Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Contes imaginaires de Tomoko Hako

Titre : Contes imaginaires

Auteur : Tomoko Hako

Éditeur vf : Nobi Nobi

Années de parution vf : 2019-2020

Nombre de tomes vf : 3 (série terminée)

Résumé du tome 1 : Il était une fois un monde rempli de royaumes où la magie faisait loi. Dans le Grand Nord, deux chats trouvent un miroir qui a le pouvoir de leur montrer les êtres qu’ils chérissent le plus. Mais le miroir est cassé… Les chats vont devoir arpenter différents royaumes afin de retrouver les cinq éclats manquants du miroir, logés dans des cœurs meurtris. Leur quête les mènera chez Poucette, la Petite Sirène, le Roi Nu, la petite fille aux allumettes, pour se terminer chez la légendaire Reine des Neiges.
Un recueil de contes magique !

Mon avis :

Tome 1 : La reine des neiges et les cinq éclats

J’aurai mis du temps à découvrir ce titre, ayant un peu peur de ne pas aimer parce que je ne suis pas un fan de la collection des classiques mis en manga de l’éditeur (Nobi-Nobi). Sauf qu’ici, on est sur un travail complètement différent et qui m’a vraiment parlé.

Tomoko Hako est une jeune autrice que l’on découvre pour la première fois chez nous. Elle propose dans cette courte série en 3 tomes de revisiter les contes classiques de notre enfance. Pour cela, elle se pare du coup de crayon des gravures de l’époque et reprend les éléments clés de l’histoire pour mieux les tordre et nous proposer des histoires on ne peut plus émouvantes. Je suis fan !

Dans ce premier tome, nous suivons en parallèle le fil conducteur du chat-narrateur et 5 contes d’Andersen : Poucette, La Petite sirène, Les habits neufs de l’Empereur (=Le roi nu), La petite fille aux allumettes et La reine des neiges. Et l’on découvre au fil de nos lectures que chacune de ces histoires s’inclut dans un même univers avec des personnages qui se connaissent et ont un lieu, ce qui est une vraie plus-value. Parce que ces histoires, on les connait tous, alors si on m’avait proposé uniquement la version originale, je pense que j’aurais été frustrée. Ici comme l’autrice les revisite, il y a vraiment un élément de surprise et en plus comme elle crée son propre univers, elle donne sa touche.

En effet, chaque histoire s’appuie sur celle de base que l’on connait, mais l’autrice en dévie petit à petit. Elle peint ainsi des contes terriblement touchantsla romance à une place non négligeable et où les sentiments sont travaillés et très bien mis en avant. Elle leur confère même une petite touche à l’ancienne qui va très bien avec l’ambiance des contes. Il s’en dégage des émotions d’une finesse et d’une complexité rare. On en vient à très bien comprendre le malaise d’une fillette qui veut se montrer forte après la mort de ses parents, la gêne de quelqu’un qui ne veut pas trop s’appuyer sur les autres quand ça ne va pas, la tendresse d’une autre qui cherche à aider quelqu’un qu’elle aime à aller mieux, la délicatesse de l’un qui cherche à donner le sourire à tout le monde ou encore la ténacité de celui qui fera tout pour sauver l’être aimé. C’est très beau !

Les dessins ne gâchent rien. Ils rehaussent encore le petit côté suranné de ces histoires grâce à un trait très fin proche de la gravure où se mélangent style européen et manga pour un résultat doux et saisissant d’une grande beauté. Il suffit de regarder la couverture dans son ensemble pour comprendre qu’on va être séduit au fil des pages du livre. D’ailleurs Nobi Nobi a mis les petits plats dans les grands pour cela entre sa couverture en papier canson et sa page couleur d’ouverture. C’est vraiment très très beau. 

Pour conclure, je suis complètement tombée sous le charme de ce recueil de contes magique où l’autrice revisite astucieusement les contes de notre enfance en y insufflant son univers doux, poétique et romantique. Ce n’est pas juste une juxtaposition de contes mais la création d’une vaste histoire terriblement touchante avec des personnages très humains et des situations qui parlent à tous, le tout avec des dessins somptueux. Je serai au rendez-vous pour la suite !

Tome 2 : Raiponce et les cinq princes

La jeune autrice Tomoko Hako déroule son concept dans ce deuxième tome reprenant les histoires de notre enfance. Elle continue à savamment revisiter ces contes traditionnels en y ajoutant sa touche très particulière, qui me touche en plein coeur, pour mêler toutes ces histoires dans un vaste univers.

Cette fois, ce qui réunit ces contes, ce sont les malédictions lancées par une sombre sorcière : la sorcière noire. Ainsi se dessine à nouveau un fil qui va relier chaque histoire à l’autre, puisque les victimes de ses maléfices sont tous systématiquement des Princes, qui en plus se connaissent pour certains. Ça permet de tisser un bien bel mais tragique univers.

Quels sont les contes revisités cette fois : Le prince grenouille, La belle au bois dormant, Blanche-Neige, Peau d’âne, La belle et la bête et Raiponce pour ceux que j’ai reconnus. L’autrice d’ailleurs s’amuse parfois à en mixer plusieurs dans la même histoire ce qui assez amusant. Pour autant, comme la dernière fois, elle en garde les marqueurs principaux, notamment le côté sombre mais elle en fait quelque chose de plus subtile et de très touchant. Nous suivons par exemple une princesse qu’on veut marier malgré elle, un Prince mal dans sa peau et pleurnichard, un autre qui n’arrive pas à se faire aimer des autres et se sent rejeté, une princesse que son père poursuit de ses assiduités ou encore un prince punit pour avoir été trop arrogant. C’est bien souvent les Princes qui sont mis en avant ici mais les Princesses sont aussi de beaux personnages les aidant à guérir de leurs maux. J’aime beaucoup l’ensemble des couples formés.

Cependant, j’ai trouvé un petit défaut cette fois que je n’avais pas vu dans le premier tome, j’ai trouvé les histoires trop rapidement racontées parfois. J’aurais bien aimé qu’il y ait moins de contes mais qu’on prenne plus le temps de développer les relations qui se nouaient.

Pour le reste, c’était parfait, que ce soit l’astuce trouvé pour les lier tous, l’histoire derrière la Sorcière Noire et surtout les dessins, qui sont d’une très belles finesses et ont beaucoup de profondeur avec leur petit côté « contes à l’ancienne » grâce à leur aspect de gravure. Je suis fan. Cette anthologie de revisite des Contes de fées européens me séduit décidément à chaque tome. Quelle bonne idée Nobi Nobi a eu de la sortir !

Tome 3 : Le Chaperon rouge et les cinq sorts

Pas de changement pour ce dernier tome, l’autrice réutilise ce qui a fait le succès des deux précédents à savoir utiliser des contes connus tout en les liant entre eux avec une trame de fond. C’est simple mais très efficace.

Dans ce dernier tome, l’émotion est à nouveau au rendez-vous. On recroise des personnages des histoires précédentes, mais ce n’est pas forcément facile de se rappeler d’où ils viennent parce que le design des personnages est assez proche d’une histoire à l’autre. Cependant la mangaka fait en sorte de boucler la boucle et de nous offrir une belle morale pour la conclusion de sa saga. Une conclusion toute en émotion qui montre que les personnages ont compris que les efforts doivent venir d’eux.

Pour cela, elle profite des histoires du Petit Chaperon rouge, des Six frères cygnes, des Musiciens de Brême, de Cendrillon, de la Sorcière Blanche et d’Hansel & Gretel. Je dois dire que certaines m’ont beaucoup plu mais que ce ne fut pas le cas de toutes cette fois. J’ai apprécié la belle amitié qui s’était nouée entre le loup et le chaperon rouge. J’ai été amusée par la relation naissante entre le prince aux oreilles d’âne et la jeune fille aux oreilles de chat. J’ai été attendrie par cette petite fille qui voulait monopoliser sa nouvelle grande soeur quitte à faire des bêtises. Et j’ai trouvé mignon la naissance fortuite de sentiments entre une princesse capricieuse et son amoureux transi changé en bête.

Cependant, cette fois j’ai trouvé certaines fins un peu abruptes et surtout je n’ai pas aimé la transformation de certaines histoires que j’ai eu du mal à reconnaitre ensuite. Le mélange a un peu moins pris par endroit mais là où ça a fonctionné ce fut encore une fois un régal ! J’ai aimé retrouvé la Sorcière noire devenue Sorcière blanche en filigrane. C’était de retomber sur son passé et de découvrir son futur avec sa famille. Ça a conféré une ambiance vraiment chaleureuse au titre, aidé en plus par les dessins de Tomoko Hako que j’aime énormément. La rondeur larmoyante de ses regards et la finesse des costumes, décors et chevelures m’ont vraiment conquise. Ils me rappellent le trait de Miyuki Yamaguchi que j’affectionne particulièrement.

Cette saga revisitant les contes de notre patrimoine fut donc une réussite de bout en bout pour moi. Dans un format court et pourtant pas du tout frustrant, l’autrice a su jouer de ceux-ci pour raconter son histoire. Tordant certaines histoires, en rapprochant ou en mêlant d’autres les unes avec les autres, pour peindre un vaste tableau plein de beaux sentiments et de belles valeurs où la morale : « La magie est une question de sentiments. N’ayez pas peur de croire en vos rêves » n’aura jamais été aussi vraie !

(Merci à Sanctuary pour ces lectures)

Ma note : 17 / 20

15 commentaires sur “Contes imaginaires de Tomoko Hako

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