Livres - Science-Fiction

Eriophora de Peter Watts

Titre : Eriophora

Auteur : Peter Watts

Éditeur : Le Bélial’

Années de parution : 2020

Nombre de pages  : 217

Histoire : Ils sont trente mille.
Ils voyagent depuis soixante millions d’années.
Leur mission : déverrouiller la porte des étoiles…
Avez-vous jamais pensé à eux ?
Aux Progéniteurs, aux Précurseurs — qu’importe le nom que vous leur avez choisi cette semaine —, ces dieux anciens disparus qui ont laissé derrière eux leurs portails et leurs autoroutes galactiques pour votre plaisir ? Avez-vous jamais cessé de vous demander ce qu’ils ont vécu ?
Pas d’hyperespace de seconde main pour eux. Pas d’épaules de géant sur lesquelles se dresser. Ils rampent à travers la galaxie, pareils à des fourmis, en sommeil pendant des millénaires, se réveillant juste assez longtemps pour lancer un chantier d’un système solaire à l’autre. Ils vivent au fil d’instants répartis le long des millions d’années, au service d’ancêtres morts depuis une éternité, pour des descendants n’ayant plus rien de commun avec eux. À vrai dire, ce ne sont pas des dieux mais des ouvriers, des hommes des cavernes vivant dans des astéroïdes évidés, lancés dans une mission sans fin pour étendre un empire posthumain qui ne répond même plus à leurs appels…

Mon avis :

Avec sa superbe couverture signée Manchu, Eriophora m’a de suite tapée dans l’oeil, mais mes dernières expériences avec la Hard Science me faisait un peu craindre le pire avec un auteur aussi réputé que Peter Watts. Mais les premières chroniques en parlant comme quelque chose de tout à fait abordable m’ont rassurée et je remercie Le Bélial’ pour cet envoi et leur confiance qui m’a permis de le lire et de vous en parler.

Eriophora, c’est d’abord un très bel objet livre proposé par Le Bélial’ qui décidément sait gâter ses lecteurs. Dans un format entre poche et grand format, sur une reliure souple à rabat, se déploie la superbe illustration de couverture de Manchu où l’on peut admirer le vaisseau-astéroïde que nous allons suivre ainsi que l’un des portes qu’il construit. L’intérieur est composé 6 chapitres commençant toujours par une illustration métaphorique relatant ce qu’il s’y passe, et clairement le choix de la maquette m’a vraiment plu. C’est un détail mais le choix pour l’écriture des numéros des pages m’a paru judicieux et j’ai aimé le jeu auquel se livre l’auteur à l’intérieur de sa propre histoire.

Cette histoire, c’est celle d’un bâtisseuse, une femme qui a été formée et s’est embarquée sur un vaisseau-astéroïde dont la mission est de bâtir sur des millions d’années des portes des étoiles, des portails ayant pour but de devenir des autoroutes célestes. Mais ce n’est pas la construction de ces portails que nous allons suivre. Non, l’auteur nous offre une plongée au sein de la vie à bord de ce drôle de vaisseau où à chaque réveil l’héroïne relève quelque chose d’intrigant qui la pousse à s’interroger sur la vie à bord.

Je sais que certains n’ont pas aimé, pour ma part, j’ai adoré le rythme très lent du récit. Il m’a parfaitement fait ressentir la très très longue durée de cette mission. J’ai aimé ce sentiment de lire une suite de nouvelles se déroulant dans le même univers, avec la même héroïne, et dans lequel on dégage peu à peu un fil conducteur. La narration est très bien menée rendant le récit de plus en plus immersif. On plonge petit à petit dans les méandres de la vie à bord et tout ce que cela implique. C’est très mystérieux, un brin sombre et morose, collant parfaitement à la mission dans laquelle ils se sont tous engagés.

Parlons-en de cette mission, c’est vraiment de l’esclavagisme moderne voire pire, puisque l’on suit quand même des gens qui ont été créés (?) ou du moins formatés pour accepter ces horribles conditions de travail que l’on découvre au fur et à mesure. C’est glaçant et fascinant. La mission nous apparaît en plus comme totalement absurde au fur et à mesure de son avancement au vu de l’absence d’échanges avec ceux restés sur Terre. C’est une mission sans voie de retour qui n’a pas été sans me rappeler celle d’Ulysse parfois, puisque comme lui l’équipage à bord doit affronter son lot d’inattendu.

Comment vivre alors à bord ? L’héroïne, Sunday, semble tout d’abord totalement résignée, subissant son sort sans même s’en rendre compte, ce qui est assez déprimant. Mais il suffit d’un mot, d’une rencontre pour tout faire basculer. Le récit rentre alors dans une dimension thriller qui m’a beaucoup plu, où d’un côté on s’interroge sur l’origine du mal en quelque sorte et sur celui qui fait perdurer voire péricliter le système, et de l’autre on assiste à la résistance que vont mettre en place les humains à leur échelle. Passionnant.

Eriophora est donc un récit à tiroirs où ceux-ci s’emboîtent parfaitement au fil des chapitres. On plonge de plus en plus profondément dans le fonctionnement de ce drôle de vaisseau aux côtés d’une héroïne atypique qui a du mal à trouver sa place entre sa fascination pour Chimp, l’I.A. faisant fonctionner le vaisseau, et son désir de rester soudée avec ceux de son espèce et de les soutenir. C’est un vrai titre d’ambiance, une ambiance lourde et calfeutrée, voire étouffante où un mal étrange rode contre lequel il va être dur de lutter. Cela n’a pas été sans me rappeler des textes comme 2001 l’Odyssée de l’Espace, bien sûr, mais aussi d’autres récits de vie à bord de vaisseaux ou d’autres récits de travailleurs besogneux dans l’espace.

En ce qui me concerne, j’ai beaucoup aimé cette courte lecture pourtant assez dense où finalement le décor hard science fut effectivement tout à fait abordable car vulgarisé par l’auteur pour les novices comme moi. J’ai été bien plus emportée par la trajectoire de Sunday et les réflexions que cela pousse à avoir sur notre rapport aux I.A. mais également à l’industrie et au travail, qui furent pour moi le coeur de ce récit. Cette lecture fut donc un petit coup de coeur !

Ma note : 15,5 / 20

Encore merci à Le Bélial’ 

14 commentaires sur “Eriophora de Peter Watts

  1. Ce titre m’intrigue depuis sa sortie et ton avis me rassure sur l’accessibilité du roman puisque lisant peu science-fiction, j’ai toujours peur de ne pas tout saisir. En tout cas, découvrir cette vie à bord a l’air fascinant malgré un rythme languissant qui semble d’ailleurs faire partir du charme du roman.

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