Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Bena de Kofude

Titre : Bena

Auteur : Kofude

Traduction : Léonore Carrascosa

Éditeur vf : IDP (Hana Collection)

Année de parution vf : Depuis 2021

Nombre de tomes vf  : 2 (en cours)

Résumé : Durant l’époque d’Edo, Ichi, un jeune homme qui travaillait dans un freak show, rencontre un monstre surnommé Bena venant d’être capturé. Ressemblant plus à un enfant qu’à un monstre, Ichi s’enfuit avec lui afin de retrouver ses parents.
Loin du freak show, ils apprennent à se connaître et goûtent petit à petit au bonheur d’être ensemble. Mais en réalité, Bena n’est pas un humain, mais un enfant monstre…

Mon avis :

 Tome 1

Dans mon envie de découvrir des titres plus marqués « ancien Japon », j’ai fait la découverte de Momo & Manji récemment, mais ça n’a pas fonctionné… J’avais donc quelques craintes à l’idée d’ouvrir Bena qui se déroule également à l’époque Edo et où il est en plus question d’une foire de Freaks, cependant, j’ai découvrir un titre beaucoup plus fin et émouvant que le premier.

Paru en 2018 au Japon, nous ne connaissons que ce titre de Kofude et on ne peut pas dire qu’elle ait choisi la facilité. Avec son trait très typé « époque Edo », elle nous emmène au plus près d’un phénomène qui fait froid dans le dos : ces lieux où les êtres différents sont considérés comme des bêtes de foire, les cirques aux Freaks, et en plus, elle nous y fait rencontrer deux être jeunes et fragiles. Pas mal d’éléments pour faire biper tous mes signaux d’alerte et pourtant elle s’en est très bien sortie !

J’ai d’abord beaucoup aimé la reconstitution de cet Edo d’autrefois, que ce soit dans les premiers temps à la foire, ou ensuite dans la ville. L’histoire se passe pourtant dans un huis clos un peu oppressant, l’autrice n’hésitant pas à nous montrer la noirceur de l’âme humaine. Cependant contrairement à certains de ses confrères, elle n’a pas besoin d’être outrancière, de tout montrer pour qu’on comprenne, elle préfère suggérer plutôt que de montrer, et je préfère aussi largement cela ! Alors oui, on sait qu’on n’est pas dans un titre avec des enfants de coeur mais au moins on nous épargne l’essentiel. Ouf !

Sa description de la vie dans ce cirque est assez implacable pourtant. Cela démarre fort quand on fait la connaissance d’Ichi, un soumis, qui a perdu récemment son frère jumeau qu’il adorait et qui vivote en gagnant comme il peut la protection du plus fort. On lui confie une jeune bête que le cirque vient d’acquérir, mais en s’occupant de lui, il va réaliser que ce n’est peut-être pas un monstre mais juste un jeune garçon sauvage qu’on a capturer et il va essayer de le sauver.

Les personnages de l’histoire sont particulièrement profonds et émouvants. Ils sont loin d’avoir eu une vie facile et pourtant ils aiment aider les autres et prendre soin d’eux, quitte à souffrir de leur côté. L’autrice n’épargne personne ici, ni Ichi, ni la bête qu’il finira par appeler Bena, que nous allons voir se sauver et tenter de se forger une nouvelle vie ensemble.

J’ai d’abord eu des doutes sur tout ça, je trouvais vraiment perturbant la façon inhumaine de traiter Bena, puis la façon dont l’autrice le faisait se comporter car pour moi c’était un enfant sauvage, mais l’autrice nous avait réserver une autre surprise expliquant cela. J’ai aussi eu des réticences face au jeune âge attribué à Bena par rapport à Ichi, c’était limite, mais on le voit très vite grandir et le rattraper en âge. Ainsi, petit à petit toutes mes barrières ont été levées.

J’ai pu ensuite suivre avec émotion leur tentative de vivre librement en dehors du cirque comme les autres habitants d’Edo, puisque après tout ils ne diffèrent pas d’eux. Même si on vit à nouveau un peu en huis clos autour de l’endroit où ils ont atterri, on découvre lentement, précautionneusement comment ils réapprennent à être humain l’un et l’autre après avoir vécu de tels sévices et c’est puissant. J’ai beaucoup aimé la tendresse et la gentillesse de ceux qui prennent soin d’eux, qui vont les accompagner sur cette voie, en apprenant à Bena à parler, à écrire, à décrypter ses émotions. C’est très émouvant.

Les dessins eux, ont exactement la patine à l’ancienne que j’attendais. J’ai aimé le rendu des kimonos et autres drapés. J’ai aimé le dessin des bicoques où ils sont hébergés. J’ai aimé le décor de cette Edo d’autrefois dans chacun de ses détails du quotidien. Et j’ai aimé l’évolution des expressions des personnages au fur et à mesure qu’ils recouvrent leur humanité. C’était très beau.

Alors que j’avais peur de ce que j’allais trouver, alors que l’histoire démarrait un peu trop durement pour moi, finalement Kofude a su produire ici une histoire fine et sensible, sans tomber dans la facilité de l’outrance, mais plutôt en misant sur l’humanité. C’est une très émouvante histoire.

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Koiwai, Vous ?

Tome 2

Le deuxième tome que l’autrice consacre à Ichi et Bena a pu semblé inutile aux yeux de certains, moi, j’ai trouvé qu’il apportait encore une autre nappe de profondeur à l’histoire, la rendant encore plus puissante et émouvante.

L’autrice nous fait retrouver Bena et Ichi qui se sont installés dans leur petite vie à deux à Edo. Chacun a grandi, chacun semble avoir accepté qui il est, mais ce n’est qu’une apparence et aucun n’a réglé ce qu’il avait à régler avec son passé.

Cette fois, on sait d’entrée de jeu ce dont il va être question : le passé de prostitué d’Ichi et la mort non réglée de son frère, ainsi que la « monstruosité » de Bena et ses complexes quant au mal qu’il pourrait faire à ce qu’il aime sur un coup de sang. Chacun a ses peur et chacun doit s’y confronter pour avancer.

J’ai beaucoup aimé la narration parallèle que l’autrice choisi car c’est ensemble qu’ils vont avancer et se trouver. Le tableau d’Edo et du Japon de l’époque est encore une fois très réussi, de même que le rôle de leurs nouveaux amis qui vont les pousser sur la bonne voie et c’est métaphoriquement ainsi que réellement qu’ils vont se lancer sur les routes pour entreprendre le voyage nécessaire à cela.

J’ai beaucoup aimé voir nos héros dans un couple stable mais en construction. J’ai aimé les voir partir sur les routes. J’ai aimé les épreuves qu’ils vont affronter pour se révéler. J’ai aimé que l’autrice ne simplifie par leurs problèmes mais les leur fasse affronter de front sans édulcorer. C’était beau de voir Bena apprendre à comprendre d’où il venait et qui il était. C’était touchant et puissant de voir Ichi retourner sur le terrible lieu où il a perdu son frère pour se confronter à celui qui fut à la fois son bourreau et son protecteur.

J’ai beaucoup aimé l’écriture des personnages ici et leur évolution, individuelle et en couple, mais je suis un peu plus perplexe concernant Fumi et le bourreau des jumeaux. Je me doute que l’autrice a voulu montrer qu’il pouvait y avoir des sentiments même dans cette inextricable horreur qu’était le monde du cirque à Freaks où ils étaient, mais c’est extrêmement perturbant d’imaginer cela. Je pense que certain verront de la beauté dans cette complexité, moi je suis un peu plus sur la réserve.

Néanmoins, l’émotion face à la construction d’Ichi et Bena comme couple et comme individus fut encore plus forte, tout comme j’ai trouvé la peinture de leur monde encore plus fine et plus riche. Ce second tome est donc pour moi essentiel à la série, n’en déplaise à certains qui n’ont pas su en voir l’importance.

Avec ces deux tomes, Kofude m’a offert une histoire complexe et puissante comme j’étais en droit de m’y attendre dans un tel cadre. Elle m’a subjuguée avec la richesse de ses dessins mettant en scène le Japon de l’époque Edo. Elle m’a émue avec la profondeur de cette histoire entre deux anciens Freaks apprenant à découvrir leur humanité. C’était tour à tour sombre, tendre et torturé mais très beau. J’espère qu’on aura rapidement la suite, la série étant toujours en cours au Japon avec 3 tomes.

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Koiwai, Vous ?

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5 commentaires sur “Bena de Kofude

  1. La période m’intéresse et comme toi, je préfère nettement quand l’on suggère plutôt que l’on montre voire insiste lourdement… La question de l’âge pourrait me gêner mais je te fais confiance quand tu mentionnes que cette barrière, comme les autres, a été levée. Bref, je suis tentée 🙂

    Aimé par 1 personne

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