Titre : Vampire Dormitory
Auteur : Ema Toyama
Éditeur vf : Pika (shojo – purple shrine)
Année de parution vf : Depuis 2020
Nombre de tomes vf : 10 (en cours)
Histoire : Orpheline, Mito est à la rue où elle survit, travestie en garçon à l’insu de tous. Alors le jour où elle perd son emploi, son univers s’effondre ! Surgit alors Luka, un vampire distingué, qui lui propose de l’héberger dans son pensionnat contre un don de sang régulier. Problème : comme Mito n’a jamais connu l’amour, son sang est infect… Mais Luka, que les filles dégoûtent, refuse d’abandonner pour si peu et compte bien résoudre le problème de Mito à grand renfort d’affection ! Si Mito veut garder un toit sur la tête, il va donc lui falloir préserver son secret à tout prix…
Mon avis :
Tome 1
Les amateurs de shojo funs et sexy connaissent sûrement déjà le travail d’Ema Toyama, autrice phare du catalogue de Pika qui nous revient ici avec sa dernière série en date. Moi aussi, il y a longtemps de ça, j’ai été séduite par l’humour, le décalage et le petit côté sexy de ses titres mais je m’en étais éloignée car elle proposait un peu toujours la même chose. Cependant, puisque Pika m’offre la chance de voir ce qu’elle est devenue depuis, c’est avec plaisir que j’ai lu le premier tome de Vampire Dormitory.
Que l’on soit de suite d’accord, Vampire Dormitory est avant tout un titre de pur divertissement dans lequel il ne faut pas chercher plus loin. Le but est d’être fun, sexy et le décor apporte une touche d’originalité par rapport au restant de son oeuvre, puisqu’ici elle revisite gentiment le thème du vampire en faisant de son héros un otaku allergique aux femmes en 3D. Alors en mettant de suite de côté toute aspiration à une oeuvre plus profonde et en considérant ce titre comme un pur produit de détente, j’ai passé un bon moment.
J’ai trouvé amusant la façon dont l’autrice revisitait le mythe du vampire, à l’aide d’un héros censé être magnétique mais que je trouve bien souvent immature et ridicule. Luka recherche un donneur de sang homme, en attendant de trouver son âme soeur, car il n’aime pas du tout les filles en 3 dimensions, lui ce qu’il aime ce sont les filles issues d’animes. Il tombe par hasard sur Mito (j’adore le double sens de son nom en français pour le coup) qu’il prend pour un garçon, car vivant seule elle préfère se faire passer pour tel pour s’en sortir, et dont il fait son fournisseur exclusif de sang. Problème : son sang a un goût infect car Mito ne connait pas l’amour, pour le rendre meilleur, Luka doit donc le lui faire découvrir.
Franchement, on a les bases d’une bonne comédie rien qu’avec ces gros clichés et c’est vraiment drôle. L’autrice joue à fond sur les codes du genre vampirique en accentuant à dessein, je pense, le ridicule des scènes où Luka prend du sang à une Mito au bord de l’orgasme. Ne cherchez rien de sérieux ici, c’est juste fait pour faire rire ou émoustiller le lecteur, au choix, moi j’en ai beaucoup ri. On se retrouve ainsi, comme le souligne l’éditeur, dans une sorte de parodie des histoires de vampires mais aussi des romances boys love puisque Mito est censée être un garçon.
Comme l’autrice a de la bouteille, l’histoire est rondement menée. Dès le premier chapitre, tout va très vite entre la rencontre et le pacte des héros ainsi que leur emménagement ensemble, puisque Luka va proposer à Mito de vivre avec lui dans un internat pour faciliter les choses. Un peu comme dans Parmi Eux, on va donc se retrouver avec une héroïne déguisée en garçon dans une école de garçon, et les schémas scénaristiques classiques de ce type d’histoire vont vite se retrouver placés dans l’intrigue, à savoir l’autre garçon androgyne jaloux, les moments où elle est sur le point de se faire percer à jour, le rival qui a des doutes et va probablement finir par craquer lui aussi, le héros qui doute de ses sentiments : aime-t-il un garçon, etc. C’est classique, mais Ema Toyama manie bien les classiques pour pondre une histoire qui se laisse très bien lire : drôle, dynamique et un peu sexy.
Du coup, même si dans le fond pas mal de choses me dérangent comme le caractère trop soumis de l’héroïne, sa sexualisation récurrente, son acceptation trop rapide de la situation, l’évolution trop rapide des sentiments de chacun, le cliché du vampire au look vaurien face au sauveur et son look de chic type, etc, je me suis aussi amusée lors de cette lecture. Vu que j’ai pris ça pour une parodie, je me suis amusée de tous ces clichés.
Graphiquement, les amateurs d’Ema Toyama ne seront pas dépaysés par les grands yeux plein d’étoiles de son héroïne, ni par le look plus ciselé un brin sexy de ses héros que tout oppose physiquement, et encore moins par la rondeur et le musc des scènes voulant être sexy. Le découpage des planches est dynamique. L’autrice aime utiliser plein de trames à effet girly et kawai. C’est typique du magazine japonais dont le titre tiré, à savoir le Nakayoshi.
Si vous cherchez une lecture fun et légère pour cet été avec une pointe de sexy et de fantastique avec un vampire rigolo et non effrayant, ainsi qu’un futur triangle amoureux, vous trouverez votre plaisir ici. Si vous cherchez une belle romance profonde, dramatique et positive, ou un titre sombre et chiadé avec des vampires vous vous êtes trompés de titre. A vous de voir ce que vous cherchez 😉
Tome 2
On prend les mêmes et on recommence, Ema Toyama développe la belle recette qu’elle avait composé dans son premier tome avec une suite tout aussi addictive à lire.
Dans ce tome 2, l’autrice fait palpiter le coeur de ses lecteurs. Elle creuse le sillon du triangle amoureux Luka-Mito-Ren et développe les sentiments amoureux de chacun. C’est mignon tout plein et plein de scènes sexy où l’on sent monter le désir et les phéromones des personnages. Pour le lecteur habitué à ce type de shojo, ce sera très classique, malgré tout c’est bien écrit et bien mis en scène grâce à des jolis dessins ronds et pétillants où les coeurs battent la chamades et les pommettes rougissent à tout va. Ne manque plus que la petite musique qui va avec.
Pour ma part, j’ai aimé ces petits développements auxquels on assiste. J’ai trouvé intéressant de découvrir le futur prometteur de Luka, expliquant un peu mieux ce qui se cache derrière cette réticence dont il fait preuve. C’est assez savoureux de le voir se coltiner ses sentiments amoureux naissants dont il ne sait que faire ne sachant que l’héroïne est une fille. Ça rappelle énormément HanaKimi (Parmi eux en vf) où le héros se demandait aussi s’il n’était pas gay. C’est une ressort scénaristique qui m’amuse assez, je l’avoue, car cela permet de voir si le personnage aime vraiment l’autre pour ce qu’il est et non juste pour son sexe. Bref, Luka reste tout de même prévenant à sa façon envers Mito malgré son désir croissant et le rentre dedans qu’il lui fait, mais l’absence de réaction censée de celle-ci, qui est vraiment trop soumise, me dérange un peu. Sa naïveté est confondante et l’autrice pousse un peu trop le bouchon, je trouve.
En sous-main, il est par contre intéressant de voir ce que la mangaka réserve à Ren, la troisième roue du carrosse. Avec ce personnage, on évoque ce problème récurrent au Japon, on dirait, de confondre certains garçons avec des voyous à cause de leur apparence, ce qui les pousse à devoir se défendre. Il est également l’occasion de parler des métis, puisqu’il est lui-même un dhampire : mi-humain, mi-vampire. Ajoutez à cela sa relation ambigüe avec Mito, qui est de l’amitié pour elle, mais probablement plus pour lui, et vous avez un ressort assez intéressant pour le scénario mis en place par Ema Toyama, certes classique une fois de plus mais bien mené.
Entre voyage dans les sources d’eaux chaudes, virée en ville, discussions au lycée et à l’internat, je n’ai vraiment pas eu le temps de m’ennuyer dans ce nouveau tome. Ema Toyama propose une histoire piquante et maîtrisée, faite pour titiller les sens des ados. C’est du déjà vu mais c’est mignon et amusant. J’aimerais juste avoir une héroïne moins passive, parce qu’au final ce sont les garçons qui font tout le boulot et je trouve ça dommage dans un shojo.
L’autrice continue donc sa romance sur fond de vampire et de Boys Love avec un certain succès. On voit qu’elle sait mener sa barque et que ce n’est pas la première romance pour ado qu’elle écrit. Elle sait titiller les sens et le fait avec humour et bienveillance. Je m’amuse beaucoup à la lire.
Attention aux acheteurs de la série : mon tome comporte un défaut. J’ai deux fois le même cahier à deux moments différents, du coup il me manque un bout du chapitre 7…
Tome 3
Toujours avec la même facilité narrative, Ema Toyama déballe son histoire d’amour travestie à la sauve vampire. C’est léger et affriolant comme elle sait le faire et ça se lit sans déplaisir.
Dans ce nouveau tome, l’autrice fait avancer d’une nouvelle case les sentiments des personnages. Après la case rencontre dans le tome 1, la case hésitation / premiers émois dans le tome 2, place à la case réalisation dans ce tome 3. Cela donne lieu à nouveau à des scènes toutes mignonnes où le coeur de nos héros, et sûrement celui des jeunes lecteurs, bat la chamade. On assiste ainsi à une héroïne qui se sent pris en étau mais surtout à un héros vampire dont la jalousie parle avant qu’il ne réalise quoi que ce soit. Très classique mais l’habillage proposé par l’autrice est plutôt alléchant. C’est mignon et un peu piquant à la fois, mais tout de même moins dérangeant que lors de certaines scènes de ses séries précédentes. Je trouve la morale moins ambigüe.
J’ai bien aimé le jeu qui se fait autour du travestissement de l’héroïne dans ce tome. On a aussi deux héros qui gravitent de plus en plus fortement autour d’elle et ceux-ci, grâce à son identité masculine, s’interrogent de plus en plus fortement sur la nature de leurs sentiments. Est-ce que cela serait si grave d’aimer un garçon ou peu importe du moment qu’on est amoureux de quelqu’un ? J’aime les réponses apportées par l’autrice.
S’y greffent enfin quelques informations supplémentaires sur l’univers, le rôle et le statut de Luka pour enfin enrichir un peu le récit et peut-être sortir un jour du côté uniquement lycéen du récit. Ça fait du bien.
Alors non, le titre n’a rien de surprenant pour qui a déjà quelques lectures de shojos mangas à son actif, mais celui-ci a un petit côté addictif grâce à la mise en scène pimentée de l’autrice, qui offre une jolie revisite du manga de vampire et du manga de travestissement, le tout avec des personnages adorables. Je regrette juste une héroïne un peu trop naïve, ce qui la rend un peu cruche sur les bords ^^!
Tome 4
Ema Toyama continue de déployer avec un certain talent son triangle amoureux au pays des vampires entre une humain, un vampire et un dhampire. Si certains actes me gênent parfois aux entournures car le consentement n’est pas la valeur préférée de l’autrice, je lui reconnais cependant un talent certain pour maintenir notre intérêt dans le labyrinthe des sentiments de ses personnages.
Ren a découvert que Mito était une fille, ce qui ne change en rien ses sentiments et ne fait que les renforcer. Luka, lui, subit la pression de sa famille qui lui révèle qu’il va bientôt tomber sur son âme soeur. Or, il n’en veut pas car il a peur de perdre ce qu’il a avec Mito.
Ce tome est longue valse chaotique des sentiments de notre trio. S’il est clair que Ren aime Mito et veut être avec elle peu importe son sexe, c’est plus compliqué pour les deux autres. Luka est toujours perturbé par la fillette qu’il a blessé autrefois et ne veut pas s’engager avec une fille, même lorsque celle-ci semble être son âme soeur et l’attire donc inexorablement. Mito, elle, a peur de lui révéler qu’elle est une fille et de le perdre. Franchement, il se coupe vraiment les cheveux en quatre pour pas grand-chose, comme souvent dans ce genre d’histoire.
Cependant le récit est dynamique et agréable à suivre. On tourne un peu en rond avec les héros qui peinent à être honnêtes et se mettent des obstacles là où il n’y en a pas, donnant l’impression d’être dans une revisite de Cendrillon, notamment dans les premiers chapitres où Luka tombe sur une Mito version fille sans la reconnaitre. Heureusement que les personnes autour sont là pour les secouer. Avec ses sentiments, Ren pousse Luka à agir et Mito à s’interroger sur la suite. La famille de Luka lui ouvre aussi un peu les yeux, tandis que celle de Ren vient tout compliquer dans un final surprenant qui va probablement rebattre encore les cartes.
Malheureusement, si je trouve le récit dynamique et avançant plutôt bien dans l’ensemble, j’ai plus de mal en ce qui concerne le développement des relations. En dehors du fait que je trouve les héros agaçants par leur indécision et leurs secrets, surtout Mito, j’ai été profondément dérangée par le caractère forceur de Ren sous couvert de protéger la personne qu’il aime. Il lui aime un baiser, il lui impose des embrassades et autres câlins, il lui impose même à la fin une morsure et jamais Mito n’a son mot à dire. Celle-ci est bien trop passive face à une attitude au minimum déplacée, je trouve ce genre de pratique regrettable dans un manga à destination d’adolescents…
Ainsi Vampire Dormitory reste un bon divertissement pour qui cherche une romance avec des vampires reprenant les anciens codes des romances lycéennes. L’autrice sait raconter une histoire pour tenir ses lecteurs en haleine. Il est juste regrettable que les valeurs ne suivent pas également…
Tome 5
Que de drames, que de drames dans ce nouvel opus ! Après avoir tant tourné en rond, l’autrice a décidé de passer non pas la seconde mais directement la cinquième et ça fait tout drôle ^^!
Lors de son dernier anniversaire, Ren a appris qu’en tant que dhampire, il avait le pouvoir par sa morsure d’exaucer des souhaits. Ni une, ni deux, il s’en sert pour transformer Mito en garçon et ainsi pouvoir la garder rien que pour lui, et tant pis pour les sentiments de celle-ci et ceux de Luka…
Décidément, il y a toujours quelque chose de problématique dans le personnage de Ren qui n’en finit plus sous couvert de fausse gentillesse de piétiner les sentiments des autres et la notion de consentement. J’ai beaucoup de mal… Mais au moins, avec ce nouveau rebondissement, l’histoire connait une renaissance.
Je trouvais que nous tournions un peu en rond avec Luka et Mito, le premier étant enfermé dans sa volonté de ne pas aimer les femmes et la seconde dans celle de ne pas révéler qu’elle en est une. L’autrice a radicalement et brutalement, peu trop d’ailleurs à mon goût ^^!, changé son fusil d’épaule, rendant Luka très sensible à la question de son âme soeur. D’un coup, c’est devenu une obsession pour lui, occultant ses sentiments passés pour Mito, ce qui perturbe grandement celle-ci.
Déjà qu’avec le sort de Ren, ce n’est pas facile de se retrouver dans un corps d’homme, la voilà en plus en confrontation avec une rivale inattendue qui sort de nulle part et lui ressemble comme deux gouttes d’eau. L’autrice ne nous épargne rien. Cette rivale va bien sûr semer la zizanie, ce qui va encore faire drôlement évoluer l’histoire dans une direction inattendue grâce aux nouveaux pouvoirs de Ren.
Décidément dans ce tome, la mangaka ne mollit pas. Elle enchaîne les retournements de situation et les rebondissements sortant tout droit de son chapeau. Cela donne un rythme très rapide, peut-être trop, puisque cela empêche tout ça d’avoir un impact un tant soit peu crédible. C’est vrai trop précipité. Alors oui, il fallait que ça bouge mais peut-être pas si vite, pas autant, pas dans tous les sens et avec des personnages aux revirements trop brutaux. Cela fait vraiment mauvaise parodie et je ne pense pas que ce soit l’effet voulu…
Ainsi, je me suis amusée du retour du Boys Love dans les codes de ce tome. Les situations tendancieuses sont ainsi très drôles. Pour autant, l’histoire avance trop vite et part trop dans tous les sens avec des personnages dont les brusques revirements font perdre l’impact qui était probablement souhaité par l’autrice. Ce n’était pas la meilleure façon de faire évoluer l’histoire ^^!
Tome 6
Ema Toyama fait du Ema Toyama dans ce tome en accélérant drastiquement le rythme de son intrigue et en rendant ses personnage encore plus proche, beaucoup plus proche, mais également en compliquant encore leur vie à mort. Elle aime le mélodrame et ne s’en prive pas. Ça m’amuse autant que ça m’agace.
L’accélération du rythme de la mangaka a de quoi surprendre, il déstabilise même dans un premier temps quand on ouvre le tome, donnant le sentiment d’être dans le rêve d’un des héros, mais non c’est la réalité qui se précipite comme un camion lancé à pleine vitesse. C’est étrange car jusque là elle avait plutôt pris son temps ce qui n’avait rien de néfaste.
Luka découvre donc qui est son âme soeur et la sauve par la même occasion. Tout change ensuite pour nos amoureux et l’autrice ne se prive pas de satisfaire la curiosité des lecteurs amateurs de romances. Les scènes romantiques plus ou moins tactiles s’enchaînent à la vitesse de la lumière dans ce tome. C’est mignon et ça fait plaisir après tout ce temps de voir Luka et Mito heureux ensemble sous leurs vraies identités, mais c’est un peu too much quand même, donc ça sonne tout sauf naturel. Oui, je sais on est dans une histoire de vampires mais quand même, j’aime quand un développement est crédible, ce qui n’est pas le cas ici.
Heureusement pour combler un peu le vide de l’histoire, qui ne se résumeraient qu’aux embrassades et câlins des héros sinon, l’autrice ajoute un tantinet de politique avec le peuple des vampires, qui pour les uns ont hâte de porter Luka et son âme soeur au pouvoir, tandis que les autres rêves plutôt de les faire chuter. Un nouvel antagoniste infiltre donc le lycée, tandis que Komori prépare la succession et que Ren disparait bien vite du tableau. Cependant les ressorts avec le nouvel arrivant sont les mêmes ou presque qu’ils l’ont été avec Ren, Ruze se rapprochant de Mito et tombant sous son charme malgré lui.
Malgré tout cette tentative permet à l’autrice de creuser enfin un peu le passé méconnu de Mito. Des souvenirs heureux mais pas que lui reviennent et c’est un nouveau mystère qui alimentera bien les tomes à venir ajoutant le mélodrame si cher à l’autrice, je parie. En attendant, cela permet de redécouvrir les dessins toujours aussi charmants de la mangaka quand il s’agit de mettre en scène des bambins. Son trait plein de rondeur est parfait pour cela.
Avec des héros qui ont fait tomber les masques, l’autrice offre un tome bien plus romantique que les précédents. Une ombre s’écarte pour laisser la place à une autre. La romance est toujours au coeur et la politique en marge, ce que je regrette un peu, surtout vu la précipitation de l’autrice et sa propension aux drames exagérés. Une lecture distrayante mais manquant de justesse et de profondeur.
Tome 7
Avec une facilité due à ses multiples séries, Ema Toyama déploie une narration toujours aussi fluide et limpide pour nous embarquer dans les aventures sentimentalo-vampiriques de ses héros. C’est léger, très cliché, mais sympathique à suivre même si tout se déroule un peu trop vite.
L’autrice a passé la seconde. Maintenant que son héros sait enfin avec qui il vit, révélations et déclarations s’enchaînent à toute vitesse dans des chapitres courts et concis où les péripéties arrivent les unes après les autres. Heureusement, on aime bien la candeur et la gentillesse profonde des personnages, ce qui rend cela mignon à suivre. Certes, c’est totalement rocambolesque et pas crédible pour un sou même en se mettant d’accord pour accepter le décor fantastique mais cela reste mignon tout plein.
Ainsi, on est charmé de voir Luka faire sa demande à Mito. On est ravi pour eux, ça fait vraiment plaisir de les voir heureux ensemble et épanouis, apprenant à se découvrir en tant qu’homme/vampire et femme/fiancée. L’autrice sait dessiner les scènes romantiques pour rendre celles-ci gentiment affriolantes et ici, pour une fois, elle n’abuse pas comme dans Love Mission, donc ça reste au stade du mignon.
De plus, elle agrémente cela d’une nouvelle aura politique, nous dévoilant la présence du frère aîné de Luka, qui a toujours vécu dans l’ombre pour protéger ce dernier, ce qu’il vit mal. On découvre ainsi le passé de ce dernier, expliquant son rôle présent dans la rébellion qui s’organise dans le monde des vampires à l’encontre de Luka et de son protecteur. Cette légère mise en danger du héros et de sa dulcinée permet de rendre le récit plus vif et pas seulement sirupeux avec leur histoire d’amour, même si la romance reste le coeur. Il suffit de voir comment la mangaka a greffé de nouveau triangles amoureux autour de tout cela aussi bien du côté des héros que de leurs amis Juri et Takara. Le fantastique reste cependant un peu trop léger à mon goût.
Sous ses dehors d’autrice établie, Ema Toyama propose ici pour les jeunes lecteurs une romance légèrement fantastique bien menée et pleine d’allant. Oui, cela va vite. Oui, on reste un peu trop en surface de ce qui aurait pu rendre le récit différent. Mais c’est joliment fait, prenant, bien dessiné, dynamique et mignon.
Tome 8
Des histoires de vampires, j’en ai lues et celle-ci coche toutes les cases du genre. Pourtant grâce à sa narration ultra fluide, dynamique et rapide, Ema Toyama continue de la rendre bien plaisante à lire, surtout depuis qu’il s’amuse à nous plonger dans sa mythologie du vampire et bascule ainsi son histoire dans une dimension plus fantastique.
Les débuts de Vampire Dormitory, c’était justement comme son titre l’indique, surtout une romance dans un pensionnat. Mais depuis que les héros se sont dévoilés, le titre plonge plus dans l’univers des vampires et le royaume de Luka, c’est assez plaisant. Alors oui, cela va très vite, c’est rempli de clichés, c’est artificiel pour ne pas dire prévisible et pas forcément très actuel dans la vision de l’amour, des femmes, du couple, mais qu’importe le divertissement, lui, est bien là.
On apprécie ainsi de découvrir le frère de Luka, Ruka, qui lui aussi est amoureux de Mito et compte bien la conquérir. On fond quand on voit celle-ci lui résister et affirmer son amour, amour si puissant qu’il la transporte dans le monde des vampires lui-même ! C’est touchant également de découvrir une autre histoire d’amour dramatique entre humain et vampire avec Komori.
L’autrice revient également sur la prophétie concernant les deux jumeaux, nous la détaillant, pour qu’on comprenne comment ils sont arrivés à une telle situation. C’est un grand classique parfaitement réutilisé ici, et encore plus avec la figure centrale de Mito, qui devient celle qui départagera, réunira ou séparera les deux frères. Mais au moins, l’autrice image quelque chose derrière son histoire et il n’y a pas juste une rivalité entre deux garçons amoureux et basta.
Après comme je le disais, c’est très superficiel. En dehors des quelques figures connues, on ne voit personne d’autre dans ce royaume qui doit pourtant être peuplé. On ne nous apprend rien de bien concret sur son fonctionnement au quotidien et sur ce que Luka va y faire. Tout est survolé. Il y a énormément de grosses ficelles et tout le monde oublie le monde des humains. On sent clairement que ce n’est pas un titre ultra travaillé mais juste un divertissement créé pour faire palpiter le coeur des fans, plutôt féminins quand même, de vampires avec plein de petits gimmicks dont elles sont fans. C’est léger mais il ne faut pas chercher plus.
Vampire Dormitory est donc une romance entre un vampire et un humain comme on a pu en lire plein mais avec des personnages sympathiques de par leur candeur et une écriture dynamique pleine d’allant qui fait qu’il se passe plein de choses et qu’on avance sans cesse dans une certaine direction. J’ai aimé qu’on laisse un peu le pensionnat de côté maintenant pour aller plus vers le Royaume des vampires. J’espère désormais que celui-ci ne restera pas un simple décor et qu’il connaîtra un vrai développement, mais je crains que cela ne reste superficiel comme le reste.
Tome 9
Là où sa série Le roi-démon et moi et nos 10 enfants est un pur régal parce que totalement loufoque et barré, malheureusement Vampire Dormitory est bien trop premier degré et offre ainsi une accumulation de clichés bien peu digestes sur les vampires…
J’ai toujours eu espoir que la série bascule à un moment et propose autre chose que des clichés du genre, ce n’est malheureusement pas le cas et je doute que cela arrive. Heureusement Ema Toyama sait raconter une histoire, ainsi en dépit de ces clichés qui s’accumulent et me dérangent, on suit quand même facilement les aventures de Mito et ses amoureux vampires.
Commençons par ce qui fâche : la romance est cul cul à l’extrême avec des déclarations à l’emporte pièce, des personnages trop plein de candeur et de naïveté, une héroïne soumise aux désirs des vampires mâles et certaines scènes se veulent bien racoleuses. Ça fait un peu beaucoup. On a aussi des garçons qui n’en font qu’à leur tête et pour qui l’héroïne est surtout un trophée, un moyen de triompher sur l’autre et montrer que c’est eux qui ont le plus de sentiments… Bof bof, je ne suis pas très fan de cette morale.
Après d’un point de vue scénaristique pur, l’histoire bouge pas mal. Il n’y a pas de temps morts. On a bien basculé du côté du monde des vampires et on en découvre certaines traditions. Les trahisons sont légion également et pimentent bien l’histoire. On s’intéresse par exemple de plus près à ce qui est arrivé aux parents de Mito, mais aussi, encore et toujours, à cette guerre des clans pour la couronne des vampires. S’y ajoute en plus des duels amoureux hauts en couleur et la surprenante question du genre et de l’identité sexuelle qu’on voit poindre ici avec les amis des héros. On n’a donc pas le temps de s’ennuyer.
Pour qui aime les histoires de vampires classiques avec de vrais méchants à dents pointues, le tout avec un zeste de sexy, et une héroïne qui se pâme d’amour pour son héros et futur roi, ça peut le faire. Il y a une certaine forme de romantisme (pas le mien) et de l’action, en veux-tu en voilà. Si on a aimé Ema Toyama sur ses premières histoires, celle-ci ne démérite pas à côté. Si on préfère un côté plus fun et décalé, il vaut mieux chercher du côté de sa toute dernière série bien mieux écrite.
Un tome qui n’est donc pas à la hauteur de ce que j’attends désormais de l’autrice. J’ai eu l’impression, malgré sa volonté d’offrir un récit dynamique et plein de peps’, d’être tombée sur un bon gros nanar sentimentalo-fantastique avec des vampires qui se disputent leur belle. J’ai connu l’autrice avec plus de mordant !
Tome 10
Du Ema Toyama pur jus avec ses qualités et ses défauts selon qu’on aime ou pas, mais surtout la fin survitaminée d’un premier arc qui se traînait un peu.
Aucun spoil ici, la couverture se proposait déjà de le faire ^^! Mais quand on connaît l’autrice, on sait qu’au bout d’un moment ça la démange et qu’elle a besoin d’accélérer, accélérer les choses et c’est le cas ici. Avec nos héros tous dans le monde des vampires, avec le danger du frère de Luka, la blessure de l’ancien, la capture de Mito, il fallait passer à l’action et c’est le cas !
Tome survitaminé, l’autrice y enchaîne évasion, combats, mariage, sauvetages, transformation, le tout à un rythme trépidant. Pour ma part, j’ai trouvé que ça allait beaucoup trop vite, que tout était superficiel, que les discours sonnaient creux et que les valeurs étaient archaïques, mais pour le lecteur plus jeune qui est la cible, cela a le mérite d’aller vite droit au but pour passer enfin à autre chose.
Ema Toyama fait donc preuve d’une belle efficacité. Elle enchaîne tout plein de séquences à un rythme effréné en restant lisible. Elle fait intervenir l’ensemble des personnages pour qu’ils participent à l’aventure et s’y révèle. Ren est ainsi un bon ami et allié, Juri trouve le coeur de Takara au milieu de tout ça. Luka et son frère ont la conversion qu’ils auraient dû avoir depuis longtemps et LE grand méchant est découvert et éliminé lors d’une jolie séquence émotion + affirmation de son pouvoir de Luka, dont on découvre l’étendue comme chef des Vampires. Classique mais efficace.
Ce qui me pose en fait beaucoup problème, c’est le traitement de Mito. Je trouve celle-ci tellement enfermée dans cette vision de femme faible et soumise aux aléas des hommes que ça me crispe énormément. Elle est totalement ballottée au gré des décisions et actions de ceux-ci, et la seule décision qu’elle prend bien sûr, c’est un sacrifice. C’est tellement archaïque et malsain tout ça… L’autrice m’a souvent gênée avec cela dans ses oeuvres et cela se confirme ici. Elle fait d’ailleurs passer son héroïne de la fille pure, victime idéale, à la vamp séductrice, dangereuse, dès qu’elle la transforme, comme si elle était cantonnée à cette vision manichéenne très biblique. C’est très maladroit et surtout embêtant dans un titre destiné à la jeunesse, qui fausse et oriente ainsi négativement la vision de la femme.
Enfin la fin du premier arc de cette série vampirique à la sauce Toyama. A un rythme effréné, tout se règle et le happy end est là derrière les épreuves. Sauvetages, combats et transformations sont au rendez-vous pour faire avancer tout ce petit monde vers la voie du monde adulte. Dommage que cela soit parfois gâché par une vision archaïque de la femme et une narration beaucoup trop superficielle.
(Merci à Sanctuary et Pika pour ces lectures.)
© 2019 Ema Toyama / ©2020 Editions Pika
Comme tu le soulignes, tout va très vite dans ce premier tome mais justement, ça m’a bien plu. Ca permet de rapidement développer les personnages et l’univers et même si je n’ai pas senti une énorme originalité (alors même que je ne suis pas un gros lecteur de shojo), j’ai vraiment passé un excellent moment avec ce premier tome. Pour moi c’est une très bonne surprise !
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Tant mieux si ça peut faire passer un bon moment aux lecteurs, mais j’avoue que par exemple, ce n’est pas un titre dont je ferai la pub pour faire découvrir le genre, il est trop passe partout et léger. Je pense que dans quelques années, il sera totalement oublié ^^!
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Ce n’est pas impossible, mais je t’avoue que, ne lisant pas beaucoup se shojo, je trouve au contraire que c’est une porte d’entrée sympa.
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Finalement, ton avis me semble positif sur ce manga à condition de le prendre comme une grosse comédie et de ne pas s’offusquer des clichés 🙂 J’aime beaucoup l’idée d’un vampire otaku allergique aux femmes en 3D ! Peut-être la pointe d’originalité pour différencier, même un peu, ce manga des autres du genre ?
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Oui, j’ai essayé de trouver des points positifs car même s’il m’a semblé parfaitement dispensable, je n’ai pas non plus passé un mauvais moment en le lisant. Du coup, l’angle de la comédie marche bien pour l’analyser et le présenter 😉
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J’ai bien aimé ce premier tome, je suis curieuse de lire la suite ! 🙂
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Je passe mon tour pour ce titre, et à mon avis tous les titres à venir d’Ema Toyama, on n’est plus du tout sur la même longueur d’ondes xD J’avais beaucoup aimé les débuts de Love Mission et ce côté où elle ne laisse pas marcher sur les pieds, mais c’était rapidement parti en cacahuètes, en revanche je lis Our Little Secrets qui est tout aussi classique, mais beaucoup plus mignon à suivre, mais je pense que ce sera mon dernier titre venant d’elle… L’histoire a l’air sympa, le dessin aussi, mais je sens que l’on va pas s’entendre du tout xD En tout cas bonne découverte pour la suite 😉
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Je peux te comprendre, il y a des auteurs comme ça où une série suffit (surtout quand elle est longue comme Love Mission) et où on sent vite venir le burn-out xD
Sans rancoeur 😉
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