Livres - Science-Fiction

La mort du temps d’Aurélie Wellenstein

Titre : La mort du temps

Auteur : Aurélie Wellenstein

Éditeur : ScriNeo (grand format) / Pocket imaginaire (poche)

Années de parution : 2017 / 2019

Nombre de pages  : 281

Histoire : Un séisme temporel a dévasté la Terre, massacrant une large partie de la population et mélangeant les époques entre elles. Callista se retrouve seule survivante dans un Paris ravagé où s’amalgament deux-mille ans d’architecture. Tous ses repères chamboulés, la jeune fille n’a plus qu’un espoir : retrouver en vie sa meilleure amie, restée dans l’Est de la France. Callista part à pied pour un long périple, talonnée par la monstrueuse réplique du séisme qui semble la suivre pour l’anéantir. Si elle s’arrête, si elle ralentit, le cataclysme la dévorera. Au côté d’étranges compagnons, issus de siècles différents, elle va tout faire pour échapper au chaos.

Mon avis :

J’ai eu la chance de découvrir cette année la plume et l’univers d’Aurélie Wellenstein via deux titres sombres et crus que j’ai adorés : Le roi des Fauves et Le Dieu oiseau, j’ai donc eu envie de poursuivre avec cette fois un titre qui change un peu et touche moins voire pas du tout à la Fantasy contrairement aux précédents : La mort du temps.

Comme toujours, l’autrice aime les textes courts et ramassés. Ce roman ne compte donc que 281 pages ce qui peut faire bref mais convient en fait parfaitement au propos de l’histoire. Aussi bien dans l’édition grand format que dans la poche, ce texte est, de plus, illustré par une très belle couverture qui donne le « la » sur l’aventure que nous allons vivre. J’ai pour ma part une préférence pour celle d’Aurélien Police qui accompagne la version poche, je suis donc ravie d’avoir eu cette version.

Dans cette nouvelle intrigue, Aurélie Wellenstein continue à développer les thèmes et tons qu’elle affectionne. Ainsi même si nous ne sommes pas dans un récit de fantasy, nous retrouvons cette même ambiance survival que dans les précédents textes que j’ai lu d’elle. On se retrouve à nouveau également avec une héroïne banale, solitaire au début, qui va voyager et réunir un groupe d’individus autour d’elle, lui faisant prendre de l’importance. On se retrouve également avec une héroïne dont la destinée lui est cachée et va lui être révélée de manière tragique. Aurélie Wellenstein semble aimer le drame et la tragédie et les manie à merveille.

Cette sorte de revisite moderne du Magicien d’Oz prend donc place dans un Paris, puis une France, qui ont été frappé d’un cataclysme surnaturel très particulier : la mort du temps comme le dit le titre, ou plutôt un carambolage de l’ensemble des trames temporelles en 2021. Cela déclenche un chaos indescriptible dans lequel l’héroïne perd ses parents et décide de se raccrocher à la figure de sa meilleure amie et amante qu’elle va alors chercher par tous les moyens à rejoindre, tout en échappant au Flash qui la suit et semble vouloir l’effacer. Commence alors pour elle, un voyage très étrange sur les routes d’une France métamorphosée par la catastrophe où l’on croise des hommes-cheval, des hommes-loups, des rues du Moyen-Âge cohabitant avec des rues actuelles, des cathédrales entourées de ptérodactyles, des hommes préhistoriques partis en chasse, etc.

J’ai beaucoup aimé l’univers mis en place et imaginé par l’autrice. C’est très sombre et mystérieux. On ne comprend pas bien ce qui s’est passé et comment. C’est très flou et la seule chose à faire est d’avancer. Ça m’a un peu rappelé des titres comme Sur la route de Kérouac, Je suis une légende de Matheson, mais dans une ambiance encore plus étrange. La solitude qui pèse sur l’héroïne, elle, n’est que ponctuelle puisqu’elle va au fil de son voyage faire des rencontres qui vont l’en libérer. Mention spéciale à Roland, l’homme cheval, Gascogne, l’homme-loup et Jeanne, la fillette, trois personnage très bien construits aussi bien dans leur caractérisation que dans leur personnalité. J’ai aimé la gouaille de Gascogne, le piquant de Jeanne, et au contraire le caractère protecteur et rassurant de Roland. Ils allègent un peu cette atmosphère sombre et pesante.

L’autrice a parfaitement retranscrit leurs errances dans une nature qui semble quand même avoir repris ses droits malgré les bizarreries temporelles. L’atmosphère chaotique est saisissante et étouffante à souhait. J’y ai retrouvé le talent de l’autrice pour écrire là-dessus comme dans ses précédents titres. L’utilisation du carambolage temporel est également bien fait et l’intrigue bien menée à travers les différents moments clés qu’elle traverse et qui éclairent peu à peu le lecteur sur ce qui se passe. J’ai apprécié et regretté à la fois de découvrir si rapidement de quoi il était question. J’aimais beaucoup l’aura de mystère et de perte de repères des débuts. Une fois la révélation faite, on perd cette magie, mais on gagne autre chose sur la construction de l’univers et du caractère de l’héroïne.

Mais il y a un gros MAIS… J’ai eu beaucoup de mal à lire cette aventure. J’ai beau aimer tout ce dont j’ai parlé plus haut, j’ai trouvé ma lecture très molle et très lente. Je me suis retrouvée à trainer un peu les pieds pour avancer alors que le titre est court. Tout le début où il n’y a que l’héroïne est très pesant et l’intrigue n’a pas de rythme. On a droit à de très longues descriptions pour évoquer l’univers imaginé mais du coup cela tue tout dynamisme narratif. Par la suite, on suivant leurs pérégrinations à pied, on retrouve le même problème et on a l’impression d’avancer au même rythme d’escargot qu’eux. Ça m’a vraiment tué mon plaisir de lecture. J’ajouterais que je n’ai pas vraiment accroché à l’héroïne que je trouve lisse et transparente malgré le fait que l’autrice ait choisi d’en faire une lesbienne pas vraiment sortie du placard. C’est mal exploité et je n’ai pas eu le sentiment qu’elle prenait souvent les rênes de son destin sauf dans la toute fin. Du coup, les personnages secondaires lui volent allègrement la vedette et je serai bien en peine de trouver des adjectifs pour la caractériser contrairement à eux…

Ainsi, ma lecture fut en demi-teinte. C’est la première fois que je ne suis pas emballée par un titre de l’autrice. Je lui trouve certes des qualités mais l’intrigue ne me parle pas ou plutôt son absence de rythme m’a empêchée de vraiment l’apprécier. C’est dommage parce que l’autrice avait su manier diverses influences pour imaginer une histoire qui pourrait être marquante.

(Merci à Pocket imaginaire pour cette lecture)

Ma note : 14 / 20

18 commentaires sur “La mort du temps d’Aurélie Wellenstein

  1. Dommage pour le rythme ou, plutôt, l’absence de rythme et une héroïne un peu fade… En revanche, j’aime beaucoup ce principe de mélange des différentes trames temporelles avec tout ce que cela implique ! Je ne sais pas quand je le ferai sortir de ma PAL, mais j’espère que les bémols que tu pointes ne me rebuteront pas trop même si je pourrais peut-être m’accrocher aux personnages secondaires pour avoir envie d’avancer…

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  2. Ah ouais mais non ils vont super vite à pied ! je me souviens avoir retranscrit le parcours sur viamichelin parce que ça me choquait qu’ils avancent aussi vite XD enfin bref, c’est mon préféré de l’autrice celui-ci, j’ai donc mieux aimé que toi héhé
    Kin

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    1. Lol je ne parle pas de lenteur dans le sens du temps que l’autrice dit qu’ils passent sur les routes, ce n’est pas ça avoir des problèmes de rythme dans un livre.
      Effectivement nos avis divergent complètement, je préfère largement ses titres plus sombres et ethniques : le Dieu oiseau et le Roi des fauves. Mais je reconnais qu’il y a de chouettes idées ici ^-^

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    1. Niveau ambiance les 2 sont très différents. Le roi des fauves est plus cru, version conte cruel. Ici, c’est plus contemporain dans l’approche, plus SF post apo un peu avec du fantastique venant de notre histoire culturelle, alors ça pourrait peut être te plaire, surtout que tout le monde n’a pas ressenti ce problème de rythme que je soulève 😉

      J’aime

  3. C’est l’un des seuls livres de l’auteure sur lequel je ne me suis pas penchée, justement parce que le concept de l’histoire me semblait terriblement tordu. Et, connaissant Aurélie Wellenstein, j’avais peur de ce qu’elle était capable de faire à ses personnages ^^.
    Les lenteurs que tu évoques me refroidissent encore plus, sachant que les autres titres m’avaient paru relativement dynamiques. Bref, je n’ai toujours pas envie de tenter l’aventure 😉.

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