Titre : Les Employés
Auteur : Olga Ravn
Editeur : La Peuplade (grand format) / Pocket SF (poche)
Année de parution : 2020 / 2021
Nombre de pages : 176
Histoire : Dans un futur indistinct, à des millions de kilomètres de la Terre, des employés travaillent sur le six millième vaisseau d’une puissante et mystérieuse compagnie aux allures totalitaires. Il y a les humains et il y a les ressemblants. Ceux qui ont été enfantés et ceux qui ont été créés. Ceux qui vont mourir et ceux qui ne mourront pas. Sur une période de dix-huit mois, une commission compile une série de témoignages au sujet des relations et de la production à bord du vaisseau où l’activité consiste souvent à surveiller d’étranges objets bourdonnants, qui améliorent l’humeur, fécondent les rêves et hallucinent les consciences. Aussi glaçante qu’émouvante, cette science-fiction révèle le désarroi d’humains contraints de vivre loin de chez eux et les interrogations des ressemblants quant à leurs capacités émotives. Je sais que vous dites que je ne suis pas dans une prison ici, mais les objets m’ont dit le contraire.
Mon avis :
J‘aime profiter des possibilités offertes par les services presses pour aussi faire des découvertes que je n’aurais pas osé autrement. Ce fut le cas ici avec Les Employés d’ Olga Ravn, une poète et romancière danoise, également traductrice et critique littéraire, qui m’a permis de découvrir un pan de la SF du nord de l’Europe.
Cependant, Les Employés ne fut pas une lecture facile, non pas que le style était hermétique, non pas qu’il y avait des concepts complexes, mais tout simplement parce que la nature même de la nouvelle et son contenu étaient étranges pour ne pas dire flous. En fait, heureusement que j’avais lu le résumé avant car il m’a donné un fil rouge à suivre tant il était plus clair que la lecture de la nouvelle en elle-même… Il faut donc être prêt à accepter d’être dans le flou le plus complet pour ensuite recevoir la surprise finale qui vient éclairer ce texte.
Ce texte, c’est pendant longtemps une suite de dépositions sans queue ni tête faites par des humains et autres choses : les Ressemblants, des robots j’imagine, sur leur visite et le nettoyage de pièces, d’objets singuliers. Pourquoi nous présente-t-on cela ? Parce qu’il y a eu un mort ? Parce que quelque chose cloche sur le vaisseau ? On ne saisit pas bien et on se demande longtemps quel est le message de l’autrice.
Puis, les dépositions s’allongent, leur contenu devient plus clair et on commence à voir poindre une allégorie sur l’aliénation du travail, sur la religion aliénatrice, ainsi qu’une métaphore sur la vie en mode : métro, boulot, dodo. Et ça commence à prendre sens.
La voix désenchantée qui accompagne chacun des témoignages est saisissante. Cela donne un ton un peu démoralisant à l’ensemble. D’ailleurs le fait que l’autrice interroge sur la définition de ce qui fait un être humain va également dans ce sens car la réponse n’a rien de réjouissant ni la façon d’y parvenir. L’aventure, elle-même, qui se tisse dans les dernières pages est sombre et morose. On assiste à la pauvre vie des humains qui sont partis sur ce vaisseau et vivent mal d’avoir perdu leur terre natale. La parano monte également au sein du vaisseau et des dissension naissent entre les 2 groupes d’employés, ce qui était inéluctable.
L’autrice n’offre pas un récif positif et optimiste mais plutôt un lent glissement d’un désenchantement à l’autre, d’une déception à l’autre. Elle dévie aussi de la découverte qu’on aurait pu imaginer positive et curieuse des étranges objets des débuts, à la descriptions des problèmes de communication entre humains et Ressemblants. Seule la déposition finale revêt peut-être un peu d’espoir et d’amour.
Les Employés n’est donc pas une lecture simple. C’est une lecture étrange où il faut accepter de se laisser porter sans comprendre et tous les lecteurs ne sont pas ainsi. Heureusement que le format est court car je ne sais pas si j’aurais accepter de vivre ça à une autre échelle, avec la même proportion de moments où je me sens perdue. Cependant la nouvelle prend toute son ampleur dans un épilogue ravageur et percutant qui donne presque envie de la relire sous ce nouvel angle. Ça m’a diablement donné envie de découvrir de la SF danoise dans un format plus long, alors si vous avez des recommandations, je suis preneuse !
(Merci à Pocket pour cette lecture)
> N’hésitez pas à lire aussi les avis bien plus pointus de : Yuyine, Saintrailles, Les Chroniques du Chroniqueur, Mondes de poche, Vous ?
je note, ça l’air aussi étrange qu’intéressant. Je n’ai pas lu de SF depuis une éternité. Avant j’en lisais beaucoup, ça me manque un peu
J’aimeAimé par 1 personne
En plus, c’est un texte court, parfait pour remettre le pied à l’étrier 😉
J’aimeJ’aime
De temps en temps, j’aime bien me laisser porter et ne pas avoir les clés dès le début mais ce texte ne m’intéresse pas tellement.
J’aimeAimé par 1 personne
C’est assez particulier comme expérience et comme thème, je l’avoue ^^!
J’aimeJ’aime
« J‘aime profiter des possibilités offertes par les services presses pour aussi faire des découvertes que je n’aurais pas osé autrement » +1 j’ai juste lu le début et la fin ^^’
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, ça ouvre vraiment nos horizons même s’il faut aussi se canaliser pour le coup et faire des choix lol
J’aimeAimé par 1 personne
Faire des choix, l’histoire de nos vies. Mais sans forcément en maîtriser, prévoir toutes les conséquences.
Oui tu as ça qui apporte aussi de la valorisation à ce qu’on fait, et sinon emprunt public ou personne voire trouver moins cher qui peut aider à sauter le pas, caser.
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, mais avec les SP, je les lis plus rapidement, ça me pousse à ne pas les laisser trainer sur les étagères. C’est aussi un point positif 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Oui au moins les SP ne vont pas rester 150000 ans dans la PAL, c’est clair.
J’aimeAimé par 1 personne
Une lecture qui semble audacieuse, surprenante. J’espère que tes prochaines découvertes SF Danoises seront plus optimistes et plus accessible 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Pour l’instant il faut encore que j’en trouve dans ce genre, mais je croise les doigts oui ><
J’aimeAimé par 1 personne