Livres - Mangas / Manhwa / Manhua

Capeta de Masahito Soda

Titre : Capeta

Auteur : Masahito Soda

Traduction : Yoan Giraud

Éditeur vf : Noeve Grafx

Année de parution vf : Depuis 2023

Nombre de tomes vf  : 4 / 32 (en cours)

Résumé : Kappeita Taira, surnommé Capeta, est un petit garçon orphelin de mère. Souvent livré à lui-même, il s’applique à ne rien montrer de sa solitude à son père, très pris par son travail.
Pour tromper son ennui, il aime admirer les belles voitures et s’imaginer les piloter… Jusqu’au jour où son père tombe sur une opportunité de concrétiser ses rêves.

Mon avis :

Tome 1

Les vieux fans de manga comme moi se rappellent peut-être le puissant Subaru, titre totalement atypique sur la danse qui rappelait plus Ashita no Joe que les ballets classiques qu’on vend aux petites filles. Ayant adoré la claque que j’avais alors reçue, j’étais impatiente de retrouver l’auteur mais j’avais perdu un peu espoir avec Capeta et son grand nombre de tomes. Noeve a ainsi réussi à me surprendre en l’annonçant. Je suis donc prête à revivre de grandes émotions auprès de l’auteur !

Capeta, c’est une série fleuve de 32 tomes au Japon, parue pendant 10 ans entre 2003 et 2013, annoncée d’abord dans la collection à petits prix chez Noeve, puis finalement arrivant dans sa collection normale, suite à la restructuration de ses titres à cause de la crise éco actuelle. J’avoue que je ne suis pas mécontente de ce choix car cela va permettre d’avoir une édition de meilleure qualité et que le titre le mérite bien !

En effet, dès les premières pages, j’ai retrouvé ce dessin rondouillard et ses émotions propres à l’enfance que l’auteur sait si bien mettre en scène pour nous toucher en plein coeur. Il a ce petit quelque chose qui lui permet de transformer un quotidien banal voire même un peu triste en quelque chose de lumineux et tellement touchant. On sait que sa série parlera de courses de voitures mais ici ce qu’il nous vend, c’est avant tout une aventure humaine, familiale et amicale, qui dès les premiers instants nous emporte.

Masahito Soda nous emmène à la rencontre de Kappeita, un petit garçon que son père élève seul en travaillant énormément. Du coup, il se retrouve souvent seul et tente de faire bonne figure en assumant et en jouant les garçons forts et solides qui n’a pas besoin d’aide. Malgré tout, il souffre de cette situation. Son père, cependant, l’aime énormément et devine que cette situation pèse à son fils. Il cherche donc à lui faire plaisir dès qu’une occasion se présente. Ce sera le cas le jour où il ira travailler sur un circuit de karting et où il verra des petits bolides conduits par de jeunes enfants. Se rappelant le plaisir fou pris par son fils quand il lui avait offert des lego de voitures, il décide de lui fabriquer un kart.

Le mangaka brosse ainsi très rapidement ce qui fera probablement le sel de la série. Un petit garçon défavorisé mais avec un coeur en or et plein de qualités humaines, mais également sportives, qui se révélera à travers cette passion pour la course, la vitesse et le pilotage. Déjà dans ce premier tome, il glisse des indices quant à ses capacités innées, que ce soit dans une course à l’école, tandis qu’il essaie d’échapper à des agresseurs ou bien lorsqu’un défi se présente à lui. Capeta est d’emblée un personnage attachant, prometteur, qu’on a envie de suivre.

Mais ce qui fera probablement la force de la série, ce sera également les relations qu’il va nouer en cours de route. Déjà, ici, j’ai été touchée par celle qu’il entretient avec son père-courage. J’ai aussi regardé avec une tendresse touchante et amusante celle qu’il a avec ses camarades de classe et sa petite voisine. Capeta est quelqu’un qu’on a envie d’admirer et d’aider à la fois. Il saura rassembler des gens autour de lui, j’en suis sûre, et cela fera une belle aventure humaine. Tous les jalons sont déjà là.

De même, tous les jalons de la passion qui va emporter le héros et nous avec, sont là dans les dessins déjà vifs de l’auteur, qui derrière son côté trop rondouillard, fait preuve aussi d’une belle force explosive, lorsque la passion de Capeta entre en jeu. Il a ce sens du crayonné qui met en page puissamment la vivacité des actions de ses héros. C’était le cas dans Subaru où sentait tout le poids des émotions de la jeune danseuse. C’est à nouveau le cas ici où on sent l’énorme plaisir pris par Kappeita dès qu’il pilote.

C’est ainsi avec une facilité déconcertante que Masahito Soda a esquissé dans ce premier tome, les premiers mouvements d’une série résolument humaine, émouvante et prenante où on suivra le parcours d’un futur génie du pilotage, de son enfance à sa concrétisation. J’aime déjà tout dans cette première esquisse, ne reste plus qu’à aller à la rencontre des moments forts de la série.

Tome 2

Après un démarrage déjà réussi, la série passe la seconde et quelle seconde !

Je savais l’auteur capable de vite rendre un sport passionnant et immersif. Je le savais capable de nous plonger dans la tête de son héros et de montrer l’intelligence vive de celui-ci ainsi que son courage face à sa vie de débrouille. Mais au vu de la longueur de la série, je ne pensais pas qu’il démarrerait aussi vite, aussi fort. J’ai été totalement happée par ce tome.

Aux côtés de Capeta mais aussi de son père et ses amis, nous assistons à ses premiers pas dans le kart et wow que ce fut bon ! Il y a une intensité folle dans les pages où on le voit conduire et peu à peu prendre ses marques et se laisser gagner par la passion. Mais surtout, il y a une intelligence folle dans ses pages où l’auteur nous montre étape par étape, cran par cran, notre héros monter en puissance et montrer son intelligence innée de pilote. Fascinant !

En contrepoint, l’auteur a eu la riche idée de nous mettre dans les coulisses de cette course, celle qui sera probablement la première mentor de Capeta : l’ancienne pilote Mme Minamoto. Et quelle femme, elle aussi ! Masahito Soda a vraiment le chic pour savoir camper des personnages qui claquent et nous assoient. Celle-ci a un charisme de fou et c’est elle qui se rend la première compte du talent de Capeta et met les mots sur ce qu’il est en train de faire. Avec elle, la série prend vie.

En prime, nous assistons à une course de folie. Tout y est : la difficulté à piloter un engin qui ne devrait pas être sur route, la rivalité avec un coureur mieux équipé et plus expérimenté, une piste inédite, etc. C’est parfaitement rythmé. On alterne avec une science innée de la mise en scène une vision immersive palpitante du côté de Capeta et la passion grandissante du public qui encourage ce jeune outsider, sentant que quelque chose est en train de se passer. On ressent à fond la passion du jeune héros qui le gagne dans les planches du mangaka. On ressent aussi les dangers de la piste mais également la force de ces moments. La stratégie est parfaitement lisible, ce qui participe à rendre la lecture palpitante. C’est un excellent moment sportif !

Amatrice d’histoire de famille et d’aventures sportive, tous les ingrédients sont réunis dès ces deux premiers tomes pour me happer et me scotcher. L’auteur avait déjà fait fort avec Subaru mais dans un registre volontiers sombre. Ici, c’est avec bien plus de lumière qu’on a envie de suivre le courageux et passionné Capeta dont la joie et l’amour naissant pour ce sport sont communicatifs grâce à une mise en scène narrative totalement immersive et percutante. Excellent début !

Tome 3

Capeta continue d’avoir la capacité de m’intéresser à un sport que je ne pensais vraiment pas trouver aussi passionnant sur le papier, surtout avec des enfants : le karting. Tome peut-être moins flamboyant et plus âpre que les précédents, ce fut encore un joli moment d’émotion familiale.

J’ai eu un quasi coup de coeur pour les premiers tomes de l’aventure de Capeta où il découvrait sous le regard tendre son père sa passion pour la vitesse et la conduite à travers un kart maison. J’ai encore beaucoup aimé ce tome où les choses sérieuses commencent.

J’ai trouvé à nouveau très tendre le focus sur la relation entre ce père et ce fils du commun, en opposition avec la relation plus froide entre cette mère championne et son fils qui cherche à suivre sa voie. Ces derniers ont perdu leur authenticité, tandis que Cap et son père la cultive, celui-ci renonçant même aux facilités d’un grand club pour poursuivre son rêve avec son père. La classe !

Cependant, cela donne un tome plus difficile, moins attrayant à lire du côté purement sportif. En effet, ça parle plus technique, moteur, cadre, circuit et comme c’est résistant pour le héros, ça l’est aussi pour nous et j’ai trouvé cela, non pas moins intéressant, mais moins flamboyant. Il n’y a pas la flamme comme au début quand il découvre ce sport. Cependant, on trouve très vite un nouvel intérêt, voir comment Cap va s’adapter à ce nouvel environnement et nouveau moteur sur le tas et procéder à des ajustements en direct, ce qui est très chouette !

De plus, Masahito Soda sait toujours aussi bien jouer de ses procédés narratifs. Il rythme à merveille son tome et sait ajouter une petite pointe de danger au bon moment pour faire peur et secouer un peu le héros, le faisant ainsi grandir. Il est juste dommage que parfois, son dessin cartoonesque fasse perdre de cette intensité avec la bonhommie des personnages qui donne plus envie de sourire que d’avoir réellement peur…

Tome avec une flamme plus petite et moins brillante que précédemment, cela reste un beau tome d’introduction comme les précédents où on voit petit à petit le héros entrer dans le monde du kart pro et découvrir ses particularités, tout en adaptant à lui, et sans lui faire perdre son authenticité et son amour pour sa famille. Beau et touchant.

Tome 4

Premier vrai tour de piste pour Kappeita et on entre dans le vif du sujet. Entre ce qu’on imagine et la réalité, il y a souvent un pas, notre héros l’apprend sur le terrain.

Après son super temps qui explose tous les records, on pourrait croire Kappeita grand favori de sa première course, c’était sans compter la pression et la réalité de celle-ci pour un novice. Masahito Soda ne tombe pas dans le piège de la facilité et nous offre ainsi un tome passionnant car plein d’aspérité. Jeune héros en pleine construction, son fan de bolide, réfléchit, réalise ses erreurs et s’adapte. Il est excellent à suivre pour cela. Autour de lui, on adore aussi le regard que les autres posent sur lui, de ce père si fier de lui, à cette experte de la vitesse qui voit son potentiel, sans parler de son futur rival qui se sent frustré par ses erreurs. C’est hyper vif et entraînant.

Il y a vraiment une belle atmosphère humaine dans cette série en dépit du fait qu’on soit tellement entouré de mécanique. Les succès et les échecs du héros en sont la preuve, ils le font grandir et réfléchir aussi bien sur son engin que sur lui. Kappeita réalise que ce n’est pas la faute de son kart mais de sa propre impatience ou de ses propres peurs s’il ne fait pas ce qu’il veut et c’est lumineux de suivre ainsi son cheminement intérieur. On assiste aussi à un moment fondateur lors de cette première course quand il réalise que pour pratiquer la course qu’il veut, il doit d’abord surmonter, dépasser certaines contraintes et faire des choses qu’il n’aime pas. C’est ça la vie !

Le trait de Masahito Soda m’a ainsi vraiment fait vibrer tout au long de ce tome, que ce soit lors des moments de course, terriblement intense puisque notre jeune héros donne tout, ou lors des moments plus calmes et intérieur, par exemple lorsque le père repense à sa défunte épouse avec émotion. C’est beau. Il y a beaucoup de force dans le trait et l’énergie que le mangaka met dans ses compositions. Il est vrai que cela nous explose au visage lorsque Kappeita est sérieux et s’implique enfin totalement dans la course, entreprenant cette folle remontée, mais il ne faut pas hésiter à ralentir aussi et le noter dans chaque interstice de l’oeuvre.

Suite toujours aussi passionnante qui inscrit définitivement Capeta dans les oeuvres sportives passionnantes et humaines, l’auteur nous plonge dans la première course en situation du héros et montre avec brio toutes les contraintes que même un génie comme lui doit affronter. Parabole de la vie où rien ne nous tombe tout cuit dans la bouche, c’est un moment fondateur pour l’oeuvre où chacun réalise à quel point Kappeita en veut. J’espère revoir encore nombre de scènes comme ça !

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2 commentaires sur “Capeta de Masahito Soda

  1. Au vu du thème, j’ai failli passer outre ta chronique pensant que le titre n’était pas pour moi. Grand bien m’a pris de ne pas me fier à ma première impression. Ton avis donne envie de découvrir ce manga qui va plus loin que des courses de voiture… 🙂

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