Titre : Le Magicien Quantique / Le Jardin Quantique
Auteur : Derek Künsken
Éditeur vf : Albin Michel Imaginaire
Année de parution : 2020 / 2022
Nombre de tomes : 2 (en cours)
Histoire : Belisarius Arjona est un homme quantique. Ses pairs ont été créés pour pousser les capacités cognitives de l’humain à un niveau extrême. En fugue quantique, Belisarius est capable de transformer la probabilité en réalité. Toujours sur le fil, de par sa nature-même, il a trouvé un équilibre précaire en tant qu’escroc. Et quand un client lui offre une immense richesse pour déplacer une flotte de vaisseaux de guerre à travers un trou de ver ennemi, Belisarius accepte la mission et se met en quête d’un équipage composé de post-humains comme lui, mais aussi d’une Intelligence Artificielle surpuissante répondant au doux nom de saint Mathieu. Réussiront-ils leur mission, au risque de déclencher une guerre interstellaire ?
Mon avis :
Tome 1 : Le Magicien Quantique
C’est avec cette superbe couverture signée Manchu que Le Magicien Quantique a attiré mon attention. Sauf que qui dit « quantique » dit Hard SF en général et j’appréhendais un peu cet aspect. Alors, je remercie énormément Gilles Dumay d’Albin Michel Imaginaire de m’avoir proposé de tester quand même ce roman et ainsi de mettre fin à mon hésitation.
Le Magicien Quantique est le premier roman de Derek Künsken, un auteur de science-fiction canadien. Il y mélange avec réussite SF militaire, science quantique et arnaque à la Ocean’s Eleven. C’était totalement inédit pour moi. Pour cela, nous apprenons à connaitre Belisarius Arjona, un homme quantique qui a des capacités cognitives poussées à un niveau extrême. Mal dans sa peau à cause de ses particularités, il a trouvé un certain équilibre en tant qu‘escroc. C’est ainsi qu’il se fait remarquer et embaucher pour déplacer une flotte de vaisseaux de guerre à travers un trou de ver ennemi. Pour cela, il recrute une équipe de post-humains comme lui ainsi qu’une I.A. Sauf que ce n’est pas qu’une simple mission militaire et qu’il y a un terrible plan dans le plan qui pourrait les tuer tous.
J’avais quelques appréhensions avant d’entamer ce roman, je vous en ai parlé et dans les premiers temps elles se sont confirmées. En effet, le début du récit est un peu abrupt pour le lecteur, comme moi, peu habitué aux termes de Hard SF. L’auteur place pas mal de concepts scientifiques qui ne sont pas toujours facile à appréhender, à imaginer, ce qui a rendu ma lecture des premières pages un peu compliquée. Mais l’univers étant ce qu’il est, j’ai persévéré et cette difficulté s’est vite évanouie parce qu’au final on tourne rapidement autour des mêmes notions et qu’elles étaient juste présentées en masse au début pour nous introduire dans le concept du roman.
En effet, nous sommes dans un futur lointain de notre humanité. Pour survivre celle-ci a dû évoluer. Elle a créée des hommes quantiques capables de vrais prodiges grâce à leurs capacités cognitives boostées. Mais ce ne sont pas les seuls post-humains que nous croisons. L’auteur profite de son intrigue pour nous présenter tout un panel de possibilités d’évolutions plus ou moins hasardeuses de l’homme avec ses conséquences pas toujours positives voire toujours négatives. Il y a les Fantoches, vrais fanatiques religieux qui ne peuvent vivre loin de leurs divinités et dont on va découvrir l’extrémisme glaçant. Face à eux, les Numens sont des humains modifiés pour justement apparaitre comme des divinités à suivre mais ils ont perdu leur libre arbitre entre temps. Il y a également les Bâtards, peut-être les premiers à avoir été modifiés, qui sont devenus de terrifiants et horribles hommes poissons ne pouvant vivre que dans certains milieux et qui en sont venus à détester leurs propres congénères. Enfin, existent bien sûr les I.A. dont le représentant que nous suivons est complètement fou puisqu’il se prend pour Saint Matthieu… Tout un panel qui fait frémir mais passionne le lecteur curieux.
Tout ce petit monde va être réuni pour mener à bien une vaste arnaque qui pourrait déclencher une guerre interplanétaire voire plus. Et toute l’astuce de l’auteur est de mélanger cette intrigue pleine de promesses d’action avec la mise en place d’un univers post-humains très riches en enseignements. J’ai beaucoup aimé l’équilibre qui s’est dégagé au fil des pages. Au début, on est dans une exposition pure et dure, un peu complexe à suivre à cause des concepts qu’englobent le héros et la flotte qui va l’embaucher. Puis, on le suit dans son recrutement et la mise en place de son plan, ce qui donne des dialogues vraiment savoureux avec la constitution d’une équipe disparate composée de fortes personnalités. Enfin, le plan se met en branle et là, on retient notre souffle jusqu’au final tant ça part dans tous les sens avec une bonne dose d’imprévisibilité nous faisant trembler pour eux. Le final est une excellente surprise même si l’arnaque est un peu surfaite. C’est vraiment bien mené surtout qu’en parallèle l’auteur n’oublie pas de nous parler des différentes catégories de populations, des différentes planètes/clans et détaille un univers assez fascinant sur ce qu’il dit de la terrible évolution de l’humanité, surtout dans le dernier tiers du récit. Je ne m’attendais clairement pas à ça et j’ai aimé être surprise.
Ainsi, en plus d’avoir de la bonne science-fiction militaire avec le montage d’un vrai plan pour faire passer ses vaisseaux menant à une bonne bataille à l’ancienne, on a également une science-fiction plus réflexive qui interroge sur le devenir de l’humanité et les travers qu’il pourrait y avoir dans ce qu’on pense être bien au premier abord. L’auteur interroge sur notre quête d’intelligence toujours plus poussée, sur notre relation à la religion des deux côtés : croyants et objet de leur croyance, mais aussi notre humanité au sens large. Jusqu’où est-on prêt à aller pour s’adapter et avec quels conséquences ? La réponse proposée ici est assez terrible et fait réfléchir.
Du côté des personnages, j’ai trouvé ceux-ci très bien écrit. Le héros a un côté vieux roublard gentil qui m’a beaucoup plu et amusée. Malgré son intellect supérieur, il a ses failles et fragilités, il n’est pas parfait et j’ai apprécié cela. Ce n’est pas un être déconnecté de tout. Il en va de même pour sa compagne qu’il va recruter pour le projet. L’ensemble de l’équipe est également bien défini, que ce soit l’I.A. qui se prend pour un martyr sans l’être (qu’est-ce que j’ai ri), l’homme-poisson à la gouaille vulgaire mais au courage immense, la fana d’explosifs qui en fourre dans les endroits les plus inattendus, le Numens qui ne veut pas en être un et qui a un grand sens du sacrifice et j’en passe. Ce sont tous des personnages marquants qui sont très bien exploités dans l’histoire et ne font pas tapisserie.
Pour un premier roman, je suis vraiment très surprise par la qualité du récit que nous offre Derek Künsken. Certes le texte n’est pas d’un abord facile au début mais il faut persévérer pour vraiment toucher son essence et se laisser prendre par l’univers proposé avec sa gouaille, ses réflexions et son aventure si particulière. Pour ma part, je le trouve très prometteur et je serai curieuse de le retrouver dans une autre aventure.
(Merci à Gilles Dumay et Albin Michel imaginaire pour cette lecture)
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Tome 2 : Le Jardin Quantique
Ayant passé un moment fort divertissant avec le premier tome de cette saga de hard-sf d’un nouveau genre, j’étais plus que partante pour retrouver notre homme quantique, les bâtards qui l’accompagnent ainsi que le double système politique qui s’affronte dans une nouvelle aventure.
En débutant ma lecture, j’avais un peu peur d’être perdue. C’était sans compter le talent de Derek Künsken qui vraiment nous accompagne pas à pas dans le premier quart de son récit pour nous remettre dans le bain, nous rappeler les événements majeurs du tome 1, les différents groupes, personnages et leurs relations. Ainsi petit à petit, on peut reprendre une bonne vitesse de croisière et profiter de cette aventure faite de voyages dans le temps et autre intrication quantique.
Alors je dois être honnête, j’ai très vite laissé de côté plusieurs éléments scientifiques un peu trop complexes pour moi au moment de cette lecture, cependant ne les comprendre que vaguement ne m’a pas empêchée de prendre mon pied. J’ai adoré retrouver Belisarius Arjona dans une nouvelle aventure aux côtés d’Iekanjika, une haut gradée de l’Union. Ensemble, ils vont partir dans le passé, l’un pour trouver le moyen de créer dans le futur un havre de paix pour l’ensemble des hommes quantiques désormais menacés depuis son coup de Bel dans le dernier. Il a en effet un peu trop attiré l’attention de certains sur les capacités de ses homologues et il leur faut désormais tenter de leur échapper. Cependant, Iekanjika n’est peut-être pas seulement là en soutien.
J’ai beaucoup aimé retrouver la vivacité de la plume de l’écrivain qui nous embarque toujours dans des aventures imprévisibles. Chaque pan de l’action réserve sa part de surprise, tout comme chaque personnage et chaque relation nouée. C’est du coup très agréable à lire. J’ai aimé découvrir dans un premier temps un nouveau Bel, plus apaisé aux côtés de sa compagne Caissie. Puis, j’ai aimé retrouver le roublard en lui quand il est parti en mission. Son trio avec l’IA Matthieu et la colonelle (ou capitaine, je ne sais plus ><) Iekanjika est bien trouvé car il y a une belle dynamique entre eux. En parallèle, j’ai aussi aimé assister à l’énergie déployée par Caissie et le bâtard Stills qui vient l’aider à lutter contre l’Épouvantail, cette IA lancée à leurs trousses. Ceci sans parler des magouilles entre Union et Confédération où chacun tente de prendre le dessus sur l’autre. C’était passionnant à suivre.
Mais ce que j’ai vraiment préféré, c’est ce retour dans le passé qui occupe une bonne partie du tome. Bel y rencontre une autre espèce quantique avec qui il aura des interactions essentielle pour son futur lui. Iekanjika se retrouve face à sa femme, Rudo, quand elle était plus jeune et il y aura aussi de lourdes conséquences. Un jeu de dupes s’installe entre tout ce petit monde avec en tête l’idée de ne pas perturber la ligne temporelle qui a conduit à cela, et en même temps, c’est bien parce qu’ils sont venus que… Bref, c’est assez fascinant.
Avec cette aventure spatiale et humaine entre passé, présent et futur, Derek Künsken nous fait à nouveau passer des moments vertigineux. Après un premier tome aux allures de casse, voici un second aux allures de roman d’espionnage. Il renouvelle l’exploit de proposer une hard-sf vive, pleine d’aventure et de rebondissements, bourrée d’humour mais aussi avec des réflexions pertinentes sur la politique, l’indépendance, la transmission, le futur qu’on veut, et il utilise pour cela des tropes de la SF que j’adore comme le voyage dans le temps, le paradoxe du chat de Schrödinger et la dimension quantique. C’est fascinant de voir un écrivain jouer aussi facilement avec de tels concepts pour imaginer une histoire aussi dynamique et entraînante avec en plus un approfondissement de ses personnages qu’il rend plus humains et complexes. J’ai hâte de voir comment il va encore rebondir pour notre proposer, je suis sûre, une histoire totalement différente et pourtant un peu similaire dans le prochain tome.
(Merci à Gilles Dumay et Albin Michel imaginaire pour cette lecture)
>> Lire aussi les avis de : Apophis, L’épaule d’Orion, Les pipelettes, Le nocher des livres, Vous ?
J’ai du mal avec tout ce qui est hard science donc ce ne sera pas pour moi. Dommage, car tu sembles vraiment conquise et agréablement surprise.^^
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Honnêtement, c’est juste le début qui est un peu rude, la suite est bien plus facile à suivre et pourrait te plaire, mais je peux comprendre que ça te rebute ^^! Dommage.
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Hm, juste le début ? Car je ne suis pas trop fan du genre… Alors ça m’effraie ! 😀
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Bon, un bon gros début, plus de 100 pages de mémoire, après on part sur autre chose alors ça va beaucoup mieux, mais si vraiment t’es pas fan du genre j’ai peur que ça te bloque complètement et que tu mettes des plombes à lire ces pages-là xD
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xD Mince, ok. Bon ! On ne va pas tenter le diable, alors !
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Ça a l’air plutôt intéressant comme titre, mais j’ai du mal avec la SF, je me perds souvent dans les descriptions de procédés scientifiques et autres joyeusetés propres à ce genre bien particulier de littérature 😟
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Je peux comprendre, c’est vrai qu’il faut souvent avoir le temps pour lire à tête reposer ce type de livre qui demande une certaine gymnastique ^^!
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J’avoue que le titre me donnait super envie, mais j’ai du mal à comprendre où est quantique là-dedans. Ça semble être un gros roman d’action du coup ça ne me tente plus trop ;/
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Oui effectivement l’aspect « quantique » est assez léger au final, c’est plus un titre d’action et de casse à la Ocean Eleven, mais il y a quand même un background très intéressant sur le post-humain 😉
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Oui voilà du coup ça ne m’attire pas trop malgré les bons avis
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Bonjour, êtes-vous certaine que cette couverture en effet superbe soit signée « Luc Doligez » ?
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Bonjour, merci de poser la question, j’ai été vérifier et j’ai effectivement confondu « conception design graphique de la couverture » qui est bien de Luc Doligez avec l’illustration de la couverture elle-même qui est de Manchu. Je vais corriger ça.
Et sinon, qu’avez-vous pensé du livre si vous l’avez lu ?
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