Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Le chat aux sept vies de Gin Shirakawa

Titre : Le chat aux sept vies

Auteur : Gin Shirakawa

Editeur vf : Glénat (seinen)

Année de parution vf : 2019-2020

Nombre de tomes vf : 3 (série terminée)

Histoire : La vraie vie des chats Nanao et Machi sont deux chats qui vivent dans la rue. Ils se remplissent le ventre grâce aux « tables » que leur servent les humains, et vivent au quotidien au contact de la mort. À leurs yeux, les humains n’existent que pour les nourrir. Sauf qu’un beau jour, ils font la rencontre de Yoshino Narita, une jeune femme membre de cette espèce qu’ils exècrent tant. Pour elle comme pour eux, la première impression est catastrophique. Mais à terme, cette rencontre changera radicalement leurs vies à tous les trois… L’indépendance vaut-elle qu’on y sacrifie la moitié de son espérance de vie ? Ce récit en trois volumes suivra avec un regard tendre mais objectif les destins croisés de chats et d’humains et la réalité qu’ils vivent au jour le jour. Loin des caricatures des mascottes félines, tous les personnages sont décrits ici avec minutie grâce aux traits sensibles de Gin Shirakawa. Un récit universel pour mieux connaitre nos compagnons.

Mon avis :

Tome 1

Je n’avais absolument pas prévu de prendre ce titre, pensant que c’était un énième manga de la vague spéciale amoureux des chats, mais devant la beauté de la couverture et des illustrations à l’intérieur, je n’ai pu que craquer et j’ai bien fait !

Sous ses airs de titres sur les chats, nous nous retrouvons en fait avec un très beau drame sur l’abandon, le deuil et la vie dans la rue.  Gin Shirakawa nous propose ici un josei en 3 tomes terminé au Japon, où l’on suit le quotidien d’une bande de chats de gouttière et plus particulièrement de Nanao, le seul à avoir un collier après avoir été abandonné par son maitre.

Les débuts cette lecture furent un peu poussifs, je l’avoue. L’autrice ouvre son récit sur une note dramatique avant de remonter dans le passé de Nanao, quand il était encore un jeune chat cherchant un coin chaud et un bon petit plat avec le beau Machi aux yeux bleus. Leurs aventures de chats de gouttière sont simples et ordinaires. Ils veulent remplir leur ventre et ne pas mourir de froid. Ils pourchassent les oiseaux, essaient d’échapper aux humains voulant les photographier et se transforment en chatons adorables pour essayer de se faire nourrir. Un petit train train tranquille jusqu’au jour où ils découvrent qu’il y a de moins en moins de gens volontaires pour les nourrir et que l’hiver pointe le bout de son nez. L’autrice nous offre alors une très belle critique sociétale sur ces pauvres animaux qui vivent dans la rue et que bien des gens refusent d’aider voire même pire. Ils font vraiment pitié même s’ils sont tout sauf défaitistes et font tout pour s’en sortir.

Mais l’histoire prend vraiment son envol quand l’autrice marie histoire de chats et histoire humaine. Entendre les voix des deux est une très bonne idée, tout comme les voir interagir mais mener aussi leur vie chacun de leur côté. Au début, je trouvais le duo du frère et de la soeur, qui va leur venir en aide, un peu léger, mais à partir de la moitié, ils prennent une direction surprenante et inattendue qui change tout et apporte énormément d’émotion. J’ai fini le tome avec la boule au ventre et les larmes aux yeux tellement c’était touchant, aussi bien de leur côté que de celui de Nanao. Une belle surprise ! L’autrice a vraiment bien pensé son histoire.

Les dessins sont au passage vraiment très beaux, poétiques et mélancoliques. Le titre est un josei et cela s’en ressent dans la sensibilité qu’il y a dans le trait, ainsi que dans son apparente simplicité qui cache une belle complexité de composition. Il y a notamment une attention toute particulière portée aux regards de l’ensemble des personnages qui m’a fait m’arrêter plus d’une fois sur les pages.

Le chat aux sept vies fut un donc un titre un peu long à démarrer mais dont on sent le potentiel dès les premières pages. Une fois qu’on découvre vraiment ce que veut nous raconter l’autrice, on ne peut qu’être touché par ce titre qui n’est pas à réserver qu’aux amoureux des chats, mais également aux amateurs de titres sociaux et dramatiques. C’est beau et bien raconté et ça ne fait que 3 tomes. Qu’attendez-vous pour vous lancer ? 😉

Tome 2

Après mon quasi coup de coeur avec le tome 1, cette suite a su emporter mes dernières réticences et m’a beaucoup touchée.

Les aventures félines de Nanao et Machi ainsi qu’humaine de Yoshino sont encore très émouvantes dans ce tome. L’autrice creuse le thème de l’abandon avec beaucoup de subtilité et de douceur aussi bien du point de vue des animaux que de notre héroïne. Qu’on soit animal ou humain, on ressent tous l’abandon et il a des conséquences sur chacun. Gin Shirakawa propose ainsi un portrait touchant de ces chats qui ont été abandonné et qui aimerait à nouveau faire confiance mais n’osent pas. Elle met également en scène une jeune veuve qui cherche à avancer mais pour qui c’est tout sauf facile. Et c’est dans cette relation naissante entre humain et chats que chacun va trouver une solution.

J’ai beaucoup aimé le chemin parcouru d’abord par Yoshino. On découvre une femme dévastée, qui ne sait pas trop quoi faire. Elle sait ce dont elle ne veut pas mais pas trop ce qu’elle veut. Elle doit apprendre à apprivoiser à nouveau la vie, tout comme elle le fait avec les chats et les moments qu’elle passe avec eux m’ont souvent fait monter les larmes aux yeux. La mangaka sait montrer et mettre en scène la force des chats à consoler les humains. Yoshino grâce à eux va petit à petit reprendre goût à la vie, accepter son chagrin et avancer. C’est très beau.

Du côté des ces charmants félins, on apprend enfin l’origine de la « haine » de Machi/Blue envers les humains et ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais. Ce dernier gagne ainsi en complexité. Nanao, lui, est un peu plus agaçant. Il est encore très immature et a des réactions parfois imprévisible, mais il va grandir au contact de son ami et comprendre un peu mieux comment il en est arrivé là. Ainsi, tous les deux vont faire un choix de vie difficile vu l’étiquette qu’on leur a collée mais qui sera payant je l’espère.

Le chat aux sept vies propose donc trois parcours de vie qui s’entrecroisent pour le meilleur, mais pas que. Nous avons aussi droit à des réflexions intéressantes sur les chats de gouttière, leur entretien, leur propagation, leur relation à l’homme, etc. Il est en de même concernant le deuil et la façon dont notre entourage peut le vivre à son tour, souvent différemment quand moins directement touché. C’est complexe mais décrypté avec finesse.

Si vous n’étiez pas totalement convaincu, ce deuxième tome devrait y parvenir. Il est touchant, complexe, réfléchi et sonne vraiment juste. Avec peu de choses, l’autrice parvient à créer une très belle histoire profonde et émouvante.

Tome 3

Déjà la fin de cette courte série mais il ne fallait pas tirer plus sur la corde, c’est donc pile poil la bonne longueur pour ce récit de vie âpre mais porteur d’espoir sur les relations chats-hommes/femmes et le deuil.

J’appréhendais un peu cette lecture comme souvent lors de la conclusion d’une série que j’ai beaucoup aimée. J’avais vu passer de courts avis un peu négatifs sur celle-ci, mais très honnêtement je ne vois pas pourquoi. Si on a aimé les premiers tomes, on ne peut qu’aimer cette fin, même si bien sûr il y a quelques bémols dont je vous parlerai.

Yoshino est désormais heureuse avec Nanao et Blue dont elle s’occupe de plus en plus. Elle a retrouvé un équilibre grâce à eux et a commencé à guérir de sa perte. Mais c’était sans compter sur les affaires des chats de gouttière. Ceux-ci voient d’un très mauvais oeil le rapprochement entre l’héritier de leur chef et une humaine. Pour eux, un chat de gouttière doit rester indépendant et ne pas s’accoquiner avec les humains. Un drame va alors se jouer.

Si j’ai beaucoup aimé suivre l’évolution de Yoshino dans ce tome, la voir prendre soin et s’attacher à Nanao et Blue, lutter pour eux et surmonter son trauma, je suis plus mitigée en ce qui concerne nos amis les bêtes. J’ai d’abord été déçue par l’évolution graphique de nos félins, comme si un chat adulte c’était forcément un gros chat… Je dis non ! Ensuite, leurs mésaventures ont trop versé dans le mélo pour moi cette fois. Je n’ai pas trouvé logique le choix fait par Blue au début, ça contredit son évolution. Et c’était un brin too much également concernant Nanao sur la fin. Heureusement l’autrice a su se ressaisir à un moment.

Par contre, tout ce qui tourne autour du traitement des chats dans les villes japonaises et intéressant et très bien traité. L’autrice a parfaitement intégré à son récit la dénonciation faite de la maltraitance de ces bêtes. Elle raconte le drame de leur vie au jour le jour pour trouver à manger, la peur de se faire attaquer, l’horreur de ces bandes qui s’amusent à les capturer illégalement pour leur faire les pires horreurs juste parce que les habitants du quartier en ont marre et leur demande. Ils devraient avoir honte. L’autrice propose une alternative bien plus humaine et pérenne : la stérilisation via des associations et l’adoption. C’est un beau message d’espoir à promouvoir.

Cette courte série m’aura touchée de bout en bout. Si je regrette la dramatisation un peu trop importante de ce dernier tome, je retiendrai la belle évolution de l’héroïne et le joli trio qu’elle va former avec Blue et Nanao, une belle famille inattendue mais qui s’aime. C’est une belle histoire d’amour humain-félin.

Ma note : 15 / 20

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© Gin Shirakawa 2018 / © 2020, Éditions Glénat

26 commentaires sur “Le chat aux sept vies de Gin Shirakawa

      1. Oh je n’en avais jamais douté.
        Et depuis Le Chien Gardien d’étoiles je suis convaincu que le manga animalier peut offrir de véritables chefs d’oeuvres. A voir une fois cette série finie si je la mets aussi dans cette catégorie.

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      2. Moi un peu, allez soyons honnête, beaucoup avec la vague de titres animaliers qu’on a eu et qui ne me parlaient pas V.V Mais là, je suis de plus en plus réconciliée 😀

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    1. Oui, c’est ce qui m’a attirée.
      Ravie de te donner envie 🙂
      Je ne connais Les chats du Louvre que de nom, je ne l’ai jamais pris à cause du prix… Il faudrait que je vois si je peux le trouver d’occasion. Merci pour la recommandation ^-^

      Aimé par 1 personne

  1. Les thématiques abordées ont l’air fortes en plus d’être importantes et la manière dont l’autrice allie le monde animal avec celui des humaines particulièrement bien amenée… Si on ajoute à cela de beaux dessins, je pense qu’on peut lui pardonner sans peine un démarrage trop poussif.
    Merci pour ton avis sur ce titre qui me tentait déjà beaucoup et que je suis maintenant impatiente de lire 🙂

    Aimé par 2 personnes

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