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Trois coracles cinglaient vers le couchant d’Alex Nikolavitch

Titre : Trois coracles cinglaient vers le couchant

Auteur : Alex Nikolavitch

Éditeur vf : Les Moutons électriques

Année de parution vf : 2019

Nombre de pages : 270

Histoire : Trois coracles cinglaient vers le couchant. À leur bord, Uther, un chef de guerre de l’île de Bretagne, et ses compagnons de toujours. Leur destination, une île au bout de la mer, là où dit-on vivent les fées et les morts glorieusement tombés au combat. Que va-t-il chercher si loin des terres habitées par les hommes ? Alors que l’Empire romain n’en finit pas de mourir, et qu1un monde nouveau se refuse encore à naître, Uther sait-il seulement qu’il va enfanter une légende destinée à traverser les siècles ?

Mon avis :

Moi quand on me parle de mythe arthurien, je suis toujours au rendez-vous. C’est l’un des univers de légende de mon enfance qui m’a offert les plus beaux moments d’évasion et j’adore y retourner. Je m’attendais donc à être enchanté, j’ai vite déchanté avec un texte qui ne fut jamais assez enchanteur pour moi, ni assez historique. Un entre deux bancal.

Je découvrais avec ce texte l’univers et la plume d’Alex Nikolavitch dont l’autre roman L’île de Peter m’a toujours attirée. Je ne suis plus sûre d’y aller. Pas que sa plume ne soit pas assurée mais elle n’a pas su me toucher. Il s’est vite dégagé de ce texte un côté très académique qui m’a bloquée. L’enchaînement de chapitres courts où les transitions étaient souvent absentes fut un vrai frein également. Je me demande du coup si son passé de scénariste de BD n’est pas responsable de cette narration qui n’a pas collé à mes attentes, car ce qui a pêché ici, semble être ce qu’on recherche dans une narration de BD. (Je ne suis pas sûre d’être très claire, pardon ><)

Quand on me vend du mythe arthurien, même avec le père de celui-ci comme héros (Uther), je m’attends forcément à un récit épique, dramatique et un tantinet romantique. Je n’ai rien eu de cela. Même la magie fut assez absente, en tout cas, telle que je l’attendais, ou du moins bien trop discrète et fugace sans grande manifestation mais avec une présence dont on n’est même pas totalement sûr au final. A la place d’un univers enchanteur, j’ai vécu un vrai désenchantement. L’auteur a voulu, je pense, offrir une oeuvre plus brute et plus proche d’une réalité historique fantasmée. Le problème, c’est qu’à vouloir mélanger les deux, il est tombé à côté des deux avec moi.

Il y a bien un décor historique présent et fourni où Alex Nikolavitch tente de faire revivre cette période chaotique entre la fin de l’ère romaine et le début de l’ère « nationale », si je peux dire. Il nous raconte ainsi de nombreuses batailles et tensions entre les peuples de ces terres qu’Uther tente de conquérir et pacifier ou plutôt unir à sa façon, luttant contre les peuples qu’il croise pour mieux les rassembler malgré leurs divergeances. Ça parle de romains, ça parle d’autres peuplades de l’époque : Angles, Bretons, Saxons, Gaëls, Scots… Nous avons droit à de brefs coups d’oeil à leurs traditions, us et coutumes. Mais peut-être est-ce dû à mes attentes trop élevées, j’ai eu un sentiment de trop peu. Je ne me suis jamais sentie plongée, impliquée dans cette époque et la vie de ces gens. J’ai survolé tout ça.

La narration implique des bonds sans cesse dans la quête d’Uther et ses compagnons, comme Ulysse lorsqu’il rentre de la Guerre de Troie. Cette Odyssée nous fait passer d’un affrontement à l’autre, d’une rencontre à l’autre, le tout avec un groupe autour du héros qui change régulièrement et qui n’est pas très creusé, ce qui a empêché toute adhésion chez moi. Je n’ai pas eu le sentiment de vivre une aventure de reconquête ou de fondation d’un royaume à leur côté, mais de subir plutôt leur aventure et j’en suis la première déçue.

L’auteur utilise bien des passages obligés du genre. Il met sur notre route magiciens, fées et autres attendus d’un tel récit mais c’est assez superficiel car il passe très vite à autre chose, n’approfondissant rien. Il colle également quelque uns des éléments du canon du personnage d’Uther comme son épée légendaire, son ascendance ou sa descendance avec Igerne (Ygraine), son rôle de chef de guerre et l’origine de son titre Pen Draig qui donnera Pendragon. Mais ça fait justement un peu artificiel, un peu forcé car mal intégré au récit, la plupart du temps, à mon goût.

Cependant, il faut reconnaître que cela change d’avoir un portrait aussi rude et nuancé d’un héros légendaire comme Uther. Loin de la figure positive héroïque habituelle, c’est plutôt un homme fatigué, usé et plein d’ambivalences et de défauts qu’on a ici, un homme conscient de mal se comporter mais ne pouvant s’en empêcher, un homme qui ne prône pas l’héroïsme dans la guerre et à qui le poste de chef semble peser, ce qui est un travail fort intéressant. C’est pour cela que j’aurais aimé avoir autour de lui une histoire, une narration, qui m’embarque véritablement à ses côtés plutôt que de me laisser en plan, car j’aurais aimé vivre cette désespérance avec lui.

Echec de mon côté, je sais que ce texte a séduit d’autres lecteurs, alors ne vous arrêtez pas à mon avis de lectrice déçue dans ses attendues qui voulait être enchantée et est tombée sur un texte désenchanté. C’est aussi une relecture intéressante des débuts du mythe arthurien avec un ancrage à une réalité historique et une figure du héros bien plus humaine, âpre et nuancée que d’habitude, donc cela pourrait vous plaire à vous 😉

> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Les chroniques du chroniqueur, CaroLivre, Zoé, Vous ?

11 commentaires sur “Trois coracles cinglaient vers le couchant d’Alex Nikolavitch

    1. Alors écoute, j’ai lu celle de Jean-Laurent Del Soccorro sur Morgane cette semaine et c’est un immense coup de coeur car certes il y a volonté de donner un certains réalisme aux personnages mais on garde aussi tout le merveilleux, et sous la plume de l’auteur c’est magique !

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