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L’Auberge de la vie de Nozo Itoi

Titre : L’Auberge de la vie

Auteur : Nozo Itoi

Traduction : Alexandre Goy

Éditeur vf : Akata (L)

Année de parution vf : 2024

Nombre de tomes vf : 1 / 2 (en cours)

Histoire : Le cap de Shide est aussi connu sous le nom de “cap de la mort”. C’est là que se rendent celles et ceux qui, n’ayant plus la force de vivre, décident de se jeter de la falaise pour mettre fin à leur existence. Sumomo fait partie de ces personnes qui souhaitent se suicider. Mais avant de commettre l’irréparable, il lui reste une dernière chose à ac- complir : revoir une dernière fois la mystérieuse Yûko, qui est justement devenue la gérante de l’auberge Gilda qui se trouve à quelques minutes à pied de là…. Mais les retrouvailles ne se déroulent pas comme prévues…

Mon avis :

 Tome 1

Rencontrée à l’occasion d’une série déjà fort émouvante sur le lien à créer entre une petite fille abandonnée et son père, Nozo Itoi est une autrice en qui je place de grands espoirs pour la suite de sa carrière et ce poignant récit sur la difficulté de vivre en est la preuve supplémentaire.

En effet, aborder la question du suicide est toujours une chose un peu casse-gueule. On peut tomber dans le pathos à l’extrême, dans le surjeu d’un mélodrame ou dans un désintérêt poli qui fait mal. Mais l’autrice évite ici tous ces écueils grâce à sa belle sensibilité qui se traduit par un récit doux-amer poétique de la plus belle eau.

Sumomo, jeune fille au look très marquée, débarque un jour dans un lieu qui est un vrai spot pour suicides. Alpaguée par le serveur de l’auberge du coin, elle va découvrir un lieu encore plus singulier qui va lui faire reprendre confiance en l’humanité et en elle-même.

L’autrice n’hésite pas à mettre les pieds dans le plat pour évoquer le mal être de tous ces gens qui se rendent dans de tels lieux. En utilisant l’aventure humaine que va vivre Sumomo, elle va ainsi nous confronter au harcèlement au travail, aux relations de famille toxiques, au divorce, et encore à plein d’autres situations assez déprimantes qui peuvent expliquer ce désir d’en finir de certains. Cependant, elle ne tombe jamais dans le pathos ou le mélodrame, elle cherche bien sûr à comprendre ces gens mais surtout à les aider en leur montrant qu’une autre voie est possible. C’est ce qui m’a touchée.

J’ai beaucoup aimé sa narration à la fois poétique et pourtant simple qui va ainsi toucher l’âme du lecteur. C’est à la fois très beau, presque onirique, souvent doux-amer et parfaitement lisible. Elle ne part pas dans les (si beaux mais compliqués) délires d’autrices comme Mari Okazaki ou Ryo Ikuemi, qui quand elles explorent l’âme humaine se laissent un peu emporter dans des effets de styles peu lisibles pour certains lecteurs. Ici, c’est plus sobre mais tout aussi beau, poignant et marquant.

Il faut dire qu’elle a pour cela imaginé le lieu parfait, sorte de comptoir entre la Terre et le Ciel, cette auberge des âmes en peine est vraiment un très beau cadre pour cette histoire. On y savoure la cuisine délicieuse du chef Zen (ça ne s’invente pas !) et on y admire ce superbe paysage qui donne également des envies de s’envoler et pas que vers d’autres cieux. L’autrice l’a surtout imaginé comme un beau lieu de rencontres, un lieu de discussion, un lieu où ouvrir son âme et partager ses vagues à l’âme. C’est très beau, très doux et poignant.

J’ai été touchée pour ma part par le quatuor, présent en couverture, qui va se dessiner et mener la danse de ces rencontres. Le chef Zen apaise par son calme et ses bons petits plats. La belle Yuko charme tout le monde avec son air mystérieux et doux. Ibuki, lui, est l’élément tout feu tout flamme, qui va charmer ses dames, mais aussi savoir piquer là où ça fait mal. Il forme un beau duo avec la petite dernière Sumomo qui va changer à leur contact et s’intégrer très facilement au groupe pour participer à leurs missions de sauvetage. Chaque histoire est ainsi vraiment l’occasion de plonger dans l’âme humaine et de sauver celle-ci grâce aux qualités de chacun.

Il est juste dommage à ce stade qu’on en sache si peu sur chacun au final, ce qui risque de rester en l’état, car la suite semble vouloir privilégier le passé mystérieux (enfin plus tant que ça) de Yuko et Sumomo. Mais qu’en est-il du patron et d’Ibuki ? J’ai peur que ce soit un peu bref et rapide pour moi, alors que je suis pour le moment totalement sous le charme de cette ambiance apaisante.

Quand parler du suicide revient à parler de la vie ! Nozo Itoi a tout compris et le fait avec force et émotion dans le premier tome d’un diptyque doux-amer poignant peuplé de personnages attachants qu’on a tous envie de découvrir et un cadre enchanteur qui invite au dépaysement et nous plonge dans un cocon. Merveilleusement douloureux et thérapeutique !

> N’hésitez pas à lire aussi l’avis de : Vous ?

12 commentaires sur “L’Auberge de la vie de Nozo Itoi

  1. La couverture et les dessins donnent vraiment envie d’ouvrir ce manga, les thèmes abordés sont peut-être un peu trop durs pour moi, par contre, même si d’après ce que tu dis ça reste plutôt tourné vers l’espoir.

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    1. Oui, c’est bien amené pour ne pas trop nous plomber non plus et qu’on finisse à notre tour en dépression, heureusement. Mais je pense que ça peut peut-être réveiller des choses chez des gens sensibles au sujet, donc il vaut mieux prévenir que guérir.

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  2. C’est vrai que parler de suicide, c’est risqué et tu décris très bien pourquoi. Le sujet est tellement sensible, tellement délicat qu’il faut savoir trouver une certaine justesse pour en parler. Apparemment l’auteure s’en sort très bien ici, tout en dévoilant aussi bien les problèmes qui peuvent amener à un tel acte. La lecture a dû être parfois éprouvante même si elle a su apporter une touche de poésie. La couverture est très douce et franchement, en la découvrant je n’aurais pas pensé qu’elle soit liée à un thème aussi triste. Mais c’est bien d’en parler, il faut en parler. Merci pour cette touchante découverte Tachan ! 🫶

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    1. Ce fut effectivement une lecture riche en émotion qui m’a souvent serré le coeur, l’autrice le fait très bien, sachant trouver la bonne distance, tu l’as compris. J’espère que mon post et celui d’autres lecteurs donnera envie à d’autres de le découvrir car ce titre le mérite, tout comme le catalogue fort sensible d’Akata.

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