Livres - Classique

Agnès Grey d’Anne Brontë

Titre : Agnès Grey

Auteur : Anne Brontë

Éditeur : Le Livre de Poche / Archi Poche

Année de parution : 1847 (1e édition)

Nombre de pages : 276

Histoire : Élevée au sein d’une famille unie mais pauvre – qui n’est pas sans rappeler la fratrie Brontë -, Agnès Grey, 18 ans, fille d’un pasteur d’un village du nord de l’Angleterre, décide de tenter sa chance dans le monde en se faisant gouvernante. Trop discrète et inexpérimentée, elle est vite confrontée à la dure réalité dès son arrivée chez la famille Bloomfield.Désarmée face à l’indiscipline des enfants gâtés dont elle a la garde, et à l’indifférence cruelle des adultes, elle est renvoyée au bout de quelques mois. Sans désemparer, et dans l’obligation de subvenir à ses besoins, elle trouve alors un emploi chez les Murray. Les jours passent, avec leur lot de monotonie et de difficultés, jusqu’à l’arrivée du nouveau pasteur, Mr Weston…Chronique réaliste à la première personne, non dénuée de satire, Agnes Grey est largement inspiré de l’expérience de gouvernante d’Anne Brontë dans l’Angleterre provinciale de son siècle, tout comme Jane Eyre de sa soeur Charlotte.

Mon avis :

Mon classique préféré, c’est Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë, j’aime aussi énormément Jane Eyre de sa soeur Charlotte. Il était donc plus que temps pour moi de m’essayer à la plume de leur petite soeur Anne, la moins connue des trois et peut-être à raison malheureusement, car là où ses aînées ont su écrire des histoires intemporelles, elle, se fait plus le chantre de son époque, sorte de rencontre entre Jane Austen et la placidité de la vie de la famille Brontë.

Je n’ai donc pas eu de coup de coeur sur cette lecture comme ce fut le cas pour ses aînées. J’ai trouvé le roman sympathique, plaisant à lire, avec une plume riche et facile à suivre, mais un peu plate et sans relief comparée à celle poétique d’Emily ou âpre de Charlotte. Anne est la dernière de la fratrie Brontë et elle s’inspire ici de leur vie pour mettre en scène le quotidien d’une gouvernante, enseignante avant l’heure, dans la campagne anglaise du XIXe.

Son portrait de cette campagne est efficace, réaliste. Anne nous conte, un peu sur le mode de Jane Austen, avec une truculence triviale, la vie de ces gens, bourgeois mais aussi croyants, révérant, pasteur ou petit peuple. Elle ne les loupe pas. Elle nous montre combien les bourgeois prennent de haut leurs domestiques. Elle décrit la vacuité des mariages sans amour, le manque d’éducation des femmes, le laisser aller de l’éducation des enfants en général dans ces familles assez désunies où chacun fait ce qu’il veut. La religion ou plutôt l’image qu’on se fait de la morale occupe une place importante et moi qui ne suis pas férue du genre, cela m’a un peu gênée par rapport aux textes de ses soeurs où de Jane Austen dont elle s’inspire ici.

Le thème central de son roman est l’éducation des enfants et plus particulièrement des filles. J’ai aimé retrouver dans ce portrait, ce que je vis moi-même au quotidien, des enfants ingérables, mal élevés, qui se moque de l’enseignement qu’on tente de leur donner et que les parents défendent. A croire que ce n’est pas une question de génération comme on l’entend bien trop souvent. C’était amusant de retrouver cela et de voir notre gouvernante, Agnès, ne jamais baisser les bras. C’est un charmant personnage à suivre, qui a une belle force morale et une vraie passion pour ce qu’elle fait : enseigner. Dans la première famille où elle était, c’était assez atroce, il y a du progrès avec la seconde, où elle noue quand même quelque chose avec une de ses élèves, Rosalie. On assiste grâce à cela à une critique en règle de ce qu’on attend de ces jeunes filles : le mariage. On voit cette jeune femme encore enfant, poussé vers la séduction, se rendant à des bals, trouvant un fiancé, sans en comprendre les implications et le regrettant ensuite. La critique est rude.

Cependant, le texte est un peu plat. On a l’impression que l’autrice juxtapose parfois des chapitres écrits indépendamment les uns des autres, ce qui se voit dès leur intitulé : « l’entrée dans le monde », « le bal », « l’église », « les paysans », « la pluie »… L’ensemble manque de force du coup. Il n’y a pas le souffle des romances et histoires de ses soeurs. Chez Charlotte, il y a ce côté gothique inquiétant et cette romance interdite avec Rochester dans son drôle de château. Chez Emily, il y a l’âpreté de la romance toxique qui ne se concrétise jamais vraiment. Ici, c’est beaucoup plus doux, lisse, avec une héroïne qui ne semble pas comprendre grand-chose à l’amour, ni vraiment s’y intéresser et quand cela survient, c’est très très léger et cela se concrétise bien trop rapidement dans les dernières pages en mode : « Zut, il faut vite conclure et la marier…« . Bof. Je m’attendais à mieux.

Même si ce fut un bon moment de lecture grâce à ce portrait cru et critique de la société campagnarde anglaise sous le prisme d’une gouvernante – enseignante, j’ai également trouvé, contrairement aux textes de ses aînés, qu’Agnès Grey était une histoire plus fade, qui avait moins propension à traverser le temps et était plus ancré dans son époque. C’est un joli texte mais auquel il manque pas mal de choses pour en faire un classique intemporel. Je comprends pourquoi il est moins connu que les romans de ses soeurs.

> N’hésitez pas à lire aussi les avis bien plus pointus de : Steven, Cannibal, Une vie de livres, French book lover, Sophie, Les patates cultivées, Céline, Bénédicte, Grtw Books, Vous ?

 

 

8 commentaires sur “Agnès Grey d’Anne Brontë

  1. J’avais eu un peu le même ressenti: plaisant à lire, mais pas mémorable. Ceci dit, passer après Jane Eyre (un de mes romans préférés) et Les Hauts de Hurlevent n’était pas facile ^^

    Aimé par 1 personne

  2. Et bien un avis que je rejoins totalement. Je me souviens d’une douce lecture mais manquant parfois de saveur et de profondeur. Pour dire vrai, j’ai très peu de souvenirs de ce roman que j’ai bien envie de redécouvrir suite à ton avis. Merci à toi.

    Aimé par 1 personne

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