Titre : La Tragédie brune
Auteurs : Christophe Gaultier et Thomas Cadène
Éditeur : Les Arènes
Année de parution : 2018
Nombre de pages : 129
Histoire : L’histoire vraie du premier reporter français assassiné par les nazis en 1935. Grand reporter germanophile, Xavier de Hauteclocque publie La Tragédie brune à la suite de son voyage en Allemagne en novembre 1933. A l’heure où Hitler affirme sa toute puissance politique, le reporter y décrit un pays remodelé par la politique nazie et alerte le monde sur la catastrophe à venir.
Mon avis :
J’ai toujours aimé l’Histoire et les témoignages qui ont permis de l’écrire et de nous la faire connaitre. Je suis donc toujours friande d’histoires vraies sur des événements majeurs de notre Histoire. Souvent, ce sont le cinéma et les séries TV qui me permettent de rassasier ce goût, mais pour une fois, j’ai également eu l’occasion de l’assouvir grâce à une bande dessinée lors de l’opération gratuite du confinement. Merci aux éditions des Arènes.
La Tragédie brune, c’est l’adaptation libre d’un livre de Xavier de Hauteclocque, journaliste français des années 30, qui comme Albert Londres, est allé enquêter sur le terrain pour nous parler de la noirceur de son époque et cette noirceur se trouvait alors en Allemagne en pleine ascension du nazisme. Nous suivons donc le héros, qui n’est autre que l’auteur d’origine, qui se ballade en Allemagne pour comprendre ce qui a bien pu changer en 6 mois entre mai et novembre 1933.
Avec un dessin qui a des teintes et des formes qui rappellent aussi bien Adèle Blanc Sec que Munch, les deux auteurs mettent en image le texte de Xavier de Hauteclocque, que l’on peut d’ailleurs retrouver en partie à la fin du tome, ce qui permet de comparer les deux oeuvres : l’originale et son adaptation. Cette dernière est assez fidèle et met en scène la substantifique moelle du récit du journaliste. C’est fait avec simplicité et sobriété, ce qui est d’autant plus efficace ici.
On suit Xavier de Hauteclocque dans les rues, les bars et les restaurants de cette nouvelle Berlin qu’il ne reconnait plus, puis sur les routes et les rails allemands, à la recherche de cette vérité qu’il souhaite offrir au monde. Il mène l’enquête comme tout bon journaliste pour comprendre ce qu’il s’est passé. Il retrouve certains de ses contacts, essaient de comprendre ce qui est arrivé à d’autres, enquête pour saisir comment certaines choses ont tant changé voire disparues. C’est passionnant et terrible à la fois, puisque c’est la montée du nazisme au sein même de la population allemande qui est ici décrite pendant que ses voisins ferment les yeux. Nous qui connaissons la suite, nous sommes glacés d’horreur face à ce patriotisme, ce goût de la revanche, ce racisme, cet antisémitisme et cet embrigadement qu’on voit de partout dans le récit. C’est extrêmement bien raconté grâce à l’enquête et aux pérégrinations du héros.
Ce titre se présente donc comme un témoignage qu’il faut lire et un journaliste oublié dont il faut découvrir le travail. Je remercie Les Arènes de m’avoir permis cette lecture importante.