Titre : Émissaires des morts / La Troisième griffe de dieu / La Guerre des Marionnettes
Auteur : Adam-Troy Castro
Éditeur vf : Albin Michel Imaginaire
Année de parution vf : 2021-2022
Nombre de tomes : 3 (en cours)
Histoire : Un space opera coup-de-poing situé dans un futur lointain, celui du Système Mercantile, où le racisme, la guerre, l’esclavagisme et la corruption n’ont pas pris fin, bien au contraire.
Quand elle avait huit ans, Andrea Cort a été témoin d’un génocide. Pis, après avoir vu ses parents massacrés, elle a rendu coup pour coup. En punition de ses crimes, elle est devenue la propriété perpétuelle du Corps diplomatique. Où, les années passant, elle a embrassé la carrière d’avocate, puis d’enquêtrice pour le bureau du procureur. Envoyée dans un habitat artificiel aussi inhospitalier qu’isolé, où deux meurtres viennent d’être commis, la jeune femme doit résoudre l’affaire sans créer d’incident diplomatique avec les intelligences artificielles propriétaires des lieux. Pour ses supérieurs, peu importe quel coupable sera désigné. Mais les leçons qu’Andrea a apprises enfant ont forgé l’adulte qu’elle est devenue : une femme pour le moins inflexible, qui ne vit que pour une chose, « combattre les monstres ».
Mon avis :
Tome 1 : Émissaires des morts
Je remercie tout d’abord Albin Michel Imaginaire pour leur confiance et pour cet envoi !
Émissaires des morts est un objet assez singulier dans ma bibliothèque. Pour nous faire découvrir cet auteur fort prolifique dans son pays, l’éditeur français a décidé de nous présenter un panel de ses nouvelles et le premier roman de sa trilogie consacrée à Andrea Cort, un agent très spécial, dont les prochains tomes seront La Troisième griffe de Dieu, La Guerre des Marionnettes. Oeuvre la plus connue de l’auteur, elle a d’ailleurs remporté le prix Philip K. Dick, et on comprend vite pourquoi en la lisant.
C’était la première fois dans mes lectures de SF que j’étais confrontée à un tel objet : un gros livre contenant quatre nouvelles agencées dans le meilleur ordre souhaité par l’éditeur pour nous faire pénétrer dans l’univers de la saga avant de trouver le premier roman d’une trilogie avec la même héroïne. J’ai adoré !
Les quatre nouvelles que l’on découvre, dont l’ordre n’est pas celui de leur parution d’origine, mais plutôt une chronologie interne à la saga, sont un vrai marche-pied pour apprendre petit à petit à quelle héroïne on va se frotter et dans quel univers elle va évoluer. J’ai de plus eu la sensation que mon intérêt y grimpait crescendo, me préparant ainsi à la claque que j’ai reçue avec le roman. Cependant, je déconseillerais de les lire à la suite en enchaînant sur une journée par exemple, conseil également donné par l’éditeur. J’ai trouvé bien plus savoureux (et facile à digérer pour ma petite tête) d’en lire une chaque soir, puis de me garder le roman afin de pouvoir le dévorer pendant le weekend.
Ces quatre nouvelle sont : Avec du sang sur les mains (With Unclean Hands, 2011), Une défense infaillible (Tasha’s Fail-Safe, 2015), Les lâches n’ont pas de secret (The Coward’s Option, 2016) et Démons invisibles (Unseen Demons, 2002). J’y ai à chaque fois trouvé une plume très agréable, simple et addictive.
- La première nouvelle fut l’occasion de faire connaissance avec l’héroïne, son caractère, son passif et surtout sa fameuse réputation.
- Dans la deuxième, j’ai trouvé l’ambiance policière plus poussée et le fait que l’enquête concerne quelqu’un qu’elle connaissait m’a plu. La narration était classique et pourtant avec un petit twist fort savoureux.
- Les deux dernières furent dans la même dynamique pour moi, elles introduisirent les thèmes qu’on allait retrouver par la suite dans le roman avec cette héroïne ambassadrice, enquêtrice et négociatrice qui se frotte à la question de la peine de mort, mais également à la définition d’un être sentient. C’était passionnant et cela a vraiment construit pas à pas son univers dans lequel j’allais définitivement plonger avec le roman.
Celui-ci apparait donc vers le milieu du volume et occupe près de 400 pages. Alors que les nouvelles m’avaient donné l’impression de me retrouver dans un univers de SF inspiré de Carbon Altered ou des ambiances de K. Dick, ici c’est plutôt un Hercule Poirot au pays des paresseux dans lequel j’ai eu l’impression de tomber. C’était dépaysant et savoureux. La plume d’Adam-Troy y fut une nouvelle fois très vive et totalement addictive avec une belle alternance des dialogues, monologues intérieurs et descriptions et narrations. J’ai beaucoup aimé et je n’ai pas vu filer le temps tellement j’étais prise par cette enquête.
L’héroïne, Andrea Cort débarque sur une planète où la vie n’est possible qu’en altitude dans des conditions très particulières. Des colons / scientifiques (?) y sont pour observer l’étrange vie que les IA y ont développée, ainsi que les conditions de vie extrêmes qu’on y trouve, sauf qu’un jour deux meurtres sont commis. Andrea y est donc envoyée pour enquêter.
Comme dans les romans d’Agatha Christie, qui est pour moi la principale source d’inspiration de l’auteur ici, nous suivons notre enquêtrice au fil de ses interrogatoires et observations sur cette planète étrange et fascinante, et comme souvent chez l’autrice précitée, nous sommes dans un huis clos des plus étouffants, qui prend à la gorge et ne nous lâche plus. J’ai vraiment beaucoup aimé suivre l’enquête pas à pas. Le rythme est excellent. Ça commence tranquillement avant de monter crescendo pour se conclure sur un fil un brin stressant où tout s’accélère. Classique mais efficace.
Le décor où cela se déroule est fascinant, vertigineux et effrayant, jouant à merveille sur notre peur du vide et de l’inconnu. Il est parfait pour les thèmes développés par l’auteur, qui étaient déjà sous-jacent dans les nouvelles qui le précèdent. En effet, on parle beaucoup dans cette histoire de notre rapport à la mort, au crime, à la punition, mais également des liens IA – espèces sentientes. C’est assez fascinant. L’auteur s’intéresse à la question de la peine de mort et ses alternatives. Il cherche à définir les êtres sentients et les relations qu’on peut avoir avec eux, dans quel cadre, en fonction de leur propre réalité et de la nôtre. Il s’interroge sur la notion même de premier contact qui est bien plus complexe qu’on ne pourrait le croire, tout comme sur le sens de vivre avec une autre espèce que la nôtre. Il est également question de la notion de génocide sous une forme assez originale. Et les Intelligences Artificielles que l’on croise et qui nous occupent tout au long du récit sont fascinantes. Il y a vraiment un intérêt très vif de l’auteur autour de la question de « société » et tous les différents costumes qu’elle peut revêtir en fonction de ses membres, c’est assez fascinant.
Contrairement à ce que le lecteur non averti pourrait croise, effrayé par cette longue liste, cela n’a rien d’indigeste car c’est parfaitement intégré dans une intrigue policière passionnante à suivre. Il faut dire que l’auteur a fait le choix de créer une très belle héroïne avec Andrea. Rongée par son passé ou plutôt ses passés (meurtre + incarcération + sévices subis), celle-ci est devenue une misanthrope avec de gros problèmes de confiance, qui travaille comme Ambassadrice parce qu’elle n’a pas le choix et peste sans cesse contre son supérieur. Cependant quand elle est sur une affaire, elle est d’une efficacité redoutable et ce fut le cas ici. Méthodique, maligne et casse-cou, j’ai adoré la suivre dans son enquête. L’auteur agrémente son parcours de multiples personnages qu’elle croise sur cette planète, des très classiques et d’autres fascinants à l’image des « siamois » et des IA qui sont tout sauf binaires. J’ai beaucoup aimé Skye et Oscin et ce que l’auteur nous offre avec leur « fusion », c’était juste fascinant et plein d’opportunités. J’ai beaucoup aimé les dialogues entre Andrea et les IA, cela nous ouvrait sur un univers complexe et riche en possibilité.
Ce monde riche et complexe, nous avons été amenés à le découvrir tout au long des nouvelles pour nous le rendre parfaitement intelligible lors de la lecture du roman. Ainsi, on savait d’où venait Andrea, pour qui elle travaillait, de quels pouvoirs elle disposait, à qui elle devait rendre des comptes ou encore ce qu’elle avait déjà accompli et pourquoi on la regardait d’un tel mauvais oeil. On savait également que cet univers comme souvent SF était composé de nombreuses planètes réunies en un sorte de consortium qui faisait semblant de diriger de manière collégiale, avec des Ambassadeurs travaillant pour un gouvernement central auquel ils avaient vendu leur vie pour se racheter de certains crimes qu’ils rachetaient avec leurs missions. Un concept fascinant qui n’a pas été sans me rappeler celui du héros dans la trilogie d’Ada Palmer. En tout cas, l’univers a beau être dense, il est parfaitement intelligible ici et se dévoile petit à petit avec simplicité et sans fioriture, quelque chose que je sais apprécier.
Premier tome d’une trilogie, Emissaires des morts peut se lire seul et le lecteur y trouvera satisfaction. Pour ma part, les éléments mis de côté me donnent très envie de poursuivre. En effet, je veux en découvrir plus sur ces IA, leurs manipulation, le conflit en leur sein, leur lien avec le passé d’Andrea et l’avenir de l’univers et des Ambassadeurs. Ce huis clos sur cette planète vertigineuse, tel un Agatha Christie au pays des paresseux, a tenu toutes ses promesses en passant en revue les potentiels coupables tour à tour, nous donnant souvent d’avoir trouvé le coupable, pour nous voir nous tromper, conservant le suspense jusqu’au bout. C’était excellent. Je rempilerai volontiers pour le même genre de voyage !
Tome 2 : La Troisième griffe de dieu
Ayant passé un excellent moment avec le premier tome des aventures d’Andrea entre nouvelles et romans, j’avais hâte de replonger dans cet univers si singulier revisitant les polars d’Agatha Christie à la sauce SF.
Dans ce deuxième tome composé cette fois tout d’abord d’un long roman éponyme et suivi d’une courte nouvelle achevant le tome, nous retrouvant Andrea et les Porrinyard pour une nouvelle enquête de haut vol. Après les hauteurs d’habitats suspendus la dernière fois, place à un ascenseur orbital cette fois comme le met en scène la très belle couverture signée Manchu dont je suis définitivement fan avec ces belles teintes bleutées et son souci du détail que je vous laisse découvrir.
Nous retrouvons donc avec plaisir la plume entraînante et vive d’Adam-Troy Castro, qui pense à son lectorat et facile à celui-ci les retrouvailles avec Andrea et ses missions grâce à de nombreux passages bienvenus nous rafraîchissant la mémoire. J’en fus ravie ! J’ai adoré retrouver le ton cinglant d’Andrea, sa vive intelligence, sa relation complexe avec les Porrinyard et le chic qu’elle a pour se mettre dans les pires situations.
Ce fut à nouveau un plaisir de retrouver une ambiance à la Agatha Christie avec ce huis clos où l’héroïne se retrouve vite à devoir déduire qui est un meurtrier parmi ceux qui l’entourent. L’auteur maîtrise à merveille les romans de l’autrice, on le sent, et il sait réutiliser les mêmes ingrédients que la reine du crime et du mystère pour les insuffler dans sa série pourtant de SF.
Cette fois, Andrea devenue Procureure extraordinaire pour le Corps diplomatique de la Confédération homsap est enfin libérée de la plupart des liens hiérarchiques qu’elle avait autrefois. Elle n’a plus à rendre compte de ses déplacements. Invitée par la famille Bettelhine – des marchands d’armes qui sont moralement complices de nombreux massacres et génocides –, elle se rend sur Xana. Andrea méprise les Bettelhine, mais la curiosité est plus forte : elle aimerait savoir ce qu’ils lui veulent. A peine arrivée au port orbital, des assassins tentent de l’éliminer avec une arme extraterrestre vieille de 15 000 ans : la troisième griffe de Dieu. Une arme aux effets effroyables. Tout s’enchaîne alors et ce n’est que le début d’une suite de tentative de meurtres dans des lieux tous plus exotiques les uns que les autres pour s’achever dans un ascenseur spatial.
En dehors de l’enquête rondement menée par Andrea, qui avec l’aide de ses gardes du corps, va interroger l’ensemble des personnes présente dans l’ascenseur, nous allons être confrontée dans ce tome à une vaste histoire de famille. En effet, les Bettelhine sont au coeur de toute cette histoire. Ce sont eux qui ont fait venir Andrea, ce sont eux qui dirigent sur Xana et c’est eux qu’on semble également menacer. J’ai beaucoup aimé l’ensemble des secrets qu’ils cachent et qui se dévoilent au fil des pages, de ceux très personnels à ceux plus vastes qui traitent des dérives dans l’utilisation de découvertes scientifiques pour transformer des gens en esclaves. C’est une intrigues vraiment passionnante et fascinante à suivre.
Andrea, elle, fait du Andrea. Elle gratte, agace, blesse mais enquête et déduit les bonnes réponses. Son trio avec les Porrinyard me séduit toujours autant. C’est vraiment l’un des éléments de la saga qui me plaît le plus car on y parle à la fois du besoin de deux individus de se fondre en un sans qu’il y ait forcément une connotation sexuelle ou sentimentale, mais aussi de la liberté d’aimer au-delà des petites cases qu’on connaît. Ils forment un très beau couple plein d’ouvertures et de possibilités et les Porrinyard font vraiment du bien à Andrea. Ils sont vraiment sa planche de salut, son phare dans la tempête. Dans chacune des histoires, on sent leurs liens se resserrer et leurs sentiments s’imposer un peu plus.
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Le roman fut donc à nouveau un excellent moment de lecture où l’auteur manie à merveille les codes classiques du roman policier et du drame familial en les insérant dans un univers de SF très bien pensé, où il y a peu de traits saillants mais où ceux-ci sont parfaitement maîtrisés.
La nouvelle qui lui fait suite est plus anecdotique. Elle semble être conçue pour créer un lien, une respiration, une pause entre les tomes 2 et 3. On y voit, à travers le regard d’un mercenaire (?), les conséquences de l’aventure qui vient d’avoir lieu sur la vie tranquille que voudrait avoir mais n’a pas Andrea. Mais surtout, on y retrouve sa belle relation trouble et forte avec les Porrinyard et on nous embarque peut-être vers un futur nouveau voyage.
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Deuxième plongée dans l’univers d’Andrea et deuxième aventure qui me conquiert. J’adore l’ambiance mise en scène par l’auteur, sa plume, les personnages qu’il a écrit mais également l’univers sobre mais complexe avec de beaux traits saillants appartenant à la SF. Il fait preuve d’une très belle maîtrise dans l’écriture d’un récit qui se veut divertissant et profond à la fois.
Je remercie à nouveau Albin Michel Imaginaire pour leur confiance et pour cet envoi !
>> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Chut, maman lit!, Xapur, La Geeosophe, Maki, Lea touch book, Fourbis et Têtologie, Le nocher des livres, Yuyine, Just a word, Vous ?
Je remercie à nouveau Albin Michel Imaginaire pour cette lecture divertissante !
Tome 3 : La Guerre des Marionnettes
Retrouver la plume d’Adam-Troy Castro et l’univers de son héroïne Andrea Corp et de ses amants, les Porrinyard ainsi que leurs ennemis, les Démons invisibles, est toujours un grand moment pour moi, un pur divertissement que je sens dès les premières lignes et un ravage émotionnel qui vient au fil des chapitres. Merci beaucoup à Albin Michel Imaginaire d’éditer cette saga malgré les difficultés qu’elle rencontre, à tort !, à trouver son public.
Avec ce nouvel opus, l’éditeur français aura publié l’ensemble des textes disponibles autour de cette héroïne et cet univers. Il nous compulse ici un roman et les deux nouvelles qui entourent celui-ci dans un tome d’un peu plus de 500 pages que j’ai pourtant lu d’une traite telle j’étais entraînée par la plume aventureuse et sensible de l’auteur.
Il nous entraîne, dans la lignée des tomes précédents, dans une nouvelle aventure qui va mettre notre héroïne à rude épreuve. Culotté, il nous propose d’abord une nouvelle d’une centaine de pages pour nous mettre en jambe et découvrir le nouveau lieu singulier où va se dérouler sa prochaine aventure : la planète des Marionnettes, et pour cela pas d’Andrea en vu. Il nous plonge dans une société inconnu auprès de héros qui ne nous disent rien où l’un d’eux va connaître une transformation irréversible pour devenir quelque chose d’autre. C’est un très joli clin d’oeil aux créatures de la Guerre des Mondes de Wells mais également une aventure qui nous emmène loin dans ce qui est faisable et supportable dans les transformations souhaitées par les êtres humains, nous poussant à la réflexion quand à notre attachement à notre corps et à nos relations.
Les Lames qui sculptent les Marionnettes sont ainsi une introduction indispensable à l’aventure qu’Andrea va connaître par la suite auprès de celles-ci et une continuité toute trouvée quant aux questions qu’elle se pose elle-même sur le devenir de sa relation avec les Porrinyard. J’ai adoré !
La Guerre des Marionnettes, elle, est un roman d’environ 350 pages dans la lignée de ce que nous a proposé l’auteur précédemment. Il nous emmène avec son héroïne et ses amants sur une nouvelle planète pour une nouvelle mission diplomatique qui bien sûr va connaître des soubresauts. Action, émotion et réflexion sont à nouveau au rendez-vous de cette aventure enlevée qui ne nous laisse que rarement respirer.
Avec le rythme percutant qu’on lui connaît, Adam-Trop Castro nous pose sur Vlhan, planète singulière, où un étrange pèlerinage attire des hommes et femmes un brin suicidaires pour venir assister à une danse de créatures qui semblent tout droit échappé de l’imagination de Wells avec leurs allures de tripodes (et +) parfaitement rendu en couverture ! Et dès les premières pages, Andrea a des ennuis, ce qui ne se dément pas ensuite. J’ai beaucoup aimé plonger dans les méandres de cette société, tenter de démêler ce que cache ces pèlerinage, parler de différentes manières de communiquer et échanger entre espèces, des limites du langage mais aussi du besoin de se rapprocher de son semblable et de lui être similaire ou non et jusqu’à quel point. L’auteur apporte à nouveau une aventure aux réflexions très riches et avec de nombreux niveaux de lectures que je préfère vous laisser découvrir.
La surprise de ce tome vient également de sa narration partagée au bout d’un moment entre Andrea d’un côté et un des membres de Porrinyard de l’autre. On a tellement l’habitude de voir ceux-ci agir toujours ensemble que c’était intéressant de les voir avec leurs corps séparés et de comprendre ainsi mieux les implications de ce qu’ils signifient vraiment comme être unique à deux corps. C’était important surtout quand on sait leur demande de voir Andrea les rejoindre pour former un nouvel être à trois têtes.
Pour le reste, nous sommes dans la continuité avec des I.A. toujours aussi sombres dans leurs objectifs et manipulations de tous les êtres qu’ils croisent. Alors qu’on pensait avoir atteint une sorte de statu-quo après le dernier choix d’Andrea, celui-ci est bien mis à mal ici, malgré les interactions régulières avec le camp qu’elle a choisi pour tenter de comprendre leurs implications ici. Andrea va donc être mise à rude épreuve à plusieurs niveau.
Le roman et la nouvelle qui le suit, La Cachette (d’environ 50 pages) voient donc notre héroïne beaucoup se questionner et évoluer sensiblement. Il est bien loin le temps de l’aventurière insensible et froide des débuts. Sous ses dehors de casse-cou intransigeante, c’est devenue une femme beaucoup plus ouverte aux autres et inquiète de ce qu’il peut leur arriver. J’aime cette nouvelle Andrea et je suis perturbée à l’idée du choix qu’elle pourrait faire. Tout comme son amie, je m’interroge sur la portée de ce nouvel insept qu’elle veut peut-être former avec Porrinyard. Est-ce vraiment ce qu’elle veut ? Ne risque-t-elle pas de les perdre ainsi en tant qu’amants et dans le rôle qu’elle apprécie tant de leur part dans sa vie ? Et elle, que restera-t-il d’elle et de la femme qu’on aime tant désormais ? Beaucoup de questions en suspend dont j’espère trouver des réponses dans les prochains écrits de l’auteur puisqu’il a dit ne pas en avoir fini avec elle.
Andrea Corp est donc définitivement pour moi une valeur sûre. Cet univers de SF mélangeant western, I.A. et interrogations sur ce qui définit l’être humain et les formes qu’il pourrait prendre par le futur, est vraiment très jouissif à lire. J’adore la plume entraînante de l’auteur, les multiples réflexions qu’il nous pousse à avoir, le tout toujours dans des aventures enlevées et originales où il se renouvelle à chaque fois. Je croise les doigts pour le retrouver à l’avenir.
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