Titre : Les Quatre filles du docteur March et ses suites
Auteur : Louisa May Alcott
Éditeur vf : Casterman
Première parution : 1868
Nombre de tomes : 4 (série terminée)
Histoire : Quatre jeunes filles doivent surmonter les difficultés de la vie quotidienne, car leur père est à la guerre et leur mère est très occupée. Les petits problèmes de tous les jours n’auront pas raison de la grande affection qui unit la famille.
Mon avis :
Tome 2 : Les filles du Dr March se marient
Qui n’a jamais lu et vu Les Quatre filles du Dr March ? C’est une lecture jeunesse entrée dans les classiques qui a été maintes fois adaptée au cinéma au point que chez moi ma première lecture enfant et ces visionnages se sont totalement fondus l’un dans l’autre. J’ai donc été surprise lors de mon envie de relecture de découvrir que les derniers films que j’avais vu n’adaptaient pas que le premier roman mais également le deuxième avec lequel je pensais avoir des aventures inédites.
En effet, Les filles du Dr March se marient correspond en fait à la seconde partie de ces films que nous avons pu découvrir. On y retrouver Meg qui vient de se marier, Ami qui est devenue dame de compagnie pour tante March et Jo qui décide d’aller mener une vie plus indépendante à New York. Zut, pas de contenu inédit pour moi comme je l’espérais. Mais ce n’est pas grave, je me suis délectée de retrouver mes souvenirs des aventures des quatre soeurs de leur famille et amis sous la belle plume très vivante de Louis May Alcott. Pour un texte de la seconde moitié du XIXe siècle, la plume ou sa traduction n’ont pas pris une ride et sont fort plaisant à lire.
J’ai aimé la vivacité narrative de l’autrice qui ne délaisse aucune des soeurs et nous dresse et le portrait d’une jeune femme mariée et nouvellement mère avec Meg, d’une jeune femme malade avec Beth, d’une jeune femme pleine d’énergie en recherche d’elle-même avec Jo et Amy. C’était un vrai bonheur de retrouver chacune d’elles mais également leur cher voisin Laurie et ses sentiments perturbants, ou encore leurs parents qui observent tout ça d’un regard bienveillant.
J’ai peut-être eu un peu de mal avec le côté très datées des relations. Ainsi ce qu’on exige d’une femme ou d’un homme diffère et me gêne aux entournures malgré les dehors modernes que l’autrice tente de donner avec une Ami qui porte la culotte dans son couple ou une Jo qui essaie d’être indépendante. Mais au final, on retombe très vite dans un schéma patriarcal assumé et valorisé avec femme mariée et homme, en mode éternel enfant, à satisfaire. Je grince un peu des dents avec mon regard de femme du XXIe siècle ^^!
Heureusement, voir chacune des soeurs trouver le bonheur et un projet pour sa vie m’a plus contentée malgré la nature de ceux-ci parfois. J’ai été émue par l’histoire de Beth racontée avec tellement de pudeur. J’ai apprécié de voir Jo se rebeller contre ce qu’on attend d’elle et oser dire « non ». Son projet de vie est très beau même s’il est un peu loin de ce qu’on imaginait pour elle quand elle inventait des pièces que ses soeurs et ami jouaient, mais qu’importe il est tellement chaleureux que ça met du baume au coeur. Et comme, c’est lui que j’espérais voir mis en scène ici, il me tarde d’attaquer le prochain tome !
J’ai donc été charmée de retrouver cet univers si cher à mon enfance, et même si mon regard de femme adulte remarque pleins de petits détails qui me font un peu grincer des gents, cela n’occulte pas mon plaisir. Louisa May Alcott a une plume tout à fait délicieuse, elle a su écrire des personnages charmants et attachants, qui vivent dans un cocon où il fait bon vivre, et dont les aventures nous amusent et nous émeuvent. Ces retrouvailles furent parfaitement réussie et j’ai hâte d’aller plus loin pour découvrir la partie qui a été la moins souvent adaptée.
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Tome 3 : Le Rêve de Jo March
Quand j’ai entrepris de replonger dans l’univers des Quatre fille du Dr March, c’était pour découvrir leur vie d’après. J’avais donc été un peu déçue dans le tome précédent de me rendre compte que j’en connaissais déjà le contenu via les films et séries. A l’inverse, ce fut un vrai bonheur d’avoir du contenu inédit – ou presque – avec ce nouveau tome.
Comme dans le dessin animé que j’ai vu enfant, Petite bonne femme, nous retrouvons une Jo adulte, qui accomplit son rêve : ouvrir une école atypique avec son mari, et c’est une toute autre dynamique qui nous est proposée, une dynamique qui m’a enchantée !
J’ai adoré découvrir cette école d’un nouveau genre, qui propose des méthodes nouvelles, bien loin du carcan habituel des écoles de cette époque, le titre ayant été écrit en 1871 quand même ! Ici, un peu dans le mode « école alternative », nous suivons un couple dont le but est de faire avancer chaque enfant à son rythme, en fonction de ses possibilités et ses désirs, ce qui parfois l’éloigne des bureaux d’écolier pour le plonger dans la nature. J’ai adoré ! Cela crée une ambiance archi positive qui met du baume au coeur surtout avec le choix de Jo d’élever des enfants parfois marqués par la vie au milieu d’autres plus privilégiés.
J’ai retrouvé dans ce tome la jovialité et l’imagination du premier quand les soeurs s’amusaient à monter des pièces de théâtre ensemble ou aller se défouler sur la patinoire du lac gelé du coin. Ici aussi, ce sont les enfants les héros et non les adultes. Jo et son mari ne sont donc là qu’en coulisse, pour aider et orienter de temps en tempe ces jeunes âmes, mais ce sont avant tout Nat, Dan, Demi, Daisy, Nan et tous les autres enfants de l’école de Jo March qui animent l’histoire par leurs aventures tour à tour fantasques et charmantes. C’est mignon tout plein, plein de bons sentiments, parfois un peu triste aussi quand l’un d’eux vient de la rue et a du mal à s’adapter, ou quand certains perdent un parent. Mais c’est toujours entraînant et touchant.
J’ai adoré les suivre dans leur vie de tous les jours à la pension de Jo, quand ils suivent les cours, se divertissent dans la propriété et ses alentours, nouent des liens quasi filiaux entre eux, se chamaillent et se rejettent parfois également. J’avais l’impression à chaque chapitre d’avoir un nouvel épisode du dessin animé de mon enfance où il leur arrivait une nouvelle aventure. J’ai été très touchée par l’évolution de ces enfants au contact les uns des autres mais aussi avec l’enseignement de la vie que leur offrent Jo et sa famille. C’est une excellente idée de sa part d’ailleurs de mêler ses propres enfants à ceux qu’elle accueille et recueille, cela crée une belle dynamique familiale chaleureuse.
Après, il y a parfois des passages qui m’ont fait grincer des dents, même si je sais que c’est dû à l’époque où le texte a été écrit, mais après tant de modernité vis-à-vis de l’éducation, ça me fait mal de voir des jeunes filles réduites à faire la cuisine, jouer aux poupées ou policer les garçons, parce qu’elles sont belles avec leurs jolies boucles blondes… C’est tellement caricatural et j’attendais tellement plus de l’écrivaine après ce qu’elle avait montré concernant Jo, mais en même temps, il y avait déjà de ça avec Meg… Après, c’est vraiment le seul point qui m’a fait tiquer alors je me dis que ce n’est pas grand-chose pour un texte de la seconde moitié du XIXe vu la modernité de tout le reste.
A ce jour, Le rêve de Jo March est donc ma lecture préférée de l’univers des Quatre filles de Dr March. J’ai beaucoup aimé la dynamique avec ces enfants partant à l’aventure dans un quotidien campagnard pourtant banal mais avec un apprentissage de la vie qui rompt avec ce que j’attendais d’un récit de 1871. J’ai été touchée et amusée par ces enfants. J’ai aimé la façon dont le couple de Jo leur laisse trouver leur voie et les aide à grandir. C’était très émouvant et divertissant.
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Tome 4 : La grande famille de Jo March
Et voilà, ultimes retrouvailles avec si charmante famille qui m’accompagne depuis l’enfance. Tout comme les deux premiers tomes formaient un tout, les deux derniers en font de même. Et tout comme j’avais préféré le premier tome dans le premier diptyque, je retrouve la même dynamique ici.
Louisa May Alcott sait parler au coeur de ses lecteurs qui comme elle se sont attachés à ses héros. Elle se plaît donc tout au long de ce volume à nous conter la destinée de l’ensemble des enfants de la famille étendue des March, enfants « adoptifs » de Jo inclus. Cela donne lieu à de nombreuses aventures toutes plus charmantes les unes que les autres, mais comme cela a pu être le cas parfois, cela donne aussi un petit sentiment de manque de liant avec un enchaînement d’épisodes presque décousus et c’est dommage.
J’ai en effet eu le sentiment de lire une autrice qui avait écrit des aventures pour une publication en épisode et qui nous reliait ceux-ci dans un volume sans vraiment créer parfois de sauce pour lier le tout. Alors ça reste charmant car on voit ce que sont devenus les enfants de la seconde génération de March. Certains sont devenus adultes, d’autres sont encore adolescents et il leur arrive plein de choses. Les sentiments se réveillent, les désirs et autres aspirations aussi. Il se passe ainsi toujours quelque chose et on ne s’ennuie pas.
L’autrice fait preuve d’une belle modernité en parlant régulièrement de droit des femmes, même si dans les faits ses personnages féminins restent cantonnées dans des rôles très anti-féministes pour moi. Elle parle aussi régulièrement d’aspiration à être soi-même et à trouver sa voie, son chemin. Ainsi ses héros, souvent garçon à l’exception de Nan, trouvent-ils le moyen de réaliser leur rêve, leur passion, que ce soit dans la musique, l’écriture, le voyage ou l’aventure. En tout cas, chacun se lance et chacun sait pouvoir compter sur leur famille pour les épauler si besoin.
J’ai aimé que l’autrice ne fasse pas de ce parcours un long chemin tranquille et qu’il y ait des épreuves plus ou moins réalistes, comme des amours contrariés, des affaires compliquées, des erreurs, etc. Contrairement à Anne de Green Gable, même s’il y a une morale, celle-ci n’est jamais pesant ou trop religieuse à mon goût et semble plutôt relever de l’expérience de la vie, ce qui me plaît. On sent les héros avancer parfois brusquement, parfois à tâtons, faire des erreurs, s’en vouloir, payer, puis retrouver le désir d’avancer. C’est touchant et motivant.
On quitte ainsi tout ce petit monde sans regret car les aventures à leurs côtés furent pleine de charme et émouvantes. On a aimé voir d’abord les soeurs et leur ami de toujours grandir, puis leurs propres enfants au sens large. J’ai beaucoup aimé pour ma part avoir la surprise d’une autrice aux idées modernes en ce qui concerne aussi bien l’éducation, que l’amour, les droits des femmes ou la recherche de soi. Cela devait vraiment être quelque chose de lire ça, enfant, à l’époque de la publication. C’est bien pour ça qu’on en parle encore comme d’un classique !
N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Vous ?
C’est en relisant le premier tome il y a quoi … trois ans ? (après être allée voir le film de Greta Gerwig) que je me suis aperçue qu’effectivement, il n’incluait pas les mariages et autres. Je n’avais jamais percuté avant 😀
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Haha et dans mon souvenir d’enfant j’ai dû mélanger film et roman donc j’ai eu un e main mauvaise surprise moi qui pensais lire de l’inédit lol
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Comme toi, je garde de chaleureux et doux souvenirs de cette lecture que je relirai avec plaisir dans sa nouvelle et bien plus fidèle traduction proposée par Gallmeister.
Concernant ce second volet, je l’ai trouvé bien plus profond et mature malgré un côté toujours aussi moralisateur et quelque peu daté qui semble t’avoir parfois chagriné. J’ai apprécié découvrir l’évolution et le destin de chacun de ses attachantes sœurs et ton avis me donne envie de sortir très prochainement de ma PAL, Pour le meilleur et pour le pire… et pour l’éternité afin de découvrir l’auteure dans un tout autre genre.
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Je ne savais pas qu’il y avait eu une nouvelle traduction. Dommage, j’ai l’ancienne lol
Ce qui m’a le plus chagriné, c’est de ne pas avoir le contenu inédit que j’attendais, le reste je m’en accommode, je sais que c’est propre à l’époque de son écriture.
Ce serait chouette oui, que tu retrouves l’autrice, je serais curieuse de savoir ce qu’elle donne dans un autre univers.
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J’ai un très bon souvenir de ce tome même si le couple de Meg ne me vend pas du rêve avec ses histoires de confiture ^^
Ma lecture est très lointaine mais je me souviens avoir aimé l’histoire de Jo jusqu’au bout.
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Moi non plus, elle ne me vend pas du rêve, quand elle doit « se faire belle pour plaire à son mari » *ouch* !
Mais Jo, Beth, Amy en revanche, j’adore !
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