Pour la troisième année consécutive, j’ai eu la joie d’être contactée par Nico du blog Club Shôjo, pour participer à la 11e édition de la Semaine du Shojo ! Et pour la grande amatrice du genre que je suis depuis toujours, c’est encore et toujours un honneur et un plaisir ^-^
Le principe est simple : 20 blogs, chaînes YouTube et comptes Instagram partenaires sont invité(e)s à proposer un article sur un thème donné qui change chaque année. Chacun met en avant les articles de ses camarades afin de vous proposer une découverte maximale du genre, tout cela pour mettre en avant le shojo, un genre un peu trop décrié (à tort bien sûr !).
Cette année, le sujet est : Le(s) shôjo(s) abordant la condition féminine que vous préférez.
Et sur leur blog, 1 article shojo par jour pendant 7 jours
- Lundi 24 avril : Nina, héroïne géopolitique
- Mardi 25 avril : L’horreur, un genre qui s’accorde au féminin
- Mercredi 26 avril : La différence d’âge dans les shôjo
- Jeudi 27 avril : Strobe Edge : shôjo initiatique
- Vendredi 28 avril : Article interblog : le shôjo abordant la condition féminine que nous préférons
- Samedi 29 avril : Qu’est-ce que La grossesse de Monsieur Hiyama peut nous apprendre sur la réalité des femmes enceintes ?
- Dimanche 30 avril : Le métier de femme au foyer : l’exemple de Full time wife escapist
Vraiment un grand merci à Club Shôjo de m’avoir invitée à participer à cet événement !
Quand Nico m’a contacté cette pour participer, je me suis oulala que le thème est vaste, d’actualité mais vaste. J’ai donc eu envie de le restreindre un peu et de parler de cette cible éditoriale du shojo qui me parle énormément : le josei. Voici donc ma petite sélection de titres évoquant la question de la condition de la femme, un sujet encore épineux au Japon mais dont les femmes s’emparent et pas que !
Au programme, je vous invite à découvrir les titres de mes étagères qui en parlent le plus et/ou de manière originale. Nous allons donc parler du rapport au corps de la femme, de la question du célibat, des amours saphiques mais aussi d’un nouveauté de plus en plus présente : la condition féminine à travers un prisme ou un regard masculin et enfin, une oeuvre qui fait la synthèse pour moi.
Que la découverte commence !
(Cliquez sur les titres et images pour lire ou relire mon avis)
SOIS BELLE ET TAIS-TOI !, une injonction qu’on entend bien trop pour les femmes, surtout dans une société aussi patriarcale que le Japon où il y a encore un gros retard sur le rapport à celle-ci, son corps et la conscience de sa féminité. Heureusement des autrices s’en emparent !
Quand je pense à la condition de la femme, Akiko Higashimura est l’une des autrices à laquelle je pense en premier. Il faut dire qu’elle est très bien représentée chez nous depuis quelques années et qu’elle a su développer une panoplie de femmes remarquables. Dans sa première série à nous être parvenue, Princess Jellyfish, elle nous questionne ainsi sur notre rapport à la beauté et à notre propre beauté avec beaucoup d’humour mais aussi un discours percutant derrière sur ce qu’on met derrière ce mot beauté. Elle semble ainsi nous encourage à vivre notre propre beauté, à nous faire plaisir sans nous soucier du regard des autres.
Ryo Ikuemi est également une des grandes dames du manga, malheureusement sous-représentée chez nous, mais c’est avec Sans complexe ?, qu’elle signe son retour chez nous et interroge également le lecteur et la lectrice sur son rapport à son corps en parallèle de son esprit, montrant que les deux vont de pair, mais dénonçant aussi cette société machiste des apparences qui contamine même les femmes entre elles.
Enfin, on s’intéressait déjà à la condition de la femme et en particulier au rapport de la femme à son corps et à sa sexualité dans les mangas des années 60-70, mais comme très peu sont arrivés chez nous, dur dur de s’en rendre compte. Raison de plus pour mettre en avant Les femmes du Zodiaque de Miyako Maki où dans chaque histoire on découvre une facette de la condition des femmes après guerre tout en suivant l’évolution de la société. Unique (chez nous) et passionnant !
Il faut dire qu’au Japon la femme est bien malmenée, notamment à l’approche d’un certain âge charnière que beaucoup craignent… 30 ans ! Il est donc l’heure d’évoquer la question du CÉLIBAT au Japon et l’image de la FEMME FORTE que certains hommes n’aiment pas trop…
C’est un thème qui revient souvent dans les shojo mangas, l’éternelle question du mariage et des femmes qui ne sont pas entrées dans cette institution alors qu’elles ont dépassé la vingtaine. C’est dire si on réduit l’identité de celle-ci à son rôle d’épouse et donc de mère… Heureusement des autrices osent dénoncer cela et proposer d’autres exemple de vie où l’on peut s’épanouir.
J’ai d’abord rencontré Kimi wa Pet de Yayoi Ogawa dans cette démarche et j’y avais été séduite par la caractérisation réaliste d’une héroïne forte devant un public et fragile en privé qui s’était posée bien des questions sur ses relations, son travail, la conciliation des deux, elle-même. Pauline en parle très bien sur son blog : ICI.
J’ai donc été ravie de voir d’autres éditeurs à l’époque, comme Casterman, suivre la tendance et s’intéresser à la femme, victime de ces préjugés et injonctions, montrant leur cheminement au sein de cette société contraignante. Mlle Oishi de la grande Q-Ta Minami en fut le meilleur représentant. Je vous invite d’ailleurs à lire la chronique de Sorbet-Kiwi à son sujet : ICI.
Et puis, plus récemment, Akiko Higashimura a tenté avec plus ou moins de succès de faire revivre ce sujet à travers le truculent mais parfois maladroit Tokyo Tarareba Girls, où un peu sur le modèle de ses prédécesseuses, elle nous propose le portrait de femmes attachantes mais décriées car elles ne suivent pas la norme masculine établie. J’en parle plus longuement : ICI.
Mais la question féminine n’est-elle pour autant que celle de la femme hétérosexuelle comme celles qu’on vient de croiser ? Non, bien sûr. Il est donc temps pour moi de vous parler de ces titres qui, récemment, ce sont mis à s’intéresser aux AMOURS SAPHIQUES au Japon dans une société extrêmement masculiniste où la femme a du mal à s’envisager en dehors d’une relation homme-femme quand ce n’est pas de la fiction.
On peut remercier pour cela les petits éditeurs que sont Akatombo et Akata, car ils osent sortir des sentiers battues, pour évoquer ces questions non dans un contexte purement fictif mais dans une réalité bien plus crue. J’ai ainsi été touchée par la poésie dramatique de ces histoires où il est si dur de s’affirmer femme aimant une femme, ce qui pousse parfois à bien des regrets plus tard car on s’est conformé à une norme, comme dans Que reste-t-il de nos rêves ? de la discrète Yumi Sudō ; ou parce que cela complique énormément notre existence quand il est temps de réaliser qu’on s’est marié et qu’on a choisi une voie parce que tout le monde le faisait, comme dans Si nous étions adultes de la prolixe Takako Shimura, où une femme mariée tente de divorcer pour assumer ses sentiments envers une femme. Et on voit dans ces deux titres combien c’est dur, douloureux et souvent quasiment impossible pour ses femmes, encore de nos jours, d’y parvenir tant la pression est grande.
Ce qui m’amène doucement à une façon que les auteurs et autrices ont trouvé ces dernières années pour SENSIBILISER l’ensemble du public, hommes et femmes, au problème mais aussi au défi que pose la condition des femmes au Japon : utiliser le prisme du regard masculin, parfois en inversant même les rôles, pour interpeler. Une idée gagnante, je trouve !
Il y a d’abord des autrices qui tordent le regard qu’on pose sur les femmes. C’est le cas de Yama Wayama dans son truculent Hoshi dans le jardin des filles, où on pénètre dans le quotidien d’un lycée pour jeunes filles grâce à un professeur principal assez particulier. Une façon de voir les femmes comme elles sont et non comme on aimerait qu’elles soient (fragiles, féminines…). Noissapé en parle très bien : ICI. C’est aussi le cas, plus subtilement, de Haruko Kumota, dans Le Rakugo à la vie à la mort, qui discrètement nous montre combien c’est dur d’être une femme dans un milieu d’hommes où on peut nous interdire de réaliser notre passion parce qu’on est une femme. Saisissant et éclairant ! J’en parle : ICI.
Puis viennent les titres qui font vraiment oeuvres de fiction et qui interpellent peut-être le plus, que ce soit grâce à des procédés d’uchronie ou de SF plus conventionnelle. Le précurseur chez nous fut l’excellentissime Pavillon des hommes de Fumi Yoshinaga, qui montre des femmes prenant le pouvoir à la place des hommes et assumant le shogunat. Cela oblige le lecteur, parfois réfractaire, à se questionner sur ce que sont au final les différences entre un homme et une femme de pouvoir. Passionnant ! Ont suivi ces derniers mois / années, deux autres titres où le procédé a été réutilisé : l’inabouti Siège des exilées d’Akane Torikai, où elle a transformé les hommes en escalaves sexuels des femmes qui sont désormais les plus nombreuses sur Terre. Cela devrait frapper les lecteurs sur ce qu’on fait aux femmes dans nos sociétés où c’est l’inverse ; et bien sûr le tout récent : La grossesse puis la paternité de M Hiyama d‘Eri Sakai où cette fois c’est un homme qui tombe enceint et montre tout ce à quoi est confronté une femme comme embûches et freins mis par la société quand c’est son cas à elle. Edifiant !
~ La synthèse ~ Une oeuvre qui a, pour moi, tendance à faire le tour de tout cela, l’air de rien, alors que son sujet est autre, mais qui y tape en plein dedans grâce aux portraits de femmes qu’il met en lumière : Entre les lignes de la grande mais trop méconnue Tomoko Yamashita où son héroïne Maki, est une femme qui va contre les diktat matrimoniaux, physique, sentimentaux et patriarchaux de la société. Cette célibataire, épanouie dans son travail, heureuse en amitié mais maladroite en amour, est mon modèle ! Je vous invite à lire mes chronique sur ce chef d’oeuvre méconnu : ICI.
J’espère vous avoir donné envie de vous intéresser vous aussi à ce sujet ô combien important à travers une littérature de plus en plus prolifique à ce sujet. Je vous propose maintenant de découvrir ci-dessous les articles des autres participants et j’en profite pour saluer leurs jolis choix dans lesquels je me suis parfois retrouvée ^-^
Voici la liste des participant(e)s à cette édition 2023 (par ordre alphabétique) :
- Le bazar de Djado
- Le blog de l’Apprenti Otaku
- Le Blog Noissapé
- Bright Open World
- Bulle Shôjo
- Le Cabinet de Mccoy
- Les chroniques d’un ange
- Chroniques d’un Vagabond
- Complément Shojo
- Docteur Pralinus
- La forêt des lectures
- Lasteve
- Les lectures du Kitsune
- La mangasserie
- Nostroblog
- Papa lecteur
- Le Passeur Lunaire
- Songe d’une nuit d’été
- Violette Scribbles
Très intéressant ce billet ! Il l’est d’autant plus que l’on sait que le Japon souffre encore de son patriarcat et qu’il reste énormément de boulot à faire pour que les droits des femmes.
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Merci !
C’est pour ça que je suis partie sur cet angle là et que j’ai essayé de ne pas trop calqué notre filtre d’européens où on en demanderait bien plus. Déjà ça évolue, ça dénonce et c’est bien.
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Merci pour ton tag sur ma chronique ! 🙂 Ton article est ultra interessant et tu m’as donné envie de découvrir toutes les œuvres que tu présentes. Fait qui m’interpelle : je n’en ai trouvé qu’une dans ma médiathèque a échelle régionale qui a pourtant vraiment une collection magnifique d’œuvres graphiques, et notamment de mangas. La seule que j’ai trouvé c’est Le pavillon des hommes, que je vais ajouter à ma liste de lecture. J’ai tout de même trouvé 3 autres autrices avec d’autres titres (un pour chacune) sur lesquels je vais me pencher du coup.
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Avec grand plaisir et merci pour le compliment !
Je ne suis malheureusement pas surprise car les shojo sont tout autant maltraités en médiathèques, qu’en librairies ou dans la presse, etc. C’est très triste.
Après, certains sont très récents, d’autres au contraire anciens et plus compliqués à trouver. Je suis déjà ravie pour Le Pavillon qui est assez incroyable !
Bonne lecture 😉
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Du coup, je passe ici aussi te le dire : je suis admiratif et jaloux de la qualité de ton article !
J’espère du coup que tu es flattée et honteuse en même temps, afin de partager le sentiment ambivalent que j’éprouve vis-à-vis de ton écrit.
Cordialement.
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Flatter, je suis. Honteuse, absolument pas et pourtant sache que je n’ai pas vraiment préparé cet articles et que l’aspiration est venu sur le fil en regardant ma bibliothèque. En cela je remercie vraiment les éditeurs pour tous les titres qu’ils mettent à notre portée et qui permettent ce genre de réflexion. J’ai quand même l’impression de beaucoup survoler mais j’aime aussi cette idee d’amorcer quelque chose.
En tout cas, tes mots me font extrêmement plaisir moi qui doute toujours de ce que j’écris ^^
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Le doute doit être le propre des gens de talent, je doute aussi beaucoup 😁
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Très bel article avec plein de titres ! Je me reconnais beaucoup dans tes choix d’ailleurs ^^
Kimi Wa Pet m’a longtemps accompagnée puisque j’ai découvert le titre dans ma vingtaine et c’était sûrement ma première confrontation avec les attentes que l’on a des femmes (japonaises ici mais pas que finalement) passé un certain âge. Et que dire d’Entre les lignes ? Ce manga m’a tellement bouleversée…
J’ai très hâte de lire Hoshi dans le jardin des filles, tellement j’entends beaucoup de monde en dire du bien ♥
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Merci ! Ne sachant jamais choisir, c’est le format qui me convient le mieux lol
J’étais plus jeune que toi, mais Kimi wa pet m’a aussi frappé pour cela et puis Sumire était très émouvante avec sa maladresse chronique.
Entre les lignes, c’est ma pépite du moment. A chaque fois, je me prends une de ces bouffées d’émotions brutes.
On se comprend donc très bien.
J’espère que tu passeras un bon moment avec le singulier M Hoshi ^^
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Oui trop dur de choisir, car y a tellement de titres qu’on affectionne ♥
Je suis sûre que j’aimerai beaucoup car dans ma TL les personnes qui ont des goûts assez proches des miens ont tous apprécié ^^
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