Titre : Une Si Belle Couleur
Auteur : Keiko Iwashita
Éditeur vf : Pika (shojo)
Années de parution vf : 2022
Nombre de tomes vf : 2 (série terminée)
Histoire : Aya, une jeune lycéenne passionnée de dessin, est soupçonnée d’avoir eu une aventure avec son professeur d’arts plastiques et a perdu l’estime de ses camarades. Afin d’éviter toute confrontation avec eux, elle n’a d’autre choix que de les fuir et mène sa scolarité dans une grande solitude. Jusqu’au jour où son lycée accueille un nouvel élève, Aimu. Ce beau blond aux yeux bleus, repère tout de suite la jeune fille terne et cherche d’emblée à créer une relation intime avec elle. Méfiante et peu sûre d’elle, Aya ne semble pourtant pas prête à ouvrir son cœur meurtri…
Mon avis :
Tome 1
Quand j’ai vu passer Une si belle couleur, même si c’était de l’autrice de Mon coloc’ d’enfer, une série que j’ai fini par apprécier au fil des tomes, sachant qu’il n’y avait que 2 tomes, je n’étais pas plus tentée que ça, surtout que sa série précédente n’avait rien au final pour vraiment se démarquer des autres. Mais quand je me suis vu offrir l’occasion de la lire grâce à un prêt, je n’ai pas hésité et je ne regrette pas, car ce fut une découverte vraiment étonnante.
Une si belle couleur se présente au premier abord comme une énième histoire de lycéens avec une héroïne qui se coltine une sale réputation suite à un prof malavisé qui a tenté de l’embrasser et a rejeté la faute sur elle. Elle préfère désormais s’effacer et ne pas attirer plus l’attention et les méchancetés de ses camarades. Mais le jour où Aimu, un beau blond, arrive dans sa classe, tout change, car celui-ci la remarque justement pour ça.
Cependant plus que ces premiers clichés qu’on a retrouvés dans bien des romances lycéennes, c’est l’émotion dégagée par cette histoire et surtout le trait choisi par Keiko Iwashita qui m’ont plu. Déjà, dès le chapitre d’ouverture, elle nous offre une double page magnifique où le dessin semble prendre vie tant on sent jusqu’à la texture de la peau de ses personnages. Ça m’a soufflée. Ensuite, on découvre une héroïne passionnée autrefois par les couleurs et le dessins mais qui ne vit que dans du gris, tristement, en ce moment. C’est douloureux à voir. Heureusement sa rencontre avec Aimu va lui rapporter la couleur qu’elle a perdue, et ce sera très beau d’y assister. En plus, l’autrice ne fait pas tout ça en trois coups de cuillères à pot. Elle prend le temps de nouer une relation de confiance entre les deux. Elle prend le temps de redonner foi en elle-même à Aya. Elle prend le temps de lui faire reconstruire sa relation avec les autres et aussi avec l’art. C’est lumineux !
Alors certes, je n’ai pas aimé la phase « harcèlement », qui aimerait ça, mais ça ne dure pas longtemps et j’ai été ravie à la place d’assister à la naissance d’une jolie relation sentimentale entre deux jeunes gens bien plus similaires que leur apparence le laisse croire, car derrière ses dehors rayonnants Aimu cache des sentiments bien sombres lui aussi. C’est pour ça qu’il comprend si bien Ayu, l’aide et veut se rapprocher d’elle. Leur duo est émouvant.
Et les dessins de Keiko Iwashita sont d’une très belle finesse et expressivité ici. Dans Blue Period qui parle aussi d’un jeune se mettant à dessiner, je n’avais pas ressenti la flamme au début. C’était assez froid et convenu. Ici, à l’inverse dès qu’elle prend le crayon ses dessins prennent vie et j’ai trouvé ceux-ci lumineux, magnifiques et émouvants. J’ai bien plus cru à Ayu artiste, qu’à Yatora à ses débuts. La simplicité paye.
Une si belle couleur, dont je n’attendais rien, est une vraie belle surprise où l’autrice décrit d’abord le poids dévastateur des rumeurs au poids, l’importance d’une bonne réputation et la tragédie du harcèlement. Mais l’autrice n’en reste pas là et montre surtout comment une rencontre toute simple peut changer une vie et redonner la foi. C’est humainement une très belle histoire !
Tome 2
Après un tome à soigner le coeur d’Aya, place à un second pour celui d’Aimu. Avec toujours la même belle émotion, mais peut-être un peu plus de drama classique et maladroit, Keiko Iwashita nous offre une bien jolie suite et fin toute en émotion et espoir.
Je suis partagée sur ce tome. J’ai aimé l’émotion qu’il dégage, l’évolution d’Aya et Aimu qu’il propose. Mais les étapes pour y parvenir m’ont semblé vues et revues pour ne pas dire artificielles et exagérées.
En effet, le parcours de vie d’Aimu est déchirant. L’histoire de cet enfant non désiré abandonné par sa mère, puis rejeté longtemps par les autres parce différent – oui il ne fait pas bon d’être métis au Japon... – est déchirant. C’est pour ça que j’ai été très touchée par sa relation avec Aya, l’attachement inimaginable qu’il a pour elle car discrètement, sans que ce soit tapageur comme elle, Aya a transformé la vie d’Aimu. Elle lui a aussi redonné des couleurs, lui qui était en train de sombrer et se détestait. Ça c’est magnifique !
Là où ça devient problématique, c’est quand dans l’écriture, on fait d’Aimu quelqu’un qui n’a rien d’autre qu’Aya dans la vie et que d’un coup, sur un coup de pouce de celle-ci, il se trouve une « passion ». Je n’y ai pas trop cru… En plus, ça tombe sur le show-business, bof. Comme si quelqu’un de beau ne pouvait que faire cela et profiter de son apparence. Je trouve ça un peu réducteur, même si j’entends bien qu’ici c’est une belle revanche sur la vie pour lui et que ça fait une belle carrière en miroir de celle d’Aya.
En attendant, à cause de cela et des projets d’avenir d’Aya, on a eu droit à une bonne grosse dose de soap dans cette seconde partie et je n’ai pas hyper accroché. Ça souvent fait lever les yeux au ciel et cela a donné, pour moi, des pages assez superficielles et avec peu de saveur. Même si je reconnais que l’autrice est restée fidèle à son idée de départ et a bien fait grandir son héroïne pour lui permettre d’atteindre son rêve.
D’ailleurs, je dois dire que les toutes dernières pages, malgré là aussi leur côté très mélo, très drama, m’ont bien plu car les deux héros trouvaient leur voie après avoir parcouru des chemins différents pendant un temps et se retrouvaient plus grands et matures. C’était hyper touchant de voir comme ils avaient surmonté tous leurs doutes ensemble.
Le dessin de la mangaka a d’ailleurs été superbe du début à la fin, avec un trait particulièrement fin et lumineux, mais qui sait aussi montrer l’ombre qui se cache derrière la lumière. J’ai particulièrement été soufflée par ses pages ouvrant chaque chapitre où j’avais l’impression que les héros pouvaient sortir des pages.
Cette mini série fut donc une belle lecture fort émouvante, je regrette juste la tendance mélodramatique qu’elle a prise lors de certains chapitres, car sinon j’ai beaucoup aimé l’évolution des personnages de leur rencontre à leurs retrouvailles. Ils surmontent ensemble des obstacles douloureux pour redonner chacun de la couleur et de la lumière à la vie de chacun. C’était très émouvant.
> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Les voyages de Ly, Vous ?
© Editions Pika 2022
Je t’avoue que sans ton avis, ça ne m’aurait pas tentée outre mesure et que tes réserves pour le deuxième tome me laisse craindre un peu d’agacement de mon côté (le côté drama…), mais ton avis sur le premier tome donne envie. La thématique du harcèlement et du poids des rumeurs m’intéresse et il semble se dégager beaucoup de sensibilité de l’histoire et de la relation naissante entre les deux adolescents.
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Oui, il y a un beau travail psychologique sur le premier tome qui baisse un peu dans le second mais ce n’est pas simple non plus pour une jeune autrice de maintenir un tel niveau j’imagine et il y a peut-être des contrainte niveau magazine qui pousse leur éditeur à prendre telle ou telle direction 😉
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