Titre : Le Petit Monde de Machida
Auteur : Ando Yuki
Traduction : Aline Kukor
Éditeur vf : Akata (M)
Années de parution vf : 2022-2023
Nombre de tomes vf : 5 / 7 (en cours)
Histoire : Au premier coup d’œil, Hajime Machida est un adolescent tout à fait quelconque. Avec son air sérieux et impassible, il s’avère en réalité plutôt maladroit, ne brille dans aucune matière et reste réfractaire aux nouvelles technologies. En somme, il considère n’avoir aucun talent… Et pourtant, tous ceux qui le connaissent l’A-DORENT ! Pourquoi ? Parce que Machida est en réalité doté d’un don rare et précieux : celui de prendre naturellement soin des autres. Profondément attentionné, le jeune homme fait du bien autour de lui sans même s’en rendre compte. À travers de petits gestes tout simples, il éclaire le quotidien de sa mère, de ses frères et sœurs, de ses camarades… Et c’est bien ça, le plus important !
Mon avis :
Tome 1
Depuis des années, Akata aime sortir ce qu’ils appellent des shojo feel good, c’est-à-dire des shojo qui font du bien au moral quand on les lit. Ayant, comme tout le monde, besoin de cela, je me délecte en général de ces titres mais je les trouve aussi parfois assez anecdotique. Ce n’est pas le cas ici.
Avec Le petit monde de Machida, j’ai fait la connaissance de Yuki Ando, autrice qui exerce cependant depuis près de 15 ans au Japon dans le domaine du shojo. Mais il est vrai que jusqu’à présent, elle offrait plutôt des oneshots et autres séries assez courtes et que Machida est probablement son titre le plus long à ce jour avec ses 7 tomes.
Si je n’ai pas trouvé son histoire anecdotique contrairement à la plupart des autres titres de l’éditeur dans cette collection, c’est parce que j’ai eu le sentiment qu’il se dégageait quelque chose de différent avec son héros, pour une fois masculin dans un shojo, qui avait cet air atypique, à côté, différent des autres, qui le rendait vraiment savoureux. Machida appartient en effet à cette gamme de personnage un peu à côté de la plaque, comme l’amoureux de l’héroïne dans Nos précieuses confidences, un profil que j’aime beaucoup.
En effet, ce genre de héros – et je souligne qu’il est assez rare en France dans le shojo lycéen de suivre un garçon comme personnage principal – est vraiment atypique et drôle. Il offre beaucoup d’humour à la série par les décalages qu’il procure et l’autrice s’en donne à coeur joie avec un faux air sérieux, même si cependant elle aborde également des thèmes sérieux avec lui. En effet, son décalage sert à lui faire dire que les apparences sont trompeuses et qu’il ne faut pas prêter au gens l’image qu’on se fait d’eux, ce qu’elle fait avec Machida et avec l’amie qu’il va se faire : Inohara, qui a été harcelée autrefois et a une mauvaise image encore aujourd’hui. Ce sont des thèmes récurrents dans les shojos mangas se déroulant au lycée mais c’est surtout la preuve que ça continue à poser problème et qu’il faut en parler. Alors quand on le fait avec douceur, bienveillance et un zeste d’humour comme ici, il ne faut pas s’en priver.
Le petit monde de Machida a de plus un cadre vraiment rassurant qui fait du bien et met en confiance. Machida est l’aîné d’une fratrie de quatre pour le moment, la mère étant à nouveau enceinte, et il a vraiment tout du grand frère, ce qui le rend adorable. Couplé à son côté lunaire, on s’amuse de le voir chercher comment faire des steaks hâchés, s’inquiéter de sa soeur de 5 ans qui est amoureuse, ou de son petit frère qui va chez un inconnu lui offrant des bonbons. Des préoccupations qui ne sont pas celles d’un lycéen et qui nous changent donc un peu, surtout que c’est raconté avec humour et douceur. En plus, Machida est un jeune homme adorable, qui aime profondément son prochain et fait tout pour l’aider. On assiste donc à de multiples scènes d’entraide où avec discrétion et humilité on le voit aider les gens dans le besoin : famille, camarade ou inconnu. C’est un chouette garçon !
Le suivre dans sa vie chez lui et au lycée est donc un pur bonheur. On s’amuse de son décalage avec les autres mais aussi avec nos attentes. On s’attendrit de son rôle de gentil grand frère. On le trouve également très chouette tant il est attentif et aimant envers tout le monde. On a même espoir de le voir s’ouvrir à d’autres sentiments quand il se noue d’amitié sans se rendre compte avec la belle Inohara.
Ainsi sous ses airs de bluettes avec un héros affable, Le monde de Machida dresse surtout le portrait d’un garçon aimant aider les autres, qui pourrait nous servir de modèle à nous, ce qui rend la lecture vraiment agréable. La douceur du trait de Yuki Ando est également un vrai bonheur, tant elle me rappelle des auteurs que j’aime issus de Bessatsu de Shueisha comme elle. C’est une lecture plus profonde que ce qu’elle annonce, qui fait réfléchir sur notre société, notre vision de l’autre et nos relations à l’autre, donnant envie d’aimer son prochain comme le héros et d’essayer de ne pas trop se préoccuper du jugement des autres. Un vaste programme amorcé ici avec beaucoup de bienveillance.
Tome 2
Ce deuxième tome absolument adorable confirme tous les jolis sentiments que j’avais ressentis à la lecture du premier tome. C’est vraiment une série à l’ambiance charmante avec un héros comme on en fait peu.
Alternant entre histoire de son quotidien de lycéen et de son quotidien de fils d’une famille nerveuse, nous retrouvons avec grand plaisir l’évaporé Machida qui sous ses airs de premier de la classe est un garçon maladroit, qui ne comprend rien à l’amour, mais pense beaucoup aux autres et fait très attention à eux. C’est un personnage extrêmement positif qui fait un bien fou au moral quand on lit ses aventures.
Avec gentillesse et cocasserie, l’autrice met en scène des petites scénettes de son quotidien à chaque chapitre et à chaque fois on ressort le sourire aux lèvres. J’ai trouvé adorable le chapitre où on rencontre sa tante et son nouveau petit frère avec un Machida encore plus attentif aux autres que d’habitude qui ne peut s’empêcher de vite aller rejoindre sa mère qui a accouché. J’ai beaucoup aimé également les chapitres qui parlent d’amour, où on voit combien cela lui est peu familier et combien il ne comprend rien, tellement il est perché lol
Cependant sous ces dehors assez tendre et rigolo, la série touche aussi des sujets sensibles, comme l’aîné d’une famille nombreuse qui a du mal à trouver sa place et peut se sentir délaissé si on ne l’aide pas, comme l’amour parfois un peu trop grand d’un grand frère pour ses petits frères et soeurs. L’autrice veut montrer que c’est bien de penser aux autres mais qu’il faut aussi penser à soi, savoir trouver l’équilibre entre les deux.
Pour l’aider sur ce cheminement, Machida est bien épaulé par les filles de sa vie. Il est d’ailleurs amusant de noté la quasi absence d’autres garçons dans cette histoire. Machida a beau ne rien connaître en amour comme il le dit, il n’est entouré que de filles, qui souvent en plus, ont des sentiments assez forts pour lui, que ce soit sa camarade Inohara, son ancienne maîtresse de maternelle, ou ses camarades de classe, ainsi que les membres de sa famille. C’est assez cocasse encore une fois et le seul garçon qu’on croise, bien qu’étant baraqué, a un je ne sais quoi d’efféminé. L’autrice a l’air de bien s’amuser.
Le petit monde de Machida est donc un titre qui ne paie pas de mine, qui est simple, facile à lire, banal peut-être même sous certains aspects, mais qui respire une telle joie de vivre et une telle gentillesse, qu’il est particulièrement agréable à lire. A l’heure où souvent les auteurs ont besoin de drames et autres ondes négatives pour relancer régulièrement leurs récits, autant de positivité qu’ici avec un personnage aussi solaire que lunaire fait un bien fou. J’en redemande !
Tome 3
Quel bonheur ce fut encore de retrouver Machida et son petit monde rempli d’un regard bienveillant sur les autres et leurs vicissitudes.
Les tomes sont malheureusement trop courts pour cette bouffée de chaleur humaine qu’on ressent à chaque fois. Ça n’a l’air de rien et pourtant, c’est hyper agréable de retrouver ce héros si banal à chaque fois. Chaque chapitre est l’occasion avec lui de porter un doux regard sur les travers de nos contemporains et les nôtres à travers des situations connus de nous qui nous rappelleront peut-être des souvenirs.
Avec humour et bienveillance l’autrice met en scène son héros dans des aventures d’un quotidien revisité sous un regard cocasse. Je me suis ainsi amusée de le voir si maladroit dans le premier chapitre alors qu’il doit porter un cache oeil pour soigner un orgelet. Tout est propice à nous faire gentiment rire, de sa famille qui croit qu’il leur fait des clins d’oeil, aux gens qu’il croise avec qui il commet des bévues en jugeant mal les distances. Mais c’est également l’occasion de réaliser que tout le bien qu’il fait aux autres peut lui être rendu au centuple et en apprécie de voir ses camarades et sa famille l’aider. C’est mignon tout plein.
Il n’y a donc pas besoin de grands sentiments amoureux ou d’une grande aventure pour offrir une belle histoire comme ce chapitre d’ouverture le démontre et la suite est du même tonneau. L’autrice en plus s’y amuse à faire d’autres personnages les narrateurs de l’histoire, ce qui permet de poser un regard extérieur toujours aussi touchant sur Machida et ses belles qualités. Ainsi, un petit collégien va réaliser que l’intelligence ne fait pas tout et qu’on peut avoir d’autres qualités tout aussi importante dans la vie. Puis, un employé de bureau va apprendre qu’il faut parfois accepter et assumer le regard des autres pour affronter celui qu’on est et se repentir. Ce sont à chaque fois des histoires sommes toutes banales et qui pourtant touchent de par leur message.
Du coup, je n’ai pas été surprise de me retrouver séduite de la même façon par le oneshot qui clôt ce volume et qui n’a rien à voir avec l’histoire principale si ce n’est qu’elle partage une héroïne qui a tout autant le coeur sur la main que Machida. Avec un style mélangeant ceux de Yayoi Ogawa (Kimi wa pet) et Ryo Ikuemi (Puzzle, Sans Complexe…), la mangaka raconte avec un humour encore une fois touchant et mignon, la rencontre entre Mishima et Matsui, qui va amener cette dernière à l’héberger. Entre récit d’une fuite en avant joliment rattrapée, rapprochement inattendu et coeurs qui s’ouvrent pour mieux trouver leur voie, en quelques pages Yuki Ando propose une bien belle histoire.
Le petit monde de Machida est définitivement une lecture qui me met du baume au coeur et me redonne foi en l’être humain. C’est un pur régale de suivre le quotidien de son héros et l’on aimerait nous aussi partager sa façon de voir les choses et d’appréhender la vie, tant c’est reposant et positif. Un titre à lire quand on a un coup de mou pour repartir d’un bon pied !
Tome 4
Encore tellement de douceur dans ce nouveau tome de la vie de notre petit Machida, garçon tellement perché qu’on ne peut que l’aimer tendrement.
La série n’a rien d’extraordinaire et pourtant elle enchaîne les bons points. Avec son héros tellement honnête et naïf qu’il en est totalement décalé par rapport à ses camarades lycéens, on passe un vrai moment de douceur à suivre son quotidien où il apprend à décoder les sentiments des autres, surtout dans ce tome.
L’autrice prend son temps et avance lentement, notamment dans la relation amicale mais potentiellement amoureuse entre Machida et sa camarade Inohara, mais elle pose en même temps de très belles valeurs. Elle nous fait ainsi un joli portrait d’Inohara, jeune fille qui ose prendre la défense de ceux méprisés par les autres au risque de le payer. Avec Machida, ils font la paire et sont mignons tout plein. Aucun ne s’avance dans ses sentiments, ne les comprenant pas trop et ayant besoin des autres pour les aider, mais chacun montre son attachement et c’est touchant.
L’autrice s’amuse ainsi à utiliser les doux sentiments de ses héros pour digresser. Elle évoque la relation singulière des parents de Machida dont le père est lui aussi très perché mais différemment de son fils. Elle dénonce le harcèlement scolaire. Elle critique les gens superficiels pour qui l’apparence compte temps mais les sentiments si peu. Cependant c’est fait avec douceur et doigté avec jamais un mot plus haut que l’autre et pourtant des vérités assénées avec franchise. J’aime beaucoup ce ton surprenant représentation de la main de fer dans un gant de velours.
Petit bonus : on rit des incompréhensions à répétition de Machida concernant les sentiments des autres, que ce soit la peine d’Inohara quand elle voit une certaine photo de lui, le sens des chocolats de la Saint-Valentin qu’il faut lui apprendre, ou l’amitié orientée qu’il va nouer avec le beau Himuro. Ça amuse beaucoup. Au passage, malgré cette naïveté, il fait joliment avancer les choses et il sait toucher les gens et transformer ceux-ci pour qu’ils deviennent plus honnête envers eux-mêmes, comme lui. Je suis déjà fan de sa relation cocasse avec Himuro.
Petit bonbon sucré qu’on aime déguster tranquillement chez soi au chaud au coin du feu, Le petit monde de Machida est une vraie bouffée d’air frais dans un monde réaliste, où on retrouve de réelles problématiques comme le harcèlement, la médisante ou le mépris de l’autre, mais qui sont traitées avec une force tranquille et une douceur bienveillante.
Tome 5
Alors que je m’ennuyais juste avant dans un roman insipide, il n’a fallu que quelques pages à Machida pour me rappeler combien j’aime la simplicité et l’ambiance bienveillante de cette série. Comme quoi, il ne faut parfois pas grand-chose pour passer un très bon moment.
Avec son découpage toujours aussi épisodique, j’ai pris plaisir à retrouver notre héros lambda et maladroit pourtant terriblement solaire, qui attire tout le monde autour de lui par son grand coeur et as gentillesse. C’est doux, c’est calme, c’est charmant. Il n’y a rien d’extraordinaire mais la chaleur humaine qui se dégage de chaque situation me met le coeur en joie. J’adore découvrir le quotidien banal de notre jeune héros et le voir interagir avec les gens qui se trouvent sur son chemin.
Cette fois, nous avons d’abord droit à une petite rencontre avec d’anciens camarades de classe, qui se solde pour un gros moment d’émotion autour de l’un d’eux qui a décroché au lycée et s’enferme chez lui, dans son mal être. C’est Machida, qui avec simplicité, en se servant de son expérience, va trouver les mots pour l’en sortir.
Puis c’est au tour d’un épisode savoureux autour de l’anniversaire de notre héros, événement dont il n’a pas parlé à ses amis les plus proches, ce qui les peine. C’est très drôle de voir combien Machida ne comprend rien aux sentiments des autres et a besoin d’aller demander conseil pour les appréhender, alors qu’en même temps, il a toujours le coeur sur la main et s’efface souvent à leur profit. Ce fut charmant.
Vint ensuite une rencontre avec une dame victime d’un chagrin d’amour, qui vient d’emménager dans le quartier et à qui les enfants ont déjà attribué la réputation d’être une sorcière car elle est tout de noir vêtue et qu’elle aurait une pièce où elle ferait des choses étranges chez elle. Bien que ce fut un peu trop bref, j’ai beaucoup aimé la façon dont Machida pénètre dans sa vie et va lui montrer que tous les hommes ne sont pas des salauds et que certains pensent aussi aux autres. C’était beau de voir une femme dans la fleur de l’âge parler d’amour, de passion et avouer ne pas désirer d’enfant, chose rare.
Enfin, on termine ce tome avec un Machida jouant les entremetteur auprès d’une fille du lycée qu’il ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam mais dont l’amour sincère et la timidité l’a touché. J’ai trouvé mignon la façon dont il la prend sous son aile, lui qui n’y connaît rien en amour, avec l’aide d’Inohara. C’était mignon tout plein et ça respirait la joie de vivre.
Quatre jolies petites histoires qui mettent du baume au coeur et où on a pu apprécier une nouvelle fois tous les bons côtés de Machida mais aussi ses décalages savoureux avec les adolescents de son âge. Alors oui, cela garde un petit côté anecdotiques, surtout que chaque histoire est indépendante et qu’il n’y a pas de fil rouge, mais la bonne humeur et les bons sentiments de l’ensemble sont toujours aussi appréciables, rendant la lecture reposante et apaisante. Un vrai feel good au sens premier du terme.
©2022, Editions Akata
Le titre m’intriguait comme beaucoup d’autres, mais je dois dire que ta chronique me le rend indispensable. J’aime les personnages décalés, lunaires, et altruistes et les auteur.ice.s capables d’aborder des thématiques difficiles avec douceur et empathie…
J’aimeAimé par 1 personne
Super ! Ce petit titre tout discret, comme son personnage, le mérite. C’est tellement charmant et tellement reposant aussi d’avoir d’aussi jolies valeurs et un héros si doux ^-^
J’aimeJ’aime
J’avais complètement loupé ce titre 😱. Il me le faut ! 😁😍
J’aimeAimé par 1 personne
Je ne suis pas surprise vu le trop trop de sorties en ce moment, ce genre de petit titre se perd malheureusement au milieu V.V
Ravie de te l’avoir fait repérer !
J’aimeAimé par 1 personne
Ca a l’air tout à fait charmant ❤
J’aimeAimé par 1 personne
Ça n’en a pas que l’air ☺️
J’aimeAimé par 1 personne
Je suis curieux à propos de ce manga depuis son annonce mais j’ai des craintes semblables aux tiennes par rapport à l’aspect feel good oubliable et un peu lisse et ton avis relance ma curiosité, je pense tester tôt ou tard. Merci pour ton avis^^
J’aimeAimé par 1 personne
Avec grand plaisir. Même si c’est peut-être un peu anecdotique, c’est quand même une lecture détente très agréable, donc je dis que ça fait le job.
J’aimeAimé par 1 personne
Ce sont parfois les lectures d’apparence anecdotiques qui sont le plus agréable à lire donc pourquoi pas!
J’aimeAimé par 1 personne
Je te rejoins totalement là-dessus, c’est souvent bourré d’émotion et super agréable et tendre à lire.
J’aimeAimé par 1 personne
Je suis actuellement en recherche d’idées mangas pour débuter dans ce genre. Je me note celui-ci, merci 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Ça pourrait être une très bonne idée vu comme il est tout doux et mignon ^-^
J’aimeAimé par 1 personne