Titre : Les Saisons d’Ohgishima de Kan Takahama
Auteur : Tamekou
Traduction : Blanche Delaborde
Éditeur vf : Akata (L)
Année de parution vf : Depuis 2022
Nombre de tomes vf : 1 (en cours)
Résumé : 1866, Nagasaki, à la veille de la révolution de Meiji. Dans cet estuaire où les influences étrangères se mêlent à la culture japonaise, Tamao, enfant du quartier des plaisirs, part travailler avec la courtisane dont elle est l’apprentie chez un commerçant hollandais de Dejima, le quartier occidental. Au fil des saisons et des rencontres avec une foule de personnages bigarrés, elle entrevoit le vaste monde au-delà de sa cage, mais la marche du temps la rappelle inexorablement au destin qui l’attend, tout comme la société qui l’entoure.
Mon avis :
Tome 1
Voici Kan Takahama de retour pour l’une de ses histoires douces-amères qu’on lui connaît si bien. Entre le douloureux Dernier envol du papillon et l’émouvant Lanterne de Nyx, place à la série qui fera le lien entre ces deux époques.
Depuis que je l’ai découverte avec La Lanterne de Nyx et surtout que j’ai entendu l’une de ses interviews, l’autrice m’intéresse énormément. Elle a une sensibilité à la fois moderne et traditionnelle en ce qui concerne l’Histoire de son pays que j’adore la façon dont elle transmet cela dans ses propres histoires. Celles-ci tournent toujours autour des transformations du Japon, de la société japonaise et des femmes.
Dans Les saisons d’Ohgishima, elle nous propose de suivre l’évolution de la jeune Tamao, apprentie appelée à devenir à son tour courtisane si elle a de la chance, simple prostituée plus probablement. Avec elle, nous allons assister au fil des saisons aux transformations de son statut mais aussi à celles des gens qui l’entourent et de sa ville, Nagasaki, à l’époque charnière de la fin de l’ère Edo.
Comme dans ses précédentes histoires, l’autrice marie à merveille petite et grande histoire, avec en prime le plaisir de retrouver les personnages croisés précédemment dont on découvre soit le passé (Momo, Ganji, Victor, « Mademoiselle »), soit le devenir (Tamao, Kicho…). On se retrouve ainsi avec un mélange singulier au rythme lent et bizarrement émouvant, où noter jeune héroïne assiste en témoin au temps qui passe pour les autres tandis que le sien semble figé.
A travers cette parabole, c’est le devenir des jeunes filles pauvres que l’autrice pointe et c’est assez dramatique comme on nous le fait remarquer. Ces jeunes filles, parce qu’elles sont nées du mauvais côté de la fille, se retrouve embringuées dès leur plus jeune âge dans un circuit qui les conduira à la prostitution. C’est terrifiant. Pour autant, l’autrice a fait le choix de ne pas en faire une raison pour que ce soit larmoyant. Son héroïne, Tamao, comme ses précédentes, est pleine de courage, de joie de vivre et lutte pour tirer de sa vie le meilleur parti possible.
Dans cet esprit, nous allons également suivre les jeunes Momo et Victor dans leur désir d’évasion et de modernité pour se défaire d’un modèle patriarcal dépassé, ainsi que Ganji, qui est la gentillesse même, et qui va, lui, tenter de garder la tête hors de l’eau et de ne pas succomber. L’autrice fait ainsi plaisir aux lecteurs, assez nombreux, de sa série à succès La Lanterne de Nyx, mais elle s’éloigne parfois par trop de sa nouvelle héroïne, la rendant presque anecdotique, ce que j’ai trouvé dommage.
Kan Takahama semble, en effet, avoir de nombreux sujets de préoccupation ici. Elle souhaite parler de la vie des prostituées et de leurs apprenties, ce qu’elle fait avec beaucoup de mélancolie. Elle évoque également le statut des métis et des étrangers, comme Momo, tout comme celui des chrétiens, qu’ils soient étrangers ou japonais, dans les deux cas, ils sont pourchassés. Puis elle met en lumière la période trouble que ces années-là sont, avec l’agitation qui couve à tous les coins de rue et la nature qui s’en mêle comme lors de l’inondation qu’elle met en scène et qui a vraiment eu lieu en 1867 à Nagazaki.
Tout cela sous son trait toujours aussi reconnaissable qui me séduit car il a une vraie patte et confère une ambiance éthérée et mélancolique assez particulière à son oeuvre alors que celle-ci se veut réaliste dans sa mise en forme. J’adore ce mélange de bouille ronde à l’européenne et de la précision des décors et tenues japonaises. C’est très singulier.
Oeuvre faisant le trait d’union entre deux autres titres majeurs de l’autrice, Les saisons d’Ohgishima se présente comme l’ultime volet de la trilogie de Nagasaki de Kan Takahama. On y retrouve donc les thèmes chers à la mangaka, traités toujours avec la même sensibilité. Il faut juste qu’elle essaie de ne pas trop se disperser dans tout ce qu’elle souhaite raconter.
> N’hésitez pas à lire aussi l’avis de : Vous ?
Oh! Je ne savais pas qu’il y avait d’autres mangas dans le même univers que La Lanterne de Nyx. Ça m’intrigue du coup !
(Par contre, je crois que ton résumé est celui de Genderless ><)
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Oups, il va falloir que je corrige ça ^^!
Et moi, je n’avais pas fait le lien avec celui que j’avais déjà lu lol
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Je rejoins Kiriiti, il y a une petite erreur concernant le résumé 😉😉
Ça a l’air très intéressant, je me note de découvrir cette autrice. Tu conseillerais de commencer par une œuvre en particulier ?
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C’est le problème des copier coller, parfois on se loupe xD
Je commencerai bien pour le Dernier envol du papillon 😉
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Je note, merci !
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Le dessin a l’air super interessant, visuellement ça me plait beaucoup !
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C’est une des forces de l’autrice. Elle a vraiment sa patte !
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Merci pour ton retour, je pense retenter ma chance avec l’oeuvre récente de l’autrice par le biais de cette série
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Si effectivement tu as lu ses premiers textes parus chez nous, ils sont très différents de l’ambiance des derniers et ceux-ci méritent le coup d’oeil quand on s’intéresse à la culture japonaise.
Ravie d’avoir pu aider ^-^
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