Villageois LVL 999 de Hoshitsuki Koneko, Iwamoto Kenichi et Fuumi

Titre : Villageois LVL 999

Auteurs : Hoshitsuki Koneko, Iwamoto Kenichi et Fuumi

Éditeur vf : Mana Books

Années de parution vf :  Depuis 2023

Nombre de tomes vf : 1 (en cours)

Résumé : A sa naissance, chacun reçoit un rôle et ne peut pas s’en défaire au long de son existence. Les villageois, considérés comme les moins importants, sont obligés de travailler pour le développement des villes sous la protection d’êtres supérieurs. Kagami, l’un des villageois, atteint le niveau 999 et rencontre Alice, la fille du roi démon. Il entame une lutte pour rendre le monde meilleur.

Mon avis :

Tome 1

Dernière nouveauté un brin loufoque de Mana Books toujours spécialisé dans les histoires en lien avec les jeux vidéos, Villageois LVL 999 est typiquement le genre d’ouvrage où tout est fun, tout est référencé, tout est léger et où on s’amuse sans prise de tête.

Les récits de Fantasy, c’est un peu mon dada, mais les RPG un peu moins. Je ne suis pas du tout une joueuse de jeux vidéos, du coup ce sont des univers qui me parlent peu… Pourtant tout au long de cette lecture, même si l’aventure n’a pas brillé par son originalité, je me suis amusée grâce au sens de la répartie et l’humour grinçant et décalé d’Hoshitsuki Koneko, le responsable du scénario. Associé à Iwamoto Kenichi au dessin et Fuumi à la conception des personnages, ce trio propose un titre vraiment entraînant pour peu qu’on adhère au genre et qu’on n’ait pas peur des 13 tomes encore en cours au Japon ^^!

Quant il a s’agit de s’attaquer à ce type d’histoire, j’ai souvent été plongée dans des isekai ces derniers temps. Là, ce n’est pas du tout le cas. Nous sommes dans un univers original où le quotidien des habitants de ce royaume est cela d’acteur de scénario de jeux de rôles. Ils incarnent ainsi réellement leurs rôles de héros, mage, sage, martialiste, démon ou villageois et pour eux c’est normal, c’est leur quotidien, de gagner des points de vie, d’obtenir des points en vainquant des slimes, etc. Ce fut assez surprenant à lire et totalement décalé pour moi qui ne suis pas habituée.

Je me suis ainsi amusée à suivre le quotidien de Koji, villageois de niveau 999, ce qui est totalement improbable pour lui qui était destiné à être une victime impuissante dans cet univers, mais à force d’astuce et de combats quotidiens, il a franchi toutes les étapes et atteint un niveau que beaucoup de héros lui envient. Pour autant, c’est un « héros » discret et nonchalant qui ne fait ça que pour pouvoir s’offrir les petits plaisirs de la vie qui lui font envie à l’instant T. Ainsi, un jour il se lance dans une chasse aux monstres parce qu’il a envie de sushi deluxe, mais il fait alors une rencontre surprenante : la fille du roi des démons que son caractère séduit et qui a désormais envie de l’épouser. Le hic ? C’est une petite fille et les démons sont quand mêmes les « méchants » de cette histoire.

Bien que très légère et clichée, la lecture est résolument entraînante. On s’amuse de ce personnage anti-héros comique par excellence, qui n’a rien d’un héros sur le papier mais dont les actes témoignent du contraire. Cependant, il nous prend toujours par surprise, ne se comportant jamais comme on l’attend. Il va former un drôle de duo avec Alice, la fille du roi démon et de leur rencontre découlera une histoire différente de ce qu’on aurait pu penser au début, sur fond de racisme, ségrégation, self made man, humanisme et j’en passe.

J’ai été surprise par les thématiques qui sont apparues dans la seconde partie de ce premier tome. Je ne m’attendais pas à un titre qui vanterait le rapprochement ou du moins l’entente et le dialogue entre humains et démons pour vivre dans un monde meilleur. Cela n’a rien de vraiment profond pour autant pour le moment. A l’image des dessins, c’est joli, c’est bien fait, mais sans rien pour vraiment sortir du lot et se détacher. C’est un peu lisse et prévisible. Cependant, j’ai passé un bon moment et je suis ravie que l’éditeur m’ait envoyé son joli service presse avec ses goodies : pins et mini-jeu de plateau, dont vous pouvez voir quelques photos ici.

Voici les débuts d’une série diablement amusante qui reprend et tord le cou à la fois aux clichés des RPG se déroulant dans un univers d’héroïc fantasy. Ici, les auteurs proposent de vraiment plonger dans un de ces mondes comme si on était l’un de ses habitants mais aux côtés d’un personnage principal qui est un anti-héros surprenant et décalé. Humour et aventure sont au rendez-vous sur fond de discours anti-raciste et d’ouverture à l’autre pour vivre dans un monde meilleur.

Tome 2

Sur le même modèle de série divertissante, classique mais pourtant ruant dans les brancards, cette suite offre une réflexion pertinente sur notre rapport à l’autre, à celui qui est différent et sur qui parfois on rejette notre frustration. Surprenant dans un titre aussi pulp !

Même si je ne me fais pas d’illusion sur le caractère hautement divertissant de l’oeuvre qui est limite parodique, j’ai vraiment apprécié ce tome où les auteurs en viennent à fouiller les personnages rencontrés dans le tome 1, faisant prendre ainsi une nouvelle direction à l’histoire développée. Là où le précédent était vraiment une introduction, le nouveau élabore une nouvelle stratégie basée sur l’opposition humains / démons et le désir du héros de ne pas tomber dans ce cliché mais de créer un pont entre les deux mondes.

C’est en soi assez utopique et les obstacles qu’il trouve sur sa route sont assez évidents, mais c’est aussi revigorant d’avoir ce type de dynamique et de ne pas juste tomber sur un affrontement duel et manichéen entre les deux entités. Bien sûr les résistances, elles, le sont. Bien sûr, les dialogues et l’écriture de ce tome sont assez lisses et clichés eux aussi. Mais l’ensemble se danse bien et on se retrouve vite impliqués dans l’histoire.

J’ai vraiment pris plaisir à suivre Kagami et Alice, la fille du roi démon qu’il a recueilli, à les voir se nouer avec d’autres, notamment de vrais héros pour former un groupe qui saura échanger sur leurs points de vue différents pour au final foncer vers un même but. Les échanges, les dialogues sont ce qui aura de l’importance ici, même si l’action est également au rendez-vous à l’aide de combats punchy entre humains ou humains vs démons. Les auteurs mettent bien en scène les deux types de scène et font ainsi avancer leur histoire dans la bonne direction, avec même une pointe de mystère autour de la figure du Roi des démons que semble connaître Kagami et qui n’a pas l’image qu’on s’en serait fait.

D’ailleurs, cet aspect conduit à définir l’oeuvre comme étant une belle parodie du genre. Les auteurs jouent des clichés sur chaque type de personnages : héros, mage, princesse, démon, villageois, martial. On a des personnages qui devraient être forts qui sont faibles, un personnage très masculin qui est une femme, un héros qui devrait être courageux qui a d’autres objectifs, et j’en passe. C’est à la fois lisse, classique et savoureux grâce à ce détournement de ce qu’on attend du récit. Après, comment cela va-t-il tenir pendant les 13 tomes en cours au Japon, je m’interroge.

Début drôle, pêchu et en même temps avec un discours intéressant sur les différences entre groupe qui poussent à des incompréhensions et des tensions, Villageois LVL 999 surprend et amuse. Les auteurs prennent le temps de mieux définir les contours et les thèmes de leur histoire ici avec un héros toujours aussi atypique au passé sombre pour en arriver là. On aime les révélations, on aime les discussions, on aime les combats, mais cela reste avant tout une parodie assez lisse et légère.

(Merci beaucoup à Mana Books pour cette drôle d’aventure)

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