Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Pakka de Daisuke Imai

Titre : Pakka

Auteur : Daisuke Imai

Traduction : Miyaco Slocombe

Éditeur vf : Mangetsu (life)

Année de parution vf : 2022-2023

Nombre de tomes vf  : 4 / 5 (en cours)

Résumé : Kei Suemori est en première année de lycée et mène une existence paisible. Inscrit au club de natation, sa vie se retrouve bouleversée à jamais lors de sa rencontre avec Shizuku. Malgré son apparence humaine, la lycéenne est en réalité un kappa, une créature folklorique japonaise. Pour sauver Kei de la noyade, elle l’embrasse et le transforme à son tour ! L’adolescent réussira-t-il à cacher sa nouvelle identité ?

Mon avis :

Tome 1

Même si j’aurais encore beaucoup de choses à apprendre ou peut-être justement parce que j’ai beaucoup de choses à apprendre sur le sujet, j’aime me plonger dans des séries qui ont des fonds mythologiques ou folklorique. C’est le cas ici avec Pakka, qui offre un savoureux jeu de mots avec les « kappa », créature fantastique japonaise que j’ai pas encore trop eu l’occasion de croiser. C’est l’occasion d’y remédier.

Aux manettes de cette série histoire, il y a Daisuke Imai, un mangaka que l’on a déjà croisé au cours de deux séries et un oneshot en France : le singulier Sangsues, l’étonnant Instants d’après et l’émouvant Destins parallèles. C’est avec ce dernier que je le connaissais et je reconnais dans sa nouvelle série le même goût de l’auteur pour le tranche de vie, les romances compliquées et un découpage inspiré du cinéma qui fait mouche.

En débutant ma lecture, je m’attendais à lire une histoire totalement centrée sur l’univers des kappas. Quelle ne fut pas ma surprise de me retrouver plutôt dans une bluette lycéenne au bord de la piscine du club de natation de l’établissement. Alors que je craignais de ne pas aimer et de me retrouver lésée à cause de ce choix narratif, il fut au contraire totalement gagnant pour moi.

J’ai beaucoup aimé suivre le jeune Kei, adepte de natation depuis tout petit mais un peu dilettante, qui n’a pas le mental nécessaire pour se remettre en question et se battre quand il trouve plus fort que lui. Confronté à son amie d’enfance bien plus douée, il botte souvent en touche au lieu de se confronter à leur différence de niveau. Cependant, il garde une relation forte avec elle et c’est pour ça qu’il lui propose un défit : s’il la bat à la course, elle acceptera de sortir avec lui.

Sur fond d’histoires adolescentes on ne peut plus classiques, l’auteur vient pourtant greffer une ambiance mélancolique où on suit des lycéens en plein questionnements sur la nature de leurs sentiments, les changements qui s’opèrent dans leur corps et ce qui différencie les filles et les garçons. Tout cela est traité avec beaucoup de subtilité, notamment grâce à l’utilisation du fantastique qui vient se glisser dans l’histoire lorsque Kei, sur le point de se noyer est sauvé par une jeune kappa, qui partage son âme avec lui, et le transforme ainsi lui aussi en créature mythologique. Les transformations qui vont s’opérer en lui, les conditions de celles-ci, ainsi que les choix qu’il fait ne sont que le reflet des bouleversements de l’adolescence.

On a d’ailleurs un décor qui change un peu par rapport aux romances lycéennes habituelles. Tout se passe au bord ou dans la piscine du club de natation. Un lieu qu’on ne croise pas si souvent que ça au final comme lieu clé de l’intrigue dans les mangas. Cela donne de suite une petite saveur particulière que Daisuke Imai capture très bien avec sont trait tout en rondeur mais également très vif lors des phases où il faut plus de vitesse.

Je regrette juste que pour le moment le fantastique se fasse aussi discret. Certes il est amené de main de maître avec un premier chapitre qui pourrait être un modèle en la matière, mais ensuite il ne fait que se distiller très succinctement dans la relation qui se noue entre Shizuku et Kei et on n’a que très peu d’infos. J’aurais aimé en avoir plus, même si je sais que ce n’est pas le coeur de l’histoire, mais c’est un décor tellement peu usuité que j’en veux plus.

Nouvelle ode à l’adolescence signée Daisuke Imai, le mangaka nous plonge dans les questionnements de ces jeunes garçons et filles peu sûrs de leurs sentiments et de leur corps, à l’aide d’un fantastique métaphorique reflet de cette réalité changeante. C’est à la fois plein de mélancolie et une bouffée d’air frais surtout après un été si chaud. J’ai beaucoup aimé ce singulier et surprenant mélange.

> N’hésitez pas à lire aussi l’avis de : Floriane, Shoop, Vous ?

Tome 2

Déroulant toujours avec une belle force tranquille son mélange d’histoire adolescente et d’histoire fantastique, Daisuke Ima me séduit avec sa narration tellement efficace et apaisante et pourtant si simple au premier abord.

Rien de flamboyant ici, un fantastique justement maîtrisé et légèrement présent dans une histoire d’adolescent parfaitement maîtrisé, voici la recette de la réussite de Pakka. Il aurait pu y avoir un peu plus de fantastique et cela semble être le cas pour le prochain tome. Ici, l’auteur se concentre sur ce qu’il a déjà mis en place et propose juste une variation plus creusée du tome 1. C’est calme et apaisant.

On assiste à de jolis moments entre Kei et Shizuku qui se rapprochent petit à petit. Kei a tiré un trait sur son premier amour réalisant qu’il était peut-être plus amoureux de l’amour que de son amie. Shizuku, elle, prend plaisir à se lier à ce garçon qui est le premier devant lequel elle se dévoile. L’auteur reprend donc des codes des romances lycéennes : visite de la maison, de la chambre, rencontre des parents… C’est simple et charmant.

Cependant quand on y réfléchit, l’histoire n’avance presque pas ici. On a juste un long passage sans quasiment aucune tension où a lieu cette rencontre, puis on repart au lycée pour une nouvelle journée et on retrouve les lieux et personnages déjà croisés avec juste un petit incident qui nous met sur la piste d’un potentiel autre kappa. Mais entre les deux, c’est assez vide… Pourtant, j’ai pris plaisir à cette lecture étrangement car le ton et le rythme de l’auteur m’ont séduit. Ils dégagent vraiment quelque chose de simple et apaisant qui rend la lecture repose à défaut d’être dense et tendue.

En amoureuse des beaux dessins et des narrations à message, j’aime beaucoup le travail de Daisuke Imai qui, avec une efficacité pleine de simplicité, nous déroule une narration pleine de force où le monsieur a vraiment bien réfléchi sur les cadrages qu’il choisit, les arrières-plans qu’il utilise, le découpage qu’il met en simple. Le trait est simple et pourtant il percute et offre une vraie ode à l’adolescence, une adolescence tranquille mais qui travaille ses protagonistes.

Avec ce tome pourtant sans grands enjeux, Daisuke Imai poursuit son cheminement, celui de nous proposer une douce histoire sur l’adolescence, ses changements et ses tâtonnements, le tout sous couvert d’un fantastique doux et parcimonieusement présent pour mieux saisir le lecteur nostalgique de cette période. C’est beau, c’est doux, c’est simple et surtout prometteur avec des indices sur une suite peut-être un tout petit peu plus remplie.

Tome 3

Malgré une sacrée augmentation de prix qui fait mal ! (1€ si je ne dis pas de bêtise), je suis toujours aussi contente de retrouver la belle ambiance et les jolies compositions de Daisuke Imai dans cet univers fantastique proche du folklore japonais.

L’auteur entre de plus en plus dans l’univers des kappa avec un tome consacré à la recherche d’un solution pour redonner son apparence pleinement humaine à Kei et c’est fort plaisant. On fait ainsi la connaissance avec la meilleure amie de Shizuku ce qui ouvre un peu notre univers resté pas mal en vase clôt depuis le début.

Avec toujours autant de poésie, le mangaka mêle donc cette quête avec la vie adolescente de son héros, permettant de donner des échos à cette recherche métaphysique très charnelle en même temps. Sentiments amoureux, changements physiologiques adolescents et relations complexes se mélangent pour notre plus grand bonheur car tout fait sens et semble limpide sous le trait très simple et pourtant percutant de Daisuke Imai.

J’aime beaucoup sa façon de capturer l’adolescence, ses relations compliquées avec sa famille, ses sentiments qui évoluent comme ses groupes d’amis, la confusion entre amitié, amour, jalousie, envie. Tout ce tourbillon s’échappe comme des bulles des pages de cette belle et douce série addictive au rythme pourtant lent et entêtant comme cet été qui s’abat telle une chape de plomb sur eux. C’est chaud, frais et poisseux à la fois.

Alors on prend plaisir à voir Kei ballotté à travers les idées de nos chères kappa pour lui rendre son apparence et en même temps à le voit se retrouvé pris dans leurs filets. On aime voir Shizuku tenter, elle, d’échapper aussi à son destin et d’acquérir la liberté qu’elle mérite. On est attendrie par la douce Saki qui est mise un peu de côté et doit elle aussi trouver sa voie. Toutes ces voies discordantes et accordantes trouvent écho en nous et en notre passé adolescent pour mieux nous toucher.

Après avoir si joliment et âprement capturé les débuts complexes de l’âge adulte dans Destins Parallèles, Daisuke Imai trouve aussi écho en moi dans sa mise en image des balbutiements de l’adolescence avec Pakka. Un auteur que décidément j’aime suivre aux différents âges de la vie. Je serais curieuse de voir s’il poursuivra la même trajectoire avec d’autres âges dans ses autres séries.

Tome 4

J’aurais peut-être aimé plus de fantastique mais Daisuke Imai me séduit énormément dans le tableau doux et poétique de l’adolescence et ses émois qu’il nous offre, alors je suis contente quand même !

Tome du camp d’entraînement estival, celui-ci cristallise à nouveau les sentiments fluctuants et maladroits des personnages avec beaucoup d’émotion. On voit ainsi une course se transformer en défi révélateur, une ballade nocturne faire éclore des sentiments ou une banale discussion matinale au bord de la piscine permettre de tourner une page. C’est touchant.

J’aime toujours autant la force tranquille de sa narration. C’est lent, plein de douceur et presque de nonchalance pouvant donner un sentiment de quasi surplace et pourtant ça ne rend ces moments que plus beaux car ils sont vraiment le reflet de ce que peuvent vivre des adolescents dans ces situations-là. Il traduit ainsi très joliment leurs sentiments changeant tandis que les amours-amitiés se terminent et que d’autres naissent. C’est raconté très simplement avec des personnages qui en prennent conscience doucement mais c’est justement ce qui me séduit ici. J’aime la douceur dont fait preuve l’auteur avec ses personnages.

Sa façon de capturer l’évolution de leurs sentiments me touche. Elle est souvent très métaphorique et symbolique mais s’appuie aussi sur une représentation actuelle et en même temps nostalgique de l’adolescence qui rend ces moments rayonnant, que ce soit à l’aide d’un grand sourire, d’un rougissement discret, ou d’un dos courbé qui en dit long. Le travail de l’auteur sur les postures, les gestuelles et les regards est superbe avec une scène qui me marquera quand Kei et Kawaki se rendent la nuit près d’une retenue d’eau et qu’elle l’entraîne dans l’ombre, ce moment magique a un travail sur la lumière magnifique avec son utilisation de la figure du kappa. J’ai adoré !

Alors certes, j’ai un léger petit bémol, un petit regret : j’aurais aimé que le fantastique soit plus présent car il se fait des plus discrets, mais l’auteur semble se retenir en vue du dernier tome. Il ne pouvait donc pas aller trop vite ici car c’est dans cet ultime volume que tout va se précipiter, du coup ça m’a permis d’accepter cette quasi absence.

Nouveau tome particulièrement émouvant sur les changements sentimentaux de l’adolescence, Daisuke Imai capture cela avec poésie et émotion faisant grandir ses héros pour les détacher peu à peu de l’enfance et entrer joliment dans un âge plus mature. Narration lente, cases poétiques, ponctuation nécessaire, l’auteur maîtrise à merveille la romance lycéenne et sait apporter sa propre touche très humaine et réaliste malgré la petite touche fantastique de l’oeuvre. Un très beau moment.

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2 commentaires sur “Pakka de Daisuke Imai

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