Titre : Codex Aléra
Auteur : Jim Butcher
Editeur vf : Bragelonne (poche)
Année de parution vf : 2019-2020 (poche) / 2010 – 2018 (grand format)
Nombre de tomes vf : 6 (série terminée)
Histoire : Depuis mille ans, les habitants d’Aléra repoussent les peuplades sanguinaires qui rançonnent le monde en usant de leur relation particulière avec les furies – les forces élémentaires de la terre, de l’air, du feu, de l’eau, du bois et du métal. Mais dans la lointaine vallée de Calderon, Tavi ne maîtrise encore aucun élément, à son grand désespoir. À quinze ans, il n’a toujours pas de furie du vent pour l’aider à voler, ou de furie du feu pour allumer ses lampes.
Pourtant, lorsque les féroces Marats font leur retour dans la vallée, le courage et l’ingéniosité de Tavi vont se révéler une force bien plus cruciale que n’importe quelle furie. Une force qui pourrait lui permettre d’altérer le cours de la guerre…
Mon avis :
Tome 1 : Les Furies de Calderon
Ça se remarque, je pense, j’aime les sagas de Fantasy et en particulier celles de High Fantasy, mais en ayant lu quelques unes déjà, je cherche désormais la pointe d’originalité qui me fera vivre quelque chose de différent. Codex Alera est une série en 6 tomes, terminée depuis quelques années, qui ressort en poche chez Bragelonne. C’est une saga d’aventure classique de high fantasy mais petite originalité qui m’a convaincue de me lancer, elle se déroule dans un univers gaulois à mi-chemin entre la fin de l’Antiquité et le début du Moyen Âge.
« Depuis mille ans, les habitants d’Aléra repoussent les peuplades sanguinaires qui rançonnent le monde en usant de leur relation particulière avec les furies – les forces élémentaires de la terre, de l’air, du feu, de l’eau, du bois et du métal. Mais dans la lointaine vallée de Calderon, Tavi ne maîtrise encore aucun élément, à son grand désespoir.
Pourtant, lorsque les féroces Marats font leur retour dans la vallée, le courage et l’ingéniosité de Tavi vont se révéler une force bien plus cruciale que n’importe quelle furie. Une force qui pourrait lui permettre d’altérer le cours de la guerre… »
Chaque tome semble correspondre à une aventure qui s’auto-conclut mais qui s’inscrit également dans l’évolution d’un jeune héros, neveu de propriétaire terrien. La lecture de ce premier tome fut assez longue au début, avec des moments où j’ai eu l’impression de ne pas avancer dans l’histoire, avant que celle-ci ne décolle enfin. Tout se déroule au même endroit ce qui donne l’impression d’être un peu trop statique. Pourtant, il se passe pas mal d’événements dans le style « un papillon peut déclencher un tsunami ». A partir du moment où le héros oublie de rentrer certains moutons dont il a la garde, tout s’enclenche et ça ne nous lâche pas jusqu’à la fin. Pour autant, contrairement à ce que semble dire le résumé, le jeune héros ne fait pas tout loin de là !
L’auteur accorde plutôt les beaux rôles aux femmes. Isana et Amara en tête, l’une soeur de propriétaire terrien qui fait preuve de beaucoup de caractère dans l’adversité, l’autre sorte de messager secret, guerrière de haut vol, qui révèle aussi sa sensibilité. Mais également Kitaï et Omara plus tard, dont je ne révèlerai pas les rôles pour ne pas divulgâcher. Chez les hommes je suis plus mitigée, Tavi, le héros est très jeune donc agaçant, tout lui tombe dans le bec ennuis ou réussites, il y a trop de deus ex machina autour de lui. Et même s’il n’a pas de pouvoir comme les autres, on devine vite que ça cache quelque chose… Heureusement il est aussi ambitieux, courageux et gentil au fond, alors ça contrebalance tout ça. Les autres hommes sont souvent des archétypes de leur époque et de leur sexe à quelques exceptions près. J’ai notamment beaucoup aimé Bernard, l’oncle de Tavi qui est bien développé au fil du tome et passe d’homme des cavernes à gentil bourru plein de bons sentiments. Plusieurs personnages m’ont fait penser à ceux de GoT dans leur caractérisation, Tavi (=Bran), Amara (=Arya), Isana (=Sansa), Kord (=Ramsay), Bernard (=Ned) et surtout Ombre (=Hodor)… Fausse impression de ma part ou réelle inspiration ? Cependant, on se prend d’affection pour eux au fil de l’histoire et on se plaît à suivre leurs aventures ce qui n’était pas gagné.
Celle-ci ne m’a pas emballée de premier abord. Seul l’univers Antique et sa mythologie me séduisaient au début. Une mythologie intéressante autour de la magie des Furies qui dotent les habitants d’Aléra de certains pouvoirs en lien avec la nature élémentaire (eau, feu, terre, air), assez spectaculaires à voir. L’univers Antique et ce qu’il implique m’a également intéressée : la hiérarchie sociale, la place des femmes, la notion de servage et d’esclavage, les peuples dits barbares, la guerre entre ducs, etc. Je trouvais le reste confus. D’ailleurs l’absence de glossaire à la fin s’est fait sentir pendant longtemps… Mais petit à petit, Jim Butcher a renversé la vapeur et déroulé son propos fait d’aventures initiatiques pour protéger les êtres qui nous sont chers d’une invasion barbare provoquée par un puissant qui s’est rebellé contre un autre. On se retrouve en quelques sortes pris avec le petit peuple au milieu d’une lutte de pouvoir qui ne nous regarde pas mais a des conséquences dramatiques sur notre vie. Ça préfigure totalement les luttes intestines entre Ducs et Comtes au Moyen Âge qui se cherchent sans cesse pour prendre les territoires les uns des autres. C’est une lutte politique qui déborde sur le terrain guerrier et engendre bien des tragédies. Ici, il faudra bien l’ensemble des héros pour tenter de faire quelque chose et ça va prendre une belle ampleur.
Pour ça, on suit quatre trames différentes : celle d’Amara, l’envoyée du Prince ; celle de Fidélias, le méchant ; celle de Tavi et son oncle Bernard dans la vallée de Calderon le plus souvent ; et celle d’Isana et de l’Exploitation. Elles viendront s’entremêler plusieurs fois pour finir par se réunir. L’auteur n’en fait pas quelque chose de rigide, on alterne les points de vue aléatoirement pour un temps non défini et cela sert toujours le rythme de l’histoire. Grâce à cela, on vit les choses aussi bien du point de vue des femmes, que de celui d’un enfant, du point de vue des puissants, que du point de vue des habitants d’une Exploitation. C’est très riche.
Alors est-ce que cela m’a plu ? Oui dans l’ensemble malgré ce début difficile dont je parlais. Je ne me suis vraiment prise au jeu que passé les 200 premières pages, même si ce fut un peu long… J’ai trouvé ensuite les aventures plus prenantes même si c’est assez classique et donc sans surprise. Il y a plusieurs moments où j’ai trouvé les ficelles un peu trop grosses (Tavi chez les Marats, Isana avec Omara, la bataille finale…). J’ai aussi parfois rongé mon frein face à certains ressorts scénaristiques faciles qui m’agacent concernant les femmes, même si je sais qu’en quelque sorte, c’est « d’époque ». Mais j’ai quand même bien accroché et l’auteur a laissé suffisamment de mystères planer autour de l’identité de Tavi et son devenir ainsi que sur l’école qu’il pourrait rejoindre et les possibilités des différentes Furies, pour me donner envie de poursuivre.
Une fantasy classique mais dans un univers différent de la high fantasy habituelle, avec un mélange de magie élémentaire et de conflits politiques ayant des complications militaires séduisant.
Ma note : 14 / 20
Vous pouvez retrouver sa chronique en cliquant : ici. Merci à elle pour ces échanges !
Tome 2 : La Furie de l’Academ
Un petit mois à peine après ma découverte de la série, me voilà déjà à lire la suite, ce qui est plutôt bon signe quand on me connait. L’univers de Codex Alera m’a vraiment accrochée et intriguée et j’étais impatiente de voir comment il allait se développer.
Dans ce deuxième opus, l’auteur reprend les mêmes ingrédients que dans le premier mais en allant plus loin cette fois. On se retrouve donc une nouvelle fois avec une intrigue multi-facette dont on suit les fils à travers plusieurs points de vue à tour de rôle, le tout dans un univers antique de plus en plus développé où la politique s’invite en force et où de mystérieuses créatures viennent semer la pagaille.
Deux ans ont passé depuis les dernières aventures de Tavi, il vit désormais à la capitale auprès du Premier Duc, en assistant aux cours de l’école formant l’élite du royaume, afin de devenir à son tour Curseur pour servir le pouvoir. Sauf que la vie à l’Académie n’est pas facile quand on n’a pas de pouvoir et quand on a la réputation d’être le chouchou du Premier Duc sans être issu d’une famille puissante en vue. Tavi doit donc naviguer entre les brimades de certains de ses camarades et les missions secrètes qu’on lui confie. C’est une dynamique classique mais qui ici fut très riche en événements et ont permis une nouvelle fois au héros de bien grandir. Je l’ai ainsi trouvé un peu moins empoté et surtout avec un rôle plus central et actif que la dernière fois. Il se démène vraiment, réfléchit, cherche des solutions, se trouve des alliés. C’est une bonne évolution pour lui.
A ses côtés, nous découvrons une partie de la vie à la capitale. Le Premier Duc qu’on pourrait croire intouchable est en fait menacé de toutes parts et il doit résister à maints complots. Sauf que lorsqu’un certain incident se produit, il se retrouve très affaibli, cela trahi alors de toutes parts et certains puissants qu’on croyait être des ennemis ne le sont peut-être pas tant que ça face à la menace imminente venant d’autres parts. J’ai beaucoup aimé ces jeux de dupes auxquels on a assisté, dans lesquels Tavi et sa tante sont impliqués malgré eux. C’est très bien mené, tortueux juste ce qu’il faut. L’interrogation qui se pose sur les fidélités des uns et des autres est bien pensé, de même que celle sur la tenue de l’Empire. C’était passionnant à suivre.
De plus, cela a permis l’introduction plus en profondeur de nombres de personnages. J’ai beaucoup aimé découvrir l’entourage du Premier Duc dans un premier temps, avec Killian (?) et surtout Miles, deux hommes prêts à tout pour lui et pour l’Empire. J’ai été surprise par les révélations sur les personnalités de la Duchesse et du Duc d’Aquitaine, surtout cette première, qui se révèle bien plus forte et complexe que je l’avais imaginée. L’auteur met en avant de très beaux caractères chez les femmes, alors que je craignais un peu cela après la façon dont Isana avait été maltraitée dans le tome 1. Ici, tout revient à la normale et chaque personnage féminin est intéressant. Isana gagne en force en servant de lien entre l’Exploitation et le pouvoir à la Capitale, c’est elle qui se frotte à la politique à la place de son frère. Et surtout, nous retrouvons Kitaï, la petite marate, amie de Tavi, qui le rejoint à la Capitale pour l’observer. Elle va former un duo de choc avec lui et va aider à le faire se dégourdir un peu. J’adore sa vitalité et les révélations sur sa destinée m’ont surprise dans le bon sens. C’était original. C’est un beau personnage en devenir.
Du côté de l’action, contrairement au tome 1, je n’ai pas trouvé celle-ci en dents de scie, mais plutôt en perpétuelle montée. En effet, comme se mélangent deux à trois intrigues aussi bien à la ville qu’à la campagne, ça laisse très peu de temps morts. A la campagne, une nouvelle menace apparait, les Voltes, que Doroga, le chef marat, vient rapporter à Bernard et Amara. Cette menace va perturber aussi bien ces derniers que nos héros présents à Aléra. Il va donc y avoir de la tension et des combats des deux côtés. L’ensemble est très bien amené puisque la menace va croissante, de quelque chose d’un peu éthéré car mystique et inconnu, à quelque chose de très très réel qu’il va falloir combattre en force. Les combats sont bien orchestrés et mieux mis en scène que la dernière fois. Ils sont plus longs et détaillés, et il n’y a pas eu d’incongruités cette fois. Au contraire, tout s’enchaine très naturellement, l’auteur utilisant avec astuce les personnages et éléments qu’il a mis en place depuis le début. C’est très prenant.
La mythologie de la saga est peut-être le seul élément qui reste un peu sur le carreau ici. Après avoir introduit tant de choses dans le tome 1, le rythme se calme ici. Il y a juste cette nouvelle menace que l’on découvre avec quelques bribes sur les origines du peuple Marat et quelques nouveaux indices sur l’identité de Tavi qui ne surprendront personne. Mais le propos n’était pas là cette fois, ce que l’auteur voulait montrer c’était un savant mélange entre menace mystique et menace très réelle à cause des complots politiques des uns et des autres pour renverser le Premier Duc et ça c’est parfaitement réussi.
Ainsi, c’est pour moi avec ce deuxième tome que l’histoire démarre véritablement. L’auteur y met plus de puissance. Il y développe mieux ses personnages et cède moins à la facilité. Cela permet de voir naitre un héros plus charismatique que je ne l’aurais cru au début et surtout très bien entouré. L’ajout en force d’une dimension politique plus qu’incertaine au milieu d’un monde en proie aux menaces magiques m’a vraiment séduite. Maintenant, direction le tome 3 !
Ma note : 15 / 20
Tome 3 : La furie du curseur
Cette série est décidément très surprenante. Je n’en avais jamais trop entendu parler et pourtant je la trouve éminemment bien construite. Elle développe au fil des tomes un univers de plus en plus riche et solide où les influences romaines sont vraiment bien digérées et les personnages gagnent de plus en plus en épaisseur, ce qui est passionnant.
Tavi a terminé ses études à la capitale, il est devenu curseur au service de l’Empereur et part pour sa première mission où il doit infiltrer une légion inexpérimentée où on a tendance à mettre tous les bleus. Sauf qu’alors que ça devait être une mission assez tranquille, il va se retrouver face à une menace inattendue qui ferait trembler les meilleurs. En parallèle, son oncle et sa femme cherchent à recueillir des informations sur le traitre Kalarus, et sa tante va vivre une expérience riche en révélations.
Reposant sur le même principe que les autres tomes, ce troisième qui correspond à la moitié de la saga, va nous offrir à la fois de très beaux moments d’action, de stratégie et de bravoure, ainsi que des révélations fort importantes pour la suite. Ce fut donc une lecture énergique où une fois immergée dans l’intrigue on n’avait plus envie de la lâcher et où la frustration de ne pas avoir la suite sous la main fut grande à la fin.
Le premier pan de l’intrigue repose donc, bien entendu, sur Tavi, le héros. Avec lui, on découvre un peu la vie d’une légion en campagne. J’ai beaucoup aimé découvrir le quotidien de celle-ci, les différents postes qu’on peut y trouver, le train train de tous les jours et les questions d’intendance. C’était classique mais intéressant. Jim Butcher ne s’arrête cependant pas là, ç’aurait été gâcher un peu son héros. Il lui adjoint donc une mission d’espion et c’est là que Tavi va exceller. Cette première partie est drôle et piquante, on le voit interagir de manière cachée avec les autres et récolter son lot problèmes vu la poisse dont il est affublé. Il n’est pas seul pour cela, son ami Max l’aide à garder sa couverture. Ils forment un chouette duo et on en apprend plus sur ce dernier. L’auteur mène vraiment tout cela de manière efficace sans qu’on se doute une seconde de l’ampleur que cela va prendre.
Car en effet, à mi-tome environ tout bascule et là c’est une toute autre histoire qui s’écrit. Menée en parallèle avec les révélations apportées par Isana, dont je reparlerai plus tard, nous voyons Tavi prendre du gallon et se hisser à la tête de la légion pour faire face à un ennemi qui pourrait tous les faire disparaitre : les Canims. On avait juste croisé rapidement ce peuple avant, on le redécouvre ici de manière brutale mais passionnante grâce à l’invasion qu’ils font subir aux habitants d’Aléra. C’est l’occasion, à nouveau, pour notre héros de s’illustrer ce qu’il fait à merveille, montrant tout son sens pratique et son intelligence, ainsi que le courage et l’abnégation dont il sait faire preuve. On découvre un vrai meneur d’hommes mais pas de ceux qui se cachent derrière, non de ceux qui montent au front avec eux, et j’ai adoré cela. L’intrigue bascule et devient plus sombre, plus complexe, plus tendue. Les scènes de batailles sont sobres et efficaces. Elles reprennent et intègrent bien des éléments de stratégies romaines, ce que j’ai trouvé original et elles sont prenantes jusqu’au bout. Dans ce tome, j’ai donc vraiment eu la sensation de voir Tavi grandir d’un coup et l’univers s’ouvrir également brusquement à mes yeux, ne reposant plus juste sur des complots internes pour prendre la tête de l’Empire.
En parallèle, comme je l’avais évoqué, nous avons tout de même ces fameux complots qui continuent à prendre de la place. Pour déjouer la traitrise de Kalarus, qui cherche à détrôner Gaius, Amara et l’oncle de Tavi, Bernard, cherchent à réunir des informations sur lui. On les voit donc nouer de drôles d’alliance et partir dans une quête très personnelle contre lui. C’était bien mené et ça se croisait bien avec des informations récoltées par Tavi, mais je n’ai pas été passionnée par ce pan de l’intrigue. Heureusement que les scènes de combats auxquels ils ont participé étaient très visuelles pour ne pas me perdre en route avec tout le mélo autour de la relation des deux personnages. Clairement leur romance est trop sirupeuse à mon goût, alors que leurs aventures sont hautes en couleurs, elles. Ainsi, l’enchainement des scènes de combat, dans la tour puis dans les airs, face aux forces de Kalarus étaient excellentes et j’aimerais bien les voir portées à l’écran !
Vient enfin, le pan consacré à Isana, probablement la partie que j’ai préférée dans ce tome. On découvre enfin tout ce qu’elle cache au détour d’un mauvais coup du sort qui lui tombe encore dessus et où Ombre se retrouve blessé. En voulant à tout prix le soigner et le sauver, on en apprend énormément sur elle, sur sa soeur, sur les moments qu’elles ont passé autrefois dans la légion de l’ancien Princept Septimus, le père de Tavi, et les émotions et révélations sont au rendez-vous. Je n’avais pas du tout vu venir l’une d’elle et ça m’a soufflée. Pendant tout ce récit Isana et Ombre étaient à fleur de peau ce qui m’a encore plus pris aux tripes et j’ai adoré la conclusion trouvée pour eux et la façon dont elle fut amenée. Ainsi le distillage de ces chapitres au fil de l’intrigue fut pour moi un vrai plaisir, il me tardait de tomber dessus à chaque fois. Isana et Ombre sont vraiment montés en flèche parmi mes personnages préférés de la saga.
Ce tome fut donc une très belle lecture. On sent qu’on arrive de plus en plus à un moment charnière de l’histoire où l’on ne va bientôt plus pouvoir cacher certains secrets trop lourds à porter. L’univers prend de plus en plus d’ampleur, de l’exploitation dans le tome 1, on est passée à la capitale dans le tome 2, à l’empire dans ce tome 3, pour aller jusqu’où ? C’est passionnant de voir Tavi grandir et mûrir pour devenir cet homme intelligent, talentueux, puissant et charismatique. L’auteur construit autour de lui une équipe solide sur qui il peut compter et qui ont une vraie densité. Les menaces s’élargissent et se précisent devenant de plus en plus impressionnantes au fil des tomes. Je ne m’attendais pas à une telle ampleur en commençant la série. C’est une saga qui digère vraiment bien ses influences et sait les utiliser à bon escient pour proposer un récit à la fois classique et original. J’aime beaucoup.
Ma note : 15,5 / 20
Tome 4 : La furie du capitaine
Après 4 tomes, je suis toujours aussi séduite par cette série qui ne paie pas de mine au milieu de toute la production fantasy actuelle. Avec des ressorts scénaristiques éculés et des personnages stéréotypés, elle parvient tout de même à rester passionnante à suivre car elle a trouvé le bon équilibre entre magie, décor militaire et histoire de famille.
Ce quatrième tome sera celui de la bascule. Après l’amorce annoncé dans le tome précédent où l’on découvrait l’identité des parents du héros, impossible d’en rester là, il fallait avancer et en faire quelque chose. L’auteur y parvient parfaitement dans ce tome en mêlant petite et grande histoire, et en resserrant ainsi son intrigue sur les personnages clés de la saga.
Tavi ou plutôt Scipion, d’après son nom d’emprunt, est désormais Capitaine de la 1e Aléréenne, cette unité d’élite qui est au front face aux canims depuis plus de deux ans et résiste encore. Sauf que ça commence sérieusement à déplaire à certains sénateurs qui voient là une occasion à la fois de se débarrasser d’un allié gênant du Premier Duc et de gagner en prestige pour peut-être le renverser ensuite. Ils décident donc de se rendre sur place pour « parler » avec Tavi et combattre à leur façon les Canims qui selon eux auraient dû être vaincus depuis longtemps. Voici le démarrage de notre histoire. Cependant, l’intrigue va une fois de plus nous emmener beaucoup plus loin et pour ça bravo monsieur Butcher.
En effet, Jim Butcher profite de cette mise sous pression de Tavi par son propre clan pour encore faire gravir une marche à celui-ci. On va voir notre héros partir à l’aventure envers et contre tout comme il aime le faire, et surtout puiser dans des ressources inavouées pour ressortir métamorphosé de tout ça et reprendre la place qui lui est due. Un joli tour de force que je n’aurais pas cru possible au début de l’aventure.
L’intrigue se découpe comme souvent en plusieurs parties, ici 2 principales. Nous avons d’un côté Gaius, le Premier Duc, qui a enfin décidé de régler son compte à Kalarus et part donc sur ses terres épaulés d’Amara et Bernard pour l’empêcher de réveiller une des grandes furies. Ce sera un voyage éprouvant pour tous, qui révèlera la puissance magique du Premier Duc ainsi que sa force politique et stratégique. Le résultat ne plaira pas à tout le monde, moi j’ai adoré. Je trouve le personnage juste sombre comme il faut avec ce réalisme froid nécessaire à tout homme de pouvoir.
L’autre gros morceau de l’intrigue tourne bien sûr autour de Tavi. Persuadé que les sénateurs ont tort en voulant attaquer à leur façon les Canims, il part discuter avec leur chef qui l’envoi dans une quête simple sur le papier mais plus compliquée dans la réalité. Voici, Tavi reparti sur les routes, déserteurs et criminel potentiel en fuite avec à sa poursuite l’équipe d’assassins du sénateur qui veut le plus sa perte. C’était passionnant de suivre ses aventures avec ses multiples rebondissements et la variété des lieux visités cette fois. Auprès de lui, ça change, en plus de Kitaï, il y a Araris et Isana. L’histoire va donc irrémédiablement tourner autour de ses origines, puisque SPOILER il va apprendre qui sont ses vrais parents. J’ai aimé que l’auteur n’en fasse pas trop de ce côté-là. Le drame est vite évacué et heureusement. Du coup, les révélations se mélangent bien avec l’aventure en cours et les nouveaux pouvoirs qu’il s’est entraîné à développer.
Ce quatrième tome propose une aventure encore une fois rythmée, dynamique et passionnante à suivre sur tous les tableaux. Le resserrement de l’intrigue sur Tavi, Gaius, Amara, Bernard, Kitai, Araris et Isana est une excellente chose à ce stade de l’histoire. Pour autant, l’histoire générale avance bien elle aussi avec cette guerre contre les Canims en font. L’auteur propose une belle évolution de son héros qui a bien changé depuis les débuts. C’est désormais un vrai homme de tête et d’action qui sait ce qu’il fait. Il a su s’entourer, faire face aux révélations de ses origines. Il est prêt pour la nouvelle étape de sa vie.
Ma note : 15,5 / 20
Tome 5 : La Furie du Princeps
Codex Alera est une série où chaque tome revêt une nouvelle surprise mais nous acheminant vers la fin de la série celles-ci sont tout de même plus prévisibles. Ainsi ce cinquième tome forme en soi un diptyque avec le sixième et dernier, qui sortira probablement en poche l’an prochain, un diptyque sur la dernière phase de l’ascension de Tavi ou Octavien comme on va devoir s’habituer à l’appeler. Reconnu désormais comme héritier de l’Empire, il va devoir se montrer à la hauteur.
Au fil des tomes, j’ai eu l’impression que la saga offrait de plus en plus de fantasy à ses lecteurs avec désormais bien plus de magie et de créatures qu’au début, même si la politique et les manoeuvre politique qui font le sel de la série avec les missions des membres de la famille de Tavi ne sont pas oubliées.
Ainsi, cet opus est un tome où nous allons à la rencontre de l’ennemi ultime, un ennemi terrifiant : les Vordes et leurs terribles reines. Dans un tome 100% action, on découvre ce nouvel ennemi qui est au centre de toutes les intrigues. On apprendre à le connaitre, on cherche à comprendre comment il fonctionne, etc. Et c’est très intéressant car contrairement aux autres fois, ce n’est pas un ennemi humain mais des créatures qui fonctionnent différemment, comme des abeilles en fait, et cela change vraiment tout en apportant une petite touche originale bienvenue.
Pour autant, l’auteur recycle la même recette qu’habituellement dans le fond. Il offre une intrigue à multiples pan où l’on suit d’un côté Tavi de l’autre côté de l’océan avec Max et Kitai, sur le territoire des Canims ; et de l’autre Bernard, Amara, Isana, Araris, Gaius à Aléra face aux Vordes qui attaquent. Chaque groupe est à la recherche de solution pour lutter contre cette nouvelle menace ravageuse. Tavi est plutôt, à l’origine, sur une mission diplomatique mais qui va évoluer et aller bien au-delà, de même pour Isana qui va tenter de convaincre le père de Max de rejoindre le front de Gaius. Bernard et Amara, eux, sont plutôt sur une mission d’infiltration même si eux aussi vont bien dévier ensuite et vivre bien d’autres aventures, parfois terribles.
On retrouve ainsi dans ce volume le même sens du rythme, les mêmes intrigues multiples et complexes qui ont tendance à évoluer bien loin de leur chemin initial, les mêmes personnages hommes comme femmes charismatiques, que d’habitude chez Jim Butcher. C’est une recette bien connue qu’il décline à l’infini. Je regrette cependant cette fois, que la fin approchant, il n’y ait pas vraiment de nouveau développement du côté des personnages. Le seul fait notable est la découverte du père de Max, un homme fort intéressant qui permet d’approfondir les relations de cette génération d’homme, celle de Septimus, le père de Tavi, avec Gaius. J’aurais tout de même aimé que ce ne soit pas le seul car les autres sont assez statiques, l’auteur ayant sûrement déjà atteint ce qu’il souhaitait proposer pour eux.
Cependant cette lecture fut à nouveau passionnante de bout en bout, une fois le tome commencé, il est dur de le lâcher, mais frustrante car lorsqu’on termine, le combat contre les Vordes est loin d’être fini, lui. Nous ne sommes encore que dans une phase d’approche où les ennemis apprennent à se connaitre. Tout reste à faire et il reste encore plein de mystères non résolu. C’est donc un final très frustrant surtout quand on ne connait pas la date de sortie du prochain tome. A quand la suite et fin ?
Ma note : 15 / 20
Tome 6 : La furie du Premier Duc
En à peine 2 ans, Bragelonne nous aura proposé l’intégrale de cette saga en poche, merci à eux ! Bien que classique, c’est le genre de série de Fantasy que j’affectionne car elle est bien écrite, bien rythmée et propose, pour moi du moins, un cadre original qui sait utiliser des éléments plus connus pour y instiller de la magie.
Dans ce dernier opus, notre héros Tavi est désormais seul face à son destin. Son grand-père étant mort, c’est lui qui se retrouve en pleine guerre à la tête d’une nation partagée entre lui, l’héritier légitime mais pas tout à fait reconnu, et le général le plus fort, homme de tête parfait pour prendre la succession en ces temps difficiles. Mais ce serait trop simple si cela s’arrêtait là, en plus, il fait face à la pire menace connue à ce jour pour son Empire et il reçoit un ultimatum de la femme de sa vie, qui lui demande de la courtiser et non de la traiter comme une pute à soldat !
On peut dire que l’auteur a choisi son moment. Peut-être avait-il peur de s’ennuyer et s’est-il dit qu’on ajoutant autant de fils d’intrigue, il n’allait pas chômer comme ça ? Toujours est-il que ce dernier tome fut très riche. On passe faire un coucou à chacun des personnages croisés au fil du temps. Chacun prend part dans l’énorme conflit qui se déroule et chacun brille à sa façon. Nous avons ainsi droit à des batailles, des manoeuvres stratégiques, de l’héroïsme, un enlèvement, des échanges diplomatiques, des sièges, de nouvelles utilisations de la magie ou encore des personnages qui connaissent une belle évolution. Impossible de s’ennuyer.
L’auteur, pour cela, offre une aventure qui ne connait pas de temps mort. De la première à la dernière page il se passe quelque chose. Le point fort étant, comme toujours, qu’on ne suit pas que le héros mais aussi tous les personnages forts croisés autrefois : Bernard et Amara, Isana et Araris (les éternels otages xD), Dame Aquitaine, Fidélias/Marcus, Kitaï et même la reine Vorde !
J’ai une fois de plus beaucoup aimé le travail fait sur les personnages. C’est peut-être ce que j’ai préféré dans la saga avec la mise en scène de la guerre et les utilisations faites de la magie, j’y reviendrai. J’ai trouvé le personnage de la Reine fascinante. J’avais l’impression de retrouver Meruem d’Hunter x Hunter, car tout comme lui, c’est une créature qui a tenté de comprendre les humains et pas seulement de les affronter. J’ai également beaucoup aimé les évolutions des autres anciens « méchants » de la série, qui se révèlent dans ce final chacun à leur façon. Les gentils, eux, connaissent un chemin plus classique et prévisible et je dois dire qu’ils ne m’ont pas fait grande impression, même le héros, surtout que la volonté d’intégrer la romance tel que ça a été fait, été assez maladroite…
Pour en revenir à la guerre, celle-ci est au coeur de ce tome et on peut dire qu’on ne s’ennuie pas avec elle. Les scènes sont riches, variées, nombreuses et dynamiques. L’auteur se sert à merveille de ce qu’il sait des techniques de combat romaines, mais il n’en reste pas là. Il va plus loin et y intègre cette magie fondée sur les éléments et la nature environnante qu’il a imaginée. J’ai beaucoup aimé cette magie très visuelle, qui offre des scènes dantesques et vivantes aussi bien dans les airs que sur terre. Le combat, lui, est quand même assez prévisible. On sait tous par la victoire de qui cela se terminera, du coup, ça fausse un peu le jeu. Le manque de scènes implacables et cruelles se fait aussi sentir. On sent rapidement que les gentils vont forcément s’en sortir même si avec peut-être quelques blessures de guerre. Bref, il y avait du potentiel mais ce fut un peu trop gentillet.
Avec « La furie du Premier Duc« , Jim Butcher offre un final tout à fait satisfaisant à ses lecteurs avec une dernière aventure épique et magique qui implique tout le monde et montre au monde la richesse de l’univers qu’il a su inventer, riche de nombreux peuples très différents. Ce fut une bonne lecture divertissante mais peut-être un peu trop classique et facile pour qu’elle reste vraiment dans les mémoires et soit marquante.
J’ai lu la chronique de Sai, puis maintenant la tienne, et je dois dire que cette saga m’intrigue de plus en plus ! Comme toi, le contexte original m’attire et le côté « pouvoir tire des éléments » m’a toujours beaucoup plu. Je vais toujours l’ajouter à ma WL et qui peut-être me déciderai-je un jour à l’acheter 🙂.
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Ravie de voir qu’on t’a tentée. Vu tes lectures, je pense qu’il pourrait te plaire effectivement. Après, il faut voir ce que ça donne par la suite 😉
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Malgré les longueurs du début, ce premier tome semble satisfaisant à défaut de t’avoir complètement convaincue 🙂 Le fait que chaque tome se suffit tout en s’insérant dans un ensemble est intéressant et rend, peut-être, l’idée d’attaquer la série moins intimidante…
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Effectivement, la saga semble avoir tout pour plaire.
Par contre, attention, je parlais surtout du tome 1 comme se suffisant à lui-même, je ne sais pas si c’est le cas aussi ensuite vu que je ne les ai pas lu xD
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Un bel avis ! Merci encore pour cette belle commune.^^
Comme toi, j’ai aimé le rôle des femmes, l’univers mythologique et antique (tu as néanmoins raison pour le glossaire qui aurait pu être utile !), la magie élémentaire (j’adore aussi ! <3), les 4 trames narratrices à suivre et j'ai également trouvé que certains protagonistes faisaient très GoT. (ce qui nous a fait anticiper plusieurs révélations à toutes les deux.)
Je ne savais pas que chaque tome s'auto-finissait ! C'est bon à savoir.
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Oui, une expérience à renouveler 😉
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Ce serait avec plaisir !^^
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Les histoires de complots, de pouvoir et tout ne sont qu’une des deux trames principales de la série. Très vite tu te rendra compte de la seconde qui n’est juste qu’esquissée ici.
L’ensemble est vraiment très original (encore plus que juste le background Romain de ce tome ci), et surtout très varié suivant les tomes qui se suivent mais ne se ressemblent pas.
Chaque tome suis Tavi a un age différent de sa vie, ils sont plus ou moins indépendants mais plus on avance plus l’intrigue principale (la seconde) prend le devant.
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D’ailleurs je pense que les personnages sont juste des archétypes de la fantasy en général que GoT a utilisé comme d’autres. GoT n’étant jamais revenu dans les influences de cette série citées par l’auteur (la série avait nettement moins de succès à l’époque de l’écriture de ces livres, ce n’était pas une série majeure de la fantasy)
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Merci pour les éclaircissements, suivant pour ma part GoT depuis sa première parution en France, je pensais naïvement qu’elle avait été d’emblée populaire aux USA ^^!
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J’ai vraiment hâte de recevoir mon tome 2 maintenant, tu m’as bien mis l’eau à la bouche >.<
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