Titre : Love Mix-Up
Auteurs : Wataru Hinekure et Aruko
Éditeur vf : Akata (M)
Année de parution vf : Depuis 2022
Nombre de tomes vf : 3 / 9 (en cours)
Résumé : Aoki est amoureux de Hashimoto, sa voisine de classe. Mais un jour, en lui empruntant sa gomme, il découvre avec horreur que l’élue de son cœur en aime un autre : le beau Ida, qui est assis juste devant lui. L’adolescent est tellement déçu qu’il ne réalise pas qu’il a fait tomber la gomme de sa camarade et que son supposé rival en amour est en train de la ramasser… C’est le début d’un énorme malentendu qui pourrait bien aboutir à la plus belle des histoires d’amour !
Mon avis :
Tome 1
J’ai à peu près une confiance aveugle en Akata pour choisir ses shojo et quand dans leur communication, je sens quelque chose de fun et frais rappelant un peu Bless You, forcément cela attire mon regard. Cependant démarrer une telle série n’est jamais simple et comme avec son aîné, ce premier tome bien que fort amusant ne m’a pas pleinement convaincue.
Wataru Hinekure, l’autrice, je ne la connais pas, en revanche la dessinatrice qui l’accompagne n’est pas une inconnue chez nous. C’est Aruko, celle qui a déjà illustré Mon Histoire, un shojo décapant qui allait contre le cliché du héros beau gosse. On la retrouve ici à nouveau avec une histoire un peu atypique. Au Japon, Love Mix-Up a rencontré un énorme succès. D’abord prévu pour s’achever en cinq chapitres, le manga a finalement totalisé 9 volumes et a été adapté en série TV. Il a aussi remporté de nombreux prix : le Grand Prix du Ebook Japan Manga 2021, la neuvième position du classement « manga féminin » du Kono Manga ga sugoi ou encore le prix du « Meilleur shojo » lors des 67e Shogakukan Manga Awards. Pourtant quand on le lit, il est également assez classique mais peut-être est-ce son ouverture qui a tant plu.
Love Mix-Up repose sur un décor parfaitement connu des amateurs de shojo, surtout en France, c’est ce qu’on appelle communément une comédie romantique lycéenne. Il coche d’ailleurs toutes les cases du genre dès le premier tome : triangle amoureux, festival à préparer, pièce de théâtre à jouer, rendez-vous sur les toits, copain un peu lourd, tout y est. Cependant, il a aussi le petit truc qui le différencie des autres et qui fera tout : un triangle amoureux différent de d’habitude et rempli de quiproquos qui ne vont peut-être pas l’être tant que ça au final.
Si le décor classique d’une romance lycéenne m’a un peu blasée et si j’ai trouvé la mise en scène légèrement basique et répétitive, j’ai en revanche beaucoup aimé l’originalité du titre. C’était amusant de voir Aoki, amoureux d’Hashimoto prendre sa défense et cacher son secret aux yeux d’Ida, dont il la croit amoureuse, le jour où ce dernier ramasse une gomme avec son nom et un coeur écrit dessus. L’enchaînement des quiproquos que cela induit avec Ida croyant Aoki amoureux de lui est désopilant. L’autrice a fait une sacrée trouvaille et l’a parfaitement mise en scène en nous faisant pénétrer tour à tour dans la tête des deux garçons. Au début, les deux sont dégoûtés par la situation, mais cela évolue peu à peu.
Si l’autrice joue un peu trop sur les jolis rougissements d’Aoki et le sérieux d’Ida, montrant combien chacun prend la situation au sérieux et se montre franc et honnête, enfin surtout ce dernier, j’ai apprécié de voir peu à peu leurs sentiments glisser. Avec un certain humour, l’autrice nous raconte donc comment deux garçons peuvent développer des sentiments l’un pour l’autre sans pour autant avoir jamais eu d’attirance pour un autre garçon. Mais ce n’est pas pour autant un Boys Love, c’est surtout une historie d’amour entre individus qui se mettent à apprécier la personne en face en dépit de son sexe, ils aiment la personne, point. Et j’ai beaucoup aimé cela.
Bien que l’humour soit un peu lourd et répétitif, pas toujours très finement dessiné, celui contribue à écrire une histoire vraiment touchante où l’on voit deux garçons se mettre à s’intéresser l’un à l’autre sur base de ce quiproquos et noter ainsi les qualités de l’autre, mais aussi être intimement touchés par les contacts qu’ils ont l’un avec l’autre, par les réactions et les mots de l’autre. C’est mignon tout plein, même si soyons honnête, c’est aussi très classique et repose sur beaucoup de clichés des romances de ce genre. Mais cette construction des sentiments le fait sortir du lot.
J’ai aimé et été également parfois dérangée par les dessins d’Aruko. Je trouve certains angles de dessin maladroits. J’ai du mal avec ses dessins se voulant humoristiques où je trouve qu’elle en fait trop et emprunte pour cela trop à Natsumi Aida (Switch Girl). Mais j’ai aussi été touchée par les nombreux rougissements d’Aoki et la transformation qu’ils montrent de ses sentiments envers Ida. J’ai beaucoup aimé le dessin de celui-ci qui reflète son caractère droit et sérieux et je suis fan du rendu de ses cheveux, ils ont l’air tellement vrai que je pourrais y passer la main à travers. Le reste, trames et décors, est classique pour qui connaît le Betsuma, magazine où on trouve les titres d’Io Sakisaka, Aruko, Ichigo Takano, Kazune Kawahara…
Le premier tome de cette nouvelle comédie romantique lycéenne a donc un sacré potentiel. Il joue sur les codes et clichés du genre mais apporte un vent de fraîcheur avec cette romance dans l’air du temps où le sexe de l’individu en face importe peu face aux sentiments ressentis. C’est drôle, cocasse et surprenant, mais en même temps il y a trop de clichés et j’en ai un peu marre de ce décor lycée. J’attends donc que la suite renverse encore plus les tables, tout en gardant sa sensibilité qui a si bien su me toucher.
Tome 2
Ce ping pong amoureux est vraiment ultra réjouissant à lire. J’avais déjà trouvé le premier tome enthousiasmant mais on passe la seconde dans cette suite où les quiproquos et discussions difficilement à coeur ouvert s’enchaînent. Un vrai petit bonbon sucré !
Aruko et Wataru Hinekure mettent en scène des romances lycéennes entremêlées avec beaucoup de brio, ce qui rend cette lecture hyper fraîche et dynamique. On enchaîne les malentendus entre les héros tandis que leurs sentiments affleurent de plus en plus. C’est diablement adorable à suivre surtout avec le trait rougissant hyper mignon de la dessinatrice qui donne envie de croquer les joues de ses personnages.
J’ai rarement vu une maladresse adolescente mise en scène de manière aussi drôlatique. C’est très touchant de les voir se méprendre ainsi les uns sur les autres, tout cela à cause de leurs préjugés de genre. Mais c’est également mignon de les voir se questionner plus en amont sur leurs sentiments et ceux des personnes en face que cela soit d’un point de vue amoureux ou amical. L’autrice ainsi bat peu à peu en brèche tous nos horizons d’attente pour offrir un récit vraiment original.
On mêle et entremêle ainsi les sentiments de chacun, nos a priori et nos propres sentiments, le tout dans un cadre lycéen actuel fort joliment maîtrisé. L’ambiance est donc plutôt à l’entraide et à l’écoute. On voit nos lycéens s’aider à trouver des situations avec la personne qu’ils aiment, s’aider à étudier, s’aider à résoudre des quiproquos, apprendre à écouter l’autre et à se comprendre soi-même. C’est très riche. Les situations sont toutes très variées. Le narration change régulièrement, ce qui est excellent pour entendre la voix de chacun et voir ce quatuor évoluer.
Les autrices en plus battent en brèche les préjugés sur les relations amoureuses. Nous avons deux garçons qui sont potentiellement en train de tomber amoureux l’un de l’autre, une ado qui aime une figure d’autorité plus âgée, ou encore une fille qui aime le rigolo looser de service. Ce sont de jolis contre-emploi. Tout est raconté en plus avec bienveillance sans jugement, que ce soit pour la différence d’âge, les caractères différents ou le même sexe. On sent qu’on est avec des personnages qui avant tout aiment leurs amis et ne portent ainsi aucun jugement sur leurs préférences sentimentales, ce que l’autrice met très bien en scène en nous faisant croire que ça va déraper du mauvais côté, ce qui n’arrive jamais car son propos est archi positif. J’adore !
Je me suis donc régalée avec ce nouveau tome, entre tendresse de suivre les premiers émois maladroits de nos héros, maladresse dans l’expression de ceux-ci conduisant à de nombreux quiproquos amoureux et amicaux. C’était comme être dans un vaudeville lycéen plein de bienveillance où l’ensemble des fils de la toile n’arrêtent pas de s’emmêler et se démêler pour en tisser une nouvelle. Une belle petite sucrerie surprenante douce, pétillante et apaisante.
Tome 3
Débutée pour le fun, cette série continue de me surprendre dans le meilleur sens du terme ! Alliant humour et sentiment, je suis totalement fan de la narration pleine de peps des autrices et surtout de leur façon d’aborder, presque avec nonchalance mais non sans profondeur, les sentiments de leurs héros. Que c’est compliqué parfois l’amour à l’adolescence ^^
Ce tome-ci, direction la fameuse excursion scolaire mais les autrices aiment nous prendre à contre-pied et nous concocte un voyage de la mort qui tue avec une séjour au ski effrayant ! Mon dieu comme j’ai pu rire de la mise en scène choisie ici. C’est un grand classique mais raconter avec tellement de cocasserie que c’en est hyper frais. Mais surtout les mangakas en profite pour offrir un joli discours sur leurs héros : ils doivent se bouger pour que quelque chose de passe.
Et ce sera le cas ! Voir enfin Aoki et Hashimoto prendre le taureau par les cornes m’a fait un bien fou. On ne tourne pas autour du pot pendant 107 ans ici. On n’en est qu’au premier tiers de la saga que déjà les sentiments sont avoués, c’est chouette ! Ça va permettre de pouvoir aussi parler de l’après et ici c’est très intéressant. Mais revenons sur les déclarations très rocambolesques de nos héros, toute à leur image. Comment ne pas craquer pour eux ? Aoki est bien trop mignon dans ses maladresses et ses rougissements avec un Ida tout aussi maladroit. Quant à Hashimoto, elle a fort à faire avec ce fanfaron clownesque qu’est Aida. Les pauvres, ça ne va pas être de tout gâteau.
Comme vous le voyez, c’est vraiment truculent et savoureux, mais il y a également une deuxième lecture qui peut se faire ici. Les autrices à travers cette double relation évoquent des sujets très actuels autour de l’amour. Avec Aoki et Ida, on est sur une relation homosexuelle entre deux garçons où on va parler regard des autres, société hétérocentrée qui va les questionner sur leur attirance : filles, garçons, les deux ? Avec Hashimoto et Aida, il est question de la place de l’amitié dans les relations. Peut-on aimer un ami ? Comment passer de l’un à l’autre ? C’est déjà archi mignon, amusant et touchant ici avec les deux couples (même si j’ai une préférence pour Aoki et Ida) et cela promet de l’être encore plus par la suite.
Les autrices jouent à merveille des codes de la romance : romance shojo classique ou romance boys love. C’est hyper savoureux à voir se mettre en place de manière aussi pétillante et énergique. Il n’y a pas de temps mort. Humour et émotion se mélange à merveille. La représentation des maladresses de l’adolescence sont excellentes. On s’attache très vite aux personnages et ce même s’ils ont tous un petit quelque chose d’agaçant : Aoki est trop lunaire, Ida trop froid, Hashimoto un peu cruche et Aida à claquer. Malgré tout, on les aime envers et contre tout, et on ne souhaite que leur bonheur. C’est un joli tour de force.
Romance lycéenne qui peut sembler très classique, comme Bless You à son époque, Love Mix-Up a pour moi cette modernité et ce peps pour parler de sujet actuel avec légèreté et émotion. C’est pétillant, c’est savoureux, c’est mignon tout plein et c’est touchant. J’ai adoré l’évolution des deux héros qui osent enfin avoir confiance en eux et se lancer ici. Cela paye et c’est adorable à suivre ! Un de mes shojo lycéen préféré du moment !
Je ne suis pas très fan des rougissements à répétition, mais j’aime beaucoup le point de départ et la présence de quiproquos qui souvent une belle pointe d’amour. Et j’aime cette idée de deux personnes qui développent des sentiments sans que ne vienne la question du sexe de l’autre…
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Exactement, il y a des moyens de faire qu’on n’apprécie pas forcément mais quand le fond dépasse la forme, tout est possible et là, la proposition est superbe !
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