Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Berserk de Kentaro Miura

Titre : Berserk

Auteur : Kentaro Miura

Éditeur vf : Glénat (seinen)

Années de parution vf : Depuis 2004

Nombre de tomes vf : 41 (en cours)

Histoire : Guts, le guerrier noir, promène son imposante silhouette de routes en villages. Sur son passage, les cadavres s’amoncellent et il laisse derrière lui des torrents de sang. Le corps vêtu de noir, il porte sur son dos une épée aussi haute qu’un homme.

Mon avis :

Tome 1

100 ans après tout le monde, je découvre ce seinen culte et son univers de Dark Fantasy. A l’époque, je n’avais pas voulu le lire de peur que ce soit trop sombre et violent pour moi. Quelques années plus tard, j’ai décidé de ne plus passer à côté et de voir ce que donne ce titre à la réputation sulfureuse.

Berserk est le récit des aventures de Guts, un sombre guerrier à la force titanesque et à l’épée gigantesque, qui déambule dans un monde médiéval dur et très violent, semant tous un tas de cadavres dans son sillage tandis qu’il semble fuir des créatures démoniaques qui veulent s’en prendre à lui.

Soyons franche, ce premier tome n’est vraiment qu’une amorce à un univers bien plus riche, je l’imagine. On n’apprend que peu de choses de ce héros que l’on découvre. C’est juste un homme sombre au caractère ambigu dont on ne sait vraiment de quel côté il est et qui semble poursuivi par de sombres créatures sans qu’on sache vraiment pourquoi. Pour le moment tout est assez flou, les partis prenants, les objectifs, les royaumes concernés, etc. Alors même si c’est séduisant et prometteur, je reste sur ma faim.

Par contre, contrairement à ce que je croyais, j’ai été séduite par la violence du titre et sa dureté. Oui, ça taillade sec et c’est sanguinolent à souhait, mais ça ne ment pas sur la marchandise. On sait à quoi s’attendre et l’auteur nous donne ce à quoi l’on s’attend. Pour le moment, ça fait très exutoire, ça ne me dérange pas pour un début, mais je vais vouloir un peu plus d’explications, d’histoire et de raisons derrière tout ça à force et j’espère que je l’aurai.

Graphiquement, je suis un poil déçue par contre. Je trouve le dessin assez pataud, de même que la mise en page qui manque de dynamisme parfois et fait un peu saccadée. Certains angles d’attaque m’ont fait tiqué également mais je sais que ce n’est qu’un premier tome, qu’il date de 1989 et que l’auteur a bien progressé depuis. De plus, il y a quand même du positif dans son travail graphique. Les planches rendent très bien l’univers médiéval. Elles sont également bien détaillées et donc immersives et ça j’aime, malgré les faux airs de Ken le survivant du héros xD

Pour finir, je n’en parle pas forcément mais ici je m’y sens obligée. J’ai été un brin déçue par l’édition de Glénat, ou plutôt la réédition de 2017. J’ai des pages où l’impression est franchement mauvaise, comme si les pages étaient délavées et non je ne parle pas du passage des pages couleur en pages en noir & blanc. Du coup, je trouve que c’est très décevant de la part d’un tel éditeur de ne pas maîtriser la qualité de réimpression de ce genre de titre culte de leur catalogue !

Pour conclure, j’ai été séduite par ce premier tome. Il m’a donné envie d’en apprendre plus sur l’univers de Berserk et le personnage de Guts. Je reste cependant vraiment sur ma faim tant il est une vaste introduction. Je n’ai pas reçu la claque que j’attendais parce que ça manque un peu d’accroche. Par contre, je n’ai pas été autant gênée que je l’aurais cru par la violence du titre et j’en suis ravie. Je vais donc pouvoir poursuivre ma découverte.

Tome 2

L’univers de Berserk m’avait séduite dans le premier tome mais il m’avait également laissée sur ma faim. J’ai ressenti exactement le même sentiment dans cette suite qui participe apparemment au premier arc de la série. L’auteur nous y montre de quoi est capable son héros et ça s’arrête là. Il faudra attendre un peu plus loin, je pense pour avoir le genre d’histoire sérieuse que j’attends.

Après avoir laissé Guts en proie avec le méchant Comte, on le retrouve avec un allié inattendu. Ensemble, ils vont découvrir la source du pouvoir du Comte et essayer de lutter contre, du moins de lutter pour sauver leur peau. Ça m’a amusée de voir une fois de plus Guts se trouver un compagnon improbable comme ça avait été le cas avec Puck. J’ai par contre moins aimé que Kentaro Miura insiste pour en faire un anti-héros parfois assez antipathique qui ne veut pas aider mais qui hésiterait et finirait par se mettre en branle. C’est présenté de manière assez lourde et sans la moindre subtilité.

De la même façon, je trouve l’ensemble du titre fort bourrin que ce soit dans la mise en scène – Guts coupe et découpe ses adversaires avec une violence inouïe et peu d’adresse au début, ça vient ensuite – ou dans les dialogues qui sont d’une rare pauvreté linguistique. C’est fort dommage pour une oeuvre présentée comme culte par les amateurs du genre. On a ici un peu tous les poncifs du genre en plus avec le méchant qui est un gros lard possédé par une ignoble créature, ou encore avec la belle demoiselle en détresse vivant dans une cage et rêvant d’en sortir.

Alors oui, ça se lit bien, on est impressionné par les exploits de Guts, le rythme est prenant et l’univers très sombre intrigue, mais il me manque encore un vrai scénario plus complexe que cela et surtout quelque chose de moins cliché. Allez, plus qu’un tome et j’aurai passé cette introduction. J’espère que la suite sera plus intéressante.

Tome 3

Alors que je pestais depuis deux tomes, j’ai eu une révélation ici et j’ai enfin vraiment pris mon pied et compris pourquoi tant de gens devaient aimer cette série ! Quelle intelligence de la part de l’auteur, il se sert du climax de cet court premier arc pour complètement lancer sa saga et son héros dans quelque chose de tellement plus vaste et complexe. J’adore !

Guts affronte toujours le Comte lors d’un duel dantesque. On est ébahi de voir comment un simple humain peut lutter comme ça en donnant tout alors que son corps est en lambeaux au fil des attaques d’un ennemi qui le dépasse. C’est bluffant ! Alors oui, comme je le dis depuis le tome 1, c’est aussi un peu gros et difficile à croire mais qu’importe, ça donne un charisme de fou à Guts malgré son caractère très particulier.

Mais comme je le disais plus haut, ce n’est qu’un prétexte pour nous lancer dans quelque chose de bien plus vaste, une intrigue qui nous accompagnera probablement un long moment dans la saga : les origines de Guts, de sa cicatrice, de sa relation avec les God Hands et notamment le mystérieux Griffith. Pour cela, le mangaka fait monter la tension comme jamais encore dans son oeuvre. Guts est au bord du point de rupture, il y bascule même un temps. Sa haine est plus que palpable, c’est terrifiant et vraiment jubilatoire pour le lecteur, parce qu’on sent à quel point tout cela est démesuré et qu’on se demande bien comment ça a pu en arriver là. De plus, la différence de statut entre Guts et Griffith qui semblent pourtant très bien se connaitre intrigue et sera sûrement l’amorce pour la suite des aventures de notre héros. C’est passionnant à voir se mettre en place.

Alors oui, nous restons sur un titre de Dark Fantasy aux ressors classiques, avec un anti-héros un peu grossièrement esquissé, mais bon sang que c’est jouissif à lire. On sent les prémisses d’une histoire folle, avec un héros complexe qui a des relations avec d’autres personnages qui le sont tout autant. Ce sont autant de promesses d’une future histoire passionnante !

Tome 4

Ça y est, je peux dire que je suis mordue. Depuis la rencontre de Guts avec Griffith dans le tome précédent et les débuts du flashback retraçant son passé, l’histoire me passionne. Le mangaka donne enfin matière à apprécier son héros quand on voit les turpitudes qu’il a dû subir en grandissant et ça confère une toute autre dimension à la saga.

Nous découvrons donc un tout jeune Guts, qui trouvé par le chef d’une compagnie de mercenaire, grandit avec eux. Il doit travailler pour gagner sa pitance. Il est donc très tôt sur les champs de bataille et s’entraîne durement avec son épée trop grande. Il a déjà une hargne incroyable et une chance de cocu pour survivre ainsi à tant de situations difficiles. Dans un rythme effréné, nous assistons à son enfance où il passe de siège en siège, de combat en combat et surtout d’une déconvenue à l’autre. C’est terrible à voir. L’auteur ne nous épargne rien, notamment dans les premières pages de ce tome avec une scène évidente et pourtant insoutenable. Mais il faut bien ça pour montrer à tous la force du désir de vivre de cet enfant !

Vient ensuite la rencontre fatidique avec celui qui sera, j’en suis sûre, sa nemesis : Griffith. Kentaro Miura en fait une sorte de créature messianique assez incroyable, à la tête d’une troupe de mercenaires qui sort de l’ordinaire. Pour le moment, on l’a encore peut vu à l’action mais les rares fois où c’est le cas il est d’une efficacité froide et d’une virtuosité rare, ce qui le rend fascinant. A côté de lui, il y a la belle Casca, personnage féminin fort que je ne demande qu’à découvrir. Leur trio avec Guts, composé de personnalités tellement différentes, sera probablement l’un des moteurs des prochains tomes que j’ai hâte de découvrir.

Du coup, j’ai beaucoup la construction de ces personnages au fil des pages. Guts passe du anti-héros banal, à une figure bien plus torturée et tortueuse. A ses côtés, Griffith et Casca intriguent. Tout ça en plus se déroule dans un paysage médiéval brutal, mais ô combien bien dessiné. Il me manque juste un peu de géopolitique pour corser les choses.

Tome 5

Un tome apocalyptique et prophétique qui monte doucement en puissance, c’est jouissif !

Nous continuons à découvrir les jeunes années de Guts et surtout ses premiers temps avec Griffith et sa troupe. Guts y fait ses preuves, il y montre sa force et sa bravoure et y trouve également sa place. C’est touchant de voir cet écorché vif au milieu d’une bande de « copains » qui ont un peu le même profil que lui, c’est-à-dire qu’ils sont exclus par la bonne société voire la société tout court. Ensemble, ils vivent de grands batailles mais passent également des petits moments conviviaux banals où ils se chambrent et se disputent. J’ai aimé voir cette franche camaraderie, rendant le héros plus humain.

Mais on sent que le mal couve. Grâce à une narration très bien maitrisée et saut dans le temps bienvenu, nous assistons également à l’ascension sociale de Griffith dont les ambitions sont à la mesure de son talent à l’épée. C’est un personnage terriblement mystérieux et charismatique. Son ascension est fulgurante et laisse songeur, tout comme sa relation ambivalente avec Guts. Ils ressemblent parfois à des meilleurs amis et pourtant quelque chose semble clocher, on le sent et c’est lors d’un combat face à une créature inattendue que nous sommes mis sur la piste, tout comme Guts. Le point de bascule est proche et moi, je me régale à y assister !

Graphiquement, c’est vraiment de plus en plus beau. En l’espace de 5 tomes, le mangaka a progressé de façon spectaculaire. Le trait est devenu bien plus fin, même si je regrette encore le corps mastoc des bêtes et de certains guerriers, mais c’est sans commune mesure avec les débuts. Les visages de Guts et de ses camarades sont très expressifs, leur costumes détaillés et les combats très vivants. C’est un plaisir pour les yeux !

Tome 6

Oh la la, ce tome encore ! Kentaro Miura n’en a pas fini de m’étonner et me remuer. Alors que le tome s’ouvre tranquillement sur l’ascension toujours plus haut de Griffith, on sent aussi peu à peu Guts s’humaniser et leur relation glisser vers ce que l’on connait. C’est très complexe et l’auteur l’amène tranquillement par petites touches comme le ferait un peintre avec son tableau.

Griffith veut atteindre les sommets et s’en donne les moyens. Après avoir séduit le roi, il entreprend de séduire son entourage et en l’occurrence sa fille. C’est un drame en plusieurs actes qui commence à se jouer ici sous nos yeux. A force de vouloir monter toujours plus haut, Griffith non seulement change et se coupe de sa base, mais s’attire aussi pas mal d’inimitiés. On sent se distendre ses relations avec Guts et Casca qui sont confus face à ce à quoi ils assistent. Ils ont envie de lui être fidèle et en même temps ils le sentent s’éloigner et devenir quelqu’un d’autre, alors ils doutent, ce que Miura retranscrit parfaitement dans ses dessins plein de métaphores. Quant à ses ennemis, ils sont de plus en plus nombreux mais Griffith sait très bien gérer cela et orchestre sa vengeance de main de maître comme il l’a fait pour son ascension. C’est sidérant et glaçant !

La série, pour autant, n’oublie pas d’être ce qu’elle est : de la dark-fantasy avec des batailles sanglantes. Le dernier tiers du tome va donc répondre à cette attendre avec un affrontement où le mangaka va cibler Casca, afin de développer enfin cette dernière, qui était quand même un peu en retrait pour le moment. On la voit affronter un horrible mastodonte alors que sa condition de femme l’handicape, ce qui la met dans une rage folle. J’ai beaucoup aimé la façon dont l’auteur traité cela. Ce n’est pas toujours simple dans un univers tel que celui-ci de parler justement des femmes et de leur condition, mais il y réussit ici, et Casca devient un personnage très singulier. On va alors commencer à retracer son parcours, ce que je suis ravie de voir arriver. Et surtout, on va la voir, je l’espère, peut-être nouer une meilleure relation avec Guts, qui définitivement devient de plus en plus humain, au fur et à mesure qu’il se frotte à d’autres pauvres hères comme lui.

La série avance donc d’un bon pas à la fois dans les manigances du mystérieux Griffith que dans le développement et l’humanisation de ses personnages, et l’auteur n’oublie pas non plus de satisfaire notre goût de sang et de complot. L’équilibre est parfait !

Tome 7

L’opus précédent se concluait sur un flashback racontant un pan du passé de Casca, je m’attendais donc à un tome qui lui soit plus consacré mais ce n’est malheureusement pas tout à fait le cas…

Si l’auteur a bien cherché à mettre celle-ci en avant avec cette mésaventure qui lui arrive, il passe au final assez rapidement sur son passé à elle pour parler encore une fois de Griffith, ce que j’ai vraiment regretté. Alors oui, c’est intéressant ce qu’on apprend sur lui, mais c’est dommage de revenir encore sur lui, de le mettre encore et toujours en avant au détriment de Casca, alors qu’on parlait enfin d’elle. En plus, sa dynamique avec Guts est vraiment intéressante. J’ai trouvé que ce dernier s’adoucissait à son contact, ce qui était touchant. J’aime aussi comment ils interagissent ensemble, en se lançant des piques, mais en se défendant également. C’est un joli duo.

L’intrigue repart donc encore une fois sur Griffith et ses rêves de grandeurs. Il est toujours aux manettes de la troupe dans cette Guerre de 100 ans qui n’en finit pas. Je ne suis pas surprise par les révélations sur la façon dont il a trouvé des fonds pour soutenir ses ambitions. Je ne suis pas surprise non plus par les choix stratégiques qu’il fait au cours de la dernière bataille. C’est un homme très fort qui avance bille en tête vers son but. Cela donne heureusement lieu à de belles scènes de batailles qui font mal et où Guts a la part belle. Ce dernier est vraiment une machine de guerre et ça donne des frissons. J’adore les mises en scène de ses combats, c’est dantesque à chaque fois. Maintenant, je trouve quand même le dessin manquant encore un peu de finesse par moment. Les personnages et leurs montures sont trop épais, trop larges et ça accroche mon oeil ^^!

Berserk continue son avance inexorable, tout comme le plan du chef de la troupe du Faucon. C’est brutal et sanglant, et pourtant on voit de plus en plus percer l’humanité de Guts en opposition. Dans ce tome, je regrette juste que la tentative de mettre en avant un personnage féminin ne soit pas menée à son terme. Mais sinon, ça reste une très bonne lecture pleine de souffle et avec une tension de plus en plus palpable.

Tome 8

Kentaro Miura calme le jeu dans ce tome pour nous plonger un peu plus dans les états d’âme des héros mais ce n’en est pas plus mal, ça permet de faire lentement monter la tension avant cette fameuse Occultation.

Griffith a enfin obtenu une bonne partie de ce qu’il voulait, du moins c’est ce que tout le monde pense. Après un dernier duel surprenant et dantesque entre Guts et le Général de l’armée adverse, il a remporté la bataille dont il avait besoin. Il dont temps de passer à une autre phase de son plan. C’est assez inattendu de voir nos chers mercenaires en beaux habits à la cour pour frayer avec les nobles et recevoir leur récompense. Ce n’est clairement pas un développement qui m’intéresse même si je pense qu’il sera nécessaire pour la suite.

J’ai cependant trouvé très bon la façon dont le mangaka amenait les différents désirs des uns et des autres après tout ce temps passer à se battre. Les uns aspirent à la paix, les autres ne savent pas trop quoi faire. Certains s’interrogent aussi sur leurs sentiments, ceux qui les leur ont inspiré et pourquoi, et certaines réponses sont surprenantes. J’ai ainsi découvert un tout autre Guts par rapport au tout début de la série. Je le trouve vraiment très touchant. Il est jeune, il a aimé, été aimé et est un peu désoeuvré maintenant. Son dernier duel avec Griffith boucle superbement le pan de sa vie ouvert 3 ans plus tôt. J’en suis ressortie très émue. La mise en scène de Miura était d’ailleurs d’une sobre efficacité.

Dernier point dont je souhaitais parler ici, ce sont les autres membres de la Compagnie du Faucon. Ils m’ont eux aussi beaucoup touchée de part leur profonde amitié pour Guts. Ce sont tous des pauvres bougres que la vie a réuni sous la bannière de Griffith mais ils ont été touché par la rudesse maladroite de Guts et ont su l’apprécier à sa juste valeur. Ils nous livrent ici de très belles scènes, très émouvantes. Et je ne parle pas de Casca dont l’évolution m’a beaucoup plu, notamment grâce à la relation subtile qui se noue entre Guts et elle. J’aime beaucoup ce personnage féminin !

Tome 9

La série de Kentaro Miura ne baisse pas en qualité malgré le départ de Guts de la troupe du Faucon. Au contraire, on plonge de plus en plus dans les ténèbres de Griffith et ça fait mal.

Le tome s’ouvre sur une espèce de chant du cygne du chef de la joyeuse troupe plus si joyeuse. La perte de Guts l’a vraiment affecté et il fiche tout en l’air sur un coup de tête en avançant trop vite ses pions, ce dont il doit bien se douter. C’est triste et tragique, ça m’a mis la boule à la gorge alors que pourtant l’auteur ne fait pas dans la fioriture. Il joue à fond la carte de la grandiloquence que ce soit dans le coup de chapeau de Griffith, son arrestation ou les tortures et révélations qui ont suivi, sans parler de la réaction très impavible de notre chef. Tout est un brin too much et pourtant ça passe super bien, c’est très surprenant.

Cependant, il n’en faut pas plus pour faire basculer la série. Avec Griffith emprisonné, rien ne va plus pour la troupe du Faucon, qui s’en sort in-extremis grâce à Casca. J’ai beaucoup aimé la place que lui accorde l’auteur, en plus dans un seinen de ce type. C’est très agréable de voir une femme forte comme elle, qui reste femme mais peut également prendre les choses (et les hommes) en main.

Au passage, le mangaka gère parfaitement le rythme de son récit accélérant juste ce qu’il faut le temps du récit avec un petit bond de quelques mois, qui a à la fois permis à la troupe d’évoluer et à Guts de faire un petit tour avant de revenir les aider. Et quelles retrouvailles, bon sang ! Le combat dans lequel il s’engage était jouissif et je ne parle pas de son échange avec Casca ! Superbe ! Plein d’émotion avec un héros vraiment mis en valeur sous toutes les coutures même les plus sombres !

Tome 10

Le récit de cet arc des aventures de Guts et Griffith se révèle toujours aussi passionnant à suivre. Entre moments d’une grande tendresse, plan d’attaque et de sauvetage, boucherie à tout va et drame en puissance, l’intérêt du lecteur est titillé non stop.

J’ai été émue par l’ouverture de ce tome qui prend le temps d’installer le nouveau couple Guts-Casca sans dénaturer les personnalités de chacun. Au milieu de tout ce sang et tout ce drame, ça fait plaisir de les voir enfin se trouver, chacun s’ouvrant à l’autre et se montrant vulnérable face à lui, mais trouvant sa force en l’autre. C’est très beau et très bien mis en scène par un auteur que j’aurais cru bien moins subtile au début de la série et qui me prouve ici combien j’ai eu tort.

La suite, on l’attendait tous je pense, voit bien sûr se mettre en branle le plan de sauvetage pour aller récupérer Griffith. Si la mise en oeuvre se passe plutôt bien dans l’ensemble avec des surprises assez attendue de la part des belligérants, c’est plutôt du côté de Griffith qu’on sent que quelque chose cloche et va nous exploser au visage. Les retrouvailles avec ce dernier sont terribles. On voit sur le visage de ses compagnons et de Guts en particulier, combien ce qu’il a pu subir est horrible. Mais c’est surtout l’esprit de Griffith qui a souffert de ces longs mois de sévices. Il focalise complètement sur Guts et semble avoir des sentiments plus qu’ambigus envers lui qui risquent de conduire tout ce petit monde à la ruine.

Et quand on voit ce que Miura a concocté pour le restant des troupes resté à l’arrière, on tremble d’avance. Tous les jalons ont méticuleusement été posés, l’horreur s’insinue dans chaque brèche et chacun moment où on en entraperçoit un bout, on frémit. La suite risque vraiment d’être terrible et ce n’est pas simple de s’y préparer.

Tome 11

Quel tome terrible, rempli de violence, d’horreur et de fatalité ! Ce ne fut pas une lecture agréable mais que d’intensité.

Après avoir réussi à libérer Griffith, l’équipe des Faucons est prise en chasse par les terribles Molosses noirs, une bande de bandits menés par un vrai monstre. Une véritable course poursuite s’entame qui nous laisse tout tremblant tant on a peur de ce qui pourrait arriver à nos héros, qui sont bien peu nombreux face à eux et semblent démunis face à leur chef. Même s’ils rivalisent d’ingéniosité avec les pièges qu’ils avaient préparé en cours de route, ce qui dynamise bien le récit en nous offrant quelques surprises et une belle chasse à travers différents paysage, on sent combien les forces sont inégales. Il faut donc une fois de plus, dans la plus grande tradition des chants de gestes, que ce soit Guts qui affronte en duel le chef de la meute : Wyald. S’engage alors un nouveau combat dantesque où notre héros a beau faire montre d’une rare maitrise de son arme, il est bien faible face à cette bête d’un autre monde. Les forces sont complètement déséquilibrées et on se demande comment il fait pour s’en sortir à chaque fois après tous les coups qu’il se prend. Lui aussi, à sa façon, est un monstre. Mais derrière cela, on voit surtout l’humanité de Guts, son sens du sacrifice, son amour pour ses amis de la troupe du Faucon, sa dévotion à Griffith et sa peur pour Casca. C’est superbe ! Quand on se rappelle le guerrier froid et sarcastique des débuts, on est soufflé par son évolution. Quel homme !

Cependant, le mangaka ne se limite pas à un tome bourrin plein de combat. Il instille aussi des petits détails lourds de sens pour la suite. Comme le regard envieux que Griffith pose sur Guts, ses nouvelles capacités à l’épée et sa nouvelle relation à Casca, ainsi que son amitié avec les autres. Leur ancien chef est brisé on le voit et on le sent bien, ce qui malheureusement annonce le pire pour tous. Tous les signes sont là, les mots sont lancés. Les créatures connaissent le destin de Griffith et de sa Béhérit. Dernier tome avant l’Occultation !

Kentaro Miura le temps de ce long arc retraçant le passé de Guts et des Faucons aura lentement créer le décor amenant à la déchéance et au drame de tous. Le temps de la lumière est fini, place aux ténèbres. Saurai-je les affronter ?

Tome 12

Ça y est, nous sommes aux portes du cauchemar ! On me parle de ce tournant depuis le début de Berserk et malgré tout je n’étais pas prête alors qu’on n’en est qu’au début… Ce tome est d’une intensité rare. On frémit dès le début. On a la boule au ventre d’anticipation de ce qui va se passer parce qu’on sent bien qu’on est en plein dans le calme avant la tempête.

Les Faucons viennent de réaliser que leur chef, Griffith, n’est plus en état de les diriger. C’est très dur pour eux et ils ne sont pas prêts. Griffith non plus d’ailleurs, il rumine sa jalousie vis-à-vis de Guts et de sa relation avec Casca en prime. Cette dernière réalise l’état de grande faiblesse dans lequel est Griffith et ce que ça remue en elle. Quant à Guts, il commence à comprendre qu’il s’est peut-être trompé en partant et qu’il est peut-être, en partie, responsable de tout ça. Ça fait beaucoup de remises en question et de cheminements et questionnements pour tout le monde, ce qui peut tournebouler pas mal l’esprit du lecteur de la saga.

Mais là où ça nous bouleverse vraiment, c’est quand on comprend les conséquences de l’infini mal être de Griffith et qu’on voit sa manifestation en image, ça nous fait complètement basculer dans l’horreur et c’est saisissant. Si je devais trouver une image glauque et angoissante de l’Enfer, c’est celle-ci qui me viendrait à l’esprit désormais. Kentaro Miura nous transporte dans un univers juste insoutenable en une fraction de seconde pour nous emmener vers cette Occultation annoncée de longue date et tout prend sens. J’ai été soufflée par l’ambiance terriblement lourde qui montait peu à peu alors que concrètement il ne se passe pas encore grand-chose côté action, ça viendra sûrement dans le tome suivant, je le crains.

Non, toute l’horreur de la situation se joue sur le plan psychologique. On a de très belles pages sur le drame de la relation Guts-Griffith qui nous réchauffent et nous refroidissent le coeur tout à la fois. On sent qu’une amitié très forte et peut-être même trop forte les unis et que ce sera le ciment du drame qui se joue. C’est d’une tristesse ! Griffith me soulève le coeur. Je me doutais bien que ce n’était pas l’homme froid et insensible qu’on nous annonçait. Et Guts devient de plus en plus humain, ça atteint des sommets. Il est prêt à tout pour son ami, mais… ça ne suffit pas et c’est là le drame V.V

Je n’en dirai pas plus pour ne pas gâcher le plaisir aux lecteurs qui liront ces pages, juste que graphiquement on est très très loin des débuts un peu maladroit de l’auteur. Son trait est devenu fin, précis, poétique et plein de métaphores. Il sublime l’horreur qui se joue devant nous et la rend encore plus palpable. J’ai très très peur pour le tome suivant, je ne sais pas si mon coeur résistera…

Tome 13

Depuis le temps que j’entendais parler de ce 13e tome et son Occultation, j’avais quelques appréhensions à l’idée de l’ouvrir. Si oui, c’était vraiment horrible, ce ne fut quand même pas aussi insoutenable que je m’y attendais, l’auteur décidant quand même de nous épargner en passant beaucoup de choses sous silence et en suggérant plus qu’en montrant à part pour le trio de tête à l’origine de tout ce drame. Ce fut donc un tome douloureux à lire, où je me suis souvent sentie mal, mais au bout duquel je suis quand même venu et dans lequel j’ai trouvé une pointe d’espoir.

Avec le tome 12, il forme le diptyque de l’Occultation, ce moment où Griffith signe un pacte avec les God Hand pour devenir l’un d’eux et pour cela sacrifie son ancienne troupe, les envoyant au massacre pour l’alimenter lui-même en énergie afin de renaitre. C’est terrible de la part du mangaka de faire disparaitre ces hommes auxquels on s’était vraiment attaché au fil des tomes. Pour Guts, ils étaient devenus une famille, même s’il a mis du temps à le comprendre, la tragédie est donc d’autant plus vive pour lui. On comprend mieux alors le titre de la saga, car en voyant cette horreur se dérouler devant lui, Guts se transforme en vrai Berserker sous nos yeux ébahis. C’est brut, violent, criant de peine et de tristesse. On sent son malaise à chaque page à travers la vive violence dont il doit faire preuve pour survivre et tenter de sauver quelques uns de ces camarades. C’est une terrible danse morbide qui se produit sous nos yeux, qui fascine autant qu’elle horrifie.

Et pendant tout ce temps, Griffith engrange des forces, nourries du supplice de ses anciens camarades, que je n’arrive pas à qualifier d’amis, parce que je pense que pour lui, au final, il n’a jamais été question de cela, et c’est terriblement triste. Au final, c’est un personnage qu’on n’a jamais vraiment connu, dont on ne savait pas les pensées intimes et qui est toujours resté bien mystérieux. Alors oui, il est fascinant, il est complexe, sa relation ambigüe avec Guts est fascinante, mais ce qu’il fait ici est impardonnable, surtout dans les derniers instants. Après avoir obtenu la renaissance qu’il souhaitait, il n’a pas réussi à se transcender et c’est une nouvelle fois sa jalousie envers Guts qui parle et le fait agir de la terrible manière qu’on voyait se dessiner depuis plusieurs chapitres. Le temps d’un moment furieux, il détruit tout et se met définitivement Guts à dos, c’est terrible. Cette scène est dramatique, d’une violence froide et déterminante pour toute la suite. Elle m’a fait énormément de peine et fut insoutenable à voir de chaque côté, tant on sentait la douleur de chacun.

Heureusement au milieu de toute cette noirceur, j’ai trouvé une certaine lumière dans l’intervention du cavalier squelette en armure, sur lequel j’ai une théorie dont je parlerai peut-être un jour, mais qui fut en tout cas une surprise bienvenue. Il arrive à point nommer pour tout renverser et c’est fantastique parce qu’il y avait vraiment besoin de cette bouffée d’air pour sortir de cette masse sombre où on s’était empêtré. Ainsi même si le dernier chapitre est encore difficile, puisque nos personnages sont loin d’être tirés d’affaire, au moins on leur offre une chance d’échapper à Griffith et de construire autre chose. Guts saura-t-il saisir cette chance ou au contraire se servira-t-il de cette chance pour se venger ?

Tome 14

Quelle tristesse ce tome ! Kentaro Miura fait tourner une page à ses personnages et les envoie par là-même dans une nouvelle direction mais ça ne se fait pas sans déchirement.

Casca est définitivement marquée par ce qu’elle a vécu dans sa chair et son âme. Guts se sent bien impuissant face à cela. Il a beau faire, il n’a que sa force pour le moment et ça ne suffit pas pour l’aider. Il décide donc d’avancer sans elle et ça m’a déchiré le coeur. J’ai donc trouvé cette transition voulue par l’auteur et nécessaire à l’histoire vraiment douloureuse. Il a déjà fallu dire au revoir à la Troupe du Faucon la dernière fois, ainsi qu’à Griffith, il faut recommencer une nouvelle fois avec un côté encore plus fort émotionnellement car bien plus intime. Casca et Guts, c’était LA belle relation qui s’était tissée ces derniers tomes et surtout le dernier lien avec les Faucons qu’il restait.

Heureusement l’auteur nous apporte aussi de l’espoir. Un espoir bien sombre à l’image du costume du chevalier noir que revêt Guts et le mystérieux Chevalier Squelette qui se met à l’aider et dont je soupçonne une identité encore plus renversante, mais on verra ça plus tard. En attendant, l’auteur accouche d’un bien drôle d’espoir, en totale opposition avec ce qu’on connait habituellement et nous envoie ensuite vers de nouvelles aventures qui vont faire le lien avec la ligne temporelle du départ. La boucle est donc bouclée.

On peut maintenant retrouver Guts dans sa quête et mieux comprendre ce qui l’a amené là. Cependant, le petit couac que je vois, c’est que ce n’est plus la figure sombre que l’on a découvert dans le premier tome. Ici, le raccord est mal fait par l’auteur. Il reprend au contraire l’homme sombre mais tendre qu’on a appris à aimer et que je préfère de loin pour ma part à celui froid, cynique et cruel que j’avais entraperçu dans le tome 1. Alors même si ce n’est pas raccord, je suis ravie de ce changement. Par contre, j’espère qu’on n’est pas parti pour plein de petites aventures sans conséquences mais qu’il construira vraiment une toile globale où l’on ne suivra pas juste une vengeance aveugle et aléatoire du héros. A voir.

Pour l’instant, ce tome est surtout une transition. Sa première partie m’a vraiment fait mal au coeur. J’ai trouvé la suite plus anecdotique alors j’espère que c’est juste pour faire le lien et qu’on repartir sur ce qui m’a tant plu et qui était sous-entendu : la vengeance de Guts contre Griffith et le retour de celui-ci.

Tome 15

Même si la mythologie est intéressante, le Cycle des enfants perdus que l’on suit désormais n’est clairement pas mon préféré de la saga. Après l’intensité de fou de l’Occultation, le soufflet est un peu retombé pour moi et le temps m’a paru long.

En voulant se raccrocher à la chronologie du début de l’histoire, on se retrouve avec un Guts bancal qui ne correspond pas à celui des débuts ce à quoi j’ai du mal à me faire. Ça me perturbe au point que souvent j’oublie qu’on est dans la suite des premiers tomes.

Pour en revenir sinon à l’intrigue présentée ici, elle fleure bon nos contes philosophiques européens et surtout chrétiens sur l’Enfer et le Paradis qui ne sont pas aussi purement diabolique ou purement bon qu’on pourrait le croire. Ainsi, les « elfes » qui visitent le village où se trouvent Guts sont en fait de parfaits petits diables, autrefois humains, qui retrouvent leur apparence dans la mort. Leur Reine est une ancienne enfant maltraitée qui a cherché à fuir son quotidien. C’est bien sombre et glauque comme ce à quoi l’auteur nous a habitués. Au milieu de tout ça, sans trop savoir pourquoi, Guts décide d’aider l’une des gamines du village. Celle-ci est bien mignonne avec tous les drames qu’elle cumule, mais ça fait beaucoup de pathos pour moi. Je n’arrive pas à être touchée par son histoire, même si je vois bien qu’on essaie de nous faire un parallèle entre elle et Guts, voir plus.

Par contre, je suis fort intriguée et intéressée par l’arrivée d’une envoyée du Vatican venue enquêter sur le mystérieux Chevalier noir et les sombres horreurs qui se produisent dans son sillon. Ça me semble plus prometteur que cette histoire larmoyante qu’on essaie de nous vendre.

Ainsi après des tomes cultissimes, on retombe un peu dans de l’héroïc-fantasy certes sombre mais classique ici où on essaie trop de jouer sur ma corde sensible pour que cela fonctionne. Ce n’est pas ce qui m’intéresse après la trahison de Griffith et la perte de Casca ainsi que de la Troupe du Faucon. J’attends autre chose de la série et j’espère qu’on ne va pas trop partir en divagations…

Tome 16

Comme on me l’avait dit, je commence à sentir un mieux dans ce tome et à voir repoindre ce qui m’avait tant plu dans l’arc où l’on découvrait les jeunes années de Guts.

La fin de l’arc sur les enfants perdus est très belle. Cette revisite de Peter Pan est vraiment sombre, cruelle mais intelligente aussi. J’ai beaucoup aimé le personne de Jill, une jeune fille très forte qui sait voir Guts derrière son costume de Guerrier Noir. J’espère la revoir. Rosine, elle, m’a beaucoup émue la pauvre gosse qui s’est faite avoir pour les illusions qu’elle faisait semblant d’entretenir. C’est un jeu de mise en abyme assez terrible. De plus, son combat contre Guts est très bien mis en scène par le mangaka aussi bien d’un point de vue guerrier que philosophique. La façon de se battre de Guts a bien évolué et c’est un duel à mort qui chamboule.

La suite nous ramène une fois de plus vers la sombre étiquette qu’on cherche à coller à notre héros. C’est assez amusant de retomber sur une troupe de mercenaires menées par une jeune personne, en l’occurrence une jeune fille ici. On reparle ainsi de la façon dont sont constituées celles-ci. On reparle de façon sous-jacente de l’organisation politique de leur univers et ici de l’influence de l’Eglise, ce qu’on avait peu vu jusqu’à présent. En plus l’auteur s’amuse à reprendre des toponymes italiens connus, ce qui rend la lecture encore plus savoureuse. Ainsi le personnage de Farnese m’intrigue déjà et j’espère la voir creusée dans les tomes à venir, ainsi que sa troupe et l’Eglise qui les chapeaute. Dans tout ça, c’est triste mais réaliste de voir Guts se faire capturer après tout ce qu’il a enduré. Normal qu’il soit à bout de force, ce n’est pas un surhomme non plus malgré les prouesses dont il est capable. On retrouve ainsi un héros terriblement humain dont le regard n’est plus aussi froid, cynique et terrible que lors du premier tome et je préfère largement !

Quant aux graphismes, Miura se surpasse de plus en plus pour mettre en scène la noirceur qui entoure et habite Guts ainsi que ses tourments, le temps d’expérimentations graphiques simple mais terriblement marquante et efficace. Ça fait froid dans le dos mais on ne peut s’empêcher de s’y attarder.

La série repart donc sur ce bons rails. Guts poursuit toujours sa quête de vengeance en voulant atteindre Griffith et se débarrasser de ses apôtres, mais ça devient plus que ça. Il n’est pas seul au milieu d’ennemis. Il se retrouve au milieu d’un univers plus complexe où, oui la dimension infernale a un rôle, mais où la réalité de notre monde compte également. Ce mélange me plaît et j’en attends beaucoup.

Tome 17

Comme on me l’avait promis, on continue peu à peu à retrouver l’ambiance qui m’avait tant plu avec le récit des jeunes années de Guts au fur et à mesure qu’on voit celui-ci retrouver son humanité. C’est dramatique et émouvant.

Exit, les enfants perdus avec Rosine et son amie, place au cycle des déchainés avec Farnèse et sa troupe. Avec elle, on est un peu retombé dans les affres de l’Occultation, quand la nuit venue, les créatures s’en sont prises à Guts et ont possédé tout ce qui passait alentours, c’était glaçant. On était en plein dans l’Enfer de Dante ! J’ai été très troublée par ce moment et l’écho qu’il faisait avec le passé de Guts et Casca, ce que Miura a superbement mis en scène. On n’en a d’ailleurs pas fini avec cette chère Farnèse.

En effet, le mangaka a la bonne idée de replacer un peu de politique dans ce tome et j’adore ça. On retrouve le Midland pour voir où le roi en est. On retrouve aussi les pays alentours avec ce drôle de rêve du Faucon blanc qui semble avoir envahi les esprits de bien des gens, faisant dramatiquement écho à notre cher Griffith, ce qui fait que je tremble d’avance. Mais j’aime ce mélange de politique, religieux et mystique qu’on voit se mettre en place. Ça fait bien monter la pression.

Surtout que dans tout ça, Guts lui-même va vite se retrouver pris dans le feu de l’action d’après le rêve qu’il a fait et qui le pousse à revenir à ses « racines ». C’est un moment dur mais terriblement émouvant. J’ai adoré la mise en page du moment où il retrouve la petite Erika, de même que le moment où il réalise « ses erreurs ». Il me fait vraiment de la peine. Je m’étais vraiment trompée sur lui au début et Miura développe son personnage comme rarement dans un seinen de fantasy. Ce n’est pas juste des gros bras et une bête furieuse, c’est un homme blessé qui n’arrive pas à se reconstruire. Ses retrouvailles avec Rickert sont donc importantes et on sent qu’un virage majeur s’annonce. J’ai hâte !

Tome 18

Même si je ne peux pas nier le talent de Kentaro Miura, ce tome m’a laissé un goût amer. Trop de surenchère sexuelle pour moi malgré une histoire de plus en plus fascinante.

L’auteur s’amuse en effet à décortiquer la notion de culte et de croyance à travers l’exemple de Farnèse qui suit un ponte de l’Inquisition. Ce dernier est juste terrifiant dans son approche de la foi et dans l’expression de celle-ci. Il est la personnification de tout ce qui nous faire peur. On sent bien que Farnèse s’interroge tout de même dessus mais elle n’a pas encore la force de lutter contre, elle est trop fortement embrigadée là-dedans depuis trop longtemps. Le mangaka revient d’ailleurs là-dessus, nous racontant des moments terrifiants de son enfance. Le récit fait vraiment mal et cette représentation fantasmée de la fin du Moyen-Âge et des débuts de l’ère moderne fait froid dans le dos.

Face à eux, on a bien sûr toute la misère du monde qui nous est crument présentée : pauvreté, faim, prostitution, maladie, folie. On ne nous épargne rien et pourtant, c’est au milieu de tout ça qu’on va retrouver Casca/Hélène qui a réussi à se trouver un petit groupe de femmes prenant soin d’elle malgré tout. La force de ces femmes et de leur cheffe surtout est remarquable ! Ça n’empêche qu’on sent lentement un glissement vers une folie générale qui fait froid dans le dos à nouveau et qui rappelle un certain moment terrifiant de l’histoire, notamment à cause de la présence dérangeante de ces yeux qui observent tout depuis un lieu inconnu. Franchement, il me font vraiment peur et me mettent très mal à l’aise, comme tout ce qui se passe.

Je n’ai donc pas été surprise qu’à la fin du tome, on nous lâche la petite bombe de l’Occultation qui serait sur le point de se reproduire. C’est une nouvelle motivation pour ce cher Guts, qu’on a peu vu mais qui a passé son temps à courir pour tenter de rejoindre Casca et empêcher que le pire se produise. J’ai aimé la rencontre surréaliste qu’il a encore fait avec ce jeune garçon qui nous rappelle tellement notre héros tout jeune, le tout en recroisant un ancien ennemis. Et c’est sans parler de cette rencontre avec son sauveur au détour d’un chemin, le hasard fait vraiment bien les choses. C’est encore un moment décisif, parfaitement mis en scène et qui est détenteur de bien des sous-entendus qui seront j’en suis sûre bien importants plus tard quant à l’identité du premier et leur relation.

N’y aurait-il eu toute cette surenchère dérangeante pour moi autour de la chair (sexe, violence, torture…), ce tome aurait continué à m’emporter comme le précédent. Mais il y a trop peu de Guts et trop d’insistance sur le côté sombre de l’histoire. Je sais qu’on est dans de la Dark Fantasy mais ici, j’ai trouvé ça un peu inutile et voyeuriste parfois, ce qui m’a vraiment mis mal à l’aise et je n’avais pas ressenti ça avant. Dommage parce que j’aime beaucoup, la façon dont est peu à peu amené le retour d’un certain personnage.

Tome 19

Après un tome 18 qui avait été un peu trop dans la surenchère pour moi (trop de violence, trop de sexe malsain, trop d’horreurs), je retrouve espoir ici. Et pourtant, l’histoire est de plus en plus sombre au fur et à mesure qu’on se dirige vers une seconde Occultation. Mais que de souffle et que d’émotions !

L’auteur joue avec nos nerfs pendant tout le tome. Il a une scène du tyming et de la mise en scène de dingue, tout ça pour maintenir la tension de bout en bout. Il varie les scènes, les lieux, les intentions et on sent que tout est orchestré de main de maître pour le grand retour qu’on attend. C’est un grand conteur.

Casca a malheureusement attiré l’attention de certains dans le camp avec les « pouvoirs » qu’elle a révélés. Ses amies font tout pour la cacher mais c’est un vrai combat contre la montre. C’est à ce moment-là que surgit Guts, aidant l’une d’entre elles qui s’était fait capturer. Sauf qu’entre temps Casca est emmené par Nina. Il part donc à sa recherche mais c’est là que tout dégénère. Monstres qui surgissent, course-poursuite, bataille sanglante et duel de haut vol, mission de sauvetage. On ne s’ennuie pas.

J’adore la façon dont tout se goupille, mais surtout je suis sous le charme du développement des personnages. Voir Guts tout donner encore et encore pour sauver sa chère Casca, que c’est beau. Quant à celle-ci, c’est dramatique de la voir ainsi quand on l’a connue chefe de la Troupe du Faucon. L’auteur joue vraiment à fond la corde sensible et tragique, le tout en lien avec son traumatisme et sa perte peu après.

C’est tout aussi terrible à voir graphiquement. Les combats de Guts sont d’une sombre poésie rarement vue, son épée et sa cape virevolte tout comme ses sentiments dans l’urgence du moment. C’est brutal et sanglant comme la souffrance qu’il ressent. Les horreurs auxquelles on assiste glacent encore plus le sang sous le crayon de Miura, c’est d’un gore ! Et je sens que ce n’est pas fini.

Berserk est vraiment un grand manga et un grand titre de Fantasy.

Tome 20

Ça monte, ça monte, ça monte, au fur et à mesure qu’on plonge de plus en plus dans cette parodie sinistre d’Occultation. Tremblez !

Guts s’est lancé à la rescousse de Casca, qui a été capturée par Mozguz, qui est lui-même devenu une créature mi-ange mi-démon. L’aventure est de plus en plus dantesque. On se retrouve dans une ambiance de fin du monde à assister à combat entre Guts et les sbires ailés de Mozguz, des bourreaux démoniaques à gueules d’anges qui ne sont ni plus ni moins que des réprouvés qui ont cherché à se faire une place autrement. C’est très éprouvant. Le message les concernant est terrible, ils auront souffert en permanence sur Terre sur avoir pu trouver la rédemption et ce jusqu’au bout juste à cause de leurs difformités. Miura ne nous épargne pas. Le combat que mène Guts est encore une terrible. Il est épuisant et complexe face à tant d’ennemis en même temps, mais notre héros fait montre de toute sa science du combat et c’est magiquement violent à voir. Le chevalier noir exécute sa plus belle danse devant nos yeux ébahis pour sauver sa belle, dans cette Tour de Babel sur le point de s’effondrer. Les autres ne peuvent qu’assister en spectateur passif à cette passe d’arme d’un autre monde.

Au même moment, Luka est miraculeusement sauvé par notre chevalier squelette et elle découvre avec lui la sombre face cachée de la Tour. C’est un univers effrayant qui était caché. Toute cette misère qui était là sous leurs pieds. C’est horrible et pourtant fascinant de voir le parallèle que le mangaka fait avec son histoire et la façon dont nous-mêmes dans la réalité nous faisons tout pour ne pas voir la misère humaine mais également la nôtre en cherchant des pis-allers dans des subterfuges comme la religion. Le message est fort mais terriblement juste. Et le duo Luka-Chevalier Squelette me plait beaucoup. J’ai aussi apprécié de découvrir à quoi ressemblait la créature dont on n’apercevait que les yeux, je ne l’imaginais pas ainsi mais ça fait tellement sens.

Les dernières pages sont en cela vraiment remuantes. Toutes les pièces se mettent à nouveau en place. La créature rencontre une autre créature, tandis que Guts tente de réussir là où il avait échoué autrefois, tandis que la folie s’empare à nouveau de tous ces gens miséreux qui sont là et n’avaient rien demandé. Le destin est bien cruel !

Un nouveau tome apocalyptique où Miura continue à donner une aura vraiment à part à sa saga et ses héros. C’est sombre, violent et douloureux mais comme c’est dramatiquement beau et puissant !

Tome 21

Quelle tuerie ce tome, bon sang ! Miura atteint encore des sommets comme pendant l’Occultation originelle, c’est dantesque dans tous les sens du terme. On se sent vraiment plonger de plus en plus loin dans l’Enfer de Dante avec cette métaphore du fleuve Styx qui se déverse sur eux et semble tout emporter.

Combats dantesques durant lesquels Guts fait figure de pilier immortels pourtant régulièrement malmené. J’ai été soufflé par la vague épique et dramatique de cet arc. Guts prend encore une nouvelle dimension qui nous laisse sur le carreau. Ses combats sont d’une rare violence, on y sent toute sa colère, sa haine et son désarroi mais aussi sa volonté de protéger et de s’en sortir cette fois. C’est magnifique ! J’ai passé un temps fou à admirer les pages de Miura le mettant en scène dans sa lutte. Il semble tel le nouveau Messie des Ténèbres mais des ténèbres porteuses d’espoir et de lumière.

A côté de lui, ses compagnons figurent des apôtres d’un nouveau genre, qui luttent également sans relâche pour leur survie et tant pis pour leur foi première qui est mise à mal ici. J’ai beaucoup aimé la fougue de chacun. J’ai été soufflé par la mise en scène du mangaka permettant de passer d’un tableau à l’autre et d’un personnage à l’autre. Casca est au centre de tout, sorte de Vierge Marie bafouée et victime de toute cette folie. Autour d’elle tout le monde se bat pour la défendre et on a un très beau trio entre Puck, le petit gars et le compagnon de Luka, une alliance improbable et pourtant efficace et surprenante.

Cela donne un dynamisme incroyable à ce tome où règne une folie ambiante lourde et pesante. Le mangaka se fait conteur macabre le temps d’une Apocalypse qui ne dit pas son nom, mais c’est pour mieux se jouer de nous et des clichés sur le bien et le mal. Tout n’est que prétexte ici pour les mettre à mal. Un anti-héros représentant des ténèbres mais symbole d’espoir qui se bat contre un prêtre transformé en ange mais vraie créature des ténèbres, pendant qu’un ancien ennemi, mal incarné, se réincarne en symbole de la beauté et de l’admiration. C’est époustouflant.

Il y aurait encore plein de choses à dire, notamment sur Guts qui parvient enfin à sauver Casca ce qui signent des retrouvailles d’une émotion ! Sur tous les personnages a priori secondaires mais tellement importants pour leur construction qu’on rencontre ici et que j’espère bien revoir. Sur l’arrivée sur le devant de la scène du peuple des Kushans qui aura certainement un rôle à jouer. Et bien sûr sur le grand retour tant attendu de Griffith, annoncé déjà sur la couverture, et son « alliance » inattendue avec Zodd, qui interroge beaucoup. Tout ça m’a coupé le souffle au point que je ne trouve plus les mots. J’ai juste hâte de poursuivre cette épopée !

Tome 22

Ça y est j’ai l’impression d’être repartie dans l’ascension du Mont Berserk où chaque tome est encore une aventure riche en frissons qui me laisse le souffle coupé.

Guts a réussi ce qu’il avait échoué à faire la dernière fois, sauver Casca avant qu’il ne lui arrive le pire. Il rentre donc chez elle avec elle et compte s’y installer. Mais c’était sans compter sur le retour de celui autour de qui tout tournait, tourne et tournera toujours dans leur vie : Griffith. Et alors là, Miura se transcende encore une fois, mettant en scène un moment de retrouvailles terrible où toutes les émotions contenues de Guts rejaillissent d’un coup. C’est superbement terrifiant ! Surtout qu’en face de lui, on a un Griffith parfaitement statique, qui a l’air tout droit sorti d’un conte de fée, mais un conte de fée macabre où le héros a perdu toutes ses émotions. Et bien sûr, c’est auprès de son ami de toujours, le seul qui l’a peut-être compris un peu un jour, qu’il est venu rechercher la flamme. C’est un moment d’anthologie !

L’auteur ne se prive de rien. Duel psychologique au sommet entre les deux anciens amis. Duel physique impressionnant entre Guts et le nouveau bras droit de Griffith, j’ai nommé Zodd, où l’on assiste encore une fois à tout ce qu’a accompli notre héros pour devenir aussi fort. On reste scotché devant la maestria des pages et du dessin bien sûr, qui aura rarement atteint un tel niveau ! Je n’étais pas fan du trait au début, je ne le suis pas non plus dans les tout derniers tomes parus en France (le 40), mais ici l’équilibre est parfait ! On se croirait en plein dans les gravures des contes des frères Grimm, avec cette pointe d’inquiétude qui les caractérise. Bref, cette première moitié est juste parfaite !

Vient ensuite un moment plus calme. Celui où Guts doit à nouveau prendre une décision pour Casca, lui et Griffith. Mais également, le moment pour l’auteur de déployer pour nous lecteurs les nouveaux fils de l’intrigue, notamment au niveau géopolitique, pour qu’on comprenne vers quoi vont nous emmener les nouvelles ambitions de Griffith. Cela permet de faire le lien avec ces drôles d’hommes qu’on a croisé sur le chemin de Guts. Et pendant que Griffith se pose en libérateur messianique du Midland et acquiert de nouvelles allégeance, on revient aussi judicieusement sur le personnage de Farnèse lors d’un chapitre fort émouvant sur sa relation avec Serpico, qui nous permettra de découvrir pourquoi elle va découvrir en Guts, un nouveau messie à suivre à son tour. Les deux messies blanc et noir, impurs et purs, sont donc près à recueillir leurs nouveaux apôtres pour la future guerre qui va les opposer.

Quel talent chez ce Miura !

Tome 23

Encore un super tome, décidément quel travail fait Miura sur cet arc. Le retour de Griffith a frappé fort et on aurait pu crainte un effet d’essoufflement ensuite mais pas du tout ! Découpé en 2 parties suivant les groupes que l’on suit, ce tome est à nouveau sombre et épique.

J’ai été terriblement attristée du parcours de Guts. Alors qu’on aurait pu espérer un chemin enfin plus heureux pour Casca et lui maintenant qu’ils se sont enfin retrouvés. Ce n’est malheureusement pas le cas. Guts est trop hanté par ses démons. Il se pose trop de question sur leur relation et sur celle qu’il entretient avec Griffith et ça empoisonne tout. C’est terrible de le voir sombrer dans de nouvelles noirceurs alors qu’il avait pris la bonne voie avec Casca, mais là ça gâche tout et c’est d’une tristesse. Miura met encore ça en forme de manière magnifique avec beaucoup de puissance dramatique dans les compositions. Je suis vraiment fan de ses performances graphiques.

Heureusement, il y a tout de même une pointe d’espoir qui surgit avec l’arrivée des premiers « apôtres » de Guts : Isidro, Farnèse et Serpico, qui font le soulager d’une partie de son fardeau et lui redonner ce qui lui manquait depuis la fin de la troupe du Faucon : un semblant de famille. J’ai vraiment espoir en ce petit groupe, espoir qu’ils apportent enfin de la lumière dans la vie de Guts.

La lumière, elle, est pour le moment incarnée par Griffith, qui exécute vraiment un tour de force dans le Midland en venant en aide aux populations victime de l’invasion des Kushans avec sa nouvelle troupe du Faucon. Encore une fois, le mangaka met tout cela en scène de façon magistrale, en nous invitant à le suivre à travers le regard d’un jeune noble qui participe au combat. On assiste aux ravages causés par les ennemis, au sauvetage de Griffith, puis à la vie du camp et enfin à la façon dont il est vu par le peuple. C’est un vrai nouveau Messie mais qui cache des choses tellement sombres derrière son beau visage que ça donne des frissons. C’est terrifiant de le voir tellement auréolé de lumière alors que tant d’ombres l’habitent, attirant de pauvres hommes et femmes à lui sans qu’ils sachent tout cela.

Durant ce tome, j’ai encore été bluffée par la maestria avec laquelle Miura orchestre ce drame épique entre deux anciens amis. Chacun travaille à sa destinée dans des directions complètement opposées et la narration ainsi que les dessins subliment tout ça créant ainsi des personnages vraiment mythiques bientôt assorties de troupes non moins inoubliables.

Tome 24

Attention, attachez vos ceinture Kentaro Miura vous embarque encore une fois dans une nouvelle dimension ! Après la Dark Fantasy qui est au coeur du récit depuis le début, place à la High Fantasy avec ses sorcières, sorts, trolls, elfes et autres forêts enchantées, le tout sous un trait de plus en plus fin et réaliste qui me bluffe.

J’ai vraiment adoré le tournant pris ici, comme à peu près à chaque nouveau choix scénaristique du mangaka, mais en plus cela s’accompagne ici d’une richesse visuelle folle encore une fois. La quête de Guts, qui consiste à rejoindre Elf Helm pour protéger Casca, le conduit dans une forêt peuplée de Trolls où le petit groupe ne va être sauvé que grâce à l’intervention d’un nouveau personnage que nous avions déjà entraperçu : Shierke, la sorcière. Avec elle, c’est une nouvelle dimension de la série qui nous apparait, celle des sorcières qui semblent avoir une bien meilleure connaissance que nous du monde métaphysique. A coup de longs (très longs même) monologues, nous allons découvrir l’étendue de leurs connaissances et peut-être entrapercevoir quelques réponses à nos questions, même si de nouvelles apparaissent également. Mais surtout cette rencontre va fournir une nouvelle compagne de route pour Guts, un bref havre de paix pour se reposer, et quelques protections dont il avait bien besoin.

J’ai vraiment trouvé intéressant ce changement d’ambiance. Après tant de tomes tellement pesant où l’espoir commençait à se faire rare, il est plaisant de tomber sur des gens qui ouvrent une nouvelle voie et proposent un brin de sérénité au milieu de ce chaos. On commence ainsi à retrouver le Guts qu’on aimait, impitoyable mais aussi sentimental, qui n’est plus aveuglé que par son désir de vengeance. C’est apaisant dans un sens. Pourtant, les obstacles sont toujours là. Point de Griffith, mais des Trolls qui viennent semer la mort dans les terres voisines et font craindre le pire pour le petit village où ils se rendent. C’est donc en défenseur que le groupe se pose, nouvelle posture que Guts a bien peu connu au final et qu’il me tarde de le voir adopter, notamment avec l’aide de ses compagnons et de leurs nouvelles armes.

Le nouveau tournant dans l’histoire apporté par Miura fait vraiment souffler un vent de fraicheur qui permet enfin de respirer au milieu de toute cette noirceur. J’en ai tout aimé : les sorcières, leurs protections, les changements qui s’opèrent chez les personnages et même le virage classique High Fantasy. Seul bémol, trop de blablas et d’explications sur « le monde astral ».

Tome 25

Un peu comme le laissait pressentir la couverture, avec Guts et sa petit bande, nous avons définitivement basculé en pleine héroïc fantasy teintée d’une version horrifique des contes de Grimm. C’est surprenant et terrifiant à la fois.

Le tome s’ouvre directement sur l’action avec les trolls qui attaquent le village tandis que la petite sorcière essaie de protéger tout le monde à l’aide de ses sorts. Joli discours de Miura sur la pluralité des costumes que revêtent les croyances de tout un chacun. J’ai aimé pour une fois son discours plus nuancé et moins premier degré que celui qu’il avait eu lors du passage s’inspirant de l’Inquisition. Ici, nous ne sommes plus avec des fanatiques mais avec le peuple et la figure du religieux est différente, plus ouverte d’esprit en sorte, c’est une bonne chose. Shierke apporte vraiment un autre ton à l’histoire.

Pendant ce temps, l’auteur n’oublie pas les amateurs d’hémoglobine. Les combats sont une fois de plus dantesque avec un Serpico qui apprend à maîtriser sa nouvelle magie tandis que Guts ne se repose que sur sa force et son épée. Cela donne des scènes magiques encore une fois où l’on voit toute la virtuosité des deux hommes. La mise en scène est bluffante surtout que le bestiaire des créatures qu’ils ont à affronter se renouvelle une fois de plus. Et l’équilibre avec la violence de leur combat et la poésie des sorts de Shierke est très réussi, frappant les esprits.

D’ailleurs, l’émotion n’est pas loin non plus avec Isidro triste spectateur de ce combat qui aimerait aider un peu plus, et Fernèse qui se découvre aidant et prenant soin de Casca, une révélation pour elle. Guts s’adoucit également malgré la noirceur de plus en plus terrible du monde qui se révèle à lui. Ça lui fait du bien d’être entouré et de pouvoir se reposer sur d’autre. Surtout quand on voit la tragédie qui se profile et que semble deviner la sorcière de la troupe.

Un nouveau tome décidément très riche qui permet de mettre en place petit à petit la nouvelle troupe autour de Guts et d’attribuer un rôle à chacun, solidifiant le groupe. Miura est un maître d’orchestre qui transforme en or tout ce qu’il touche !

Tome 26

Je sentais une montée en puissance depuis quelques tomes, nous voilà à son pic ! Avec un tome cathartique voire métaphysique pour le héros qui se termine par un moment d’anthologie qui tutoie les sommets.

Alors que ce tome est également gorgé de testostérone, avec des combats dantesques une fois de plus, pour sauver Fernèse et Casca qui ont été emportées dans le repaire de Trolls, Guts, lui, vit une expérience très intime quand il va à leur rescousse. De façon inévitable, tant on avait senti cela venir, il tombe sur l’un des 5 God Hands et leurs retrouvailles sont très marquantes. L’auteur propose ici tout une métaphore sur le rapport de Guts aux femmes de sa naissance des entrailles de sa mère à son amour pour Casca. C’est mieux en scène de façon très gore et peu ragoûtante, dans un moment hors du temps où Guts est plus faible que jamais. Tragiquement cathartique tout ça et sûrement à réfléchir plus longuement que je ne le fais ici.

L’autre élément phare dans ce tome est bien sûr l’intervention de l’emblématique Chevalier Squelette qui suit Guts depuis bien longtemps et semble l’avoir pris sous son aile. Il sait bien des choses et fera le lien entre plusieurs intrigues majeures : la nouvelle troupe de Guts, Flora la sorcière et la nouvelle Troupe du Faucon. Un personnage éminemment important, ambigu et intriguant.

Enfin, le déboulement dans l’intrigue de ces derniers va tout bouleverser pour Guts. Il a enfin réalisé qu’il avait trouvé une nouvelle « famille » et le voilà déjà confronté au fantôme de l’ancienne qu’il a perdu de manière si tragique. Comment rester de marbre ? Impossible. Surtout que le combat auquel il est confronté le met à rude épreuve. Il lui faut donc un level up comme y ont eu droit ses camarades et l’auteur en profite pour enfin justifier le titre de son oeuvre. J’en suis plus que ravie, j’adore l’idée. Elle a double tranchant terriblement encourageante et terriblement effrayante aussi pour Guts. Miura est vraiment incroyable.

De tome en tome, Berserk n’en finit pas de me surprendre, de faire monter la tension, de proposer des combats incroyables et des destinées tragiques. Ce titre est désormais définitivement dans mon panthéon des meilleurs mangas que j’ai pu lire.

Tome 27

Dur de passer après un tome aussi important que le précédant et pourtant y réussit à merveille avec la transition qu’il propose ici.

Il commence par achever de façon peut-être un peu cavalière le duel de Guts et de l’un des disciples/apôtres de Griffith. Ce combat devenait trop dur pour Guts, il fallait y mettre en terme. Je ne pensais pas que l’auteur choisirait cette voie et je suis ravie de m’être trompée. Il est vraiment partie dans une nouvelle optique pour son héros, celle d’avoir des amis qui l’épaulent et l’aident à ne pas aller trop loin. Ici, c’est notre jeune sorcière qui endosse ce rôle et elle y réussit très bien, le temps d’une terrible plongée dans la psyché de Guts pour le délivrer de la terrible influence de son armure. Magnifique moment qui scellera, je l’espère, une belle amitié entre eux. Emouvant moment quand on voit encore qui permet de le ramener à la vie. Et terrible moment aussi, quand on découvre le terrifiant pouvoir de la nouvelle armure de Guts. J’en tremble encore.

Puis, le mangaka nous embarque dans un tourbillon dans un tout autre théâtre d’opération : celui de Midland et sa capitale Wyndham, aux mains de l’Empereur Ganishka. C’est une toute nouvelle ville, comme on l’a jamais, le théâtre d’une véritable orgie d’horreurs. Miura surfe ici sur une vague hindoue et eroguro, mélange assez singulière, pour mettre en scène le nouveau méchant de l’histoire, l’empereur, cet apôtre démon, qui veut se libérer du joug des Gods Hands pour régner sur Terre. Il a transformé la ville en cimetière sanglant, les visions qu’on nous offre de celle-ci ont de quoi remuer les entrailles des âmes sensibles. Et il a fait de la nouvelle Troupe du Faucon son adversaire. Quand ceux-ci attaquent, c’est plutôt un combat de seconds couteaux, mais qu’on se l’entende de très bons seconds couteaux quand on voit les transformations des lieutenants de Griffith. On en profite pour découvrir la nature profonde de l’empereur qui est en plus exposée à ses « alliés » les Bakiraka (?), je m’y perds un peu dans les noms… C’est un moment d’horreur et de terreur pure MAIS, l’ensemble manque d’émotion, c’est froid, et du coup j’ai plus vu ça comme un moment défouloir. Il faut dire que le coeur de l’action était ailleurs en fait, puisque le plan de Griffith était plutôt de récupérer un certain bien qu’il avait laissé là…

Ainsi même si le début de ce tome m’a marquée par le tournant qu’il fait encore prendre à Guts et la compréhension de sa nouvelle arme à double tranchant, la suite plus centrée sur Griffith m’a laissée sur ma faim, comme le calme avant la tempête. C’est un très bon tome de transition mais il ne se hisse pas à la hauteur du tome d’anthologie qui le précède.

Tome 28

On redémarre un nouvel arc ici, il s’agit donc dans ce tome de poser les nouvelles bases, les nouvelles forces, les nouveaux enjeux et les nouveaux personnages qui seront à l’honneur. Pour ne pas changer, la réussite est au rendez-vous dans cette saga décidément hors-norme.

Guts et sa bande sont toujours en chemin vers leur utopie : Elf Helm. Ils ont cependant dû ralentir un peu leur périple, le temps que notre héros se remette de ses graves blessures. Cela soude encore un peu plus leurs liens, en particulier ceux entre Guts et Schierke qui noue une relation toute attendrissante. Cependant, il ne faut pas se relâcher, très vite de nouveaux dangers pointes le bout de leur nez. Tout d’abord en la rencontre avec un mystérieux enfant, très jeune, auquel Casca va de suite s’attacher, lui rappelant l’enfant qu’elle a perdu. D’ailleurs il ressemble furieusement à ce qu’à quoi aurait pu ressembler un hypothétique fils d’elle et Guts, c’est troublant. Et dès qu’il débarque, se produit un drôle d’incident avec des créatures contrôlées par un « sorcier/gourou » (je ne sais pas si c’est le bon terme) Kushian. Cet incident marque à la fois l’ajout des Kushians à la liste des ennemis que le groupe devra affronter, c’est sûr, et la nouvelle lutte plus intime à laquelle Guts va devoir se livrer : tout faire pour résister au Berserker de son armure. C’est à nouveau une terrible plongée au coeur de sa noirceur intérieure mais à la fois un très bon combat de sa part et une belle rencontre avec Schierke qui l’aide à s’en sortir à nouveau. Sans parler du mystérieux esprit de lumière qui intervient… Je frétille devant toutes ces nouveautés !

Puis leur voyage reprend et dans le dernier tiers, nous découvrons une nouvelle cité, une ville portuaire qui se prépare à la guerre. L’occasion pour reparler de géopolitique, ce qui est nécessaire, parce que ça fait partie du paysage de la saga. Serpico est alors le héraut qui présente chaque force en présence. Petite séquence émotion quand on reparle de l’ancienne troupe du Faucon. Mais surtout la découverte d’un ville sous la nouvelle patte graphique de Miura est sublime pour les yeux. Ce rendu des pierres et du bois m’a émerveillée. Pour cela, on suit malheureusement la petite sorcière, perdue au milieu de tous ces gens qui semblent la rejeter alors que déjà elle a du mal à faire son deuil de Flora et qu’en plus elle est loin de sa forêt. Elle fait alors une rencontre importante et oriente également l’histoire dans une nouvelle direction où l’on s’interroge finalement sur qui est vraiment un ennemi et qui est à sauver.

L’histoire se recomplexifie à nouveau petit à petit l’air de rien, au milieu de présages peut-être annonciateur du pire comme du meilleur, pendant que les héros se reconstruisent au contact les uns des autres. Quel maestro ce Miura !

Tome 29

Nous voilà bel et bien repartis dans un nouvel arc de cette histoire décidément épique qu’est devenu Berserk. Avec ce tome, Miura continue à développer les nouveaux compagnons de voyage de Guts, laissant ce dernier en retrait. On découvre leurs aspirations mais également leurs forces et leurs faiblesses à commencer par les femmes de la troupe et ça fait plaisir de voir celles-ci mises en avant.

L’opus s’ouvre sur la suite de la rencontre entre Schierke, la sorcière, et Sonia, la prophétesse de Griffith, une belle rencontre sous le signe des contraires qui pourtant s’attirent. Les deux jeunes filles sont des marginales qui ont chacune trouvé leur place aux côtés de l’ombre et la lumière que symbolise nos deux anciens amis. Avec un discours très disruptif, Sonia tente de recruter Schierke dans ce qu’elle imagine une alternative anti-système que proposerait Griffith, mais heureusement elle échoue. Ces deux-là sont forcément appelées à se retrouver et s’affronter, et ce sera probablement tragique et déchirant.

En parallèle, cette courte rencontre aura permis d’abord de faire briller un peu notre jeune Isidro, qui fonctionne bien dans le rôle de chevalier servant de notre petite sorcière. Mais surtout, on aura rediscuté d’esclavage, de traite humaine et de maltraitance des enfants, des thèmes qui décidément semble souvent revenir chez le mangaka. Ça permet de faire le lien avec la probable future intervention de Griffith dans le conflit, lui, qui semble rassembler tous les pauvres hères.

Enfin, la dernière partie est également très intéressante car on s’attarde longuement sur Farnèse, personnage qui a bien changé depuis que nous l’avons rencontrée. En effet, elle a trouvé une nouvelle voie grâce à Guts et s’épanouie dans ses nouveaux rôles d’apprentie sorcière avec Schierke et de référente pour Casca. Cependant, je la trouvais encore un peu effacée par rapport aux autres, l’auteur a dû le remarquer aussi. Il décide donc de lui confier un rôle charnière, celui d’aider le groupe à trouver un bateau pour poursuivre leur quête. Pour cela, elle se confronte à nouveau à sa famille pour le meilleur et pour le pire… Rendez-vous dans le prochain tome pour voir si elle saura leur montrer sa nouvelle détermination.

Nous voici au final avec un tome peut-être plus psychologique donc plus calme que les précédents, qui n’est pas moins intéressant, mais qui est moins percutant et chamboule moins émotionnellement le lecteur. Ça reste cependant du très haut niveau.

Tome 30

Comme on pouvait le pressentir, l’action et surtout la politique reviennent avec force dans ce 30e tome déjà pour une transition qui dure mais prépare très bien le terrain pour la suite.

Nous avions laissé Farnèse en difficulté avec sa famille qui a du mal à voir en elle celle qu’elle est devenue. Est-elle une représentante parfaite de la résilience ou une rebelle en devenir ? C’est ce que ce tome s’emploiera à trancher lors d’une mise en scène aux petits oignons signée Miura.

Tandis que le groupe cherche encore comment obtenir un bateau, Farnèse se sacrifie pour cela, mais personne ne le souhaite, les voilà donc partis en mission sauvetage face à la terrible famille Vandemion, sorte de famille Medicis/Borgia qui a des ramifications partout. Perdue, Farnèse devra faire les bons choix et les circonstances vont rapidement l’y pousser. En effet, après un rapide mais symbolique duel entre Serpico et Guts, qui aura permis au premier de se retrouver, on voit les Kushans passer à l’action au cours d’une réception où toute la noblesse s’est réunie. L’horreur s’abat alors sur ses gens qui s’en croyaient protégés et qui n’auraient jamais imaginé que ça existait. C’est terrible et implacable. La menace n’est pas dramatique comme cela a déjà été le cas dans le titre, on sent que c’est plutôt une mise en scène pour montrer un nouvel affrontement entre les puissances arabes (Kushans avec leurs tigres) et chrétiennes (symbolisées par toute cette noblesse), Guts n’étant que le bras armé aidant ces derniers à s’en sortir. Mais cela permet à Farnèse de faire son choix et de comprendre dans quel monde elle souhaite vivre désormais ou plutôt dans quel monde elle peut être elle-même. Elle connait alors un petit level-up grâce à Schierke et l’équipe y gagne un bateau et deux nouveaux compagnons (?).

En tout cas, tout s’enchaine sans temps mort et les Kushans s’insèrent de plus en plus dans tous les recoins de l’histoire. Et tandis que la nouvelle troupe autour de Guts n’en finit plus de se consolider, notre regard se tourne une fois de plus sur ce que mijote Griffith en envoyant deux de ses proches auprès du Pape.

Une intrigue qui n’en finit plus de s’étendre, de nous surprendre. Des personnages qui gagnent encore et toujours en charisme et sympathie. Et une tension qui monte, qui monte entre les deux camps.

Tome 31

Nous avions quitté nos amis en proie à l’attaque des Kushians sur la ville portuaire où ils comptaient prendre le bateau pour poursuivre leur quête. Ça attaquait de tous les côtés et le danger se faisait plus pressant sur eux. Rien qu’en voyant la couverture de Miura avec Guts revêtu de sa nouvelle armure, on pouvait se douter que ce tome allait faire mal, et il a effectivement tenu toutes ses promesses !

Depuis plusieurs tomes, nous avons également des posters qui accompagnent l’ouverture du livre et qui offrent souvent un petit goût de ce qu’il va se passer. Ici quand j’ai vu le sublime portrait de Guts et Schierke, j’ai senti que j’allais encore vibrer. En effet, ce tome représente pour Guts la reconquête de son moi intérieur grâce à l’aide de sa bonne conscience, notre petite sorcière. Pour affronter les démons que les Kushians ont mis involontairement sur leur chemin, notre héros a besoin de tous ses moyens, sauf que quand il combat il est toujours rongé par la haine qui menace encore plus de l’emporter depuis qu’il a cette nouvelle armure. Ainsi, il lui faut toute l’aide Schierke pour enfin trouver l’équilibre ici et ainsi triompher en maîtrisant sa nouvelle arme. La portée symbolique de tout ça est magnifique et la mise en page de Miura l’accompagne merveilleusement avec des dessins superbes de notre duo fusionnel. J’ai vraiment été emportée pour cette capitale évolution du héros.

A côté de ce voyage intérieur, le mangaka n’oublie pas les amateurs de sang et de chairs fraiches. Les combats sont foison. La menace est partout. Guts est le principal acteur mais on entraperçoit également un peu les autres. Toutefois, c’est surtout SON combat. Il affronte toute la pyramide des forces kushiannes, des fantassins démons, à leur maitre sorcier-général, à leur grand chef l’Empereur. C’est assez impressionnant et pourtant tout se fait avec fluidité parce que Miura sait parfaitement raconter et mettre en scène ce genre de moment épique. On n’a pas l’impression que c’est précipité, ni que c’est exagéré, tout ce chaos et cette violence semblent normaux ici pour permettre cette nouvelle évolution du héros. Magique !

Encore une fois, j’ai vécu un grand moment, celui où j’ai enfin vu Guts commencer à maitriser ses pulsions de haine. Mais aussi celui où il s’est allié magistralement avec Schierke pour grandir et avec Serpico pour apprendre à nouveau à faire confiance et à se battre à deux. Cet arc contre les Kushians est vraiment très important pour la construction de son personnage. Certes, comme toujours, il se bat en donnant tout et en risquant sa vie, mais pour une fois il apprend à ne pas faire tout seul. Et ainsi, on voit vraiment petit à petit, de tome en tome, Guts se reconstruire une famille comme du temps de la Troupe du Faucons. Superbe !

Kentaro Miura nous a encore offert un excellent tome où sous une avalanche de combats plus dangereux les uns que les autres, il a su faire avancer son héros non sur la voie de la rédemption mais de l’acceptation et de l’ouverture aux autres. Magistral !

Tome 32

Après un tome guerrier et intimiste à la fois, place cette fois à la stratégie et à la politique.

Miura alterne les aventures de ces deux héros pour mieux les entrelacer et les nouer avant de grandes retrouvailles (je l’espère). Il ouvre donc ce tome par deux chapitres très intenses où Guts voit arriver une aide inattendue dans son combat face à l’Empereur, une aide qui appelle à s’interroger sur de futures alliances ou non. C’est un final encore une fois dantesque dans ce combat d’une dimension surnaturelle. Nous sommes en plein dans en affrontement entre la puissance psychique et magique, presque divine d’un côté et celle physique, provenant des tripes d’un homme de l’autre. Ces deux dimensions s’affrontent violemment pour au résultat… un match nul. Chapeau l’artiste, il fallait oser !

Puis le paradigme change et on se retrouve, non plus à suivre Guts qui poursuit sa quête et se repose, mais à retrouver Griffith et son armée. L’histoire rebascule alors en plein dans ce qui avait fait le sel de l’arc de la Troupe du Faucon, au début, à savoir les manoeuvres stratégiques et politiques de son chef. Et il n’a pas perdu la main ! Après autant de violence et de tension, on avait besoin de souffler un peu, pour quelque chose de plus normé même si ça n’en reste pas moins violent également. Mais avec l’arrivée de Griffith sur le champ de bataille face aux troupes « normales » des kushians, on retrouve un peu de normalité et ça fait du bien. C’est cependant très étrange que ce soit dans l’affrontement d’un God Hand et d’un Apôtre qu’on ait l’impression de retrouver la norme des affrontements guerriers de l’époque. Miura joue vraiment avec nous, et l’Empereur et Griffith trompent bien leur monde.

J’ai, cependant, trouvé le premier temps de cet affrontement un peu mou et convenu. Le souffle épique était retombé. Ce n’est qu’après l’arrivée de Griffith en personne sur le champ de bataille qu’une aura menaçante est à nouveau perçue, gonflant, gonflant. Sa confrontation avec l’Empereur est un modèle du genre. On y sent toute l’influence divinement démoniaque de notre anti-héros. C’est puissant.

Le retournement final qu’il orchestre ensuite est un très bel exemple des manoeuvres politiques qu’il savait si bien exécuter déjà autrefois. Il s’impose comme chef incontesté des nouvelles troupes du Midland, remet à leur place ces nobles qu’il méprise lors d’une belle confrontation où il démontre toute sa ruse et son talent politique, et assoit également sa figure d’élu. Tout ça en une rencontre, chapeau l’artiste ! Quel charisme, quelle intelligence chez cet homme ! Il me tarde de voir ce qu’il va en faire.

Le tome se termine par l’initiation de Farnèse à la magie avec un joli moment d’évasion entre elle et Schierke sur le bateau à bord duquel ils voyagent désormais. Une bonne transition vers la suite des événements, j’en suis sûre.

Même si je l’ai trouvé plus calme, moins épique et important que le précédent, ce tome est encore une fois un petit bijou de composition narrative de la part du mangaka. Il clôt un moment important, remet en selle un personnage en lui donnant une aura encore plus folle qu’avant, et ouvre la porte vers tant de possibilités. Je suis encore une fois soufflée.

Tome 33

Après avoir été plongé pendant si longtemps dans un monde 100% médiéval, je trouvais depuis plusieurs tomes, l’auteur nous amenait de plus en plus vers un Nouveau Monde plus proche de la Renaissance et des Temps moderne, ce fut complètement évident ici.

Guts, Casca and Co ont embarqué à bord du Sea Horse pour rejoindre l’île des Elfes. Place donc à un peu d’aventures maritimes, chose qui nous avait manqué jusqu’à présent mais comme Miura aime à se diversifier, nous avons droit à une belle petite bataille navale. Sous le trait du maître, c’est encore une fois splendide et très percutant. Mais Miura est également un superbe conteur et il profite de se voyage pour complexifier encore les relations entre Guts-Casca-Schierke et Farnèse. Guts est toujours déchiré entre son désir de protéger Casca, son image passée d’elle et son présent. Schierke a compris qu’elle serait sa place à l’accepte, c’est plus dur pour Farnèse qui a tout quitté pour lui et commence à peine à réaliser ce qu’implique son ouverture à la magie. Ça promet de beaux remuements de méninges mais c’est aussi pour ça qu’on aime cette série !

Sur la terre ferme, Griffith et l’Empereur passent à l’action. Le second venant d’être défait cherche à se transfigurer pour pouvoir lutter contre le Faucon et en un sens il y parvient en devenant une créature encore plus terrible. Pendant ce temps, dans l’ombre, on a le sentiment que Griffith a tout prévu et il aide le peuple de la capitale du Midland à se sauver par un tour juste incroyable et impensable. Sur le chemin, l’auteur nous offre une belle discussion avec le Chef du gang des assassins qui travaille pour l’Empereur. Changera, changera pas de camp ? On sent que la voie est toute tracée. C’est brutal, c’est dense, c’est étouffant mais que c’est grandiose. J’ai hâte, hâte, de suivre cet affrontement au sommet même si j’en crains d’avance la violence et la noirceur. Griffith contre l’Empereur risque vraiment d’être un moment fondateur et le calme ainsi que le mutisme du premier me font craindre le pire.

Berserk n’en finit pas de se réinventer en utilisant les mêmes bonnes recettes. Les personnages s’étoffent encore et toujours, nouant des relations de plus en plus complexes mais tellement belles et puissantes. C’est un univers incroyable qu’a su inventer et mettre en scène Kentaro Miura.

Tome 34

Miura annonce la couleur dès la couverture, ce tome va être sombre très sombre et entièrement consacré à Griffith et son combat contre Ganishka, l’Empereur, qui vient de se transcender en une espèce de Shiva. Ce tome est encore une fois fondateur car il permet à notre anti-héros de passer à l’action comme jamais et de mettre ainsi en branle son plan.

Ce tome n’est fait que de combats, de combats contre le monstre qu’est devenu Ganishka et qui menace tout le monde désormais. Cette figure lovecraftienne est effrayante de gigantisme, face à lui tout le monde semble bien minuscule et le combat semble perdu d’avance. C’est sans compter sur l’armée rassemblée par Griffith. On dirait que ce dernier, tel un prophète, a tout prévu. Il lance donc à l’assaut d’abord son armée de soldats démons. Ça surprend parce qu’il met ainsi en avant son aspect le plus sombre et dérangeant. Et pourtant, ça fonctionne à merveille car on voit ces derniers se battre pour sauver les hommes. On assiste alors à un renversement de paradigme incroyable et rarement vu qui fait qu’humains et démons vont s’unir dans un même but et lutter ensemble. Chapeau bas, je ne l’avais pas vu venir ! En cela, il est aidé par la figure de Sonia, cette Jeanne D’Arc revisité que j’aime beaucoup décidément et qui forme un joli duo avec le Chasseur dont j’aime beaucoup la nouvelle forme. C’est parfaitement réussi !

Mais Miura ne serait pas Miura s’il se contentait d’un tome uniquement fait de combat. Il décortique également la personnalité trouble de Ganishka pour qu’on comprenne ce qui l’a amené là. Pour cela, il utilise une trouvaille graphique simple mais qui colle parfaitement à l’ambiance : le théâtre d’ombres. Mais surtout, au dernier moment lors du duel final entre les 2 géants qu’ils sont, Griffith et lui, une intervention vient faire basculer notre univers. Griffith utilise le trouble fête qui vient se mêler de son combat pour atteindre son véritable but : l’ouverture de la porte entre notre monde et celui de l’autre monde qui contient toutes les créatures imaginaires. Wow, quelle surprise !

Du coup, je referme ce tome, qui se lit assez vite car le texte est moins présent, face à une action et un dessin qui se révèlent les porteurs de sens ici, avec tout plein de nouvelles interrogations sur Griffith et ses ambitions. Le monde de Berserk a définitivement changé. Qu’est-ce que ces bouleversements vont impliquer pour l’ensemble de nos héros et leurs ennemis ? Rendez-vous dans les prochains tomes pour voir ça !

Tome 35

Les tomes précédents m’avaient fait grand effet, le souffle retombe un petit ici après le final grandiose du combat Ganishka-Griffith.

Les premières pages sont pourtant sublimes. Elles révèlent au grand jour les nouvelles ambitions de Griffith : établir un nouvel ordre, un nouveau monde où monstres et humains cohabiteraient. Et quoi de mieux pour cela qu’une capitale légendaire, surgie de nulle part et rayonnant de mille feux, un peu comme l’Atlantide qui surgirait devant nos yeux ? J’ai été subjuguée par cette apparition et frustrée de devoir l’abandonner si vite sans même pouvoir la visiter. Il me tarde que Miura nous ramène à Falconia !

La suite du tome et même l’essentiel est ensuite consacré au voyage maritime de Guts et ses amis. On retombe avec eux dans la routine que l’on connait bien des monstres qui surgissent au crépuscule et viennent les attaquer. La seule différence étant que tout le monde peut les voir désormais et qu’ils semblent plus nombreux. Je ne suis pas très fan ici de ce ressort scénaristique. Je n’y ai rien trouvé de novateur et ça n’apporte rien non plus à l’écriture des personnages ni à la solidification de leurs liens. C’est assez banal pour du Berserk. Seule nouveauté, la rencontre d’un nouveau personnage, potentiellement une sorcière d’un autre genre que Schierke, en tout cas quelqu’un qui est mystérieux et semble avoir des pouvoirs. Pour le reste, Miura joue trop sur un humour que je ne trouve pas à propos ici et qui ne porte pas comme d’habitude.

J’ai donc trouvé ce tome moins riche que d’habitude. Une transition un peu fade à mon goût, sans nouveauté et sans profondeur. C’est indéniablement bien fait, bien dessiné et bien mis en scène, mais il manque quelque chose.

Tome 36

Je trouvais bizarre aussi que le dernier tome soit plus faible et que Miura se contente de nous montrer Guts trancher de la poiscaille ! On découvre ici qu’il prépare notre groupe à entrer dans la légende grâce à des aventures dignes des héros de la mythologie.

En effet, j’ai eu l’impression de revivre les aventures d’Ulysse dans ce tome. En atterrissant sur cette île, Guts & Co. doivent batailler contre les démons-poissons de celle-ci, des créatures dignes des pire cauchemars inspirés par Lovecraft. Guts enfile donc son armure pour devenir de plus en plus ce mélange de Dark Knight version Batman et de héros mythologique version Ulysse ou Hercule au choix, tant il a l’air d’accomplir les 12 travaux de celui-ci. Heureusement avec sa fine équipe, il forme maintenant un groupe de choc où chacun sait utiliser ses particularités ce qui facile grandement le combat. Ce dernier s’annonce titanesque car c’est un vrai Dieu des mers qu’ils doivent affronter. Guts doit donc compter sur les siens pour protéger ses arrières et sa base, pendant que lui-même continue sa lutte contre son armure qui tente de se défaire de ses chaines. C’est une lutte au sommet de tous les côtés.

Les scènes de combats sont ainsi très puissantes. Ça foisonne de partout du côté des créatures, avec des tentacules et autres orifices qui envahissent les pages et tentent d’en sortir. Ça explose aussi de partout avec une fantasy gunpowder et maritime de plus en plus présente qui me plait beaucoup. Miura explore un peu plus tous ce que sont magistral coup de crayon lui permet. Il orchestre encore une fois cela de mains de maitre avec une variété des scènes, des angles de vue, des pouvoirs parfaite.

Le mangaka n’oublie pas non, cette fois, d’enrichir la mythologie de la série. On retrouve l’étrange petit garçon d’il y a quelques tomes, qui interagit encore bien mystérieusement avec Guts et son armure. Je suis toujours fan du personnage et de ce qu’il pourra peut-être apporter. Mais surtout, c’est l’ajout d’Isma à la troupe qui me séduit le plus ici, celle-ci a su combler mes attentes sur elle. Enfin, il y a la très belle évolution de Farnèse qui trouve définitivement sa place et devient le Bouclier du groupe en exploitant pour la première fois ses nouveaux pouvoirs de manière impeccable. Quel chouette groupe s’est contitué Guts !

Alors que je boudais un peu après le tome précédent en me disant que finalement je n’aimais pas trop cette aventure maritime, j’ai pris un virage à 180° ici. Miura parvient encore à me surprendre à près de 40 tomes. Il exploite de plus en plus de références culturelles de tout horizon pour créer une histoire dense et dramatique qui parle à tous. J’adore !

Tome 37

Après tout ce qui est arrivé à ses personnages, Miura nous laisse un peu souffler dans ce tome. Nous entrons dans une phase de transition plus ou moins bien négociée avant d’arriver à un moment charnière, je le sens. Cependant, je suis moyennement convaincue ici par rapport à ce à quoi il nous a habitués.

La première partie où nous assistons au combat de Guts contre le Dieu marin est un modèle du genre. On voit encore une fois notre héros repousser ses limites jusqu’à un point inimaginable. Il y a même presque un retour catarctique sur sa propre naissance quand on le voit sortir / renaître des entrailles de ce Dieu. C’est très puissant et terrifiant à la fois car Guts n’a vraiment aucune limite et même quand tout son corps et tous ses sens le lâche il n’abandonne pas, la vie ne semble pas le retenir. Reste le mystérieux petit garçon, toujours là pour le raccrocher à la vie au tout dernier moment et ainsi le sauver. J’espère que les pistes évoquées à son sujet sont fausses car j’aimerais que ce soit tout autre chose de bien plus symbolique.

Pour parler d’autre chose que de Guts, j’ai trouvé que ce combat et le sauvetage qui en découle montraient une très belle alliance avec les merrow, nouvelles créatures prometteuses de l’univers de Berserk. Je suis également de plus en plus époustouflée par l’évolution de Farnèse, de plus en plus belle dans exercice de ses pouvoirs. Mais comme avec Guts, je ne peux m’empêcher de ressentir cette tristesse ambiante avec elle aussi. Cependant, le voyage reprend son cours et tout le monde a vraiment changé.

Miura, nous glisse alors un épisode un peu incongru, qui n’a sa place ici que part la signification du lieu où nos héros se rendent. En effet, on revient sur un épisode du passé de Guts, sa première rencontre avec un elfe. Ce n’est pas passionnant. C’est même assez convenu. L’auteur y joue sur le coeur tendre de son héros caché derrière toute cette rudesse. Je me suis un peu ennuyée ici malgré les beaux moments entre Guts et l’elfe.

Enfin, je ne l’attendais pas non plus, mais nous terminons le tome en retrouvant Rickert et Erika qui se font attaquer pendant leur voyage et sont sauvés par les nouvelles troupes du Faucon. Ce sont de drôles de retrouvailles ici aussi. Mais l’attaque permet de voir Rickert à l’oeuvre et surtout de le voir commencer à s’interroger sur Griffith qui n’est plus le même et qui en même temps est peut-être enfin totalement lui-même. Cela va sûrement beaucoup apporter à la série. Mais surtout, Miura réalise mon rêve en nous ramenant à Falconia, cette espèce d’arche de Noé mythique qu’il me tarde de découvrir !

Ce fut donc une lecture un peu plus faible que ce à quoi le mangaka m’avait habituée. Il replace ces pions avant une nouvelle donne, alors forcément c’est moins puissant, mais ça n’en reste pas moins très intéressant à suivre quand on voit les portes qui sont ouvertes.

Tome 38

Encore tome de transition tandis que Guts and Co. sont en mer. On se concentre donc plus sur le côté Griffith et Falconia de l’intrigue avec ses retrouvailles avec Rickert et j’en suis ravie. Comme la dernière fois le rythme est plus tranquille au début mais ça monte progressivement pour un final en apothéose avec ces deux personnages. C’est une belle aventure pour amener au nouveau voyage de Rickert et aux nouveaux compagnons qu’il va se faire.

Je le rêvais, je l’ai eu. Miura nous fait découvrir la ville de Falconia et c’est magique. Cette capitale d’un empire à la romaine est une merveille, cependant on sent bien qu’un tel miracle n’est pas humainement possible. On a en face visible des constructions, des inventions, un hygiénisme, une cosmopolitisme et une paix intérieure d’un autre temps. Tout y est fait pour nous la présenter comme la cité modèle où règne un souverain modèle au-dessus du commun des mortels. La mise en scène est parfaite. Trop pour Rickert qui sent bien l’arnaque. Et la face cachée lui est vite présentée par un proche de Griffith, Locus. Falconia représente la concrétisation du rêve d’absolutisme de Griffith, la lumière qui cache les ténèbres et la découverte d’un endroit caché où se cachent les démons achèvera cette brève utopie aux yeux de Rickert. Avec lui, on découvre clairement ce qu’il se passe quand une bulle de rêve éclate.

Cependant j’ai toujours des questions sur les motivations de Griffith. Pourquoi fait-il tout ça ? Que peut-il faire ou vouloir d’autre maintenant ? Parce que finalement ça n’a pas l’air si mauvais que ça. Il, aide les humains et organise les monstres, les contient. Même dans les ténèbres il semble faire quelque chose de positif, de bien. Du coup, j’ai trouvé très fort de la part de Rickert de résister et de refuser ce paradis offert sur un plateau. Il ne peut pas oublier ce qui a été fait. Il ne veut se faire avoir par cette illusion et rejoindre le nouveau Griffith. Il décide donc de s’en aller. Chapeau ! Comme quoi il ne suffit pas d’être un combattant dans cette série pour avoir du cran. C’est superbe !

Son départ est cependant compliqué. Un apôtre s’oppose à lui dans les règles de l’art. Miura en profite ainsi pour trouver des alliés surprenant au petit jeune des Faucon. Le destin fait bien les choses. J’aime la composition surprenante de ce groupe et le lieu mystérieux où ils se rendent. On voit se reconstituer à nouveau une nouvelle famille, un nouveau groupe d’amis (?) en tout cas d’alliés et c’est très prometteur pour la suite.

Puis le mangaka clôt ce chapitre en retournant vers le groupe Guts qui est enfin arrivé à destination. En bonne saga de fantasy, les premières épreuves sont déjà là à peine le pied posé à terre. Qu’est-ce que cela nous réserve ? Affaire à suivre !

Ce tome offre donc une transition de grande qualité. Griffith fut une bonne coupure au voyage de sa nemesis. Miura est toujours un aussi grand conteur. Il nous balade comme il balade notre morale. Je n’arrive pas à me faire un avis tranché sur les intentions et le groupe réuni autour de Griffith. C’est malheureux mais j’ai envie de croire qu’ils vont finir par faire le bien pour de vrai ><

Tome 39

Quel, tome, quel tome ! A l’image de sa couverture, nous nous enfonçons dans les méandres de nouveaux lieux mystérieux avec nos héros dont la quête semble toucher à son terme.

Arrivés à Elf Helm, Guts et ses amis peuvent enfin soufler un peu. Passé un drôle de comité d’accueil, plus là pour le clin d’oeil à Samhein que pour son potentiel meurtrier, on découvre les terres natales de Puck en en prenant plein les mirettes. Le ton est volontairement léger, on sent que l’auteur tente de nous préparer pour une suite qui ne sera pas tendre. Mais profitons-en. La terre des elfes est un vrai enchantement visuel. On croise tout un tas de créatures  féériques, elfes, gnomes, licornes, esprits, arbres enchantés, etc. Miura s’amuse avec les codes classiques du genre et ça se sent. C’est frais et enchanteur, on a envie d’aller s’y balader aussi. Le village des sorcières est l’un des lieux qui me plait le plus graphiquement dans la saga, ça ressemble à tout plein de maisons de Flora qui seraient rassemblées dans le même lieu. La nature est partout, elle virevolte autour de nous et nous entoure chaleureusement, soignant les corps et les âmes.

Mais nos amis ont beau être dans cet environnement enchanteur, Guts ne peut oublier pourquoi il est là. Il a tant attendu. Il est donc très impatient et est récompensé quand le Roi des elfes (dont l’identité est très facilement devinable ^^) dit qu’il peut faire quelque chose pour Casca. Mais derrière ces sourires ont sent bien que c’est à double tranchant. Comme ne cesse de lui répéter son souvenir, peut-être que Casca ne veut pas la même chose que lui et peut-être souffrira-t-il encore plus de la réponse qui lui sera apporté ici. C’est très dur de voir Guts ainsi après tout ce qu’il a fait pour elle. Du coup, je trouve vraiment réconfortant de le voir réussir à s’appuyer sur ses compagnons comme il le fait. Il le dit lui-même, il a beaucoup changé et tant mieux sinon il n’aurait pas survécu à l’épreuve.

Place maintenant à nos jeunes sorcières, les seules à même de suivre et de seconder Casca dans son périple. Celui-ci est très métaphysique et vise à la reconstruction de son moi perdu lors de son traumatisme. A l’image de Shin’Ichi Sakamoto dans Innocent, Kentaro Miura présente Casca comme une poupée brisée dont il faudra retrouver et recoller les morceaux. Afin de mener à bien cette quête, l’aventure se passe dans l’esprit et les rêves de Casca, l’occasion pour nous de revivre tant et tant de souvenirs passés de la belle époque et de ressentir à nouveau toutes les émotions qui nous secouaient alors. C’est superbe et le parallèle entre Farnèse et l’ancienne Casca qui toutes deux suivent ou ont suivi leur messi pour tenter de trouver leur voix est magnifiquement pensée au vu de la relation qu’elles entretiennent.

Pour l’instant, nous n’avons fait que commencer à emprunter cette nouvelle route vers peut-être le miracle attendu par Guts. Quel bonheur de pouvoir enchainer sur le tome suivant et quelle frustration ce sera ensuite. J’ai hâte et je tremble à la fois car je sens que nous arrivons à la partie la plus difficile et que la chute risque d’être rude. Espérons que quelqu’un l’amortisse pour Guts !

Avec une narration maîtrisée de bout en bout et une véritable maestria graphique, Miura nous emmène encore plus loin dans son univers, vers peut-être un nouveau sommet.

Tome 40

Frus-tra-tion ! Voilà mon sentiment en refermant ce tome. De 1/ parce que je ne sais pas quand on aura la suite. De 2/ parce que l’auteur joue clairement avec nos nerfs et ce n’est pas sympa vu sa parution sporadique. Mais bon sang que c’est bon !

Le voyage mystique en vu de guérir Casca est tragique et magique à la fois. C’est une aventure avant tout féminine et je trouve que c’est important de le souligner. Rarement un auteur homme de seinen manga aura traité les femmes avec autant de finesse. Il évoque ici le trauma de Casca et son acceptation avec l’aide de ses amies d’une façon très poignante et sans faux pas. C’est vraiment puissant.

Il y a tout un travail sur la symbolique, qui part des souvenirs plus ou moins heureux de Casca, tous habités par Guts, jusqu’au fragment final, qui sera peut-être une surprise pour certain mais qui ne l’était pas pour moi. Je me suis toujours dit que c’était peut-être ça plutôt qui serait son but, sa motivation finale et non Guts. En tout cas, on traverse un vrai calvaire pour l’atteindre, peuplé de sombres créatures rencontrées ou pas, avec des formes plus ou moins phalique rappelant le viol de Casca. Le boss final est bien sûr un Faucon, que Guts le chien affrontera en donnant tout. Nos petites sorcières ne sont pas en reste. Elles luttent elles aussi avec tout ce qu’elles ont et encore une fois Farnèse se transcende pour aider son amie. Casca a vraiment transformé Farnèse. Pour Schierke, c’est le moment de dire au revoir et de s’émanciper. C’est très beau également. Je suis ressortie de cette étape la boule à la gorge tant j’étais émue.

Voilà donc Casca revenue. Mais quelle Casca est sous nos yeux ? Je vous laisse le découvrir. J’avoue que je suis partagée et je pense que le nouveau graphisme de Miura n’y est pas pour rien. Je n’aime pas cette extrême rondeur et ce côté lisse bien trop présent. Ça rajeunit les personnages et leur enlève de leurs aspérités. Je trouvais déjà ça moyen dans les tomes précédens avec Griffith qui semblait avoir perdu 10 ans… Mais ici, c’est encore pire. Je ne reconnais pas Casca ainsi et je n’aime pas.

Maintenant, monsieur Miura pourquoi couper ce pan de l’histoire à un moment pareil ?! Je vous déteste pour cela ! Oui, c’est dramatique à souhait et ça laisse le lecteur sur les fesses. L’effet voulu est réussi. Mais comment vivre avec une telle frustration maintenant ?!

Vous l’aurez compris, le mangaka nous coupe en plein élan dans les aventures de Casca et il va falloir attendre un moment avant d’en savoir le dénouement. A la place, on retourne avec Griffith et son armée, pour le voir mener une bataille sans grande conséquence. Le plus important étant ce qui se produit après car pendant je ne le trouve vraiment pas impressionnant. Sa façon de combattre est bien fade quand on est habitué à tout l’art sanglant brut de Guts. Ici le chef des Faucons peine à convaincre avec son aiguille… Mais revenons à nos moutons, dans un élan druidique imprévisible, voici Griffith qui découvre avec Sonia une nouvelle façon de voyager. La mythologie autour de son personnage, sa cité et son arbre monde s’enrichit encore et me fascine de plus en plus, surtout quand on fait le lien avec le mystérieux enfant visitant Casca et Guts de temps en temps. Le mystère s’épaissit.

Ce fut non pas un tome d’anthologie comme je m’y attendais mais tout de même un tome terriblement éprouvant. La quête de Casca arrive à son terme pour un résultat encore inconnu. Le voyage entrepris par les 3 jeunes femmes fut superbe, puissant et plein de symbolique. Reste à découvrir le résultat pour Guts. Griffith lui nous embarque sur de nouvelles voies. A voir si tout cela n’implosera pas quand leurs chemins finiront par se croiser !

Tome 41 – Collector (Dernier tome de Miura)

C’est avec un sentiment très particulier que j’ai lu ce tome. En sachant que c’était le dernier composé par Miura avant sa mort l’an passé, on ne peut pas le lire comme les autres. Tout prend une autre signification, une autre dimension, et nous sommes nous-mêmes empreint d’une autre attitude. L’émotion nous prend à la gorge.

Du point de vue de l’oeuvre, incidemment, nous sommes arrivés à un moment charnière. Depuis près de 30 tomes, nous attendions ce moment, celui où Casca retrouverait ses esprits. Il est là et nous sommes dans le moment d’après, mais celui-ci ne se déroule pas comme le happy end que certains pouvaient attendre. Sous ce décor pourtant plein de charme et de douceur qu’est la forêt des elfes, tout est long, dur, douloureux pour le duo phare de l’histoire.

C’est donc avec le coeur lourd mais plein d’espoir que j’ai suivi ce réveil à la vie de Casca, ces moments où elle tente de se réapproprier son corps et son identité. C’est déjà très important de la voir redevenir la guerrière qu’elle était même si ce n’est qu’avec des cheveux coupés courts et une tenue de chasseresse. La voir à nouveau manier l’épée m’a ravagé le coeur. La voir passer de l’enfant à s’occuper à la grande soeur qui donne des conseils m’a réchauffé le coeur.

Mais je n’ai pu m’empêcher de ressentir de la tristesse, celle de voir Guts tenu à l’écart. Les cauchemars de Casca, qu’il porte en lui, ne peuvent s’effacer aussi facilement et même si c’est douloureux, j’ai aimé que l’auteur ne fasse pas l’impasse dessus. La reconstruction est quelque chose de difficile pour les femmes victimes de violence et oui parfois, elles en veulent inconsciemment à des personnes qui n’y sont pour rien. Ici, c’est très métaphorique mais c’est un peu le sentiment que j’ai eu face à ce rejet que fait Casca à chaque fois qu’elle le voit et c’était terrible. Mais leur histoire avance et rien que ça, c’est un pur bonheur !

Alors qu’on rongeait notre frein depuis des années et des années, voire des décennies, les réponses aux mystères de la série commencent également à pleuvoir dans ce tome. L’identité du Chevalier Squelette est en partie révélée, sans surprise. On avait eu pas mal d’indices mais quelle superbe destinée tragique ! Et surtout, réapparait le petit garçon mystérieux du clair de lune, et là, la révélation est bien plus importante et soulève tellement de questions, de théories. J’adore ! Cet univers féérique si noir et complexe porte une belle densité et tellement de ramifications psychologiques qu’il serait intéressantes d’explorer.

Dans ce tome ultra riche, Miura développe aussi la dimension politique de son récit avec des pages très intéressante sur le projet d’Utopie de Griffith et Charlotte. L’auteur en vient presque à nous faire oublier l’horrible personnage qu’est Griffith avec ces aspirations censées sur la gouvernance du peuple et le développement harmonieux d’une nation incluant tout le monde. C’est saisissant !

Enfin, notre trio magique n’est pas le seul à avancer et il est émouvant de voir Farnèse prendre enfin sa robe de sorcière pour se mélanger à celles présentent sur l’île et apprendre à leurs côtés. Cela a certes un petit côté décalé avec ce qu’il s’est passé avant et ce qu’il se passe de tellement sombre à côté, mais c’est émouvant. Elle a eu un tel cheminement depuis le début et une telle évolution personnelle. Il est à regretter, en comparaison, que nos garçons servent plus de ressort comique dans ce tome, à l’image de Puck et Isidro, même si cela fait du bien de relacher la pression grâce à eux.

Ce moment s’offre vraiment comme une parenthèse hors du temps, une parenthèse offrant un moment de répit aux héros, pour guérir, réapprendre à se connaître, se découvrir et avancer. Ce lieu, vrai symbole de féérie, cache une nature multiple qui convient à merveille à l’histoire. Nous, lecteurs, nous sommes spectateurs émus face à cela. Nous prenons comme un cadeau ces ultimes moments imaginés par l’auteur pour faire se retrouver et avancer ses personnages. C’est donc plein d’émotion que l’on quitte les Guts, Casca, Griffith et tous les autres personnages de Miura par Miura, le tout sur une nouvelle révélation fracassante qui nous laisse sans voix. Au revoir, Monsieur.

Les éditions Glénat, elles, nous ont offert un très bel écrin pour cet ultime volume de l’auteur, un grand format pour admirer la beauté et la richesse de ses planches, une reliure dure et un papier épais pour le conserver le plus longtemps possible et des pages de garde et en couleur fort symbolique pour marquer nos esprits avec le fac similé de la couverture en sus sur papier canson indenpéndant. Merci.

PS: La série se poursuit désormais grâce aux artistes qui travaillaient avec l’auteur, le Studio Gaga sous la direction de Koji Mori, mangaka et ami très proche de Miura. 

37 commentaires sur “Berserk de Kentaro Miura

Laisser un commentaire