 5 histoires de ce recueil, j’ai adoré trouver une légère ambiance fantastique à la japonaise avec de nombreuses incursions dans leur folklore et leurs traditions. La nature y tient une grande place tout comme le travail des auteurs, pourvoyeurs d’imagination et d’évasion pour les lecteurs. C’est un très beau titre où l’on sent bien la patte de l’autrice et cela va au-delà de ces dessins typiquement josei que j’adore de part leur simplicité si expressive. Ce titre est un coup de coeur comme le fut Kids on the slope, on aimerait voir d’autres titres de cette autrice en France !
Je commente pour dire que c’est un manga qui m’attire pas mal, et que j’ai toujours écrit « auteure » parce que j’avais l’impression que ce terme est plus utilisé que « autrice », mais du coup je ne sais plus ce que je dois faire, si c’est grammaticalement incorrect…
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Ravie de voir que ce titre attire d’autres lecteurs.
T’inquiète, moi aussi j’écrivais « auteure » avant, parce que je pensais comme toi. Ça ne me choque pas que des amateurs comme nous se trompent. C’est plus gênant de la part de professionnels…
Pour faire simple, tu dis « un instituteur -> une institutrice », et bien c’est pareil, on dit : « un auteur -> une autrice » même si ça fait bizarre à notre oreille parce que les hommes ont fait en sorte de l’effacer depuis le XVIIe siècle (?), mais avant le terme existait bel et bien 😉
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Oui, maintenant que tu fais l’analogie avec « instituteur > institutrice », ça tombe sous le sens finalement !
Je vais essayer d’utiliser ce terme désormais, tant qu’à faire.
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Ravie d’avoir pu te convaincre ^-^
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Je l’ai lu hier soir et je partage ton coup de cœur ! J’ai moi aussi trouvé que la troisième histoire était la plus faible, bien qu’elle soit tout de même mignonne. Et je suis d’accord pour le auteure/autrice qui m’a, moi aussi, beaucoup dérangé.
En tout cas, ce manga était un concentré de douceur et j’ai trouvé ça beaucoup trop court !
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On a plein de points communs sur cette lecture, qui effectivement vaut le coup. Je suis d’accord avec toi, je serais bien restée un peu plus longtemps dans cet univers. Je crois avoir lu quelque part que l’autrice aurait fait une suite 😉
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Je crois qu’elle a juste écrit une histoire supplémentaire qui a été publié dans un magazine.
Mais ça pourrait être le début d’un tome 2, on a le droit d’espérer haha
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Oui, continuons à espérer xD
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😍😍😍❤️❤️❤️
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Je ne connais pas du tout cette mangaka, mais je vais essayer ce titre dont tout le monde dit tant de bien 😁
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Chouette ! Et si ça peut te donner envie de la lire et de découvrir Kids on the slope, ce serait super ^-^
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Oui, j’utilise tout le temps autrice, que je trouve pour ma part plus joli qu’auteure, et qui me parait plus logique d’utiliser aussi x)
Merci pour la chronique, ce titre me fait de l’oeil, mais je pense qu’il va falloir que je regarde ça de plus près 😉
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Surtout que ce n’est qu’un petit oneshot. Je dis ça, je dis rien *sifflote*
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Je pense que je vais passer une petite commande ce soir, parce que je l’ai pas vu samedi en librairie *sifflote aussi* xD
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Hihihi +1 je dois faire pareil pour des titres que je n’ai pas trouvé, dont je n’ai pas besoin mais vu qu’ils sont sortis… >.>
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Vu qu’ils sont sortis, on ne peut pas les laisser au froid comme ça dans un entrepôt, ils sont bien mieux de notre bibliothèque xD
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