Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Yasha d’Akimi Yoshida

 

Titre : Yasha

Auteur : Akimi Yoshida

Traduction : Xavière Daumarie

Éditeur vf : Panini Manga

Années de parution vf : 2022-2023

Nombre de tomes  : 4 / 6 (en cours)

Résumé : Okinawa, île d’Ogami. La paisible existence du jeune Sei Arisue est bouleversée au cours d’une nuit tragique où sa mère est abattue sous ses yeux avant d’être enlevé par un mystérieux groupe armé. Six ans plus tard, Sei est aux États-Unis, exploité par le laboratoire du puissant groupe pharmaceutique Neo Genesis qui a orchestré son enlèvement. Son objectif ? Mettre à profit l’incroyable intelligence et les sens sur-développés de Sei. Devenu un scientifique de génie, dont le talent est reconnu dans le monde entier, il est envoyé sur son île natale afin de faire des recherches sur un nouveau virus. Il ignore alors que cette expérience va lui permettre de découvrir ses origines..

Mon avis :

Tome 1

Petit événement que l’arrivée de Yasha sur nos terres françaises depuis le temps que les fans de la première heure d’Akimi Yoshida et de Banana Fish l’attendaient. Très réputé au Japon, ce thriller ésotérico-scientifique débarque enfin chez nous dans une jolie édition grand format rappelant celle de Banana Fish à côté de laquelle elle pourra se tenir dans les bibliothèques !

Pourquoi une telle attente ? Parce que Yasha est la série fleuve qui a fait suite à Banana Fish dans la carrière d’Akimi Yoshida. Publiée dans le même magazine que son aîné à partir de 1996 et comptabilisant 12 volumes dans son format d’origine, 6 ici, Yasha a eu tellement de succès, qu’elle a même eu droit à son adaptation en série télé en 2000. Reprenant des ingrédients similaires à son aîné, elle nous embarque elle aussi dans un thriller plein de tension et de sentiment.

Akimi Yosihda semble ainsi être l’une des reines du thriller des magazines shojo. A chacune de ces incursions dans le genre elle fait mouche grâce à une maîtrise parfaite des codes du genre. Dans Banana Fishc’était les polar mafieux américains, dans Yasha, c’est le thriller scientifique avec lutte autour de génies concepteurs de virus. Passionnant !

Dans cette nouvelle série, elle reprend des éléments très à la mode dans les années 90 : les héros ignorant leur identité, les héros avec des pouvoirs secrets, les manipulations génétiques, mais aussi les luttes entre grands labo avec petit incursion des yakuzas tant qu’à faire. C’est excellent ! De bout en bout de ce premier tome, elle pose les bases de son futur récit avec clarté et simplicité, détaillant à la fois les intrigues et les relations, tout en développant les personnages. C’est fait de main de maître.

J’ai beaucoup aimé retrouver l’autrice, dans un premier temps, sur une petite île tranquille japonaise, rappelant ce qu’elle racontera plus tard dans Kamakura Diary, c’était apaisant avant la tempête qui allait se déployer et nous emmener sur les rails d’une histoire bien plus complexe et tendue ensuite. Le héros, Sei, devient doucement fascinant au fil des pages, passant de gentil garçon au visage fin, au jeune adulte sûr de lui, de son intelligence, mais blasé et ultra stressé. J’ai aimé que malgré le cadre d’une histoire de tentative de vol industriel, de manipulation génétique et autre joyeusetés bien sombres, on conserve une large part de lumière grâce aux relations que Sei noue avec ses amis d’enfance, puis avec le professeur qui le prendra sous son aile et enfin avec les gardes du corps qui l’accompagnent. Ça allège bien l’atmosphère et rend l’ensemble plus humain. 

Akimi Yoshida crée ainsi une histoire vraiment plaisante à suivre entre révélations sur l’identité et le passé de Sei, ainsi que du groupe qui souhaite le contrôler : Neo Genesis, dont les projets fascinent, et moments bien plus graves où la tension monte quand il se retrouve en danger face à ceux qui souhaitent encore plus de lui. L’autrice crée petit à petit une vraie toile autour de lui qui va le tirailler entre les proches qu’il veut protéger et ceux qui lui souhaitent du mal mais qui ne sont pas toujours ceux qu’on croit. J’ai en ce sens beaucoup aimé la construction du personnage de Rin, jumeau étrange de Sei, qui promet vraiment pour la suite. 

Ce premier tome est donc une belle introduction à une nouvelle série qui ne dépareille pas par rapport à Banana Fish pour le moment. On retrouve d’ailleurs le beau trait clair et assuré de l’autrice, très marqué années 90 que j’aime beaucoup pour ma part, avec ses héros aux cheveux filasses, aux coiffures improbables parfois, mais avec toujours beaucoup de charisme. On retrouve aussi ses influences cinématographiques dans la mise en scène toujours efficace de l’action.

Cependant, on peut se poser la question du choix d’un grand format pour ce type de texte et de dessin, je ne suis pas sûre que cela soit nécessaire en dehors de l’idée de « faire collection » avec Banana Fish, où on aurait pu se poser la même question. Et j’ai également trouvé quelques coquilles dans la traduction qui auraient pu être évitées avec une relecture plus soignée. C’est dommage. En revanche, l’objet le plait avec cette couverture rouge dans le même esprit que son aîné, où on retrouve une spirale d’ADN en sur-impression vernie, et avec un sympathique marque-page offert à l’effigie de Sei. Nous avons même droit à un petit texte d’introduction fort sympathique faisant le lien entre les deux séries !

Fans de Banana Fish en manque de shojo d’aventure avec de la tension et de la noirceur, venez lire Yasha, la relève est assurée. Avec la même maestria narrative, Akimi Yoshida vous propose de suivre un nouveau héros archi charismatique dans son trait fait de lignes claires pour de nouvelles aventures pleine d’une belle tension. Exit la drogue aux États-Unis, place aux génies que tout le monde est prêt à s’arracher pour étudier ou développer des virus. Un nouveau monde fait de personnages tour à tour classes et étranges vous attend pour un récit encore palpitant entre ombre et lumière !

> N’hésitez pas à lire aussi l’avis de :  Vous ?

Tome 2

Amateur de thriller percutant, de découpage d’action dynamique, d’enquête sur les dérives des labo et de leurs recherches, Yasha est fait pour vous. Ce deuxième tome démontre tout le talent d’Akimi Yoshida pour mettre en scène une action échevelée avec fracas et tension tout en conjuguant cela avec la construction de personnages riches et complexes. Un vrai plaisir de lecture !

A peine ouvert que le tome démarre par un assaut lancé contre Sei, ce sera à l’image de la suite de cette lecture. Avec un touché de maestro, l’autrice décline sa partition entre pirouettes et attaques frontales pour mieux nous scotcher devant notre livre, de la même façon qu’elle le ferait devant un écran. Les scènes d’action sont riches et nombreuses, écrites et découpées de manière quasi cinématographiques. Elles sont simples, courtes mais efficaces car percutantes et nous emmènent toujours d’un point A à un point B ce qui permet à l’intrigue d’évoluer en même temps et de s’étoffer. Rien n’est statique ici.

En effet, on fait de nombreuses découvertes au cours de ce tome, tandis que Sei tente d’échapper à ceux qui veulent contrôler son destin. Il est confronté à sa nouvelle famille, ce frère si étrange qui peu parfois prendre le contrôle de son corps, et son père « biologique », cet homme froid et calculateur, qui lui cache bien des choses. Mais c’est surtout avec son garde du corps de toujours, Ken, que les choses vont prendre une drôle de tournure. Dans une ambiance très proche de celle de Banana Fish, on retrouve nous deux jeunes gens dans une relation complexe mêlant leurs sentiments présents et ce qui a pu se passer autrefois lors de leur première rencontre. C’est puissant et déchirant et je vois Ken sous une toute autre lumière désormais.

L’intrigue bouge également pas mal. Si on a perdu de vue le docteur Ryan pour comprendre ce qui se passe chez Neo Genesis, leurs attaques répétés contre Sei, les recherches de Rin, ainsi que les découvertes dans un certain labo universitaire, commencent à nous mettre sur la piste et on tremble face à la folie de ces hommes qui pensent pouvoir tout contrôler et manipuler à travers la science. Peur du largage d’un virus ravageur, peur face à l’évolution du génome à travers les personnalités de Sei et Rin, et de leurs pouvoirs ravageurs montrant les plus values qu’il pourrait y avoir pour un humain génétiquement modifiés, c’est aussi bien fascinant et qu’effrayant. On ne peut que rester scotché devant notre tome à se demander ce sur quoi cela va finalement déboucher.

La lecture de ce tome fut donc riche et dense, touchant à l’ensemble des thématiques présentées précédemment, avec une belle gestion de l’ensemble des personnages qui contribuent à faire avancer l’histoire ou, pour ceux plus secondaire, à fournir un ancrage à des personnages qui pourraient très vite être pris dans ce tourbillon de folie. C’est rythmé, dynamique, entraînant, passionnant, émouvant aussi parfois et toujours fascinant. J’ai beaucoup aimé le focus sur Sei et Ken. Le potentiel de Rin n’est pas encore pleinement exploité. Les amis d’enfance de Sei ont parfois un côté trop croquignolesques pour moi. Mais je suis surtout totalement fascinée par ce mélange d’intrigue scientifique, fantastique et de polar. C’est extrêmement prenant à lire.

A nouveau impossible de décrocher de ce tome mené tambours battants où notre héros en proie aux désirs du labo qu’il cherche à quitter se retrouve pris dans une boucle infernale. L’autrice maîtrise à merveille, comme dans Banana Fish, l’aspect thriller de son oeuvre et ainsi l’écriture palpitante de son intrigue qui nous accroche du début à la fin. Oscillant entre action, émotion, peur et frisson, elle n’oublie pas non plus de développer son univers. C’est fin et bien mené, ne pouvant que susciter l’adhésion du lecteur et surtout son addiction. Vivement la suite !

(Merci Sanctuary et Panini pour ces lectures)

Tome 3

Lutte fratricide sous fond de virus bactériologique et de guerre des labos + guerre des états, Akimi Yoshida ne nous épargne pas.

Dans ce thriller scientifique tendu, elle corse encore les choses dans cette suite avec une rivalité Rin – Sei au sommet. La haine que Rin voue à son frère prend une sacrée tournure ici. Jamais je n’aurais imaginé qu’on en arriverait là entre eux. Rin est totalement aveuglé par ses sentiments et l’autrice rend à merveille son basculement dans cette folie destructrice visant son jumeau et reposant aussi bien sur leurs ressemblances que dissemblances dont il semble souffrir. Elle joue pour cela sur les souvenirs et sensations qu’ils semblent partager mais de manière parfois un peu trop discrète, donc je n’aurais pas été contre une accentuation de ce volet un brin ésotérique.

Il faut dire que l’aspect politico-scientifique occupe une grande partie de l’espace ici après la rivalité entre les deux frères. S’y ajoute une rivalité Japon – Etats-Unis, Amamiya – Labo pharmaceutique ayant « embauché » Sei. On a l’impression de deux grosses puissances qui jouent avec la vie des populations pour leurs petites guéguerre d’égo, ce qui est renforcé par des dirigeants totalement caricaturaux, qui sont juste des figures de gros méchants égocentriques, l’un avec le fantôme de la femme qu’il a aimé, l’autre avec ses tendances pédophiles. C’est un peu grossier mais ça fonctionne très bien.

Il faut dire que l’intrigue plus scientifique autour du virus menaçant l’ensemble de la population prend une jolie ampleur prophétique ici, surtout après nos années COVID. Quand on voit comment ils usent et abusent de la science pour créer des situations terrifiantes qui leur seront profitables, ça fait froid dans le dos. C’est aussi particulièrement immersif avec une belle gestion du stress, de la tension et de la folie scientifique, au point d’être presque crédible dans ce déroulé virus-apocalyptique. L’autrice sait ménager son suspens, ses effets et nous  tenir en haleine.

Elle a créé une oeuvre pleine d’action, de rebondissements et de surprises. Ici, nous avons droit à la fois aux test sur Sei, son évasion, la contre-attaque de Rin à travers son amant, ou encore l’attaque virale au labo. C’est varié mais archi dynamique et prenant à lire. A chaque fois, les interventions quasi militaires des groupes rendent le récit encore plus tendu et réaliste, avec cependant de grosses vibes guerre des gangs à la Banana Fish, qui devraient ravir les fans, surtout que tout s’équilibre parfaitement.

Thriller efficace avec une rivalité qui gagne en puissance et crée des situations de conflits mettant en jeu virus et groupes armé, Yasha est vraiment une oeuvre comme Akimi Yoshida savait en créer dans les années 90. C’est complexe, prenant, réaliste et humain. Une oeuvre passionnant à suivre dans laquelle on vibre, tremble et souffre avec les héros et les antagonistes de l’histoire.

Tome 4

Addictif depuis le début, Yasha prend cependant ici une tournure encore plus dramatique rendant sa lecture encore plus frissonnante et happante, Akimi Yoshida est très douer pour capturer ainsi notre attention.

La recette de son succès, un thriller familial x une épidémie x un conflit mafieux japonais et mondial. Terrible ! J’ai été totalement happée dans ce tome par le récit des événements mis en branle par Rin et Sei. Le premier, avec son père, ont orchestré la propagation d’un virus mortel, le CKV, dans le Japon actuel et celui-ci va faire des ravages, poussant son frère jumeau à évoluer de la plus dramatique des façons.

Entre lutte contre le virus en mode docteur, puis en mode cobaye, puis désir de vengeance et poursuite endiablée avec combats armés à la clé, recrutement de mercenaires, développement de nouvelles aptitudes et j’en passe, impossible de s’ennuyer, tout va à cent à l’heure ! L’autrice sait vraiment comment écrire un bon thriller rythmé et captivant où elle ne lâche rien. Certes, elle emploie les grosses ficelles du genre mais que c’est plaisant. On prend vraiment plaisir à suivre les manoeuvres de Sei pour contrecarrer le terrible plan de Rin. On est émus également par les implications de ce dernier et les ravages faits sur les populations. Enfin on est happé par l’évolution scotchante que ça provoque au Japon.

Le Japon n’est pas le seul à évoluer, on assiste à une véritable transformation de Sei pour le meilleur et pour le pire. Confronté à son pire ennemi, son frère, il n’a comme possibilité que de lui-même basculer du côté obscur pour tenter de lutter à armes égales. C’est sombre très sombre et vraiment peinant de le voir accepter de participer ainsi à cette violence. En même temps, il apprend à s’accepter pleinement avec ses particularités qui le différencient des autres mais il se définie un peu trop par elles également, ce qui est tragique car c’était son humanité qui le rendait différent. Celle-ci reste là bien enfouie mais on la voit peu à peu disparaître. L’autrice est douée pour décrire des caractères complexes.

Elle est douée également pour jouer sur les registres puisqu’on passé du thriller pur jus, au film catastrophe sur fond d’épidémie dramatique à des moments beaucoup plus léger avec un humour bas de front qui me parle mais fait un peu tâche. Nous voyons Sei enfiler la blouse de médecin pour ensuite devenir plutôt une espèce de justicier-terroriste qui n’hésite pas à se salir les mains. Cela permet à l’autrice d’ajouter de nouveaux personnages ce qui est agréable ici puisqu’on s’enfermait un peu trop avant dans un schéma bien connu et limité, là on élargit à nouveau l’histoire, que ce soit avec les mercenaires engagés par Sei ou le grand ponte chinois rencontré par Rin. A chaque fois, ceux-ci sont au coeur de toute la dynamique, tous les plans, comme s’ils étaient la force d’attraction faisant tout bouger.

J’ai un peu plus de mal avec les dessins d’Akimi Yoshida qui bien que présentant une simplicité facilité la lecture des scènes d’action et de tension, manque pour moi du truc en plus, de la classe notamment que j’attends pour ce genre de titre qui doit claquer plus. En revanche, j’adore les références dramatico-poétique qu’elle fait à des éléments de philosophie / mythologie bouddhique donnant beaucoup de corps et d’épaisseur à son récit, notamment dans sa définition des deux frères jumeaux et de leur statut un peu à part. Cela fascine.

Sans surprise, j’ai à nouveau été happée par ce récit où les plans de Sei se dévoilent de plus en plus et nous entraînent dans une mécanique dramatique poussant chacun dans ses pires retranchements. Entre un Tokyo sous cloche, un gentil frère qui vire méchant, un virus ravageur et de nouveaux alliés, pas le temps ou presque de respirer et c’est justement ce qu’on aime ici !

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4 commentaires sur “Yasha d’Akimi Yoshida

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