Titre : Le Livre de Koli
Auteur : M.R. Carey
Traduction : Patrick Couton
Éditeur : L’Atalante
Année de parution : 2021-2022
Nombre de pages : 3 (série terminée)
Histoire : La vie est rude à Mythen-Croyd, deux centaines d’âmes, au nord d’un pays qui s’appelle l’Engleterre. Et au-delà des murs du village règne une nature sauvage, ce qui n’est pas une façon de parler : tout ce qui vit est dangereux ; ce qu’on veut manger se défend et ce qui veut vous manger est innombrable.
Pour Koli, quinze ans, l’avenir est tracé à la scierie familiale, sauf à devenir un Rempart, un des privilégiés du village, ceux qu’ont reconnus et choisis les « techs » anciens qui permettent d’assurer la protection de la communauté. Pas facile de réussir l’épreuve : une seule famille accapare les techs et les garde jalousement.
Mais Koli ne renonce pas. Il se fera Rempart à Mythen-Croyd.
Il a tout faux.
Mon avis :
Tome 1 : Le Livre de Koli
M’étant gorgée de dystopies jeunesse quand elles sont sorties chez nous il y a une quinzaine d’années, j’en ai fait une overdose et j’ai beaucoup de mal depuis à en lire et surtout à en apprécier. Mais à force de voir de bons retours sur Le Livre de Koli par des lecteurs que je trouve exigeants, j’ai eu envie de lui laisser une chance et une amie l’ayant chez elle, l’occasion était toute trouvée ^^
Ce premier tome d’une trilogie toujours en cours d’édition chez nous m’a offert une dystopie d’un nouveau genre, une surprise agréable pour moi qui y allais à reculons et qui avais décroché du genre. J’en suis la première surprise. J’ai beaucoup aimé le ton lent et immersif de l’auteur pour nous faire découvrir un monde très différent du nôtre, une écriture où la langue même a son importance et permet de mieux s’immerger dans l’aventure grâce à un langage étrange et fautif pour montrer l’évolution du temps et des sociétés. Je valide totalement le concept !
Nous nous retrouvons ainsi tout d’abord dans un monde où la technologie semble absente au premier coup d’oeil mais se révèle être au centre de tout quand on creuse un peu, car comme dans toute dystopie finalement certains se la sont accaparée pour devenir une nouvelle élite dirigeante, une élite politique, technique ou religieuse, selon les groupes. Passionnant. Le tout dans une Angleterre post-Grande Guerre qui a bien changé géographiquement ainsi qu’on va le découvrir au fil du périple du héros. C’est donc un monde à la fois proche et lointain de nous que nous propose M.R. Carey.
L’auteur utilise avec talent les tropes de ce type de récit avec en premier lieu un jeune héros comme dans toute dystopie qui va s’élever contre l’ordre établi, sauf que d’abord il n’est pas forcément en rébellion, il ne voit même pas très bien de quoi il en retourne. C’est en mélangeant sentiments contrariés, curiosité et rencontre qu’il va aller fortuitement contre le groupe dirigeant et que son voyage va commencer ainsi que ses découvertes et les nôtres. C’est un personnage auquel je ne me suis pas vraiment attaché, pas plus que les autres peuplant le roman d’ailleurs, c’est plus l’univers et le fonctionnement des différentes sociétés qu’on va découvrir qui m’intéressent.
J’ai donc trouvé à l’ouvrage une portée ethnologique bien plus intéressante sur laquelle s’arrêter plutôt qu’une écriture des personnages intéressantes. Avec l’étude de l’évolution de nos sociétés après une grande guerre qui a mis à mal la technologie et a donné une place différente à celle-ci dans le futur, nous touchons au coeur de cette trilogie et de ce qui la différencie des autres où souvent nous suivions avant tout des héros attachants et/ou charismatiques. Cependant, étrange pont entre les deux, j’ai tout de même beaucoup aimé l’IA qu’on rencontre et qui traverse l’histoire, avec son caractère piquant, son histoire dramatique, son rôle central en coulisses.
Mélange de tropes du genre et d’ajouts astucieux proposant une histoire et une aventure différente des dystopies habituelles pour la jeunesse, Le Livre de Koli est un premier tome accrocheur, qui sait prendre le temps d’installer son univers mais qui malgré cette lenteur se révèle happant et prenant à lire, très immersif et étrange dans le monde qu’on connaît oui et non qu’il décrit grâce à sa plume originale, parfois perturbante, mais toujours marquante. C’est un beau renouvellement du genre avec le début de ce qui promet d’être une vaste fresque anglo-saxonne.
> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Yuyine, Dream Bookeuse, Navigatrice de l’imaginaire, Le nocher des livres, Just a word, Affamés de lecture, Le Bibliocosme, CelineDanaë, Vous ?
Tome 2 : Les épreuves de Koli
Après un tome 1 qui m’avait emballé, petit recul d’intérêt pour moi dans cette suite, pas qu’elle soit mauvaise mais elle regroupait un peu beaucoup des tropes dont je ne suis pas fan… La lecture fut donc un peu difficile, mais OMG quelle fin !
L’atout majeur de L’épreuve de Koli, tout comme dans le tome 1, c’est son univers post-apo où on suit des personnages qui ne savent rien du monde dans lequel on a vécu alors qu’ils côtoient pourtant des vestiges de notre monde. C’est assez intriguant et addictif. L’auteur s’amuse bien à glisser des indices de ce que sont tous ces vestiges mais sans en dire trop ce qui titille notre curiosité et nous laisse imaginer plein de choses. C’est assez ludique. Il reste aussi pas mal de mystères sur ce qu’il est advenu ailleurs, en dehors du village des héros, ce qui invite clairement au voyage, ce qu’entreprend le héros ici.
Malheureusement, moi, je ne suis pas fan des road-trip et je ne suis pas fan non plus des univers futuristes où c’est la nature qui est mise en avant. Je préfère les relations humaines, politiques, les histoires de technologie, etc. Là clairement, ce fut compliqué…
Heureusement le récit se partage entre deux narrateurs. L’un deux, Koli, va partir sur les routes et les fleuves à la recherche d’une mystérieuse relique ou d’un lieu fantasmé. Ça nous envoie dans une nature étrange et différente de ce à quoi il s’attendait mais l’auteur lui fait faire une longue pause au sein d’une drôle de communauté les Poissons-foisons et ça manquait peut-être un peu de dynamisme et de rebondissements pour le coup. A l’inverse, l’autre, Toupie, qui est pourtant celle qui est restée dans leur communauté m’a bien plus inspirée. Avec elle, on revient encore sur la mauvaise utilisation fait des techs, sur la façon dont une élite manipule la masse avec eux, le tout pendant qu’une mystérieuse maladie frappe. Là, j’ai eu matière à moudre. Grâce à elle, j’avais un regain d’intérêt à chaque fois que je croisais ses chapitres.
Au-delà de ce récit en dents de scie, à cause de mes goûts anti-roadtrip et anti-nature, il y a heureusement eu des thèmes très intéressants de-ci de-là. M.R. Carey, avec Tasse le/la compagnon/compagne de Koli, va parler de questionnement sur le genre et on va voir comment ça peut être géré dans un tel contexte. Avec Toupie, on va parler de mariage, avec son jeune couple, mais également de maladie, de médecine, de technologie bien sûr et surtout de castes et de comment passer de l’une à l’autre, avec les problèmes politiques que cela occasionne à leur petite dimension.
J’ai beaucoup aimé tout ce qui touchait aux tech, à leur nature même, mais surtout à la façon dont l’utilisation par un tel ou une telle porte une certaine signification. J’ai aussi été fascinée par la maladie qui va toucher l’enclave de Toupie, puis la plaie d’origine naturelle qui toucher Koli et les Poissons-foisons. Ça c’était dépaysant et percutant ! Et puis, il y a cette quête de l’Epée d’Albion qui clairement fascine, même si on l’oublie par moment, et quand on touche au but, l’auteur a le malheur de nous quitter pour nous dire que ce sera le coeur du dernier et troisième tome et que ce sera rude pour notre héros. C’est dur !
Mise en difficulté par le tournant pris par l’histoire, moi qui ne suit pas fan des récits se déroulant dans la nature et des road-trip, j’ai eu de la chance que l’auteur n’oublie pas d’où vient le héros et partage sa narration entre lui et son amie de toujours. Grâce à cela, j’ai eu les développements politiques et technologiques que j’attendais avec en bonus de jolis twist autour des épidémies et maladies, ainsi qu’une insertion de la question du genre bienvenue. Ainsi, il y a toujours quelque chose de bien à retirer de cette série, il faut juste avoir l’oeil, mais en tout cas, on ne peut pas dire que l’auteur est en reste question idées !
Etant fan de dystopie, j’avoue que ce roman me séduit totalement même si je ne suis pas fanatique de SF. Ce que tu dis sur la plume de l’auteure pourrait me convenir, je me le note donc.
Merci à toi 😉
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Avec grand plaisir, j’espère que tu y prendras le même plaisir que moi. On m’a dit le plus grand bien du deuxième aussi 😉
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J’ai adoré cette trilogie, que je recommande chaudement. Visiblement, le tome 3 paraîtra en VF en septembre !
Par contre, je crois que tu as une petite coquille. MR Carey est un auteur, pas une autrice ^^
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Effectivement j’ai cru que comme Jacqueline Carey, c’était une femme 😅
En tout cas tu me confortes et rassures en me disant que la suite est d’aussi bonne qualité ^^
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ok ok, je le note… pour ma fille qui devrait s’y retrouver 😉
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C’est justement en l’offrant à la fille d’une amie que j’en ai fait la découverte 😉
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Ces couvertures, Ouah ! 🤩
Un langage étrange et fautif ? Fautif par la mauvaise utilisation de certains termes ?
Apparemment cette nouvelle immersion dans le genre t’a convaincue, tu vas enchaîner les suites du coup ? 🙂
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