Livres - Fantasy / Fantastique·Livres - Jeunesse / Young Adult

Nevernight de Jay Kristoff

Titre : Nevernight

Auteur : Jay Kristoff

Éditeur vf : De Saxus

Année de parution vf : 2020-2022

Nombre de tomes vf : 3 (série terminée)

Histoire : Dans un pays où trois soleils ne se couchent presque jamais, une tueuse débutante rejoint une école d’assassins, cherchant à se venger des forces qui ont détruit sa famille.
Fille d’un traître dont la rébellion a échoué, Mia Corvere parvient de justesse à échapper à l’anéantissement des siens. Livrée à elle-même et sans amis, elle erre dans une ville construite sur les ossements d’un dieu mort, recherchée par le Sénat et les anciens camarades de son père.
Elle possède un don pour parler avec les ténèbres et celui-ci va la mener tout droit vers un tueur à la retraite et un futur qu’elle n’a jamais imaginé.
À 16 ans, elle va devenir l’une des apprentis du groupe d’assassins le plus dangereux de toute la République : L’Église rouge. La trahison et des épreuves l’attendent dans les murs de cet établissement où l’échec est puni par la mort. Mais si elle survit à cette initiation, elle fera partie des élus de Notre-Dame du Saint-Meurtre, et elle se rapprochera un peu plus de la seule chose qu’elle désire : la vengeance.

Mon avis :

Tome 1 : N’oublie jamais

Malgré la beauté de leurs objets livres, pour l’instant j’en étais à deux lectures, deux déceptions, avec les titres proposés par De Saxus. Mais têtue que je suis, il me fallait insister jusqu’à trouver celui qui me plairait. C’est chose faite avec Nevernight qui possède tout ce que j’aime : de la gouaille, une belle écriture, une montée en puissance, un univers riche et sombre, une héroïne forte et fragile, des mystères, et j’en passe ! J’ai donc passé un excellent moment de lecture avec ce premier tome qui fut un coup de coeur !

Nevernight est le premier tome d’une trilogie signée Jay Kristoff, auteur que l’on connait déjà en France pour des sagas tantôt jeunesses, tantôt adultes, comme Aurora Squad, Illuminae ou La guerre du Lotus. Ici, il revisite avec brio le genre classique en fantasy de l’assassin vengeur et après un premier chapitre magistral, j’ai de suite su que ça allait me plaire.

En effet, il ouvre son roman par un chapitre à l’écriture vraiment marquante qui donne le ton. Il joue de sa plume avec maestria, décrivant deux situations très différentes vécue par l’héroïne mais en utilisant les mêmes mots. Quelle virtuosité ! J’ai ainsi de suite été frappée par l’excellence de sa plume. Alors certes parfois il en abuse, jouant un peu trop les gouailleurs, notamment dans des notes de bas de pages bien trop nombreuses que j’ai fini par ne plus lire pour la plupart car elles ralentissaient ma lecture sans vraiment l’enrichir. Mais on ne peut pas retirer au monsieur qu’il a du style et un style assez flamboyant !

Cependant après cette superbe mise en bouche, le souffle est un peu retombé et les premiers temps j’ai suivi l’héroïne, Mia, avec peine. On découvre par un jeu de narration assez classique mais bien utile le passé de Mia, fille d’un homme mort pour traitrise et d’une mère emprisonnée pour cela, qui est donc en quête de vengeance. Pour cela, elle s’est enfuie et a réussi à se trouver un mentor, Mercurio, qui l’a entraînée pour devenir un assassin. Cependant, ne pouvant pas tout faire, il va l’inviter à entrer dans le cercle très fermé de l’Eglise rouge, l’école formant les meilleurs assassins, appelés aussi : Les lames.

La mise en place jusqu’à ce que Mia entre dans cette école et y prenne ses marques fut assez lente et j’avoue que les 100 – 150 premières pages furent un peu poussives pour moi, mais le livre faisant quand même plus de 700 pages, ce n’est pas la mort non plus. Surtout que la suite, elle, fut vraiment excellente.

Une fois arrivée à l’école, j’ai trouvé la découverte de celle-ci vraiment immersive. On se met dans les pas de Mia pour en découvrir les nombreux mystères et c’est passionnant. L’ambiance est lourde, pesante, oppressante parfois et surtout terriblement violente et cela d’emblée, ainsi on est prévenu ! Ce n’est pas une école gentille à la Harry Potter, mais plutôt une école de la vie qui ne va louper personne !

Pourtant, j’ai trouvé que l’auteur empruntait pas mal à un titre comme Harry Potter justement. Il met en effet en scène des professeurs dirigeant chaque une spécialité, dans laquelle il y a un concours pour arriver en haut du classement et mériter peut-être le titre de lame. L’école, elle-même, et ses règles et ses lieux mystérieuxune drôle de magie exerce ses droits m’a également rappelé ce best-seller, mais avec une teinte bien plus sombre et mature. Par exemple, quand on transgresse une règle, c’est la mort qu’on risque, non pas par ce sur quoi on tombe mais de la main même des fameux professeurs, et l’héroïne le comprend très vite. Ça donne le ton !

On la suit ainsi, au fil des mois dans son apprentissage avec les risques qu’il occasionne. J’ai été fascinée par le cadre de cette école, ses règles, ses cours, ses professeurs, sa magie, ses créatures. J’ai trouvé l’ensemble vraiment solide et très mystérieux. Les pouvoirs mêmes de l’héroïne fascinent avec cette utilisation qu’elle peut faire des ombres. Et l’on en vient à s’interroger sur leurs origines alors qu’a priori elle vient d’une famille qui en est dépourvue et que c’est quelque chose de très rare et limite tabou. Certes, il n’y avait rien de révolutionnaire mais c’était prenant et bien écrit. Il se produit un meurtre irrésolu dès le début, puis d’autres petits incidents qui poussent le lecteur à se poser des questions, ainsi le récit va plus loin qu’une simple histoire de vengeance.

La vengeance était effectivement l’élément déclencheur, le moyen par lequel on a découvert l’héroïne et cet univers d’assassin, mais ce n’est pas la finalité du texte. Au contraire, l’auteur propose une histoire bien plus riche, qui au-delà des rancoeurs de certains vis-à-vis de leurs persécuteurs, permet de parler de racisme, de viol, de tyrannie, d’emprise politique et religieuse, etc. C’est très riche et l’auteur le dévoile avec subtilité au fil de son récit pour créer ainsi un univers solide et ambitieux dans une ambiance sombre, âpre et mature, toute en noirceur.

J’ai retrouvé les mêmes qualités d’écriture dans les personnages qui m’ont accompagnée. Il y a d’abord Mia, une héroïne comme je les aime, forte et fragile à la fois, mais surtout très humaine et vraiment maligne. Elle possède un drôle de pouvoir sur les ombres dont on ne voit que les frémissements, ici, mais qui lui confère une aura ultra badass lors des combats. Elle veut venger sa famille et pense être prête à tout pour ça avec son drôle de compagnon félin fait d’ombre. Mais Mia n’est pas une personne à qui on se lie facilement, elle est observatrice, sur la réserve et cela se reflète sur les autres apprentis assassins qu’on découvre à travers elle. Cependant, l’auteur leur confère à tous une aura particulière qui donne l’impression de suivre une chouette bande de futurs assassins, même si aucun sentiment de camaraderie ne se fait vraiment sentir en dehors de quelques duos. En dehors d’eux, il y a également les professeurs, qui sont peut-être encore plus intéressants. Assassins adultes, ayant sûrement vécu déjà bien des choses, leur violence fascine autant qu’elle effraie, que ce soit le spécialiste des combats, celle des poisons, celle des métamorphoses, celui du voyage à travers le sang ou celle de l’art de la séduction. Je les ai tous trouvé fascinants et bien utilisés en général par l’auteur, même si certains font parfois un peu tapisserie et auraient mérité une meilleure exploitation, mais bon vu que c’est un récit à hauteur d’ado, c’est normal.

En lien avec les personnages, j’ai été attentive à un point qui peut vite me gâcher une bonne histoire : la romance. Et ici, j’ai eu de la chance, je l’ai trouvée elle aussi vraiment bien écrire, car ne prenant pas trop de place mais restant impactante. Avec son héroïne réfractaire à tout attachement, ce n’était pas simple d’imaginer une romance qui ne tournerait pas au ridicule ou qui ne serait pas crédible, mais il est arrivé. Comment ? En y allant pas à pas, naturellement, sans forcer et en prenant pour base une belle amitié ou du moins une belle entraide entre apprentis assassins lors des terribles épreuves qu’ils vivent dans cette drôle d’école. Ainsi, le personnage de Tric n’a rien du garçon falot que je craignais et l’amour ne transforme pas Mia en guimauve. Ouf !

Ainsi, grâce à un récit où plus on avance plus on est pris, et grâce à des mystères savamment distillés, qui donnent envie de lire la suite même si celle-ci sera forcément différente, une page s’étant tournée, j’ai vraiment eu un coup de coeur pour ce premier tome. L’auteur a su poser un rythme qui monte crescendo pour terminer sur les chapeaux de roues, le temps d’une cinquantaine de pages bien stressantes, qui offrent des scènes très visuelles que j’adorerais voir filmées ou dessinées. Non tout n’est pas parfait. La mise en place fut un peu lente et l’auteur s’est laissé aller à quelques facilités pour mettre en avant son héroïne avec des retournements grossiers, mais vu acabit du reste, on lui pardonne très facilement. Je suis désormais curieuse de découvrir la nouvelle voie empruntée par Mia, toujours aussi sombre je parie, pour percer les mystères qui l’entourent.

Tome 2 : Les grands jeux

Quel plaisir de retrouver la gouaille et la plume si vive de Jay Kristoff dans cette fantasy canaille parfaitement dosée et maîtrisée pour nous faire passer un très chouette moment !

L’auteur pense à tout. Dès les premières pages, il s’amuse à s’adresser directement à nous, ce que j’apprécie beaucoup personnellement. Mais en plus, il le fait dans un but très utile : nous remettre dans le bain, ce qui n’était pas de trop, je l’avoue. Puis tout au long de la lecture, il nous accompagne par ses petites notes savoureuses, qu’on peut ou pas lire, rien d’obligatoire, mais qui rendent la lecture encore plus sympathique et sympathique, elle l’est !

C’est donc avec grand plaisir que j’ai retrouvé l’univers de Nevernight et surtout son héroïne anti-héroïne, la terrible Mia. J’avais déjà eu un coup de coeur inattendu pour l’univers, la plume et la mise en scène dans le premier tome de ses aventures, c’est encore le cas ici. J’ai retrouvé la même virtuosité, la même nonchalance froide et la même science de l’agencement. C’était encore une fois jouissif. En plus, je n’ai pas eu le sentiment d’avoir autant de longueurs que dans le premier tome, ici j’ai trouvé cela très fluide et peut-être encore plus immersif, même si le scénario était très différent. Enfin, une fois de plus, l’auteur m’a soufflée dans les ultimes pages, nous offrant un final enlevé et surprenant. De l’excellent divertissement !

Ce divertissement s’inspire tout droit de l’histoire de Spartacus dans ce tome. J’ai retrouvé le même univers sale, crade et impitoyable que dans la série du même nom, bon en plus édulcoré quand même, faut pas déconner. Mais c’était très sympa cette fois de suivre Mia dans la nouvelle voie choisie pour sa vengeance. Grâce à la double narration et la double temporalité de la première partie, j’ai été surprise de découvrir les nouveaux plans de Mia. C’est une nouvelle fois bien tordu mais peut-être moins compliqué et plus prévisible que la dernière fois.

On la retrouve cette fois dans la peau d’une esclave, gladiatrice en herbe, dans une maison où la patronne a une écurie de gladiateurs dont elle compte bien se servir pour remporter la gloire et lutter à armes égales contre son détestable père. Vous le sentez le coup tordu, comme dans le tome 1 ? Eh bien vous ne serez pas déçu, il n’y en a pas un, mais tout plein, qui s’enchaînent à toute vitesse tout au long de la lecture. On va de surprise en surprise, d’abord en découvrant ce qui a amené Mia ici, avec qui elle prépare tout, où cela se déroule, avec qui elle va se lier, etc. L’intrigue est vraiment très riche et on ne s’ennuie jamais. Le changement de décor est radical mais pertinent, on voit ainsi l’héroïne évoluer et ça nous permet de mieux découvrir son monde, car jusqu’à présent on était un peu resté dans celui étriqué de son école d’assassin. Là, celle-ci disparaît complètement au profit de la vie en tant que gladiateur/trice et c’est passionnant.

J’ai été surprise par l’évolution de Mia dans ce tome. Si j’ai aimé la voir côtoyer de nouvelles têtes : patronne, guérisseuse, gladiateurs/trices comme elle, j’ai eu un peu plus de mal à la voir se radoucir. L’auteur cherche à nous faire croire que c’est une héroïne « très sombre » mais plus les chapitres passaient, plus je voyais que c’était du pipeau. Dommage, j’aurais aimé qu’elle reste jusqu’au bout une anti-héroïne pour qui la vengeance passe avant tout quitte à déstabiliser certains lecteurs qui préfèrent des héros plus consensuels. Mais les associations de ce tome m’ont plu en revanche. C’était chouette de la voir interagir avec un esclave, ainsi soldat de son père, qui avait bien des choses à lui apprendre. C’était intrigant de la voir côtoyer un autre enténébré très différent d’elle. C’était touchant de la voir se lier contre son gré avec d’autres combattants comme elle. En revanche, « la romance » est écrite de manière fort maladroite encore une fois. A ce stade-là, l’histoire pourrait clairement s’en passer, alors même si je suis fleur bleue, j’aurais autant préféré qu’il n’y en ait pas…

J’ai ainsi pris un grand plaisir à suivre ses aventures, son entraînement, les épreuves qui se dressent sur sa route et la façon dont elle les surmonte pour atteindre son but. C’était très vivant, plein de ruses mais aussi de combats et de mystères. Seul petit regret, la mythologie ne se creuse pas beaucoup. On n’apprend presque rien de plus sur les enténébrés et tout ce qui y touche, comme si les informations et révélations étaient réservées au premier et au dernier tome seulement… Et les quelques bribes qu’on apprend sur sa famille arrivent brutalement et en cascade, ça manque de finesse, en plus d’être prévisible à ce stade-là. Cette prévisibilité, je l’ai ressenti à plusieurs reprises dans ma lecture, ce qui n’était pas le cas avant. C’est un peu dommage, ça montre une écriture moins complexe et plus simplifiée, je le regrette. Mais en dehors de ces détails, j’ai vraiment adoré grâce au rythme prenant et plein d’allant dont fait preuve l’auteur.

Cette nouvelle étape des aventures de Mia m’a à nouveau vraiment séduite. C’est tout ce que j’attends ou presque d’un divertissement comme celui-ci. L’auteur est vraiment très talentueux pour mettre en scène cette histoire de vengeance dans un univers de fantasy d’inspiration antique/romaine avec un récit plein d’aventure et de rebondissements. J’ai hâte de voir ce que nous réserve le dénouement.

Titre : Nevernight

Auteur : Jay Kristoff

Éditeur vf : De Saxus

Année de parution vf : 2020-2022

Nombre de tomes vf : 3 (série terminée)

Histoire : Dans un pays où trois soleils ne se couchent presque jamais, une tueuse débutante rejoint une école d’assassins, cherchant à se venger des forces qui ont détruit sa famille.
Fille d’un traître dont la rébellion a échoué, Mia Corvere parvient de justesse à échapper à l’anéantissement des siens. Livrée à elle-même et sans amis, elle erre dans une ville construite sur les ossements d’un dieu mort, recherchée par le Sénat et les anciens camarades de son père.
Elle possède un don pour parler avec les ténèbres et celui-ci va la mener tout droit vers un tueur à la retraite et un futur qu’elle n’a jamais imaginé.
À 16 ans, elle va devenir l’une des apprentis du groupe d’assassins le plus dangereux de toute la République : L’Église rouge. La trahison et des épreuves l’attendent dans les murs de cet établissement où l’échec est puni par la mort. Mais si elle survit à cette initiation, elle fera partie des élus de Notre-Dame du Saint-Meurtre, et elle se rapprochera un peu plus de la seule chose qu’elle désire : la vengeance.

Mon avis :

Tome 1 : N’oublie jamais

Malgré la beauté de leurs objets livres, pour l’instant j’en étais à deux lectures, deux déceptions, avec les titres proposés par De Saxus. Mais têtue que je suis, il me fallait insister jusqu’à trouver celui qui me plairait. C’est chose faite avec Nevernight qui possède tout ce que j’aime : de la gouaille, une belle écriture, une montée en puissance, un univers riche et sombre, une héroïne forte et fragile, des mystères, et j’en passe ! J’ai donc passé un excellent moment de lecture avec ce premier tome qui fut un coup de coeur !

Nevernight est le premier tome d’une trilogie signée Jay Kristoff, auteur que l’on connait déjà en France pour des sagas tantôt jeunesses, tantôt adultes, comme Aurora Squad, Illuminae ou La guerre du Lotus. Ici, il revisite avec brio le genre classique en fantasy de l’assassin vengeur et après un premier chapitre magistral, j’ai de suite su que ça allait me plaire.

En effet, il ouvre son roman par un chapitre à l’écriture vraiment marquante qui donne le ton. Il joue de sa plume avec maestria, décrivant deux situations très différentes vécue par l’héroïne mais en utilisant les mêmes mots. Quelle virtuosité ! J’ai ainsi de suite été frappée par l’excellence de sa plume. Alors certes parfois il en abuse, jouant un peu trop les gouailleurs, notamment dans des notes de bas de pages bien trop nombreuses que j’ai fini par ne plus lire pour la plupart car elles ralentissaient ma lecture sans vraiment l’enrichir. Mais on ne peut pas retirer au monsieur qu’il a du style et un style assez flamboyant !

Cependant après cette superbe mise en bouche, le souffle est un peu retombé et les premiers temps j’ai suivi l’héroïne, Mia, avec peine. On découvre par un jeu de narration assez classique mais bien utile le passé de Mia, fille d’un homme mort pour traitrise et d’une mère emprisonnée pour cela, qui est donc en quête de vengeance. Pour cela, elle s’est enfuie et a réussi à se trouver un mentor, Mercurio, qui l’a entraînée pour devenir un assassin. Cependant, ne pouvant pas tout faire, il va l’inviter à entrer dans le cercle très fermé de l’Eglise rouge, l’école formant les meilleurs assassins, appelés aussi : Les lames.

La mise en place jusqu’à ce que Mia entre dans cette école et y prenne ses marques fut assez lente et j’avoue que les 100 – 150 premières pages furent un peu poussives pour moi, mais le livre faisant quand même plus de 700 pages, ce n’est pas la mort non plus. Surtout que la suite, elle, fut vraiment excellente.

Une fois arrivée à l’école, j’ai trouvé la découverte de celle-ci vraiment immersive. On se met dans les pas de Mia pour en découvrir les nombreux mystères et c’est passionnant. L’ambiance est lourde, pesante, oppressante parfois et surtout terriblement violente et cela d’emblée, ainsi on est prévenu ! Ce n’est pas une école gentille à la Harry Potter, mais plutôt une école de la vie qui ne va louper personne !

Pourtant, j’ai trouvé que l’auteur empruntait pas mal à un titre comme Harry Potter justement. Il met en effet en scène des professeurs dirigeant chaque une spécialité, dans laquelle il y a un concours pour arriver en haut du classement et mériter peut-être le titre de lame. L’école, elle-même, et ses règles et ses lieux mystérieuxune drôle de magie exerce ses droits m’a également rappelé ce best-seller, mais avec une teinte bien plus sombre et mature. Par exemple, quand on transgresse une règle, c’est la mort qu’on risque, non pas par ce sur quoi on tombe mais de la main même des fameux professeurs, et l’héroïne le comprend très vite. Ça donne le ton !

On la suit ainsi, au fil des mois dans son apprentissage avec les risques qu’il occasionne. J’ai été fascinée par le cadre de cette école, ses règles, ses cours, ses professeurs, sa magie, ses créatures. J’ai trouvé l’ensemble vraiment solide et très mystérieux. Les pouvoirs mêmes de l’héroïne fascinent avec cette utilisation qu’elle peut faire des ombres. Et l’on en vient à s’interroger sur leurs origines alors qu’a priori elle vient d’une famille qui en est dépourvue et que c’est quelque chose de très rare et limite tabou. Certes, il n’y avait rien de révolutionnaire mais c’était prenant et bien écrit. Il se produit un meurtre irrésolu dès le début, puis d’autres petits incidents qui poussent le lecteur à se poser des questions, ainsi le récit va plus loin qu’une simple histoire de vengeance.

La vengeance était effectivement l’élément déclencheur, le moyen par lequel on a découvert l’héroïne et cet univers d’assassin, mais ce n’est pas la finalité du texte. Au contraire, l’auteur propose une histoire bien plus riche, qui au-delà des rancoeurs de certains vis-à-vis de leurs persécuteurs, permet de parler de racisme, de viol, de tyrannie, d’emprise politique et religieuse, etc. C’est très riche et l’auteur le dévoile avec subtilité au fil de son récit pour créer ainsi un univers solide et ambitieux dans une ambiance sombre, âpre et mature, toute en noirceur.

J’ai retrouvé les mêmes qualités d’écriture dans les personnages qui m’ont accompagnée. Il y a d’abord Mia, une héroïne comme je les aime, forte et fragile à la fois, mais surtout très humaine et vraiment maligne. Elle possède un drôle de pouvoir sur les ombres dont on ne voit que les frémissements, ici, mais qui lui confère une aura ultra badass lors des combats. Elle veut venger sa famille et pense être prête à tout pour ça avec son drôle de compagnon félin fait d’ombre. Mais Mia n’est pas une personne à qui on se lie facilement, elle est observatrice, sur la réserve et cela se reflète sur les autres apprentis assassins qu’on découvre à travers elle. Cependant, l’auteur leur confère à tous une aura particulière qui donne l’impression de suivre une chouette bande de futurs assassins, même si aucun sentiment de camaraderie ne se fait vraiment sentir en dehors de quelques duos. En dehors d’eux, il y a également les professeurs, qui sont peut-être encore plus intéressants. Assassins adultes, ayant sûrement vécu déjà bien des choses, leur violence fascine autant qu’elle effraie, que ce soit le spécialiste des combats, celle des poisons, celle des métamorphoses, celui du voyage à travers le sang ou celle de l’art de la séduction. Je les ai tous trouvé fascinants et bien utilisés en général par l’auteur, même si certains font parfois un peu tapisserie et auraient mérité une meilleure exploitation, mais bon vu que c’est un récit à hauteur d’ado, c’est normal.

En lien avec les personnages, j’ai été attentive à un point qui peut vite me gâcher une bonne histoire : la romance. Et ici, j’ai eu de la chance, je l’ai trouvée elle aussi vraiment bien écrire, car ne prenant pas trop de place mais restant impactante. Avec son héroïne réfractaire à tout attachement, ce n’était pas simple d’imaginer une romance qui ne tournerait pas au ridicule ou qui ne serait pas crédible, mais il est arrivé. Comment ? En y allant pas à pas, naturellement, sans forcer et en prenant pour base une belle amitié ou du moins une belle entraide entre apprentis assassins lors des terribles épreuves qu’ils vivent dans cette drôle d’école. Ainsi, le personnage de Tric n’a rien du garçon falot que je craignais et l’amour ne transforme pas Mia en guimauve. Ouf !

Ainsi, grâce à un récit où plus on avance plus on est pris, et grâce à des mystères savamment distillés, qui donnent envie de lire la suite même si celle-ci sera forcément différente, une page s’étant tournée, j’ai vraiment eu un coup de coeur pour ce premier tome. L’auteur a su poser un rythme qui monte crescendo pour terminer sur les chapeaux de roues, le temps d’une cinquantaine de pages bien stressantes, qui offrent des scènes très visuelles que j’adorerais voir filmées ou dessinées. Non tout n’est pas parfait. La mise en place fut un peu lente et l’auteur s’est laissé aller à quelques facilités pour mettre en avant son héroïne avec des retournements grossiers, mais vu acabit du reste, on lui pardonne très facilement. Je suis désormais curieuse de découvrir la nouvelle voie empruntée par Mia, toujours aussi sombre je parie, pour percer les mystères qui l’entourent.

Tome 2 : Les grands jeux

Quel plaisir de retrouver la gouaille et la plume si vive de Jay Kristoff dans cette fantasy canaille parfaitement dosée et maîtrisée pour nous faire passer un très chouette moment !

L’auteur pense à tout. Dès les premières pages, il s’amuse à s’adresser directement à nous, ce que j’apprécie beaucoup personnellement. Mais en plus, il le fait dans un but très utile : nous remettre dans le bain, ce qui n’était pas de trop, je l’avoue. Puis tout au long de la lecture, il nous accompagne par ses petites notes savoureuses, qu’on peut ou pas lire, rien d’obligatoire, mais qui rendent la lecture encore plus sympathique et sympathique, elle l’est !

C’est donc avec grand plaisir que j’ai retrouvé l’univers de Nevernight et surtout son héroïne anti-héroïne, la terrible Mia. J’avais déjà eu un coup de coeur inattendu pour l’univers, la plume et la mise en scène dans le premier tome de ses aventures, c’est encore le cas ici. J’ai retrouvé la même virtuosité, la même nonchalance froide et la même science de l’agencement. C’était encore une fois jouissif. En plus, je n’ai pas eu le sentiment d’avoir autant de longueurs que dans le premier tome, ici j’ai trouvé cela très fluide et peut-être encore plus immersif, même si le scénario était très différent. Enfin, une fois de plus, l’auteur m’a soufflée dans les ultimes pages, nous offrant un final enlevé et surprenant. De l’excellent divertissement !

Ce divertissement s’inspire tout droit de l’histoire de Spartacus dans ce tome. J’ai retrouvé le même univers sale, crade et impitoyable que dans la série du même nom, bon en plus édulcoré quand même, faut pas déconner. Mais c’était très sympa cette fois de suivre Mia dans la nouvelle voie choisie pour sa vengeance. Grâce à la double narration et la double temporalité de la première partie, j’ai été surprise de découvrir les nouveaux plans de Mia. C’est une nouvelle fois bien tordu mais peut-être moins compliqué et plus prévisible que la dernière fois.

On la retrouve cette fois dans la peau d’une esclave, gladiatrice en herbe, dans une maison où la patronne a une écurie de gladiateurs dont elle compte bien se servir pour remporter la gloire et lutter à armes égales contre son détestable père. Vous le sentez le coup tordu, comme dans le tome 1 ? Eh bien vous ne serez pas déçu, il n’y en a pas un, mais tout plein, qui s’enchaînent à toute vitesse tout au long de la lecture. On va de surprise en surprise, d’abord en découvrant ce qui a amené Mia ici, avec qui elle prépare tout, où cela se déroule, avec qui elle va se lier, etc. L’intrigue est vraiment très riche et on ne s’ennuie jamais. Le changement de décor est radical mais pertinent, on voit ainsi l’héroïne évoluer et ça nous permet de mieux découvrir son monde, car jusqu’à présent on était un peu resté dans celui étriqué de son école d’assassin. Là, celle-ci disparaît complètement au profit de la vie en tant que gladiateur/trice et c’est passionnant.

J’ai été surprise par l’évolution de Mia dans ce tome. Si j’ai aimé la voir côtoyer de nouvelles têtes : patronne, guérisseuse, gladiateurs/trices comme elle, j’ai eu un peu plus de mal à la voir se radoucir. L’auteur cherche à nous faire croire que c’est une héroïne « très sombre » mais plus les chapitres passaient, plus je voyais que c’était du pipeau. Dommage, j’aurais aimé qu’elle reste jusqu’au bout une anti-héroïne pour qui la vengeance passe avant tout quitte à déstabiliser certains lecteurs qui préfèrent des héros plus consensuels. Mais les associations de ce tome m’ont plu en revanche. C’était chouette de la voir interagir avec un esclave, ainsi soldat de son père, qui avait bien des choses à lui apprendre. C’était intrigant de la voir côtoyer un autre enténébré très différent d’elle. C’était touchant de la voir se lier contre son gré avec d’autres combattants comme elle. En revanche, « la romance » est écrite de manière fort maladroite encore une fois. A ce stade-là, l’histoire pourrait clairement s’en passer, alors même si je suis fleur bleue, j’aurais autant préféré qu’il n’y en ait pas…

J’ai ainsi pris un grand plaisir à suivre ses aventures, son entraînement, les épreuves qui se dressent sur sa route et la façon dont elle les surmonte pour atteindre son but. C’était très vivant, plein de ruses mais aussi de combats et de mystères. Seul petit regret, la mythologie ne se creuse pas beaucoup. On n’apprend presque rien de plus sur les enténébrés et tout ce qui y touche, comme si les informations et révélations étaient réservées au premier et au dernier tome seulement… Et les quelques bribes qu’on apprend sur sa famille arrivent brutalement et en cascade, ça manque de finesse, en plus d’être prévisible à ce stade-là. Cette prévisibilité, je l’ai ressenti à plusieurs reprises dans ma lecture, ce qui n’était pas le cas avant. C’est un peu dommage, ça montre une écriture moins complexe et plus simplifiée, je le regrette. Mais en dehors de ces détails, j’ai vraiment adoré grâce au rythme prenant et plein d’allant dont fait preuve l’auteur.

Cette nouvelle étape des aventures de Mia m’a à nouveau vraiment séduite. C’est tout ce que j’attends ou presque d’un divertissement comme celui-ci. L’auteur est vraiment très talentueux pour mettre en scène cette histoire de vengeance dans un univers de fantasy d’inspiration antique/romaine avec un récit plein d’aventure et de rebondissements. J’ai hâte de voir ce que nous réserve le dénouement.

Titre : Nevernight

Auteur : Jay Kristoff

Éditeur vf : De Saxus

Année de parution vf : 2020-2022

Nombre de tomes vf : 3 (série terminée)

Histoire : Dans un pays où trois soleils ne se couchent presque jamais, une tueuse débutante rejoint une école d’assassins, cherchant à se venger des forces qui ont détruit sa famille.
Fille d’un traître dont la rébellion a échoué, Mia Corvere parvient de justesse à échapper à l’anéantissement des siens. Livrée à elle-même et sans amis, elle erre dans une ville construite sur les ossements d’un dieu mort, recherchée par le Sénat et les anciens camarades de son père.
Elle possède un don pour parler avec les ténèbres et celui-ci va la mener tout droit vers un tueur à la retraite et un futur qu’elle n’a jamais imaginé.
À 16 ans, elle va devenir l’une des apprentis du groupe d’assassins le plus dangereux de toute la République : L’Église rouge. La trahison et des épreuves l’attendent dans les murs de cet établissement où l’échec est puni par la mort. Mais si elle survit à cette initiation, elle fera partie des élus de Notre-Dame du Saint-Meurtre, et elle se rapprochera un peu plus de la seule chose qu’elle désire : la vengeance.

Mon avis :

Tome 1 : N’oublie jamais

Malgré la beauté de leurs objets livres, pour l’instant j’en étais à deux lectures, deux déceptions, avec les titres proposés par De Saxus. Mais têtue que je suis, il me fallait insister jusqu’à trouver celui qui me plairait. C’est chose faite avec Nevernight qui possède tout ce que j’aime : de la gouaille, une belle écriture, une montée en puissance, un univers riche et sombre, une héroïne forte et fragile, des mystères, et j’en passe ! J’ai donc passé un excellent moment de lecture avec ce premier tome qui fut un coup de coeur !

Nevernight est le premier tome d’une trilogie signée Jay Kristoff, auteur que l’on connait déjà en France pour des sagas tantôt jeunesses, tantôt adultes, comme Aurora Squad, Illuminae ou La guerre du Lotus. Ici, il revisite avec brio le genre classique en fantasy de l’assassin vengeur et après un premier chapitre magistral, j’ai de suite su que ça allait me plaire.

En effet, il ouvre son roman par un chapitre à l’écriture vraiment marquante qui donne le ton. Il joue de sa plume avec maestria, décrivant deux situations très différentes vécue par l’héroïne mais en utilisant les mêmes mots. Quelle virtuosité ! J’ai ainsi de suite été frappée par l’excellence de sa plume. Alors certes parfois il en abuse, jouant un peu trop les gouailleurs, notamment dans des notes de bas de pages bien trop nombreuses que j’ai fini par ne plus lire pour la plupart car elles ralentissaient ma lecture sans vraiment l’enrichir. Mais on ne peut pas retirer au monsieur qu’il a du style et un style assez flamboyant !

Cependant après cette superbe mise en bouche, le souffle est un peu retombé et les premiers temps j’ai suivi l’héroïne, Mia, avec peine. On découvre par un jeu de narration assez classique mais bien utile le passé de Mia, fille d’un homme mort pour traitrise et d’une mère emprisonnée pour cela, qui est donc en quête de vengeance. Pour cela, elle s’est enfuie et a réussi à se trouver un mentor, Mercurio, qui l’a entraînée pour devenir un assassin. Cependant, ne pouvant pas tout faire, il va l’inviter à entrer dans le cercle très fermé de l’Eglise rouge, l’école formant les meilleurs assassins, appelés aussi : Les lames.

La mise en place jusqu’à ce que Mia entre dans cette école et y prenne ses marques fut assez lente et j’avoue que les 100 – 150 premières pages furent un peu poussives pour moi, mais le livre faisant quand même plus de 700 pages, ce n’est pas la mort non plus. Surtout que la suite, elle, fut vraiment excellente.

Une fois arrivée à l’école, j’ai trouvé la découverte de celle-ci vraiment immersive. On se met dans les pas de Mia pour en découvrir les nombreux mystères et c’est passionnant. L’ambiance est lourde, pesante, oppressante parfois et surtout terriblement violente et cela d’emblée, ainsi on est prévenu ! Ce n’est pas une école gentille à la Harry Potter, mais plutôt une école de la vie qui ne va louper personne !

Pourtant, j’ai trouvé que l’auteur empruntait pas mal à un titre comme Harry Potter justement. Il met en effet en scène des professeurs dirigeant chaque une spécialité, dans laquelle il y a un concours pour arriver en haut du classement et mériter peut-être le titre de lame. L’école, elle-même, et ses règles et ses lieux mystérieuxune drôle de magie exerce ses droits m’a également rappelé ce best-seller, mais avec une teinte bien plus sombre et mature. Par exemple, quand on transgresse une règle, c’est la mort qu’on risque, non pas par ce sur quoi on tombe mais de la main même des fameux professeurs, et l’héroïne le comprend très vite. Ça donne le ton !

On la suit ainsi, au fil des mois dans son apprentissage avec les risques qu’il occasionne. J’ai été fascinée par le cadre de cette école, ses règles, ses cours, ses professeurs, sa magie, ses créatures. J’ai trouvé l’ensemble vraiment solide et très mystérieux. Les pouvoirs mêmes de l’héroïne fascinent avec cette utilisation qu’elle peut faire des ombres. Et l’on en vient à s’interroger sur leurs origines alors qu’a priori elle vient d’une famille qui en est dépourvue et que c’est quelque chose de très rare et limite tabou. Certes, il n’y avait rien de révolutionnaire mais c’était prenant et bien écrit. Il se produit un meurtre irrésolu dès le début, puis d’autres petits incidents qui poussent le lecteur à se poser des questions, ainsi le récit va plus loin qu’une simple histoire de vengeance.

La vengeance était effectivement l’élément déclencheur, le moyen par lequel on a découvert l’héroïne et cet univers d’assassin, mais ce n’est pas la finalité du texte. Au contraire, l’auteur propose une histoire bien plus riche, qui au-delà des rancoeurs de certains vis-à-vis de leurs persécuteurs, permet de parler de racisme, de viol, de tyrannie, d’emprise politique et religieuse, etc. C’est très riche et l’auteur le dévoile avec subtilité au fil de son récit pour créer ainsi un univers solide et ambitieux dans une ambiance sombre, âpre et mature, toute en noirceur.

J’ai retrouvé les mêmes qualités d’écriture dans les personnages qui m’ont accompagnée. Il y a d’abord Mia, une héroïne comme je les aime, forte et fragile à la fois, mais surtout très humaine et vraiment maligne. Elle possède un drôle de pouvoir sur les ombres dont on ne voit que les frémissements, ici, mais qui lui confère une aura ultra badass lors des combats. Elle veut venger sa famille et pense être prête à tout pour ça avec son drôle de compagnon félin fait d’ombre. Mais Mia n’est pas une personne à qui on se lie facilement, elle est observatrice, sur la réserve et cela se reflète sur les autres apprentis assassins qu’on découvre à travers elle. Cependant, l’auteur leur confère à tous une aura particulière qui donne l’impression de suivre une chouette bande de futurs assassins, même si aucun sentiment de camaraderie ne se fait vraiment sentir en dehors de quelques duos. En dehors d’eux, il y a également les professeurs, qui sont peut-être encore plus intéressants. Assassins adultes, ayant sûrement vécu déjà bien des choses, leur violence fascine autant qu’elle effraie, que ce soit le spécialiste des combats, celle des poisons, celle des métamorphoses, celui du voyage à travers le sang ou celle de l’art de la séduction. Je les ai tous trouvé fascinants et bien utilisés en général par l’auteur, même si certains font parfois un peu tapisserie et auraient mérité une meilleure exploitation, mais bon vu que c’est un récit à hauteur d’ado, c’est normal.

En lien avec les personnages, j’ai été attentive à un point qui peut vite me gâcher une bonne histoire : la romance. Et ici, j’ai eu de la chance, je l’ai trouvée elle aussi vraiment bien écrire, car ne prenant pas trop de place mais restant impactante. Avec son héroïne réfractaire à tout attachement, ce n’était pas simple d’imaginer une romance qui ne tournerait pas au ridicule ou qui ne serait pas crédible, mais il est arrivé. Comment ? En y allant pas à pas, naturellement, sans forcer et en prenant pour base une belle amitié ou du moins une belle entraide entre apprentis assassins lors des terribles épreuves qu’ils vivent dans cette drôle d’école. Ainsi, le personnage de Tric n’a rien du garçon falot que je craignais et l’amour ne transforme pas Mia en guimauve. Ouf !

Ainsi, grâce à un récit où plus on avance plus on est pris, et grâce à des mystères savamment distillés, qui donnent envie de lire la suite même si celle-ci sera forcément différente, une page s’étant tournée, j’ai vraiment eu un coup de coeur pour ce premier tome. L’auteur a su poser un rythme qui monte crescendo pour terminer sur les chapeaux de roues, le temps d’une cinquantaine de pages bien stressantes, qui offrent des scènes très visuelles que j’adorerais voir filmées ou dessinées. Non tout n’est pas parfait. La mise en place fut un peu lente et l’auteur s’est laissé aller à quelques facilités pour mettre en avant son héroïne avec des retournements grossiers, mais vu acabit du reste, on lui pardonne très facilement. Je suis désormais curieuse de découvrir la nouvelle voie empruntée par Mia, toujours aussi sombre je parie, pour percer les mystères qui l’entourent.

Tome 2 : Les grands jeux

Quel plaisir de retrouver la gouaille et la plume si vive de Jay Kristoff dans cette fantasy canaille parfaitement dosée et maîtrisée pour nous faire passer un très chouette moment !

L’auteur pense à tout. Dès les premières pages, il s’amuse à s’adresser directement à nous, ce que j’apprécie beaucoup personnellement. Mais en plus, il le fait dans un but très utile : nous remettre dans le bain, ce qui n’était pas de trop, je l’avoue. Puis tout au long de la lecture, il nous accompagne par ses petites notes savoureuses, qu’on peut ou pas lire, rien d’obligatoire, mais qui rendent la lecture encore plus sympathique et sympathique, elle l’est !

C’est donc avec grand plaisir que j’ai retrouvé l’univers de Nevernight et surtout son héroïne anti-héroïne, la terrible Mia. J’avais déjà eu un coup de coeur inattendu pour l’univers, la plume et la mise en scène dans le premier tome de ses aventures, c’est encore le cas ici. J’ai retrouvé la même virtuosité, la même nonchalance froide et la même science de l’agencement. C’était encore une fois jouissif. En plus, je n’ai pas eu le sentiment d’avoir autant de longueurs que dans le premier tome, ici j’ai trouvé cela très fluide et peut-être encore plus immersif, même si le scénario était très différent. Enfin, une fois de plus, l’auteur m’a soufflée dans les ultimes pages, nous offrant un final enlevé et surprenant. De l’excellent divertissement !

Ce divertissement s’inspire tout droit de l’histoire de Spartacus dans ce tome. J’ai retrouvé le même univers sale, crade et impitoyable que dans la série du même nom, bon en plus édulcoré quand même, faut pas déconner. Mais c’était très sympa cette fois de suivre Mia dans la nouvelle voie choisie pour sa vengeance. Grâce à la double narration et la double temporalité de la première partie, j’ai été surprise de découvrir les nouveaux plans de Mia. C’est une nouvelle fois bien tordu mais peut-être moins compliqué et plus prévisible que la dernière fois.

On la retrouve cette fois dans la peau d’une esclave, gladiatrice en herbe, dans une maison où la patronne a une écurie de gladiateurs dont elle compte bien se servir pour remporter la gloire et lutter à armes égales contre son détestable père. Vous le sentez le coup tordu, comme dans le tome 1 ? Eh bien vous ne serez pas déçu, il n’y en a pas un, mais tout plein, qui s’enchaînent à toute vitesse tout au long de la lecture. On va de surprise en surprise, d’abord en découvrant ce qui a amené Mia ici, avec qui elle prépare tout, où cela se déroule, avec qui elle va se lier, etc. L’intrigue est vraiment très riche et on ne s’ennuie jamais. Le changement de décor est radical mais pertinent, on voit ainsi l’héroïne évoluer et ça nous permet de mieux découvrir son monde, car jusqu’à présent on était un peu resté dans celui étriqué de son école d’assassin. Là, celle-ci disparaît complètement au profit de la vie en tant que gladiateur/trice et c’est passionnant.

J’ai été surprise par l’évolution de Mia dans ce tome. Si j’ai aimé la voir côtoyer de nouvelles têtes : patronne, guérisseuse, gladiateurs/trices comme elle, j’ai eu un peu plus de mal à la voir se radoucir. L’auteur cherche à nous faire croire que c’est une héroïne « très sombre » mais plus les chapitres passaient, plus je voyais que c’était du pipeau. Dommage, j’aurais aimé qu’elle reste jusqu’au bout une anti-héroïne pour qui la vengeance passe avant tout quitte à déstabiliser certains lecteurs qui préfèrent des héros plus consensuels. Mais les associations de ce tome m’ont plu en revanche. C’était chouette de la voir interagir avec un esclave, ainsi soldat de son père, qui avait bien des choses à lui apprendre. C’était intrigant de la voir côtoyer un autre enténébré très différent d’elle. C’était touchant de la voir se lier contre son gré avec d’autres combattants comme elle. En revanche, « la romance » est écrite de manière fort maladroite encore une fois. A ce stade-là, l’histoire pourrait clairement s’en passer, alors même si je suis fleur bleue, j’aurais autant préféré qu’il n’y en ait pas…

J’ai ainsi pris un grand plaisir à suivre ses aventures, son entraînement, les épreuves qui se dressent sur sa route et la façon dont elle les surmonte pour atteindre son but. C’était très vivant, plein de ruses mais aussi de combats et de mystères. Seul petit regret, la mythologie ne se creuse pas beaucoup. On n’apprend presque rien de plus sur les enténébrés et tout ce qui y touche, comme si les informations et révélations étaient réservées au premier et au dernier tome seulement… Et les quelques bribes qu’on apprend sur sa famille arrivent brutalement et en cascade, ça manque de finesse, en plus d’être prévisible à ce stade-là. Cette prévisibilité, je l’ai ressenti à plusieurs reprises dans ma lecture, ce qui n’était pas le cas avant. C’est un peu dommage, ça montre une écriture moins complexe et plus simplifiée, je le regrette. Mais en dehors de ces détails, j’ai vraiment adoré grâce au rythme prenant et plein d’allant dont fait preuve l’auteur.

Cette nouvelle étape des aventures de Mia m’a à nouveau vraiment séduite. C’est tout ce que j’attends ou presque d’un divertissement comme celui-ci. L’auteur est vraiment très talentueux pour mettre en scène cette histoire de vengeance dans un univers de fantasy d’inspiration antique/romaine avec un récit plein d’aventure et de rebondissements. J’ai hâte de voir ce que nous réserve le dénouement.

Tome 3 : L’aube obscur

Elle s’est faite attendre cette conclusion ! Après le terrible cliffhanger du tome précédent, c’était très dur d’attendre et la crise du papier qui fait que les sorties sont sans cesse repoussées chez bien des éditeurs n’a pas aidé ici. Ainsi, c’est un an plus tard que je retrouve les personnages torturés et rebelles de Jay Kristoff pour une fin sous tension, explosive mais pas sans défauts…

En effet, commençons par les points qui fâchent. J’ai parfois trouvé ce tome inutilement long. Je ne sais pas si c’est dû à mon choix de le lire d’une traite, mais le premier tiers, qui fait quand même 300 pages m’a semblé extrêmement long et porteur de peu d’action. Cela va un peu mieux ensuite, mais il y a encore de nombreuses pages et de nombreux chapitres qui auraient pu être enlevés pour alléger un peu l’histoire ou plutôt la narration, car l’histoire, elle, mérite toutes les péripéties que l’on va vivre.

Jay Kristoff nous a imaginé un dernier tome très touffu dans tous les sens du terme. Il s’y inspire de nombreuses oeuvres classiques, que ce soit des romances tragiques à la Tristan et Yseult ou Romeo et Juliette, des récits d’aventures comme L’Odyssée, ou juste de la mythologie et de l’ambiance de la Rome d’antan avec ses complots politiques et autres trahisons, avec en prime une touche de religion bienvenue, tout y passe. Il donne même une teinte historique à son récit par son inscription dans des Chroniques, récit de la vie de Mia. J’ai beaucoup aimé ce tour de passe où l’auteur brise le 4e mur pour directement nous interpeller sur ce qu’il est en train de faire, c’est-à-dire écrire ce récit. C’était succulent.

J’ai donc aimé retrouver Mia en proie à un désir de vengeance encore plus fort dans ce tome après son échec. Mais ce que j’ai préféré, c’est peut-être pas l’exécution de ce plan mais plus les interactions qui se nouent ici. Après tout ce qu’elle a vécu, elle a désormais tout un groupe « d’amis » autour d’elle avec qui avancer pour mener la révolution et c’est chouette de partir à l’aventure avec eux sur les routes, en bateau, vers une montagne maudite, à travers la capitale. Elle est de plus rejoint par son jeune frère, Lucius / Jonnen qu’elle vient de « récupérer » et il est très beau de les voir peu à peu nouer une vraie relation frère-soeur. A ses côtés, il y a également le duo Tric – Ash, ses amants passé et présent, source de bien des tensions. Nous avons donc une belle variété de relations assez bien décrites par l’auteur pour montrer l’évolution de son héroïne, ce qu’elle était, est, aurait pu être, et devient.

Cependant, autre point noir que je n’ai pas encore cité, je n’ai pas du tout accroché à toute l’aspect romance de l’oeuvre. Je ne supporte pas Ash, donc je ne comprends pas le choix de Mia de se mettre en couple avec la meurtrière de son ancien amant. Leur histoire, très présente, m’a très vite fatiguée car la guéguerre entre les trois fait très puérile et même si cela aurait été compliqué, maladroit, ou que sais-je, j’aurais préféré voir une Mia dans une relation polyamoureuse avec un double couple d’un côté avec Tric, de l’autre avec Ash (à la limite), un peu comme le suggère l’auteur à la fin. Ici, je n’ai pas du tout aimé…

Heureusement j’avais d’autres choses à me mettre sous la dent et j’ai beaucoup aimé, passé la première partie longuette, suivre les aventures de Mia pour récupérer son mentor, qui est comme un père pour elle, et se venger de son géniteur, mettant ainsi fin également aux Lames rouges et leur religion qui est derrière tout ce bazar. L’auteur mélange à merveille cette quête de vengeance et cette quête de sens où on en apprend plus sur les racines de ce monde et de la magie, et notamment des ombres qui accompagnent Mia et son frère. C’était très bien. Seul le dénouement final du côté des ombres justement a manqué de spectaculaire pour moi, voire est tombée à plat, contrairement à la quête de vengeance qui elle fut réussie et pleine d’émotion.

L’auteur m’a cependant ravie avec sa mise en scène des moments d’action. A plusieurs reprises, j’ai eu le souffle coupé par ce qui arrivait à Mia, que ce soit lorsqu’elle était attaquée par des Leviathan, quand elle utilisait sa magie de manière de plus en plus précise et folle, quand elle se battait également comme l’assassin qu’on lui a appris à devenir ou la gladiatrice qu’elle est devenue. Il y a même une scène où on la voit enchaîner les meurtres qui est saisissante. Vraiment pour ça, l’auteur nous a gâtés.

Nevernight fut ainsi la première série de l’éditeur DeSaxus que j’ai pris plaisir à suivre du début à la fin. J’ai adoré avoir une héroïne légèrement à contre-courant dans ce type d’oeuvre avec son aura de « méchante fille ». C’était plaisant d’avoir une histoire sombre, où les gentils ne sont pas si gentils que ça, et où il y a des méchants partout au final. L’auteur s’est peut-être un peu trop attendri à la fin, n’allant pas véritablement au bout de son concept avec un happy end trop facile, c’est dommage. Il faut savoir assumer ses choix. Mais j’ai beaucoup aimé ses jeux d’écriture, son interpellation des lecteurs, sa plume crue parfois, ses amours et personnages tortueux, ses scènes d’action à couper le souffle et l’aura sombre de son récit ainsi que ses inspirations antiques. C’était vraiment une très chouette série à suivre et quels beaux objets nous avons eu en prime avec l’éditeur français. Merci !

34 commentaires sur “Nevernight de Jay Kristoff

  1. Ça fait longtemps que je voulais le lire celui-là je suis contente qu’il soit arrivé en France. Par contre la traduction ne t’as pas paru trop mauvaise ? J’ai été déçue du travail de traduction de la Neuvième maison donc maintenant je me méfie avec De Saxus…

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    1. N’ayant pas lu le tome en vo, je ne peux pas trop dire. En tout cas, rien de flagrant à la lecture. Pas comme quand j’avais lu le Tome 1 de la Confrérie de la dague noire qui avait fait sauter toutes les doubles négations… Horrible ! Ici, la lecture fut assez fluide et au contraire j’ai trouvé la plume très belle dans le premier chapitre notamment ^^

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  2. Cela plusieurs fois que je vois mentionner la surabondance des notes de bas de pages, mais c’est rassurant de voir qu’on peut les sauter.
    L’ambiance de l’école a l’air angoissante et sombre comme je les aime, et si on ajoute la plume de l’auteur, ça suffit à me faire dire que j’ai bien fait de l’acheter ! Quant à Mia, vu ta description, je pense qu’on va bien s’entendre 🙂

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  3. C’est vrai que le début est un peu poussif, la lecture est bien plus dynamique et entraînante à l’arrivée de Mia à l’Église. J’ai tellement aimé son apprentissage au côté des autres élèves et des professeurs !
    Je suis contente que tu aies autant aimé que moi ce premier tome 😊 J’ai tellement hâte que la suite soit disponible !!!

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    1. Oui passée le premier chapitre que j’ai adoré, je me suis un peu engluée pendant plusieurs chapitres avant de redécoller, mais la suite est génial. ET quel final !
      Hâte aussi de la retrouver mais je ne crois pas avoir vu passer de date T.T

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      1. Alors pour la vo, j’ai essayé, et hélas je suis trop nul, c’est affligeant 😭
        Par contre oui, je vais peut-être attendre le format poche, si toutefois c’est chez un autre éditeur.

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  4. Merci pour cet avis très détaillé, c’était pile ce dont j’avais besoin pour me convaincre ! Au vue de la popularité de ce livre, de nombreux avis sont vite tombés mais je n’y trouvais pas encore mon compte. Ce que tu dis du contexte et de cette école m’intrigue réellement :))

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  5. Je le vois partout depuis des mois, il me tente tellement ! Ton avis me donne encore plus envie de craquer prochainement (même si c’est un beau pavé o/)
    Je suis rassurée pour la romance, je suis difficile sur le sujet mais de ce que tu en dis je pense que ça pourra le faire 😊

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  6. Bon malgré quelques décalages avec l’héroïne et une certaine prévisibilité, je vois que tu es plus qu’emballée par cette suite au rythme haletant ! J’ai vraiment palpité jusqu’à la dernière page avec ce second tome rempli d’action et de révélations… Cela me donne envie de me replonger à nouveau dans cet univers si sombre et complexe à la fois !

    D’ailleurs, celui-ci serait pas aussi particulier que je tenterais la lecture du dernier tome en VO pour ne pas avoir à attendre encore quelques mois 😉

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    1. Oui, très emballée, j’ai vraiment vibré et passé un très bon moment de lecture, au point de prendre mon temps pour savourer, ce qui est rare ^^
      Clair qu’il est dur d’attendre la sortie du prochain tome. Ma libraire m’a dit que ce serait d’ici la fin de l’année, mais je ne sais pas si c’est fiable ^^! En tout cas l’arrivée dans les dernières pages d’une certaine personne m’a assise, je ne m’y attendais pas, j’avais vraiment fait une croix dessus au fil du tome, mais il me tarde de voir ce que ça va déclencher pour le final.

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