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L’Amour le plus lointain au monde d’Asou Mitsuaki

Titre : L’Amour le plus lointain au monde

Auteur : Asou Mitsuaki

Éditeur vf : IDP – Hana Collection

Année de parution vf : 2022

Nombre de pages : 176

Résumé : C’est par hasard que se rencontrent Isuzu et Tôka, l’un atteint de surdité profonde et l’autre violoniste. Ensemble, ils vont petit à petit trouver chez l’autre ce qui leur fait défaut et se rapprocher. Tôka réalise alors qu’il a des sentiments pour Isuzu. Mais une fois sa flamme déclarée, il se rend compte qu’Isuzu est plus qu’hésitant…

Mon avis :

Tome 1

Pour son troisième titre chez nous, Mitsuaki Asou nous offre une histoire âpre et sensible sur fond de musique et de handicap qui m’est allée droit au coeur.

Pourtant au vu de ses précédents titres, je ne m’attendais pas à une histoire aussi douce et émouvante. Dans Only You (2015), elle mettait en scène une classique histoire entre patron et employé. Dans Re-naissance (2022), c’était au tour d’un écrivain et d’un policier amis d’enfance dans un omegaverse. Pas forcément à chaque fois quelque chose qui m’avait touchée. Mais ici avec ce mélange de handicap et de musique, il se passe quelque chose.

Il faut d’abord savoir que nous sommes ici avec un tome 1 sorti en 2021 au Japon dont on attend désespérément la suite T.T On y fait la rencontre assez âpre au début entre un jeune investisseur privé qui est sourd et vit dans une sorte de routine solitaire et une encore plus jeune violoniste autodidacte repéré par une grande école et jalousé par ses camarades. Chacun vit un peu dans la peur de ce qui l’entoure : l’un le monde extérieur, l’autre sa propre musique, mais le destin va les mettre en contact.

J’ai beaucoup aimé l’ambiance un tantinet douloureuse du titre qui se dansait bien avec la luminosité qui éclatait de plus en plus au contact du duo. Ce fut poignant de suivre leur rencontre et l’évolution de leur relation, ainsi que la découverte de leurs peurs et de leurs freins dans la vie. J’ai beaucoup aimé cette dynamique entre ombre et lumière, entre silence et bruit où les mots prononcés et écrits prennent une telle importance mais aussi juste les gestes et les regards parfois. La surdité est décidément un excellent ressort scénaristique pour faire ressortir les émotions.

Ici, Isuzu est un personnage lumineux et fragile à la fois qu’on a envie de soutenir et de pousser à sortir de chez lui. L’autrice décrit merveilleusement le drame quotidien de son handicap dans notre société si peu adaptée à lui. C’est à lui de faire les efforts à cause de ça et ça le bouffe, littéralement. Elle l’illustre dans un chapitre marquant. En face de lui, le jeune Toka qui vivote un peu dans la vie malgré sa passion évidente donne aussi envie qu’on l’encourage. C’est un être encore brut mais qui a su reconnaître la belle âme d’Isuzu. Il est excessif, passionné et en même temps tendre et attentif.

J’ai adoré la passion de Toka pour le violon, la musique et les freins que son apprentissage hors clous occasionne. C’était une belle balance avec le handicap d’Isuzu avec un focus sur les sons, que ce soit ceux des mots ou de la musique. Cela donne lieu à des pages belles et sensibles où leurs échanges passent par des écrits, des applications mais aussi la gestuelle et la fixation des belles lèvres de chacun. L’autrice nous fait bien sentir combien la communication verbale ou non est essentielle dans la vie. Mais l’autrice nous imprime aussi qu’elle n’est pas unique mais multiple et qu’il faut savoir être souple pour trouver un accord avec l’autre. C’est très pertinent.

La romance qui va se nouer entre Toka et Isuzu, si évidente qu’elle est pour nous, ne l’est pas pour eux. C’est un tendre slow burn où les difficultés sont multiples : le handicap d’Isuzu, ses anxiétés sociales, le mal être de Toka, leur différence d’âge. On sent que l’autrice prend son temps de cultiver tout cela pour nous servir sa plus belle version de cette recette et étant une fine gourmée, j’ai eu apprécier cela.

Pour un troisième essai, c’est le plus réussi de l’autrice. Il en devient dommage que seul un tome soit paru au Japon et qu’on n’ait pas de nouvelles depuis tant sa sensibilité à fleur de peau est émouvante et communicative. J’ai été touchée par le destin hors norme de Toka le violoniste et Isuzu le sourd, une rencontre âpre et sensible qui ne peut laisser indifférente avec de très belles pages sur les difficultés à être différent dans notre société.

(Merci Hana Collection pour cette lecture)

>> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Vous ?

9 commentaires sur “L’Amour le plus lointain au monde d’Asou Mitsuaki

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