Titre : Galatée
Auteur : Madeline Miller
Traduction : Christine Auché
Éditeur : Calmann Lévy
Année de parution : 2023
Nombre de pages : 43
Histoire : Depuis l’Antiquité, le mythe de Pygmalion et Galatée n’a de cesse de fasciner et d’inspirer des artistes. Mais ce récit millénaire du sculpteur misanthrope, épris de la statue qu’il vient de réaliser, demeure inachevé : lorsque Galatée est transformée en être vivant par les dieux, elle est réduite au silence par les hommes.
Enfin, il est temps pour elle de devenir la narratrice de sa propre histoire et ainsi de choisir elle-même son destin.
Mon avis :
Avec mon coup de foudre pour l’univers mythologique et la plume de Madeline Miller qui m’a séduite avec Circé puis conquise avec Le Chant d’Achille, il m’est impossible de passer à côté de l’un de ses textes traduits en français, et ce même quand celui-ci ne fait pas 50 pages.
Madeline Miller, c’est pour moi la seule autrice actuelle qui parvient à me faire vibrer en écrivant sur la mythologie. Elle y condense tellement d’émotion et y entremêle tellement de ce qui fait les turpitudes de notre monde moderne, que je ne peux jamais y rester indifférente.
Dans ce court texte qu’est Galatée, elle offre une proposition différente du Chant d’Achille, son titre que je préfère. Elle se rapproche en fait un peu plus de Circé, texte où elle faisait déjà une critique de la place et la vision de la femme par les hommes. Mais ici, paradoxalement, en moins de pages, elle va plus loin.
J’ai été frappée par la nouvelle vision qu’elle propose du mythe de Pygmalion et Galatée en redonnant vie à cette statue et en interrogeant sur ce que signifient les gestes de son créateur. C’est résolument moderne, percutant et révoltant. Tout en démarrant doucement, insidieusement j’ai senti une nausée monter en mois à travers ce que je comprenais en filigrane de ce qui se jouait. La métaphore sur la femme, l’épouse, soumise aux désirs de son mari est puissante, de même que celle sur la maternité et la paternité. Mais je n’en révélerai pas pas car cela vous ferait perdre tout l’impact de ce court texte qui donne vous aussi vous cueillir comme il m’a percutée.
Sachez juste que si vous avez aimé les textes de l’autrice, vous retrouverez la même poésie âpre mais en condensé ici. Vous retrouverez la même justesse d’émotion qui vous fait vous mettre à la place du personnage et ressentir ses peines et ses souffrances avec lui, en vous donnant envie de vous rouler en boule. Vous retrouverez le même sens de la mise en scène s’appuyant sur les tragédies grecques. Bref, vous éprouverez le même bonheur !
Et que dire de cette couverture aussi percutante qu’effrayante qui résume si bien l’oeuvre. Elle est très bien trouvée !
Cette courte nouvelle, bien qu’étant sortie à un tarif un poil cher au vue de son épaisseur, mérite tout à fait sa place sur vos étagères que vous soyez amateur de récits mythologiques, de portraits de femmes, de récits engagés ou d’analyse de notre société. Il est vif, percutant et bouleversant. Madeline Miller prouve s’il le fallait que c’est une très belle et grande conteuse qui a définitivement un message à nous faire passer sur notre société patriarcale et hétérocentrée. Une nouvelle puissante et marquante.
> N’hésitez pas à lire aussi les avis bien plus pointus de : Blue Moon, Vous ?
J’ai vu que la nouvelle est en attente sur le site de la bibliothèque numérique de mon département. Dès qu’elle est disponible, je n’hésiterai pas à me lancer dans ce court, mais comme toujours avec l’autrice, intense récit.
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Oui saute dessus, tu ne seras pas déçue à nouveau par la force féministe de ce texte ! 💪
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Et ça me permettra de poursuivre avec l’autrice étant en plein dans Circé 🙂
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Parfait, tu vas pouvoir enchaîner 😉
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En effet 🙂 Enfin, si la médiathèque décide enfin d’ouvrir les emprunts.
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Une nouvelle percutante sur le regard de l’homme sur la femme. Elle est tellement intemporelle, c’est brillamment écrit.
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Tu as tout dit !
Elle a une force cette autrice, aussi bien dans les textes longs que très courts.
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