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Entre Deux de Kujira

Titre : Entre Deux

Auteur : Kujira

Éditeur vf : Akata (Medium)

Année de parution vf : 2019

Nombre de tomes vf : 2 (série terminée)

Histoire : Lui s’appelle Nozomi. Elle s’appelle Saku. Ils se connaissent depuis l’enfance et ont construit une amitié basée sur le soutien tacite qu’ils se sont apportés mutuellement dans les épreuves que leur imposait le quotidien. Mais à l’adolescence, tandis que Saku sent ses sentiments évoluer en même temps que son corps change, la relation entre eux deux semble devoir se complexifier…

Mon avis :

Tome 1

Avec sa belle couverture toute douce qui donne l’impression qu’elle a été coloriée aux crayons de couleurs, Entre Deux de Kujira me rappelait furieusement la série Puzzle de Ryo Ikuemi, qui fut un immense coup de coeur chez moi. Du coup, impossible de passer à côté de ce titre, surtout en sachant de 1/ qu’il parlait de puberté et des apparences, de 2/ qu’il était fini en 2 tomes, et de 3/ qu’il sortait chez Akata qui a le don pour me trouver des pépites en matière de shojo.

Comme c’était annoncé, on retrouve bien dans le premier tome de cette duologie, une belle histoire d’amitié entre deux personnages, un garçon et une fille, que leur famille a fait souffrir. Sans le savoir, leur présence et échanges réciproques leur permettent de guérir et de grandir, mais la voie vers l’adolescence n’a rien de facile. Nozomi, lui, est un garçon aux cheveux longs parce que sa mère aurait aimé avoir une fille. Saku, elle, est une fille jouant au garçon parce que sa mère ne se remet pas de la mort de son fils. Tous les deux souffrent de l’image que leurs parents cherchent à leur imposer même involontairement et c’est très triste.

A cela, la mangaka, Kujira, ajoute une très belle réflexion sur l’adolescence et la puberté avec ce corps qui change et entraîne également des sentiments qui vont naître ou disparaitre. C’est très joliment fait, sans pour autant cacher des moments difficiles. On a ainsi droits aux premières règles, aux moqueries des garçons envers les filles, mais également envers les garçons « efféminés », aux premières brassières, aux regards vis-à-vis du sexe opposé qui changent avec le corps qui mûri. C’est très réaliste et personnellement certaines scènes m’ont rappelé un lointain passé, où ce n’était pas facile d’accepter mon corps de fille, justement parce qu’il changeait et que j’aurais préféré que ce ne soit pas le cas. Du coup, je me suis bien retrouvée dans le personnage de Saku.

La romance, qui est le point de départ de l’histoire, n’est par contre, pas forcément ce qui m’intéresse le plus. Si l’autrice parvient bien à nous transmettre les premiers émois de Saku et d’Arikawa, son camarade de classe qui aime bien la taquiner, pour autant je n’ai pas vibré avec eux, peut-être est-ce dû à la froideur que dégage un peu l’autre héros, Nozomi, face à cela.

Pour finir sur l’histoire, j’ai trouvé le procédé narratif, de partir d’une situation clé du présent pour remonter dans le passé et revenir ensuite tranquillement vers ce moment pour l’expliquer, classique mais bien fait. C’est très efficace et en plus, ici, l’autrice ne mollit pas, l’histoire n’étant qu’en 2 tomes. Au passage, pour ceux ayant peur de la brièveté de la série, pour le moment, ça ne nuit en rien au récit au contrairement. Celui-ci est ramassé, va à l’essentiel mais développe tout ce qu’il y a à développer pour créer une histoire belle et touchante. Il n’y a pas besoin de plus, parfois la simplicité suffit et c’est le cas ici.

En ce qui concerne les dessins, puisqu’on est quand même dans un titre graphique, j’ai bien aimé le trait assez doux de Kujira avec ses visages très ronds et les regards parfois incisifs de certains. Les décors plutôt absents pour se concentrer sur les personnages, mais c’est normal vu qu’on est plus dans un titre propice à l’introspection. Ça me rappelle un peu le travail de Kazune Kawahara (Aozora Yell, Koko Debut, So Charming...)

En conclusion, j’ai beaucoup aimé la force et la bienveillance dont fait preuve l’autrice pour traiter des sujets aussi sensibles. Ça donne une ambiance douce mais un peu âpre, pleine de mélancolie et de nostalgie qui peut nous rappeler notre propre puberté. Je regrette juste que dans ce premier tome, on se concentre uniquement sur les pensées de Saku, il me manque le point de vue de Nozomi que j’espère voir arriver dans le tome 2.

Tome 2

Ce n’est jamais facile de passer après un tome qui frôle le coup de coeur et pourtant ici, malgré une certaine précipitation due au format, l’autrice y réussit.

Dans ce second tome, nous retrouvons nos deux héros toujours en proie aux affres de l’adolescence mais surtout en grosse difficulté face à leurs familles déglinguées. J’ai été ravie de voir certains défauts du premier tome corrigés ici, en particulier le fait que Saku soit la seule dont on entende la voix. Il manquait vraiment celle de Nozomi et le fait qu’on nous fasse entendre celle-ci est un vrai plus dans cette suite. J’ai été autant si ce n’est plus touchée par son histoire et sa relation tordue avec sa mère, la façon dont il s’était enfermé dans un certain mal être au point de ne plus savoir comment en sortir, c’était d’une tristesse !

L’autrice a parfaitement su jouer sur nos sentiments et faire ainsi basculer son histoire d’une romance classique à un vrai récit sur l’adolescence et la construction des individus. Parce que c’est avant tout de cela qu’il est question avec ces deux enfants que leurs propres parents essaient de brider et de façonner à leur envie au détriment de leur propre personnalité et de leurs propres désirs. Le récit est poignant et bouleversant en ce sens, sans que l’autrice en fasse trop non plus. Tout sonne juste !

Chaque personnage est parfaitement construit, des deux héros avec toute leur complexité sur leur rapport au corps, aux personnages secondaires qui subissent les ravages de leur mal être, que ce soient les petites amies de Nozomi ou Arikawa qui rêve de sortir avec Saku depuis toujours mais n’y parvient pas. C’est riche et pas du tout cliché même si certains ressorts connus des shojos lycéens sont utilisés.

Je regrette juste que la fin soit un peu précipitée, un petit chapitre de plus n’aurait pas fait de mal même si j’ai trouvé la conclusion très belle et juste.

Cette courte série m’aura montré tout le potentiel de Kujira qui a partir d’une intrigue qui aurait pu sembler banale a bâti un récit fort avec des thèmes puissants et touchants. J’espère qu’on aura d’autres titres de sa part.

Ma note : 16 / 20

24 commentaires sur “Entre Deux de Kujira

      1. Voilà, Himizu était prioritaire, et ensuite j’ai testé My fair Honey Boy…
        là je vais passer sur un autre éditeur histoire de varier les genres, j’ai 2-3 tests à faire ^^

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  1. Merci pour la chronique ! 😀
    Je savais pas que c’était en 2 tomes, c’est une raison de plus pour me lancer dans cette saga, en espérant que tout soit bien amené à la fin de ce second tome 😀
    Les thèmes abordés ont l’air vraiment intéressant, et pourrait bien me plaire, à voir si je me lance dedans 😉

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    1. Honnêtement, j’ai un très bon a priori et feeling avec cette série même si elle est courte, alors je croise les doigts et je la recommande chaleureusement parce que je pense qu’elle risque malheureusement de trop passer inaperçue au milieu du reste…

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      1. J’ai bien fait de lire ton commentaire, je me suis procurée ce tome samedi, et je l’ai lu hier soir, j’ai vraiment beaucoup aimé ! Tout était en douceur, pas de voyeurisme malsain, j’ai beaucoup aimé ! Même si ça manque de Nozomi, on a beaucoup le ressenti de Saku, mais j’aimerai beaucoup avoir celui de Nozomi aussi 🙂

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      2. C’est ça ! Et c’est pas du tout dans le voyeurisme comme certains titres peuvent le faire, et qui pour ma part me dérangeait, c’est ce qui me fait peur dans ce genre de titres, mais là c’est super bien passé 😀
        Tellement ! Ce personnage est tellement bien, et tellement humain dans cette histoire *-*

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