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Boy meets Maria de Peyo

Titre : Boy meets Maria

Auteur : Peyo

Traduction : Isabelle Eloy

Éditeur vf : Taifu

Année de parution vf :  2022

Nombre de pages : 243

Résumé : Taiga est un jeune lycéen plein d’enthousiasme, qui se rêve en héros sauvant des demoiselles en détresse. Un jour, en assistant à une représentation du club théâtre de son lycée, il va tomber des nues devant la beauté et la grâce de Maria, une des membres du club. Mais que se passerait-il si la belle n’en était pas une ? Accompagnez Taiga et Arima sur le chemin qui mène à l’affirmation de soi !

Mon avis :

L’année dernière, j’ai souvent vu passer Boys meets Maria sur les réseaux sociaux que ce soit pour encenser ou critiquer le titre, et sachant qu’il aborde la question de la dysphorie de genre, j’étais fort intriguée. Je ressors assez chamboulée de ma lecture mais pas pour les raisons que j’avais cru, car plus que de dysphorie pour moi, le titre parle des traumatismes d’un viol et de pédophilie. Vous êtes prévenus !

Prévenue, je ne l’ai pas été et je tiens ici à quand même mettre un carton à Taifu, qui certes a eu le mérite de publier cette oeuvre intéressante, mais aurait pu mettre un avertissement avant de nous laisser y plonger, car le choc fut rude, ne m’attendant pas à trouver cela.

Pour le reste, j’ai trouvé l’oeuvre assez confuse et maladroite, à l’image de ses héros. Avec un début un peu foutraque et braillard, j’avais peur de ne pas aimer et je ne comprenais pas les qualités trouvées au titre. Il faut dire que Taigo est le prototype du héros qui aime trop se faire remarquer alors que c’est un peu un looser et je ne suis pas fan de ce type de personnage. Cependant, l’autrice a su redresser la barre en instillant petit à petit des éléments qui m’ont fait penser que le titre était plus profond qu’il ne le laissait penser et j’ai eu raison de lui faire confiance.

Derrière cette histoire d’un garçon qui veut devenir le meilleur acteur au monde pour être le héros protégeant la femme qu’il aime, il y a un garçon qui a été marqué par les défaillances du couple de ses parents et a trouvé un refuge dans l’image du super-héros de son enfance. Il n’est donc pas seulement le garçon trop braillard, trop maladroit, trop fonceur. Il est aussi quelqu’un de profondément gentil qui veut venir en aide aux autres et les aimer comme ils le devraient. Il ne choisit pas la simplicité pour ça cependant. Il craque dès le premier jour pour Maria, alias Arima, un garçon de la troupe de théâtre qui ne joue que des rôles de filles. Qui est ce dernier ? Un homosexuel ? Quelqu’un né garçon mais qui se sent fille ? Ou une personne encore plus complexe ?

Si l’aspect romantique de l’histoire m’a proprement gonflée tant je l’ai trouvé maladroit et enchaînant poncifs et erreurs dans la façon d’aborder l’autre et son unicité. En revanche, j’ai beaucoup aimé tout ce qui a tourné autour des traumas des personnages et la façon dont le théâtre intervient pour chacun. Bien sûr, l’écriture de Peyo n’est pas parfaite. Elle oscille souvent entre le juste et le terriblement maladroit. Je ne suis pas une spécialiste des traumas ou de la dysphorie de genre, mais j’ai l’impression que la mangaka commet pas mal d’erreurs en en parlant et j’ai eu le sentiment que la série télé Chair Tendre était beaucoup plus proche de la réalité qu’ici.

En revanche, j’ai été bouleversée par l’écriture de ce qui est arrivé à Arima étant petit, que ce soit sa mère, cliniquement malade pour moi, qui l’obligeait à être une fille parce qu’elle n’avait pas réussi à en avoir une, ou ce professeur qui va le violer. C’est juste horrible ! Le pauvre a enchaîner les mauvaises rencontres et mauvaises décisions d’adultes, normal qu’il soit encore traumatisé et ait du mal avec son corps, son genre, son sexe et se sente perdu. C’est décrit progressivement de manière bouleversante car l’image d’abord d’une personne très sûre d’elle et la découverte peu à peu de quelqu’un d’extrêmement seul et fragile. La question est : pourquoi n’est-il pas aidé par des spécialistes après un tel trauma ? Que fait ce professeur du lycée censé s’occuper de lui ? Heureusement, sa rencontre avec Taiga, qui cherchera à l’accepter tel qu’il est et qui comptera sur lui, lui redonnera un rôle, celui qu’il souhaitait avoir et c’est ainsi que j’ai fini par apprécier leur relation.

L’autrice cependant est assez brouillonne dans son propos de bout en bout. Les débuts sont hésitants, la suite commet pas mal d’erreurs, le final est trop rapide et occulte une grosse partie des conséquences de ce qui s’est passé. C’est limite trop idyllique comme si Arima ne souffrait pas de dysphorie de genre au final… Alors pourquoi traiter de la question si c’est ensuite pour l’évacuer et l’oublier. Je ne sais pas, j’ai eu un sentiment de texte inabouti.

J’ai vraiment compris à la lecture pourquoi le titre divise tant. Il sait faire preuve d’une belle émotion et bouleverse avec les histoires croisées de Taiga (traumatisé par la relation bancale de ses parents) et Arima (victime de viol et pédophilie). Mais le titre est aussi plein de maladresse dans la façon dont il aborde les traumatismes notamment et encore plus la question du genre. Je suis loin de maîtriser le sujet mais je n’ai pas l’impression que l’autrice l’ait maîtrisé plus que moi tant elle fut maladroite. Ajoutez à cela un manque d’avertissement de l’éditeur quant au contenu, je comprends que ça ait pu en surprendre plus d’un. Après pour une première oeuvre, d’une autrice décidée en plus depuis, forcément cela lui donne une certaine aura.

> N’hésitez pas à lire aussi l’avis de : Vous ?

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5 commentaires sur “Boy meets Maria de Peyo

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