Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Ranking of Kings de Sosuke Toka

Titre : Ranking of Kings

Auteur : Sosuke Toka

Traduction : Sébastien Ludmann

Éditeur vf : Ki-Oon (Kizuna)

Années de parution vf : Depuis 2022

Nombre de tomes vf : 7 (en cours)

Histoire : Le royaume de Boss est en péril. Son fondateur, connu pour sa force herculéenne, est gravement malade, et l’héritier, le jeune prince Bojji, est loin d’avoir le profil pour prendre sa place… Sourd et muet, d’une faiblesse telle qu’il est incapable de manier l’épée, il est la cible de toutes les moqueries, du chevalier au paysan ! S’il accède au trône, le pays est promis à la déchéance dans le classement des rois, dont le principal critère est la puissance des souverains. De ce point de vue, c’est le prince cadet, Daida, qui remporte le soutien populaire…

Mes avis :

Tome 1

Cette année, Ki-Oon renoue vraiment avec leur amour de la fantasy mais une fantasy différente avec des thématiques dans l’air du temps et un traitement qui sort légèrement du lot. Ranking of Kings l’un des derniers phénomènes japonais s’inscrit dans cette dynamique.

Ranking of Kings, c’est le projet métaphorique d’un salary man de 40 ans qui décide de tout claquer pour se mettre au manga et mettre ses tripes dedans. Il parle donc de ce qu’il connaît, le mérite non récompensé quand on est différent et qu’on ne rentre pas dans les cases, alors que pourtant on fait de son mieux et que ce mieux mérite d’être regardé.

Alors pourquoi un tel phénomène ? Pas à cause des dessins qui sont clairement ceux d’un amateur même si on s’y fait au bout du compte mais on ne restera jamais à admirer la beauté ou la composition d’une page. On a plutôt l’impression d’être dans un ouvrage pour enfant maladroitement dessiné. Pas à cause de son histoire, du moins en surface, car elle est on ne peut plus banale avec ce jeune héros looser sourd-muet qui voudrait devenir roi à la place de son jeune frère bien plus parfait que lui. Pourquoi alors ? Parce que derrière ce classicisme se cache une belle profondeur.

En effet, on s’identifie très vite à ce jeune héros maladroit et mal aimé. On a de la peine pour lui mais on ne tombe pas dans le misérabilisme. Celui-ci étant très courageux, on a juste envie de l’encourager et de le voir réussir, de le soutenir donc dans ses actions, comme va le faire l’Ombre qui va se mettre à son service. Et surprise, au fil des chapitres, assez courts et bizarrement découpés, on va découvrir des personnages qui cachent leur vraie personnalité derrière des masques peu amènes. Ainsi, la méchante reine use de ses pouvoirs de guérisseuse pour le jeune prince au besoin, ainsi son père aux allures si terrible a voulu bâtir ce royaume pour lui, ainsi l’ombre moqueuse va tout faire pour l’aider, ainsi le jeune prince n’est pas si nul qu’on le croit.

Petit à petit, comme dans les contes pour enfants dont s’inspire largement l’auteur, les apparences vont se révéler trompeuses et nous allons découvrir un tout autre monde que celui que nous montre le premier chapitre. Entre influences de RPG avec ces Rois classés en fonction de leurs forces, et influences plus littéraires à la Rabelais, j’ai eu l’impression dans les dernières pages de tomber dans une version japonaise des Ogres Dieux, cette saga de BD française avec des géants à la tête d’un royaume dont l’héritier est de plus en plus petit et sans force par rapport à eux. Tiens, Bojji n’a lui aussi pas la force et la taille de ses parents.

L’auteur a construit son récit avec beaucoup d’intelligence, nous démontrant que petit à petit la profondeur de ses propos, avec un héros qui n’est pas si looser ou du moins qui n’est pas responsable de son état, mais aussi avec des valeurs qui se redéfinissent. Ainsi la méritocratie qu’on aurait pu croire mise en avant est bien plus nuancée au fil des chapitres, le traitement de la différence également, tout comme de la famille recomposée ou de la transmission intergénérationnelle. Je comprends pourquoi le texte a autant séduit les lecteurs.

Je sais qu’il existe également une version animée qui cartonne et ayant quand même un peu de mal avec l’aspect graphique du titre, je risque de me pencher dessus en espérant qu’elle soit plus belle mais aussi pour découvrir la suite des aventures émouvantes de Bojji dans des décors plus séduisants, car ici malgré une belle inspiration jeunesse, c’est quand même bien maladroit. Il faut dire que j’aime les beaux livres jeunesses de mon côté ><

Ranking of Kings est un phénomène éditorial assez singulier dans le paysage manga. Il a de quoi séduire un jeune public aussi bien qu’un public adulte grâce à sa double grille de lecture s’inspirant des contes pour enfants. J’y vois pour ma part une belle relecture d’une saga que j’adore et j’espère y retrouver un peu de sa profondeur, malgré la frustration d’un dessin vraiment très maladroit, mais les idées sont là et elles correspondent si bien à ce que j’aime en littérature jeunesse que ce serait dommage de passer à côté juste pour un dessin différent, comme il serait dommage de passer à côté d’un garçon comme Bojji parce qu’il est différent. Ki-Oon a encore osé un joli coup de poker, j’espère qu’il leur réussira !

(Merci à Ki-Oon pour cette lecture et leur confiance)

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : L’Apprenti Otaku, Les voyages de Ly, Vous ?

Tome 2

Après ma découverte de Ranking of Kings qui m’avait démontré une fois de plus que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, j’ai eu envie de me pencher sur son adaptation animée tellement portée aux nues et j’ai eu un gros coup de coeur pour celle-ci. Rassurée par la direction prise par l’histoire, me voilà retour pour un tome 2 confirmant les belles qualités du premier.

Le ton volontiers enfantin de Sosuke Toka cache vraiment un univers bien plus riche et complexe que son dessin archi simple pourrait le faire croire. Exit la fantasy où tout est blanc ou noir, place à univers où sous couvert d’emprunter beaucoup aux classiques et codes du genre, l’auteur développe une histoire toute en nuance de gris qui fait palpiter notre coeur.

Je vais d’abord être honnête et confesser que j’ai toujours de mal avec le dessin maladroit du mangaka. J’aurais largement préféré un dessin plus beau et travail. Cependant, il a sa patte et ici cela offre une patine toute particulière à l’histoire de ce prince sourd et muet, qui doit donc s’agiter en tout sens pour se faire comprendre. En revenant à quelque chose de très pur, très simple, l’auteur s’oblige à vraiment mettre l’accent sur le sens de nos gestes et de nos actes, mais également sur l’importance de tout ce qu’on peut cacher aux autres à travers cela et c’est fort intéressant.

Il développe par exemple des personnages comme la reine mère Hiling, qui a l’air de tyranniser Bojji, alors qu’en fait elle l’adore et fait plein de choses pour lui. Il y a aussi les chevaliers, membres de la garde royale, qui ne sont pas forcément ce qu’on croit et dont les rôles s’échangent bien vite contredisant ce que leur apparence et premières actions nous faisaient croire. C’est fort malin pour complexifier et approfondir l’histoire, mais également pour créer un attachement entre nous et les personnages.

D’ailleurs, c’est en utilisant une fantasy très classique que cela prend forme. En effet, en offrant au héros une quête personnelle pour regagner la place qui lui est due, l’auteur crée une vraie sympathie du lecteur pour le héros, accompagnant celui-ci dans ses aventures, ses réussites et ses échecs. On est touché par ce jeune Boji voulant absolument partir en voyage pour évoluer. Comment ne pas craquer face à son grand attachement pour l’ensemble des espèces humaines et/ou animales peuplant son royaume ? C’est un futur roi fort altruiste qu’on nous promet et qu’on voit grandir.

Ainsi même si ça avance de manière un peu téléguidée, avec un rythme étrange, parfois trop lent, parfois trop rapide, l’attachement envers Bojji et ceux qui gravitent autour de lui se crée et rend cette lecture fort belle. On est touché par tous les non-dits et a priori qu’on peut avoir sur certains à cause de leur apparence, alors qu’on découvre en direct ou par flashbacks toutes les bonnes actions et beaux sentiments qu’ils cachent au fond d’eux. De plus, l’aventure commence à être vraiment au rendez-vous, entre un premier Prince qui bascule peu à peu du côté obscur et un second qui part à l’aventure pour s’endurcir et connaît quelques mésaventures en route. Ça fait très vite oublier les dessins à améliorer de l’artiste, surtout qu’il maîtrise déjà bien la science du découpage et du rythme des pages en revanche.

Prenant son temps et développant son univers et ses personnages, Sosuke Toka propose un deuxième tome solide avec aventure et belles relations humaines. J’ai toujours du mal avec les dessins mais j’aime la narration quasi silencieuse du mangaka qui nous oblige à nous appuyer sur autre chose pour transmettre émotions et paroles. C’est très intéressant.

Tome 3

Série toujours pleine de charme, elle entre cependant dans la dite phase d’entraînement et de transition qui touche presque chaque héros dans ce type d’histoire, mais avec la bouille de Bojji et son courage à toute épreuve, c’est toujours un vrai plaisir de le voir surmonter les épreuves qui se mettent devant lui.

Petit HS pour commencer : je viens de réaliser au bout de 3 tomes ! que Bojji s’écrivait avec « 2 JJ » alors que je n’en mettais qu’un… me voilà à corriger mes avis précédents lol

Pour en revenir à nos moutons, ce fut encore une bonne lecture, un peu en mode que faut-il faire quand on débute et ne sait pas trop dessiner pour raconter une histoire et faire passer des émotions. Avec simplicité et efficacité, l’auteur contourne chaque difficulté graphique et narrative pour mettre en scène la quête de notre jeune héros et que c’est réussi. On a l’impression d’être dans un conte pour enfant, ce qui donne un sentiment hyper chaleureux et particulier à la lecture. Ça change !

Ici, le classique fait bien les choses. On prend plaisir à voir le frère de Bojji manipuler son monde pour aboutir à ses fins mais se faire également manipuler par plus fort que lui. Mais c’est plutôt Bojji une fois de plus qu’on va retenir, le voir lutter encore et toujours, se relever et garder la tête haute malgré les échecs et les épreuves est une vraie leçon de vie ! L’auteur développe avec beaucoup d’émotion sa relation avec Ombre, ce dernier étant un peu nous le lecteur, soutenant son héros.

On les suit ainsi avec passion dans leur quête, à la recherche d’un maître pour aider Bojji à devenir plus fort et il est amusant de voir le mélange entre un héros qu’on a privé de sa force, mais qui ne le sait pas, et des spectateurs surpris de ses capacités d’esquive. C’est beau de voir une série où le héros n’est pas le plus fort mais celui qui a été assez malin pour développer d’autres capacités. C’est rare en héroïc-fantasy classique comme ici. Avec un bel effort de mise en scène, l’auteur dessine avec brio Bojji dans ses grandes heures et ça fonctionne super bien.

J’ai ainsi aimé découvrir de nouveaux personnages, roi et maître d’arme, tous avec une « gueule » singulière et un caractère pas piqué des ronces qui les font sortir des sentiers battus et qui apporte beaucoup d’humour. J’ai aimé la narration entraînante dont l’auteur fait preuve pour conter cela. Mais à se concentrer sur l’entraînement et le futur power-up de Bojji, on perd de vue certains personnages comme Hiling, ce que je regrette. Heureusement que Bebin a eu droit à son petit moment, pour une histoire rappelant celle de Bojji avec Despa.

Bien que bonne lecture, j’ai vraiment eu l’impression d’un tome de transition un peu classique ici dans sa forme. Heureusement que les personnages créent un savoureux décalage de par leurs particularités, que ce soit Bojji, bien sûr, mais également Despa et Domas, cela permet de casser ce moule pré-établi dans lequel la série a tendance à s’inscrire. Cela reste donc un joli conte pour enfant avec un beau côté cartoon assumé.

Tome 4

Avec son Ranking of Kings, Sosuke Toka nous montre qu’on peut faire de grande chose avec peu de moyens. Il le démontre avec son art sommaire et pourtant tant porteur d’émotion. Il le montre avec le parcours sans faille de son héros et cela nous va droit au coeur !

Alors que le précédent tome m’avait un peu laissée sur mon faim, j’ai retrouvé ici tout ce qui fait le sel de la série pour moi : les belles relations entre les personnages. J’ai ainsi pris plaisir à voir les évolutions différentes et contrastée des deux frères, mais j’ai également beaucoup aimé sentir les intentions de l’auteur s’affiner. Et pourtant, le récit ne perd pas de temps et va bien vite par rapport à l’animé qu’il a inspiré. Je me demande donc quelles surprises il nous réserve donc pour tenir déjà 14 tomes au Japon et continuer encore.

Dans ce volume, nous suivons en parallèle le destin des deux frères. Daida connaît un revirement surprenant après être allé au bout de son addiction avec le miroir. Avec peu de moyen et un certain classicisme, l’auteur nous montre sa vision de la perversion d’un jeune esprit par plus puissant et plus malin que lui. Le personnage de Miranjo intrigue, tandis que celui de Bosse, sur le retour, surprend car il se révèle bien cruel avec ses enfants et on se demande pour quelle finalité. Et puis, quel bonheur de recroiser la reine Hiling et le chevalier Domas, deux atouts de taille pour Bojji dans l’entourage de Daida.

De l’autre côté de l’intrigue, Bojji justement poursuit son entraînement détonnant, lui aussi, avec Despa. J’aime beaucoup la façon dont ce personnage est écrit, entre fourberie et attachement. Il est un maître surprenant et ce qu’il enseigne à Bojji sort du lot. C’est totalement atypique de voir quelqu’un d’autre faible que Bojji le rester et pourtant en tirer parti grâce à l’astuce de Despa, une astuce que l’auteur est allé chercher loin et qui pourtant tombe sous le sens. C’est excellent. J’aime qu’on nous offre un personnage faible, le restant, et pourtant trouvant une autre façon d’exprimer de la force. C’est un message très pertinent à transmettre.

Et puis surtout, avec bien peu de moyen, Sosuke Toka met tout cela en scène avec simplicité et sobriété, en faisant appel aux classiques de la littérature enfantine et de la littérature chevaleresque, pour un récit particulièrement efficace. Malgré un trait maladroit, il touche. Malgré une mise en scène archi simple et des cadrages pas forcément recherchés, pourtant il fait mouche. C’est comme si on assistait à un duo entre un enfant débutant et un artiste confirmé qui le guiderait dans l’écriture et la mise en image de son récit. C’est très surprenant.

En attendant, l’histoire avance d’un bon pas. Nos deux frères ont acquis un nouveau statut et voient leur quête avancer. Leurs alliés se dessinent également avec de belles surprises du côté de Daida et une grande émotion pour Bojji, qui touche en parvenant à acquérir à son tour des qualités de guerrier à lui, comme il le désirait. Tout est ainsi orchestré pour rapprocher et mettre face à face les deux princes. A la limite, les autres pourraient être accessoires s’ils ne représentaient pas le moyen de nous faire sentir toute la beauté de Bojji dans l’attachement qu’ils ont pour lui malgré eux.

Avec cette parodie du récit de fantasy chevaleresque, le mangaka nous offre un objet vraiment surprenant, qui détonne par son graphisme et sa scénographie maladroite, mais qui est d’une implacable efficacité dans ce qu’il a à raconter et offrir. C’est beau d’avoir un héros qui n’a rien d’héroïque le devenir à la seule force de son âme courageuse et non de ses poings. Seul, il avance toujours le sourire aux lèvres malgré l’adversité et les larmes qui peuvent poindre. Quelle belle leçon !

Tome 5

Ranking of kings est vraiment l’une de mes révélations de l’année, celle qui m’aura fait réaliser que je n’ai pas besoin d’un beau dessin pour me sentir totalement emportée et impliquée dans une histoire, mais qu’un auteur peut faire un excellent travail narratif en dépit de cela et c’est magique !

Depuis plusieurs tomes, nous étions centrés sur Boji et on avait un peu oublié ce qui se passait au palais. Changement de braquet complet ici, pour des chapitres essentiellement consacrés à la reine Hiling, à son fils Daida, au roi Bosse et à leurs proches. J’ai adoré ! J’ai ressenti un vrai shoot d’émotion au fur et à mesure que l’auteur racontait tout ce qui liait ce beau monde. C’est magnifique. L’histoire a pourtant l’air toute simple. Elle est racontée à grand effort d’énergie et pourtant elle fait mouche car elle touche un point sensible : elle nous montre comment aimer les autres pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’on aimerait qu’ils soient. Excellent !

Ainsi, ce fut un vrai bonheur d’abord de retrouver Hiling à travers le regard de son garde du corps et de voir tout ce qu’elle a entrepris, souvent avec maladresse, pour se rapprocher de son fils adoptif pour qui elle voulait être une vraie mère. Cette figure maternelle est définitivement ce qui la caractérise et là où ça aurait pu m’agacer de limiter une femme à cela, Hiling transcende cet état car on la sent plus que capable d’être tout ce qu’elle souhaite et que c’est justement ce qu’elle a choisi. C’est donc superbe de la voir autrefois se lier à Boji, ralliant ici son garde à son cause, puis dans le présent de la voir lutter pour Daida qui est en difficulté. C’est une vraie tigresse.

J’ai également été ravie de retrouver ce cher Daida. Là, aussi, l’auteur nous montre combien les apparences sont trompeuses. En revenant à la petite enfance de celui-ci, on découvre qui il est vraiment, son rapport à son frère, ce qui l’a fait vriller et celui qu’il est aujourd’hui : un peu un mélange des deux, ni bon ni mauvais, mais avec un beau potentiel. La peur et la solitude qu’il ressent nous touchent en plein coeur, et le courage dont il va faire dans l’adversité également. Il va se révéler un héros plein de faille mais qui saura être là pour les autres et se révélera quand ceux-ci sont en danger. Sa rencontre avec Miranjo est ainsi un vrai tournant.

Justement, cette dernière est la nouvelle animation cruciale de l’histoire, le vecteur de tous les changements. On découvre petit à petit sa terrible histoire de victime de persécutions mais aussi d’animatrice de bien des troubles au royaume de Bosse et on ne sait trop sur quel pied danser. L’intrigue reste volontairement floue en ce qui concerne l’implication de Bosse dans cela et son lien avec elle. Pourquoi s’en prendre à ses fils ? Pourquoi laisser faire mais prévenir du danger ? C’est étrange et cela prête à confusion.

Fascinant, touchant et émouvant, Ranking of kings est le genre de récit d’apprentissage qui va droit au coeur de son lecteur grâce à un travail beau et fin sur la caractérisation des personnages et de leurs relations. Alors au-delà de ce trait enfantin et maladroit qui peut rebuter, il faut oser lire l’histoire poignante qu’il y a derrière car on ne peut rester indifférent à ces héros au coeur tendre derrière leur dure apparence. Que ce soit Hiling, Daida, Miranjo, Bosse ou leurs sbires chacun a quelque chose à nous apporter. Une de mes révélations de l’année !

Tome 6

J’ai beau adorer l’univers et surtout les personnages de Ranking of Kings, je trouve quand même la série assez inégale à lire. On sent vraiment la jeunesse de l’auteur dans l’écriture de ce scénario qui s’allonge, s’allonge en terme de pages pour pas grand-chose. C’est long !

Je suis fan du destin de Boji, Ombre, Hiling, Daida et consort, mais je ne peux pas mentir, ce tome de transition est inutilement longueur. A vouloir tout mettre en image, l’auteur perd de sa force de narration. Le propre du manga est certes de détailler les actions mais pas à ce point. Ici, on a un long long tome qui ne raconte presque rien et qu’on pourrait résumer en un seul épisode de dessin animé, voire moins ^^!

Cela peut avoir son charme pour de jeunes lecteurs qui ainsi vont vraiment prendre part au combat qui se joue entre les méchants sortis des enfers appelé par Miranjo et Hiling et ses proches qui tentent de venir sauver Daida. Ils aimeront peut-être voir ce long combat archi découpé. Ils trembleront peut-être à chaque action pour cette reine qu’on a appris à tant aimer et ses chevaliers au grand coeur en dépit de leur apparence patibulaire. C’est plein de bons sentiments et même ceux qu’on croit être dans le camp des méchants peuvent se révéler surprenants.

Cependant pour un lecteur adulte, amateur de récits de fantasy plus épiques ou plus sombres, ce tome est très très long pour des combats qui n’en valent que peut la peine tant leur mise en scène est pauvre, notamment à cause de ce dessin très simple, qui ici ne parvient à tirer son épingle du jeu. On ne voit en plus presque pas les héros. C’est surtout un tome de seconds couteaux et ça manque. Car quand Boji est absent, qu’on ne voit pas Daida ou que Miranjo reste dans son miroir, c’est quand même un peu plat.

C’est en lisant ce genre de tome que je comprends pourquoi la série compte tant de tomes au Japon… Alors certes, ce n’est pas mon moment préféré dans la série, je préfère les tomes où l’émotion l’emporte sur l’action, mais je pense que c’est le genre à pouvoir parfaitement plaire à un jeune public amateur d’identification, tant j’ai le souvenir moi-même d’avoir adoré enfant les combats à rallonge de DragonBall ou Saint Seiya.

Tome 7

Alors que j’avais eu un petit coup de mou au tome précédent, j’ai retrouvé ici l’émotion que j’aime tant dans le titre, le tout assortit d’un travail narratif expressif assez incroyable surtout au vu du trait de l’auteur. Comme quoi on peut transmettre beaucoup même avec un dessin vu comme maladroit.

Voici le temps des retrouvailles ! Bojji et Hiling étant mes personnages préférés, j’attendais énormément du moment où ils allaient se revoir. L’auteur a très bien fait les choses faisant monter la tension jusqu’à ce moment grâce à un superbe combat de Dorshe contre les sbire de Miranjo. Un modèle de combat ultra prenant derrière son classicisme et ses effets qui semblent sortis tout droit des effets spéciaux d’un vieux film kitch. Mais avec sa narration sobre et efficace l’auteur nous fait bien saisir tous les enjeux de ce combat et ce sera le cas tout au long de ce tome.

Un tome centré sur les relations humaines de chaque duo. On est d’abord touché par le dévouement extrême de Dorshe et jusqu’où il va pour Hiling, le tout orchestré dans un combat dantesque aux inspirations bibliques. Puis on reprend une couche d’émotion quand on voit également l’attachement qu’Hiling ressent envers lui, quand elle fait tout pour le sauver. Et l’auteur nous achève pour finir avec l’arrivée de Bojji et ses retrouvailles avec sa mère de coeur. Ça fait beaucoup. C’est fort. C’est puissant.

Et le plus fort, c’est la façon dont c’est mis en scène à grand renfort d’économie. Il y a de nombreuses pages sans mots, avec juste des sons, ce qui nous met à la place de Bojji. C’est très surprenant. On se concentre alors non pas réellement sur les dessins en tant qu’objet graphique, mais sur ce qu’ils racontent, sur les émotions qu’ils soulignent, les sentiments qu’ils font exploser, et on se prend une vraie claque. J’ai adoré le combat héroïque de Dorshe, le courage sans faille d’Hiling, la maturité et la force gagnées par Bojji et la beauté DU moment de leurs retrouvailles. C’était parfait !

Le récit avance toujours aussi lentement en revanche avec ce focus. Les intentions de Miranjo et surtout du Roi restent floues et souvent contradictoires pour moi. Seule petite nouveauté, le Roi des enfers passe à l’attaque, ce qui met en avant des personnages un peu en périphérie pour le moment et risque de propulser notre petit Prince sur le devant de la scène avec les nouveaux alliés que son grand coeur lui a trouvé. Il faut dire que l’auteur fait dans le classicisme le plus pur avec lui. Un héros maltraité mais toujours prêt à aider les autres, ce qui lui vaut des ennemis qui se transforment en amis / alliés. Simple mais efficace.

Tout respire la chaleur humaine dans ce tome vraiment très beau auquel je peine à rendre hommage. Entre un Dorshe aux inspirations sacrificielles, une Hiling aux airs de Madone et un Bojji, héros raté sur le retour, tout est parfaitement orchestré pour nous toucher dans le sens le plus classique du terme. Pas besoin d’effet de manche, le plus simple suffit et Sosuke Toka démontre s’il en avait besoin que derrière ses dessins maladroits se cache surtout un conteur hors pairs. Je suis on ne peut plus séduite !

(Merci à Ki-Oon pour cette découverte et sa confiance répétée)

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© Sousuke Toka 2019 / © 2022 Editions Ki-Oon

 

6 commentaires sur “Ranking of Kings de Sosuke Toka

  1. Merci !
    Je n’ai pas encore acheté le manga (c’est prévu) mais l’anime est tout simplement… mon favori des sorties récentes et peut-être tout court. C’est beau, c’est touchant, c’est intelligent. Je suis fan absolu. Et fiston a versé de grosses larmes à l’épisode 2 😉

    Aimé par 1 personne

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