Tout au bout du chemin de Jyanome

Titre : Tout au bout du chemin

Auteur : Jyanome

Traduction : Angélique Mariet

Éditeur vf : IDP (Hana Collection)

Année de parution vf : 2021

Nombre de pages vf  : 226

Résumé : Jô Takeda et Minoru Osanai sont deux enfants passionnés d’art et surtout amoureux. Un jour, Minoru trahit son copain devant d’autres camarades de classe qui finissent par le lyncher. Jô quitte l’école et réalise son rêve de devenir mangaka ; Minoru abandonne le sien et s’enfuit de la ville… Deux chemins de vie opposés qui vont pourtant se croiser à nouveau lors d’une réunion d’anciens élèves. Jô obtiendra-t-il enfin une réponse à ses questions ?

Mon avis :

 Avec sa belle couverture aux teintes chaudes et froides à la fois, le titre m’avait interpellée et j’étais curieuse de découvre l’histoire de ce feu et cette glace. Malheureusement après un premier chapitre prometteur, je suis tombée sur un développement que je n’aime pas du tout et qui m’a bloquée pour la suite de l’histoire…

Jyanome, dont ce n’est pas le premier titre chez nous, a toujours eu des couvertures aux compositions colorées qui avaient un je ne sais quoi pour capturer mon regard. C’est pourtant ici son premier titre auquel je m’essaie, sûrement parce qu’en y voyant parler d’art, ça m’attirait encore plus.

L’histoire a d’ailleurs commencé exactement comme j’aime avec deux amis d’enfance passionnés par l’art, l’un plutôt par la peinture et l’autre par les mangas, qui développent des sentiments et dont l’un des deux fini par se déclarer. Jusque là, tout allait bien. Puis après ce prologue, je ne sais pas ce qui s’est passé, l’autrice nous a asséné une scène choc qui a tout gâché pour moi. Je sais qu’elle décrit une réalité qui existe bien mais ce n’est pas ce que cherchais ici et être confronté à cette violence brutalement m’a mis un coup et j’ai eu beaucoup de mal à apprécier la suite…

En effet, alors que les deux héros vivent leur histoire, ils sont surpris par d’autres lycéens qui s’en prennent à l’un d’eux : Takeda, qui finit lynché. Traumatisé par cet événement, il y pense encore des années plus tard alors qu’il a rompu tout lien avec son passé et s’est lancé à corps perdu dans sa carrière de mangaka.

Si j’ai aimé tous les développements autour de la passion des héros pour l’art et le mal être que l’un d’eux y trouve, je n’ai pas du tout accroché à la romance que je trouve au choix maladroite ou toxique par certains côtés. En effet, j’ai beaucoup aimé le côté torturé de Minoru par rapport à sa peinture, qu’il pensait être le seul vecteur par lequel se définir auprès des autres et qui avait peur en perdant cela de perdre les autres. C’est très finement écrit et pensé. De même, la passion de Takeda pour les mangas dont il fait son métier et sa fascination / jalousie pour les tableaux de son ami de toujours est aussi une belle idée.

En revanche, l’association des deux pour former un couple, je suis loin d’être sûre… J’ai en effet eu beaucoup de mal avec le personnage de Minoru dans cette relation. Je l’ai trouvé beaucoup trop névrosé et limite toxique par moment. Quand il repousse Takeda, ce qui conduit à son lynchage, et qu’il ne s’en excuse pas une seconde, c’est horrible, impardonnable même et je ne comprends pas que l’autrice puisse presque romantiser cela ! Oui, Takeda enfant a aussi eu des mots durs mais c’est incomparable. Il n’y a pas de réciprocité lors de telles horreurs. Il a également lors de leurs retrouvailles un comportement plus que borderline et commet un quasi viol sur Takeda, ce n’est pas pardonnable non plus, ni à transformer en : il accomplit enfin ce qu’ils désiraient quand ils étaient en couple. J’avoue que j’ai beaucoup de mal avec ces transformations de comportements inacceptables en quelque chose de romantique…

C’est dommage parce que sinon je trouve très intéressants les développements autour de cet artiste raté, homo refoulé, qui a repris les affaires de ses parents et va apprendre au contact de son amour d’enfance à s’aimer à nouveau et à s’assumer pour retrouver ses passions d’alors. Il y a quelque chose de puissant et émouvant là-dedans, qu’on retrouve d’ailleurs dans un dessin très fin et ciselé avec un effet « bulle » charmant lors du récit de leur passé. Mais ça ne me fait pas oublier le reste et la narration bien trop rapide n’aide pas, elle laisse plein de choses inachevées.

Alors que je pensais être face à une romance certes un peu tragique mais positive dans son développement, j’ai malheureusement été bloquée par plusieurs aspects que j’ai trouvé malsains et que l’autrice a voulu transformer en quelque chose de beau. C’est dommage car il y avait du potentiel dans cette histoire sur fond d’art et d’amis d’enfance mais entre ces maladresses et une narration trop rapide, je n’ai pas réussi a vraiment apprécier ma lecture. Raté.

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Les affamés de lecture, Vous ?

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