Livres - Histoire

Le Château des Trompe-l’oeil de Christophe Bigot

Titre : Le Château des Trompe-l’oeil

Auteur : Christophe Bigot

Éditeur : La Martinière (Rubis)

Année de parution : 2022

Nombre de pages : 345

Histoire : 1837, baie du Mont Saint-Michel. Le jeune Baptiste Rivière est convoqué au château d’Escreuil pour s’y faire dicter les dernières volontés de la propriétaire des lieux. Mais à son arrivée, le personnel se ligue pour lui interdire l’accès à sa chambre : Langlois, diabolique intendant du domaine, le vieux Simon, qui semble plus qu’un ordinaire jardinier, et même Séverine, la femme de chambre dont Baptiste cherche pourtant à se faire une alliée.
Pourquoi la baronne d’Escreuil se cache-t-elle ? Qui est vraiment cette ancienne comédienne, veuve d’un aristocrate guillotiné sous la Terreur ? Bravant les mises en garde, Baptiste s’aventure dans les plus sombres recoins du domaine. Mais les apparences sont trompeuses, et en cherchant la baronne, c’est sa propre vérité que Baptiste va devoir affronter.

Mon avis :

Quand j’ai vu la belle couverture de ce roman avec son oeil de boeuf et son ambiance gothique, j’ai de suite su qu’il était fait pour Steven et moi. C’est pour quoi, je lui ai proposé cette lecture commune dans laquelle nous nous sommes embarqués une après-midi d’hiver. Une ambiance parfaite pour aller à la rencontre de cet étrange château.

Je ne le savais pas mais les Éditions de la Martinière possèdent une très belle collection dont Le château des trompe-l’oeil est le premier titre que je lis. Cette collection, « Rubis », regroupe des titres qui ont « provoqué un choc, une émotion de vie, un arrêt de l’existence sur une phrase«  comme le dit l’éditeur. C’est exactement ce que le titre présent a provoqué chez moi et chez mon collègue, je pense.

Le roman a pourtant débuté surtout comme une belle friandise où à l’aide de chapitres courts, d’une ambiance doucement gothique mais plutôt en mode : « je me moque un peu du genre », l’auteur nous prenait par la main pour nous emmener dans une aventure un peu folle aux côté d’un héros aux frayeurs faciles dans une campagne normande post-révolutionnaire. Cependant, je ne m’attendais pas à y trouver par la suite une telle richesse, un tel message et une telle émotion.

Je me suis donc totalement faite avoir par la narration divertissante de Christophe Bigot, qui nous fait croire avec talent, dans sa première partie, qu’il est juste dans une revisite des romans gothiques, comme avec le Northanger Abbey de Jane Austen. Il est amusant à ce moment-là de se caler dans les pas de Baptiste Rivière et d’aller à la découverte du château où il a été envoyé pour répertorier les biens de sa mystérieuse propriétaire que plus personne n’a vu depuis longtemps. Entre portes qui claquent et bruits nocturnes, histoires de famille et serviteurs étranges, tout est réuni pour l’inquiéter et le questionner, ce qui fonctionne aussi très bien sur nous.

On ne s’attend pas à ce moment-là, même si quelques indices sont d’emblée glissés, à avoir un récit qui va basculer dans la fable histoirique avec une grande force et une grande richesse. Mais dans la seconde partie, à l’aide de cette chère Séverine, transformée en conteuse particulièrement efficace, dans un changement de ton qui m’a un peu déstabilisée d’abord, c’est le récit d’une femme artiste face à la Révolution que nous allons vivre et ce fut passionnant. Aimant tout particulièrement cette période, mais en connaissant surtout le versant politique, j’ai adoré découvrir ce qu’il en avait été pour les peintres et autres acteurs et dramaturges de l’époque. Ce fut très chouette d’en apprendre plus ainsi avec ce mélange de personnages fictifs et réels, ce que j’ai suivi téléphone en main pour google-iser chaque information et ainsi enrichir encore ma lecture.

Je suis ainsi arrivée toute émoustillée à la troisième et dernière partie, bien décidée, comme le héros à percer à jour les mystères de ces lieux et alors tout a pris sens : le jeu de faux semblants que je percevais depuis le début, le récit historique qui m’avait plu mais un peu plombé après les débuts bien plus légers et divertissants de l’oeuvre, et surtout nombre de non-dits qui semblaient étranges. J’ai adoré la façon dont l’auteur m’a baladée avec ses faux airs de vaudeville, où il déroulait, enroulait et emberlificotait les aventures qu’il faisait vivre à son héros bien gentil mais bien naïf. Ce fut une vraie révélation que de voir ce qui se cachait dans ce château gothique et cette campagne étrange aux faux airs de Jane Eyre. La surprise fut presque totale et surtout l’émotion fut percutante et pénétrante. J’ai adoré le récit de vie et la morale cachée derrière ces masques et ces portraits d’artistes qui nous accompagnent tout du long et en disent tellement une fois qu’on sait les interpréter.

Mon ami Steven, dont vous avez peut-être lu la superbe chronique avant la mienne, a lui aussi été conquis par cette aventure improbable qui recèle autant de chausses-trappes et de trompe-l’oeil que son titre le laissait présager. Aventure tour à tour divertissante, amusante, instructive et émouvante, ce texte de Christophe Bigot me donne envie d’aller fouiller un peu plus dans cette collection où l’éditeur semble avoir choisi des textes à même de me surprendre et de me procurer une vive émotion. J’ai en tout cas été conquise par celui-ci !

> N’hésitez pas à lire aussi les avis bien plus pointus de : Steven, Ma petite bibliothèque, Océane, Geek o polis, Millina, L’oeil noir, Vous ?

 

 

13 commentaires sur “Le Château des Trompe-l’oeil de Christophe Bigot

  1. Quelle merveilleuse chronique que je partage totalement avec toi ! Je suis plus que ravi d’avoir pu découvrir et échanger autour de cette profonde œuvre avec toi.
    L’auteur s’est joué de nous comme il s’est joué de son protagoniste hautement attachant et complexe, à l’image de l’univers et de ses habitants.
    Je suis encore plus enthousiaste à l’idée de continuer cette introspection en espérant que ce dernier percutera et dérangera les lecteurs que nous sommes 🙂

    Aimé par 1 personne

  2. J’ai apprécié cette lecture mais contrairement à toi elle a provoqué assez peu d’émotions et encore moins de surprise chez moi. Beaucoup d’agacement pour le comportement des personnages qui prennent systématiquement les mauvaises décisions 😅.
    Le début est un peu lourd à mon goût. Un peu trop d’étalage de savoir. Mais c’était suffisant intrigant pour me donner envie de poursuivre. La deuxième et troisième partie m’ont beaucoup plus plu au niveau du style c’était agréable à lire et surtout on avait envie de savoir la suite. Et si j’ai deviné la conclusion avant qu’elle n’arrive j’ai quand même pris plaisir à suivre le héros dans sa quête de vérité.

    Aimé par 1 personne

    1. Comme quoi, chacun réagit différemment parfois face aux mots, au style ou à l’ambiance voulue par un auteur.
      Contente tout de même de voir qu’on se retrouve au final. C’est l’essentiel !
      Tu as lu d’autres titres de Christophe Bigot depuis ou avant ?

      J’aime

  3. On te sens tout aussi conquise que Steven 🙂 Je t’avoue que le côté belle édition et récit gothique avait suffi à me faire craquer, mais je suis ravie de voir que derrière la forme, il se cache une histoire d’une grande richesse ! J’aime en outre beaucoup le mélange de personnages fictifs et réels même si c’est un peu parfois frustrant quand on n’a pas toutes les références…

    Aimé par 1 personne

  4. Voila deux belles chroniques que vous proposez, Steven et toi ! L’ambiance, et le mélange entre divertissement et émotions a l’air des plus sympathiques. Je suis curieuse concernant ce livre (et la collection du coup !). Ca semble être une lecture très prenante, entrainante. Merci pour vos avis à tous les deux. ☺️

    Aimé par 1 personne

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s