Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

La Grossesse de M. Hiyama d’Eri Sakai

 

Titre : La grossesse de M. Hiyama

Auteur : Eri Sakai

Traduction : Victoria Seigneur

Éditeur vf : Akata (L)

Année de parution vf :  2023

Nombre de pages : 192

Résumé : Un monde dans lequel les hommes cis peuvent aussi tomber enceints ?! C’est l’univers qu’imagine Eri Sakai, dans « La Grossesse de M.Hiyama », un shôjo manga disponible en série télé sur Netflix, et qui questionne avec légèreté et pertinence sur la manière dont nos sociétés regardent la grossesse.
Cela fait environ dix ans que, suite à une évolution naturelle, tous les hommes fertiles peuvent tomber enceints. Et jusqu’à ce que ça lui arrive, Kentarô Hiyama n’avait jamais envisagé cette éventualité. Salaryman chargé d’un poste à responsabilité, coureur de jupons célibataire, il profitait de la vie sans réfléchir aux conséquences. Mais quand son médecin lui annonce qu’il est enceint d’environ dix semaines, il devra tout remettre en question. Réalisant alors à quel point la société est inégalitaire, il décide de porter l’enfant à terme et de créer sa place lui-même.

Mon avis :

Pour être honnête, même si le sujet m’intéressait, je pensais tomber sur un nouveau titre à concept un peu fade comme publie parfois Akata, privilégiant l’idée au fond. Erreur de ma part. Nous avons ici un vrai titre sociétal très pertinent et original. 

L’auteur, Eri Sakai, a en effet eu une riche idée en 2013 en proposant ce titre qui se veut drôle et léger pour aborder d’un sujet sérieux, surtout au Japon : la parentalité, via un biais original : une grossesse portée par les hommes. Un biais qui a fait son chemin car depuis le titre a été adapté en série sur Netflix (en 2021) et qu’une suite est sortie qu’Akata va nous proposer prochainement (La paternité de M Hiyama).

J’avoue que formellement, je trouve le titre fort simple. Un dessin sans rien de particulier qui ressort. Une narration archi classique mais efficace. Rien véritablement pour le faire sortir du lot et pourtant ! Derrière cette douce couverture, la main d’une femme sur le ventre d’un homme enceint interpelle et c’est bien là toute la base du récit.

J’ai vraiment apprécié de suivre les multiples chapitres de cette histoire mettant en scène des hommes et femmes confronté à cette paternité et/ou maternité voulue ou subie. Tout démarre avec Kentaro, un salaryman engagé dans son travail, qui ne s’attendait pas à tomber enceint et ne le prend pas très bien. Confronté aux préjugés et attaques de la société, il fait cependant le choix de les prendre à contre-pied et d’accepter son état, transformant cette faiblesse et force et cette grossesse non désirée en combat souhaité.

A travers chacun des portraits fait, dans lesquels Kentaro apparaît en fil rouge, l’auteur nous met face aux contradictions de notre propre société actuelle malgré le biais de l’univers de son histoire montrant des hommes pouvant être enceints. A travers eux, c’est le modèle actuel que l’auteur critique. En effet, c’est plus frappant pour certains de voir les préjugés et autres injustices réservées aux femmes se répercuter sur les hommes. Il m’a ainsi rappelé le roman jeunesse Renversante qui reprenait la même astuce avec tout aussi d’impact.

Ce fut ainsi plaisant à travers ces hommes, mais aussi ces femmes, de parler de nombreux sujets liés à la parentalité et à la grossesse : de l’annonce de celle-ci, en parlant du choix de le garder ou non, des examens qui induisent un certains choix, en passant par les mauvaises réactions de certaines entreprises, le monde périurbain (transports, cafés, restaurants, lieux de vie) qui sont rarement conçus pour les personnes enceintes, les préjugés sur les parents célibataires, l’avortement, les grossesses chez les jeunes, la contraception, etc. C’est très riche. Si j’ai aimé la simplicité, voire la drôlerie parfois, avec laquelle c’est abordé, ce qui permet d’en parler plus facilement, je regrette cependant dans l’ensemble un certain modèle normatif : pas de couples homosexuels, pas d’avortement réellement souhaité, toujours un désir d’enfant au final et une mise en avant du mariage bien trop systématique comme attente des femmes… Autant l’idée de base est moderne, avec le rééquilibre des tâches dans le couple ainsi, autant on retrouve souvent une idéologie de couple bien trop « classique ». J’espère que ce sera un peu corrigé dans le prochain volet.

Après avoir eu un peu peur, j’ai finalement apprécié de suivre plusieurs personnages, plusieurs histoires, avec en fil rouge Kentaro qui croise chacun d’eux, notamment grâce à son projet de café pour et avec des personnes enceint(e)s. C’était plaisant de voir des parcours différents et j’ai ressenti un petit attachement pour chacun d’eux : de la femme adultère, en passant par le couple d’ado, le vieux couple installé ou l’éternelle célibataire réfractaire aux enfants. Ces profils ont vraiment permis de traiter le sujet dans un champ plus vaste que ne l’aurait permise la seule histoire de Kentaro et c’est une bonne idée.

Critique sociétale originale, La grossesse de M Hiyama offre un joli espace de réflexion sur la grossesse et sa place dans nos sociétés ainsi que sur la parentalité dans un sens large et avec des situations variées. L’auteur pointe ainsi avec un humour grinçant les failles de nos sociétés concernant ce sujet et ce qu’il y aurait à améliorer pour que chacun vive plus sereinement ce moment et la décision qu’il/elle prend seul(e) ou à deux. C’est un titre vraiment instructif que je mettrais volontiers entre les mains de chacun jeune et moins jeune.

> N’hésitez pas à lire aussi l’avis de : Les voyages de Ly, L’antre d’une rêveuse, Vous ?

2 commentaires sur “La Grossesse de M. Hiyama d’Eri Sakai

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