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Basara de Yumi Tamura

Titre : Basara

Auteur : Yumi Tamura

Editeur vf : Kana

Année de parution vf : 2001-2006

Nombre de tomes vf  : 27 (série terminée)

Résumé : Dans un Japon néo-féodal situé dans un futur très lointain (24e siècle), la civilisation a disparu, victime de guerres incessantes… Les hommes sont retournés à une société primitive, agraire. Le pouvoir est aux mains de quatre rois, sous la coupe suprême de leur père, l’Empereur. Chacun a tout pouvoir sur son territoire et son armée. A chaque dirigeant est assignée une couleur : rouge, bleu, blanc et noir. L’or est réservé au Roi des Rois. Sa méthode pour conserver son pouvoir : diviser ses enfants pour mieux régner. Si un seul se distingue, il risque sa vie…
À la naissance de son plus jeune fils, Shuri, le Roi Rouge, une prophétie annonce qu’il sera « celui par qui le malheur arrivera ». Éloigné immédiatement de la cour, Shuri reçoit le domaine le plus pauvre…
Quelques années plus tard, naissent dans un village perdu dans les montagnes des jumeaux : un garçon, Tatara et une fille, Sarasa. Selon la légende, Tatara est investi d’une mission importante : libérer son peuple de la tyrannie du Roi Rouge. Hélas, le jeune homme est lâchement assassiné par les hommes du souverain. Sarasa choisit alors d’endosser l’identité de son défunt frère et de suivre le destin de Tatara…

Mon avis :

Tome 1

Depuis quelques mois, je me fais un plaisir de relire les séries phares de mon adolescence pour voir si elles sont aussi excellentes que le souvenir que j’en ai et pour le moment, je dois dire que c’est un sans faute. Bien sûr, il en va de même avec Basara de Yumi Tamura, l’un des premiers shojo d’aventure que j’avais eu l’occasion de lire à l’époque.

Yumi Tamura est une autrice japonaise de shojo et josei, qui depuis toujours aime s’aventurer dans tout un tas de genre. Elle a ainsi écrit des séries de fantasy (Basara), d’autres de SF (Chicago, 7 Seeds), mais aussi des tranches de vie plus ou moins réalistes ou fantastiques (Wild.com) selon ses envies, ainsi que des polars (Don’t call it mystery). C’est vraiment une touche à tout. Au début des années 2000, Kana tire donc le gros lot en publiant sa première saga fleuve : Basara sortie dix ans plus tôt au Japon. Cependant la série eu du mal à trouver son public en France, peut-être entre autre à cause des couvertures remaniées par l’éditeur qui n’aidaient vraiment pas à se faire une idée de la beauté et de la force des compositions graphiques de l’autrice avec ses énormes fonds blancs où seul un petit rond de l’illustration d’origine ressortait… Cependant, moi la série m’a de suite happée et à raison !

Basara, c’est un récit unique à l’époque qui mélange histoire futuriste avec un récit qui se passe dans un Japon post-apocalyptique et récit de fantasy avec la prophétie qui est au coeur de l’histoire. C’était fascinant et le talent de narratrice de l’autrice aidait beaucoup à y plonger.

En effet, Yumi Tamura a pondu ici un premier chapitre juste parfait dans son genre. Il nous permet de découvrir l’univers singulier de son oeuvre mais surtout le ton dramatique inspiré des meilleures tragédies grecques qu’elle installera dans l’ensemble du récit, notamment grâce à une romance à la Roméo et Juliette qui balaiera nos petits coeurs sensibles.

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L’histoire de Basara se déroule dans un Japon lointain où les hommes ont tout ravagé, le Japon étant devenu un immense désert. Après une très très longue période de guerres intestines, un Empereur a su vaincre tout le monde et unifier le pays. Il a ensuite divisé son royaume en 4 entités à la tête desquelles il a placé ses fils. Mais des siècles plus tard, plus rien ne va, ses descendants étant devenus de vrais tyrans.

Basara propose donc le récit d’une révolte, que dis-je le récit d’une révolution. Le peuple en a marre. Il a besoin de croire qu’un Elu existe pour le sauver. C’est dans une petite tribu perdue dans le désert qu’on prédit sa venue mais celui-ci, Tatara, né avec une jumelle Sarasa, l’héroïne que nous allons suivre. Sarasa vit dans l’ombre de son frère, personne ne fait attention à elle, ce qu’elle vit très mal. Jusqu’au jour, où les troupes du Roi Rouge (fils de l’Empereur) viennent exécuter son frère et ravager son village. Sarasa prend la relève de la révolte !

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Basara est donc un récit plein de souffle mais aussi un récit complexe. Dès le premier tome, il y est question de prophétie inspirée en partie de la mythologie asiatique avec l’arrivée d’un Elu et la quête de 4 sabres portant les noms d’animaux sacrés. Il y est aussi question d’un pays sous le joug d’une tyrannie et la façon dont les habitants l’accueillent, certains souhaitant se rebeller. La révolte gronde donc mais pas seulement de la part du peuple, il y a aussi l’un des fils du Roi qui aspire à plus de justice et de modernité. Il est donc également question de faire renaître ce pays en déliquescence où même la nature est au bord du gouffre, on souhaite donc son retour. Mais on souhaite aussi moderniser un pays où la place des femmes, par exemple, est totalement à revoir. Et encore, ce ne sont que les principaux thèmes de cette introduction, il y aura encore plein plein d’autres sujets qui seront abordés au fil de cette vaste saga.

Celle-ci repose sur le souffle épique des récits d’aventure. L’histoire va s’articuler autour d’une vengeance, qui sera le moteur premier de la révolution qui va se mettre en branle, mais qui va voir d’autres motivations venir s’y agréger petit à petit. Nous avons donc un début très manichéen, où le gentil peuple opprimé va tenter de se rebeller contre les méchants nobles oppresseurs. Les gentils sont très gentils et les méchants très méchants. Mais la force de l’autrice est de très vite sortir de ce schéma. Elle montrera les failles de la gentillesse du premier clan, et la complexité cachée derrière la soi-disant méchanceté des derniers.

Pour cela, elle développe des personnages extrêmement charismatiques. Son héroïne Sarasa en tête, est une nouvelle Jeanne d’Arc, mais également d’autres dans son entourage. Je suis fan du mystérieux et gouailleur Papillon de nuit. J’ai été touchée par la tendresse et le grand coeur de Nagui et vieux Kaku. Mais surtout, je suis déjà fascinée par Shuri et sa double identité. C’est vraiment celui qui souhaite le plus la rupture avec le monde actuel dans ceux qu’on voit. Enfin, j’ai été surprise par l’ambiguïté avec laquelle l’autrice présente son bras droit le shogun Kazan, capable des pires horreurs mais aussi de bonté d’âme envers la mère de Sarasa. Tout est donc bien plus compliqué qu’on ne le croirait.

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Ce premier tome se lit avec délice. On savoure l’humour que l’autrice aime instiller dès les premières pages. On s’amuse des frasques de l’héroïne depuis toute petite et des relations chaleureuses qu’elle entretient avec son entourage. On est touché par l’amour qu’ils éprouvent les uns pour les autres. C’est pour cela qu’on est d’autant plus douloureusement frappé par ce qui leur arrive et qu’on en vient très vite à une histoire à fleur de peau où le drame nous accable car les sacrifices sont nombreux et la peine et la douleur nous attendent à chaque tournant. C’est fascinant la rapidité avec laquelle l’autrice plante son décor, présente ces principaux personnages et lance son aventure épique.

Alors oui, à côté de ça les dessins de Yumi Tamura sont clivants. Moi, je les adore mais je sais qu’ils en rebutent certains. Personnellement, je suis fan de leur finesse, de leur poésie, de leur richesse émotionnelle et expressive. L’autrice nous immerge totalement dans ce Japon désertique avec son trait fin et sablonneux. Elle est capable de croquer ses personnages en SD (super-deformed) de façon à bien nous faire rire, comme de les rendre hyper beaux et/ou charismatiques/émouvants dans les moments clés. En plus, à cette époque-là, elle surchargeait moins ses cases que dans ses séries suivantes, alors si vous voulez la découvrir, il vaut mieux le faire avec Basara, qu’avec le trop bavard Don’t call it mystery par exemple ^^.

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Il y aurait encore énormément à dire sur les débuts de cette saga fleuve qui pose déjà ses plus grandes bases ici. Si vous aimez les récits originaux, s’appuyant sur des univers inventifs mais aussi référencés avec ce Japon futuriste rappelant fortement l’époque shogunale, vous aimerez. Si vous aimez les récits post-apocalyptiques qui sortent du lot, ou si vous aimez les récits de fantasy avec une prophétie, un élu et une quête, vous aimerez. Si vous aimez les récits féministes avec des femmes fortes, vous aimerez. Ou si vous aimez juste les récits humains, bien construits et bien racontés, vous aimerez. Basara est vraiment l’une des plus belles saga que j’ai pu lire et ce n’est pas pour rien !

>> N’hésitez pas à lire aussi les avis de : Les Lectures du Kitsune, Minimouth Lit, Le dossier MangaNews, Vous ?

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Tome 2

Je vous ai parlé de tout mon amour pour cette saga déjà en vous présentant le tome 1, la suite ne va faire que renforcer ce sentiment qui déjà s’approfondit avec un tome 2 où drames romantiques et drames personnels s’accentuent dans ce paysage de royaume au bord de la rupture.

Sarasa vit mal les obligations liées à son nouveau statut. Dur pour elle d’accepter ses morts et sacrifices liées à son sa position d’Elu alors qu’elle a toujours vécue une vie protégée loin de tout ça. Elle fuit. Mais le destin la rattrape et l’aventure repart de plus belle.

L’épopée héroïque de Basara ne s’arrête jamais vraiment. Elle est toujours là à nous saisir. L’autrice pour cela accentue le côté dramatique de son univers. Celui-ci n’aura jamais été aussi peu manichéen car les promesses d’un Roi rouge peut-être pas si terrible qu’on croyait voire gentil, ont disparu sous la réalité de ses actes. Non, il n’est pas le tyran arbitraire, sanguinaire et fou qu’est son père, mais ce n’est pas un ange non plus. Tel Machiavel, nous découvrons un souverain terriblement intelligent, une vraie bête politique, mais un homme de son temps aussi, un homme qui croit aux progrès mais qui a des méthodes bien expéditives et radicales. Je suis assez fascinée par cet ange-démon.

L’autrice continue donc à développer des personnages toujours plus charismatiques et fascinants aux côtés de Sarasa. La découverte du Roi Rouge, s’accompagne de celle de son fidèle Shido et de Papillon de nuit par ricochet. En effet, Shido est le bras droit de Shuri, son meilleur ami, il a l’air la douceur et la bonté même, mais c’est aussi un général implacable. Ainsi fils de la famille qui a utilisé Papillon de nuit comme esclave, ces deux-là on une drôle de relation d’amour-haine et de compréhension mutuelle assez fascinante. Et tout se mélange pour former une histoire vraiment singulière dans ce monde où la révolte gronde et gronde encore.

Je vous avais dit que l’autrice avait construit un solide univers. Cela se vérifie ici à la fois par la découverte de nouveaux pans du fonctionnement de la société archaïque dans laquelle ils vivent, inspirée de l’Histoire passée du Japon, mais aussi de l’Occident avec notamment cette présence de l’esclavage. Mais cela se vérifie aussi dans la mythologie de l’histoire qui se creuse avec la rencontre d’un autre porteur de sabre, dans un lieu bien singulier, qui nous permet de découvrir l’histoire d’un ancien clan qui a lui aussi tenté de se révolter. Sarasa se rapproche de plus en plus de sa vraie nature sans le savoir.

L’aventure de notre Élue se poursuit, elle nous emporte vers bien des lieux et bien des gens. Elle fait des rencontres fortes et importantes en connaissance de cause et parfois sans le savoir. Yumi Tamura nous fait voyager, elle, dans ce nouveau Japon qui a bien changé. C’est fascinant de voir à quel point la noirceur de ce royaume se mélange bien avec la pureté de son héroïne et le romantisme dramatique de ses rencontres avec le beau et mystérieux Shuri. Je suis archi fan du mélange !

Tome 3

L’aventure de Tatara/Sarasa et désormais bien lancée. Bien que le décor soit bien planté à chaque tome se dévoilent de nouveaux alliés et ennemis et c’est passionnant.

L’intrigue est de plus en plus sombre, de plus en plus complexe. L’autrice nous montre tantôt le côté pile, tantôt le côté face de chacun, tantôt leurs forces, tantôt leurs turpitudes. C’est fascinant. Impossible de trancher concernant le Roi rouge et ses proches. Je vois du bon comme du mauvais en eux. Ils ont envie de révolutionner le pays, de lui redonner vie, de le rendre meilleur qu’il ne l’est et ils font de belles choses pour cela, mais à côté ils sont d’une violence sanglante pour réprimer tout acte qu’il juge susceptible d’entraver leur action et ils font froid dans le dos. C’est comme si l’autrice avait redonné vie à Oda Nobunaga dans un contexte moderne et futuriste. On retrouve le même charisme, le même génie, et le même sens politique froid et dévastateur. Génial !

L’affrontement avec Tatara/Sarasa est donc inévitable. En plus, du désir de vengeance de celle-ci, ses actes vont soulever des foules à l’encontre du Roi Rouge et de sa politique si complexe que personne ne la saisit totalement. Sarasa, dans ce tome, va se découvrir de nouveaux alliés en suivant les légendes dictées par Nagui. Elle avait déjà trouvé Hayato à la fin du tome précédent, héritier du sabre de Suzaku. Ce dernier est rejoint par Chacha et ses amis pirates, descendants du dit village. Et ensemble, ils vont vivre une magnifique mais dramatique nouvelle aventure. Chacha et Zaku, son bras droit, sont un superbe couple très charismatique. J’adore ce qu’inspire Chacha en tant que femme à poigne. Et on voit Sarasa évoluer joliment à leur contact.

Mélangeant légende, révolution et politique, ce tome offre à nouveau de belles scènes dramatiques mais surtout permet de découvrir encore à quel point l’ensemble des personnages sont superbement écrits. La complexité évidente du Roi rouge n’est que l’arbre qui cache la forêt, car tous en fait ont de belles personnalités complexes et travaillées. Ainsi, l’aventure est au rendez-vous aussi bien par les rencontres et les combats qui ont lieu, que par les découvertes qu’on fait sur les désirs et aspirations de chacun. Quelle sublime épopée !

Tome 4

Encore une fois, j’ai été hyper emballée par ce tome où l’autrice ne mollit vraiment pas, enchainant les catastrophes, les drames, les moments de réflexion, les instants romantiques et la relance de son intrigue vers des lieux toujours plus sombres et dérangeants. Du grand art !

Après le grand geste de Shuri, l’Histoire est en marche pour lui, pour ses alliés, mais aussi pour ses ennemis. Du côté de Sarasa, c’est la nature qui reprend ses droits avec cette éruption brutale qui vient tout bouleverser, ravivant l’espoir d’un côté mais fauchant les jeunes pousses de l’autre. On assiste à un duel terrible entre elle et Shuri, dans un Japon toujours aussi dévasté, ce qui doit être encore plus saisissant pour les lecteurs Japonais qui reconnaissent ici des lieux qu’ils connaissent vu que l’autrice s’en inspire. C’est un combat dramatique comme on pouvait s’y attendre où l’autre utilise toute sa science de la mise en scène. J’y ai noté un certain hommage au manga Hokuto no Ken aussi bien dans les décors, personnages qu’ambiance et c’était fabuleusement dramatique avec la disparition inattendue d’un personnage que je pensais clé pour l’histoire.

L’autrice fait s’affronter avec cruauté et réalisme deux visions de l’avenir : une vision pacifique peut-être un peu trop idéaliste, et une vision plus pragmatique et guerrière, donc sanglante. Elle nous pousse dans nos retranchements, comme ses héros incapables de dialoguer alors qu’ils souhaitent la même chose au final et n’empruntent juste pas le même chemin. C’est rude, c’est brutal et on comprend que les personnages soient perdus au milieu de tout ça. Ils vivent dans un monde terrible où l’espoir est bien ténu et où la force règne en maître tout autour d’eux. C’est extrêmement bien écrit pour cela. Les doutes de Sarasa sont légitimes, mais ce que cherchent à lui apprendre Papillon de nuit ou Nagui, le sont tout autant. Il n’y a pas UNE bonne réponse, c’est plus complexe et surtout c’est à construire.

Après ce moment charnière mais douloureux, il fallait un peu de légèreté et l’autrice offre une brève respiration grâce à de nouvelles retrouvailles émouvantes entre Shuri et Sarasa pour casser le cercle de la vengeance et de la violence. Sous couvert de leurs déguisements respectifs, ils se revoient et pansent leurs plaies, mais ce n’est que pour mieux repartir à l’aventure. Ils ne laissent pas le temps à leurs sentiments de parler, ils n’en ont pas le temps de toute façon face aux événements qui se produisent.

L’histoire s’oriente donc rapidement dans une nouvelle direction, celle du mystérieux Roi Bleu dont on dit que le territoire est encore plus en retard que les autres. Il est amusant de voir Sarasa et Shuri s’allier, se déguiser et faire route ensemble mais la découverte est brutale et terrible dans ses terres où la cruauté règne encore plus que sur les terres du Roi rouge, alors qu’elles ont tout pour rendre heureux avec leur luxuriante verdure. Les apparences sont bien trompeuses.

Dans Basara, Yumi Tamura n’en finit pas de démontrer qu’elle grande narratrice et autrice de dramaturgie, elle est. Elle écrit ici une aventure, que dis-je une épopée sur fond de quête de liberté qui est d’une complexité et en même temps d’une cruauté et d’une réalisme rare. Peu d’auteurs ont écrit et décrit des personnages et sociétés aussi nuancés.

Tome 5

Yumi Tamura nous invente ici les Hunger Games avant l’heure, c’est terrible, effrayant et fascinant à la fois. La suite des aventures qu’elle réserve à Shuri et Sarasa est toujours aussi cruelle mais passionnante !

Avec la chance terrible qui les caractérise, nos deux héros se retrouvent sans le vouloir impliqués dans une nouvelle version des Jeux de cirque de Rome, avec le Roi Bleu dans le rôle du cruel Empereur qui se repait des malheurs de ceux qui participent. D’une rare cruauté et d’une belle efficacité pour le lecteur qui lit le coeur palpitant les aventures de nos héros. Des aventures qui vont en dire long sur leur caractère et qui va leur donner matière à penser à chacun. Deux idéologie s’affrontent avec l’égocentrique Shuri, qui est sans pitié et se sent protégé par son statut d’Elu, Sarasa, elle, est bien plus altruiste et connait les limites de ce statut. Dur pour eux de s’entendre et pourtant leurs sentiments les y pousseront.

Avec ce tome, l’autrice démontre encore une fois tout son talent. Elle offre une aventure humaine mais aussi politique juste saisissante. En découvrant l’univers du Roi Bleu, nous découvrons ce que la manipulation à l’extrême d’une population sur une courte période de temps peut donner. Il a énormément partagé la société, se servant des castes pour régner en divisant le peuple. Mais surtout, c’est la misère et la peur qui rend les gens faibles et plus aptes à croire à n’importe qu’elle ineptie. Il les manipule ainsi d’autant plus facilement avec ce mélange de drogue et de légende s’appuyant sur d’ancienne croyances ancestrales, c’est extrêmement bien joué.

Mais tout n’est qu’un jeu de dupe et de voiles. Les illusions sont partout, ce qui est fascinant quand le rideau tombe. J’ai adoré voir la dernière partie se dérouler dans les vestiges de la Tokyo que nous avons connue. J’ai adoré que cela serve de point d’ancrage pour lancer une nouvelle révolte du peuple. C’était saisissant, d’autant plus que les nouveaux personnages ont encore un charisme fou derrière leur histoire déchirante.

Yumi Tamura joue avec nos émotions comme jamais, offrant aventure palpitante mais cruelle, romance ultra compliquée, réflexions sur le groupe, la solidarité, mais aussi terrible vérité sur la misère et la religion, ainsi que sur les révoltes qui peuvent gronder sourdement en coulisses. C’est magistral et terriblement émouvant avec en fer de lance une jeune fille de plus en plus forte et touchante. Excellent !

Tome 6

6 tomes et cette épopée est toujours aussi passionnante et bouleversante. Dans ce tome, l’autrice nous offre une héroïne en proie à de nombreux tiraillements et sous les feux d’un nouvel ennemi bien plus insidieux que les précédents. Ça augure de très bons moments de tension.

Sarasa avec ses nouveaux alliés et Shuri ont réussi à se débarrasser du Roi serpent, mais surprise nous apprenons que ce n’était pas lui le vrai Roi bleu et que ce dernier se cachait sous les traits d’Asagi, manipulant tout dans les coulisses. Excellent ! Ce dernier va alors devenir le nouvel antagoniste que nous allons nous plaire à détester, mais peut-être pas que ça.

Comme toujours avec Yumi Tamura, les méchants sont forts ambigus, elle nous le prouve encore à plusieurs reprises dans ce tome. Sur le papier, Asagi est un terrible manipulateur, qui excite la violence et la méfiance du Roi Rouge, qui sème la zizanie à bord du bateau de Tatara et qui orchestre dans l’ombre de sombre plan pour diviser tout le monde et les pousser à se battre les uns contre les autres. Mais on sent de suite que ce psychopathe cache bien des choses. Il y a d’abord sa relation avec Papillon de nuit qui intrigue et pousse à croire qu’il pourrait être meilleur que ce qu’on voit, et surtout ce qu’il semble avoir vécu ainsi que sa grande intelligence me poussent à croire que ce ne sera pas juste le nouveau méchant de l’histoire. La preuve, le Shogun Kazan, que l’on détestait tous au début pour ce qu’il avait fait au village de Tatara, l’autrice nous prouve de plus en plus avec l’écriture de ce personnage que la réalité est plus complexe et que ce sont les circonstances qui construisent un homme. Dans sa relation avec la mère de Tatara, on voit un nouvel homme, surtout très fidèle, qui n’a pas saisi la portée de ce qu’il a fait comme nous, car il ne voyait qu’un pan du tableau.

C’est d’ailleurs ce que s’escrime à décrire l’autrice, des personnages troubles, qui par leurs idéaux sont poussés à commettre des actes que les autres récusent, alors que eux les pensent nécessaires pour transformer le monde et le rendre meilleur. Shuri et Shido en sont l’exemple type. Il suffit de voir l’amour qu’ils avaient l’un pour l’autre et la beauté de leurs projets pour redonner vie au Japon. L’autrice est vraiment forte pour nous faire ainsi douter de tous.

Ainsi dans ce tome, après une nouvelle victoire et une rébellion qui se répand, les troupes proches de Tatara sont victimes de division, les ralentissant dans leur plan initial et les orientant ailleurs. Les manigances de ce personnage fascinant qu’est le Roi Bleu sont d’une rare efficacité. Tatara en revient ainsi à ce qui compte le plus pour lui : sa famille, mais la surprise va être grande pour lui. Et tous les pions de l’échiquier sont appelés à se retrouver cette fois à la capitale pour un dernier coup de maître dirigé par le terrible Asagi. Il me tarde d’en voir les conséquences.

Cette lecture, moins romantique et dramatique que la précédente, plus politique et stratégique, s’est révélée passionnante et fascinante encore une fois, notamment grâce à l’introduction d’un nouveau personnage particulièrement actif et charismatique. L’autrice est une nouvelle fois magistrale dans l’écriture de ses personnages et des intrigues virevoltantes qu’elle leur fait vivre. On adore !

Tome 7

Les tomes se suivent et se ressemblent dans les aventures de Tatara pour qui la révolte qu’il souhaite mener n’est décidément pas simple à organiser quand sa vie est sans dessus dessous.

Ainsi, Tatara commet sans cesse les mêmes erreurs, partout bille en tête sans penser à ses compagnons et avec la zizanie semée par Asagi, l’ambiance n’est pas top dans ce nouveau tome. Cependant, l’autrice en profite pour développer un groupe d’hommes et de femmes réaliste où des tensions naturelles existent, où des doutes et des peurs s’insinuent, mais où la confiance se forge aussi dans les situations les plus désespérées.

J’ai beaucoup aimé suivre un Tatara toujours aussi humain, qui commet des erreurs, qu’on a envie de secouer ou de frapper parfois. Ici, en cherchant l’affrontement avec Kazan pour récupérer sa mère, il semble mettre son projet de révolution de côté. Mais c’est justement en faisant cela qu’il va 1/ rencontrer de nouveaux alliés avec le groupe du Tengu, ses jeunes rebelles pour lesquelles l’autrice s’est inspirée des bosozoku (clan de rebelles à moto du Japon contemporain) ; 2/ qu’il va à nouveau prouver quel grand coeur il a malgré ses préoccupations, puisqu’il va soigner les plaies de ses proches ou encore tenter un sauvetage désespéré pour deux d’entre eux. Tatara attire ainsi l’admiration et gagne le respect.

Cependant ce tome est à nouveau placé sous le signe du drame et des dissensions. Asagi, je l’adore, continue à semer la zizanie. Il manipule, orchestre des chausses-trappes, c’est un antagoniste né ! J’ai été attristée au début par l’isolement de Tatara vis-à-vis de ses hommes, mais c’est ce qui arrive à chaque leader. Heureusement cela change grâce à ses rencontres, j’adore d’avance Nachi et Hijiri, mais aussi grâce à l’épisode dramatique du sacrifice annoncé de Chacha et Zaki, un très beau moment particulièrement intense. L’autrice joue à merveille sur les codes de l’aventure, de l’épopée, du duel et du sacrifice, créant un mélange subtile et plein d’émotion.

Les destins de chacun sont encore au coeur de l’histoire. On a beau être un élu rien n’est sûr. On a beau avoir entendu une prédiction rien ne dit qu’elle se réalisera. Ce sont les actes qui compte comme chaque personnage le démontre. Chacha et Zaki défient Kazan et en sortiront plus fort. Kazan défit son maître, le Roi Rouge, et n’en devient que plus humain. Reste l’ambigu Roi Rouge, justement, qui entre folle politique de terre brûlée, défi de la plus haute autorité et pardon à ceux qui l’ont trahi, est bien difficile à cerner, comme l’ensemble de ses frères et soeur que nous découvrons au fil des chapitres. (C’est au tour du Roi Blanc cette fois ^^).

Basara est vraiment une série passionnante à suivre car au-delà des drames et aventures qui se jouent, nous avons une aventure humaine poignante, faite de bravoure et d’erreurs que chacun paiera à un moment. C’est intense, c’est révoltant, mais c’est important.

Tome 8

Chute et redressement, voilà les motos de ce tome, qui aura encore su faire chavirer le coeur des lecteurs et bouleverser leur âme.

Le Roi Rouge est de plus en plus déterminer à affronter son père, tel un Nobunaga des temps modernes. Il est tout feu tout flamme, mais il se précipite et une telle précipitation a des répercutions. Si j’adore toute l’ambiguïté de ce personnage, force m’est de reconnaitre que son tour de force à Kumano a de terribles conséquences. C’est un chapitre clé de l’histoire qui va faire basculer celle-ci. Le Roi Rouge perd son dernier proche conseiller et Tatara assiste impuissant à cette guerre.

J’ai adoré le destin de Shuri dans ce tome, entre coup de force et coup d’état. On le voit au sommet de son art, mais plus seul que jamais. C’est un stratège incroyable, mais il a également une poutre dans l’oeil pour ne pas voir que ceux qui restent autour de lui ne lui valent rien. C’est déchirant d’assister à cela car sa ville de Suo est une réalisation magnifique et qu’il se donne à fond pour elle. Ce type a vraiment deux faces comme une pièce et l’inspiration de Yumi Tamura est un peu plus évidente à chaque tome qui passe. Le coup d’état dont il est la victime devait forcément arriver un jour et j’espère que ça va enfin le secouer pour le pousser à changer. Les graines ont déjà été semées par tout ce qu’il a vécu et ses rencontres avec Sarasa.

Sarasa, elle aussi, est confrontée aux répercussions de Kumano. Elle a perdu la vue, temporairement on l’espère, mais surtout elle culpabilise énormément suite à ce qu’il s’est passé, réalisant peu à peu que pour être un leader, on ne peut pas penser qu’à soi comme elle l’a fait ici. Nous avons donc une héroïne en pleine évolution, elle aussi, comme Shuri.

Mais celui qui fascine une fois de plus, c’est Asagi. Il continue de tirer les ficelles dans l’ombre pour provoquer ces événements à la chaîne et manipuler Sarasa et Shuri dont il a bien compris les faiblesses. Sauf qu’à se rapproche de Sarasa, ne va-t-il pas lui aussi tomber dans ses filets sans le vouloir ? C’est ce que ça semble bien indiquer comme l’avait déjà remarqué Papillon de Nuit, qui lui aussi est un personnage toujours aussi fascinant, qui a des relations de partout et semble agir tel un faiseur de roi.

Ces nouvelles rencontres qui rythment les volumes me charment toutes. Ce sont à chaque fois de beaux personnages, soit par leur fougue, leur passion, leurs idéaux ou leur droiture. La dernière fois, nous avions rencontré Hijiri et Nachi qui représentent le renouveau de Kumano. Place cette fois à maître Bacho et aux habitants d’Okinawa d’un côté, ainsi qu’à Sakaki, le maître d’oeuvre du Roi Rouge. Les premiers nous font découvrir la démocratie instaurée sur leur île, le second est un fidèle qui croit aux projets de Shuri, ce dont il a bien besoin.

Avec des héros sacrément remués dans ce tome, l’autrice ne nous épargne rien. Elle compose cependant une histoire poignante, faite de beaucoup de remise en question, mais toujours terriblement humaine. Chaque rencontre est une pierre à l’édifice qui permettra à chacun d’eux de devenir le dirigeant auquel le peuple aspire vraiment et non le tyran ou le jeune égoïste qu’il a été jusqu’à présent. Une très belle fable humaine mais aussi politique, pleine d’espoir malgré sa noirceur.

Tome 9

Yumi Tamura, nous offre ici une nouvelle leçon de construction d’une histoire particulièrement efficace. Après avoir fait douter ses héros sur le bien fondé de leurs actions et la profondeur de leur engagement, elle les envoie dans un lieu radicalement différent qui va encore plus les faire douter.

J’ai adoré cet épisode se déroulant à Okinawa. Il faut savoir que l’autrice a utilisé pour l’inventer tout ce qu’elle avait appris sur l’île en allant la visiter. Elle a réinvesti les noms, lieux, coutumes de manière totalement fluide pour contribuer à enrichir l’histoire qu’elle souhait conter, c’est bluffant. Avec Okinawa, c’est le modèle d’une république démocratique qui s’offre à Shuri et Sarasa qui n’ont toujours connu que la tyrannie de la monarchie. Mais pour autant tout n’est pas calme.

Ce modèle a beau titiller leur curiosité et les faire douter sur tout ce qu’ils croyaient connaitre, ils découvrent également que sous des dehors paradisiaque, tout n’est pas rose. L’autrice nous embarque effectivement dans une histoire de magouille électorale très poussée où l’un des candidats fait tout pour éliminer son rival et livrer son pays à la puissance voisine afin d’obtenir plus facilement le poste suprême. La politique n’est donc pas toujours aussi saine que les héros aimeraient le croire, même si elle est un espoir par rapport à ce qu’eux-même connaissent.

Sarasa et Shuri se voient donc confrontés à un modèle qui leur plait et les fait se remettre en question. Ils s’interrogent également sur la portée de la guerre, dans un discours de l’autrice volontiers pacifique mais tout de même réaliste, qui je dois dire a trouvé écho chez moi. J’aime sa philosophie de ne pas transformer un pays en terre de combat. Et l’idée semble trouver son chemin chez nos deux héros.

Après, il y a un peu toujours les mêmes facilités dans la série et le même schéma qui se reproduit autour de Sarasa et Shuri, qui se retrouvent miraculeusement, tombent dans les bas l’un de l’autre avant que les événements ne les séparent. C’est hyper dramatique, leur relation évolue au fil des rencontres et devient magnifique, mais ça n’empêche que c’est répétitif… Cependant, j’aime beaucoup ce que chacun devient. Shuri a toujours été un meneur d’hommes, mais il commence à plus penser à eux et moins à lui. Sarasa, elle, a compris justement qu’elle ne pouvait pas juste être une compagne énamourée mais qu’elle représentait plus que ça et était capable de bien plus. Ce sont deux très beaux personnages toujours en évolution et construction.

Avec cet épisode démocratique à Okinawa, la série continue à gagner en maturité et profondeur, grâce à une autrice qui utilise intelligemment le produit de ses recherches et fait constamment évoluer ses héros et son histoire. C’est superbe !

Tome 10

Okinawa terre de tous les contrastes est décidément celle du renouveau pour nous deux héros qui font le choix d’être eux-mêmes pour se remettre en scelle.

J’ai adoré assister aux manoeuvres entre Okinawa et le Japon, c’était fascinant et déchirant de voir combien les dirigeants de cette petite île étaient prêts à tout pour la protéger. Historiquement en plus, cela se tient à merveille, vu que l’autrice s’appuie sur le passé de l’île qui a été tant malmenée pendant la Seconde guerre mondiale – ce que je viens de lire dans Soldats de sables de Susumu Higa -. Ainsi, l’opposition en miroir des deux hommes politiques forts de l’île est déchirante. Chacun se bat pour sa nation mais l’un a juste tiré la mauvaise carte, celle du méchant et l’autrice se fait un plaisir de nous le faire suivre, car c’est celui qui a le plus d’aspérité et que c’est là qu’elle est la plus forte.

On le voit également dans son écriture du Roi rouge, personnage décidément fascinant que ce Nobunaga des temps modernes. Il fait preuve d’une stratégie sans faille ici et d’une audace rare. Malgré tout ce qu’il a vécu, il a confiance en lui, confiance dans ceux qu’il a choisi et il est ainsi fascinant de charisme. J’ai adoré la façon dont il a combattu la marine de son pays, la façon dont il a manipulé les Européens, celle dont il a foncé tête baissée. Rien n’est jamais irréfléchi pourtant et il attire ainsi l’admiration de tous. Ses anciens soldats se rappellent de tout ce qu’il a fait. Ses nouveaux camarades deviennent des alliés. C’est un leader né.

Contrairement à Sarasa qui, elle, est encore en pleine construction. Assister à tout cela, apprendre ce que ces hommes politiques ont fait pour leur pays, lui donne matière à réfléchir et elle fait un choix d’une importance radicale : oser s’affirmer en tant que Sarasa devant ceux qui ne connaissent que Tatara. C’est difficile mais c’est une belle preuve d’évolution et de confiance, ce que ses amis et alliés lui rendent bien maintenant qu’ils sont tous réunis, en plus, sur son bateau-village. Une nouvelle ère va pouvoir commencer.

Tome charnière, Shuri et Sarasa empruntent chacun une nouvelle voie après avoir pu découvrir l’exemple d’Okinawa et la force de ses habitants pour vivre dans la paix. Je n’ai qu’une hâte, c’est de les voir appliquer tout cela.

Tome 11

Ça y est nous rentrons dans le dur, pas que ça ne l’ait pas déjà été avant mais nous franchissons un cap ici avec le déplacement de l’intrigue dans le Nord, l’un des derniers bastions qu’il nous restait à visiter.

Tatara et ses alliés sont partis tenter de nouer une alliance avec les gens détenant de sabre de Gembu, mais ceux-ci sont bien plus sombres et sauvages que tout ce qu’ils ont pu rencontrer auparavant.

J’ai beaucoup aimé ce tome très centré sur le groupe de Tatara. L’autrice nous refait un peu ce qu’elle a déjà fait lors de la rencontre des autres alliés : elle met son héroïne à l’épreuve et nous fait rencontrer une toute autre culture. Ici, chez les gens du Nord, nous avons un groupe de guerriers qui jouent sur les peurs ancestrales des Japonais. Nous retrouvons donc fantômes, tengus et autres yokaïs, mais surtout l’art des japonais pour l’illusion et les déguisements, j’ai beaucoup aimé. Cependant, ce n’est pas fait dans un cadre festif, loin de là, nous sommes dans de la survie pure toujours face à un ennemi démesuré. L’alliance que souhaite Tatara est donc loin d’être gagné d’avance.

Elle va donc vivre de nouvelles péripéties bien rudes et pour cela, elle aura à ses côtés, deux des personnages les plus ambigus après Shuri : Papillon et nuit et Asagi. Ça tombe bien, je les adore et on ne les voyait pas assez ses derniers temps. Le trio va très bien fonctionner, chacun prenant un peu tour à tour le leadership et prenant soin des autres. Il y en aura bien besoin vu les conditions.

Cela m’amène au petit bémol du tome. L’autrice introduit un twist dans l’intrigue qui me semble incohérent avec le reste. En effet, après avoir enfreint l’une des règles des rebelles du Nord, Tatara et ses alliés se retrouvent envoyés dans une prison du Roi Nord à Hokkaido. C’est là que c’est improbable. Comment des ennemis du Roi Nord peuvent envoyer ceux qui les défient dans les prisons du Roi Nord… Quelque chose cloche…

En attendant, nous voyons brièvement Shuri qui continue son entreprise de reconquête et montre à quel point il a changé, n’étant plus la tête brûlée arrogante et violente d’autrefois, mais un homme plus réfléchi et du coup encore plus dangereux. La tension monte, monte, j’adore ça !

Avec ce tome à l’ambiance froide et implacable, Yumi Tamura continue à nous faire voyager dans les contrées de ce nouveau Japon. C’est rude, c’est terrible, ça fait froid dans le dos, mais quel bonheur de suivre le trio Tatara, Asagi, Papillon de nuit, que le destin n’épargne décidément pas. L’autrice met nos coeurs à rude épreuve !

Tome 12

Toujours aucune pitié pour le lecteur chez Yumi Tamura, elle nous offre ici un tome dans la plus pure tradition des survival en milieu carcéral, tendu et glaçant mais passionnant !

Tatara, Papillon de nuit et Asagi sont enfermés dans cette terrible prison tout au Nord du Japon où les épreuves se succèdent pour eux et pour nous aussi lecteurs. Je me demandais ce qu’ils faisaient là dans le tome précédent, y voyant une incohérence de la part de l’autrice, mais celle-ci nous explique son plan et il est pas mal trouvé ! Cependant pour y parvenir, que d’épreuves pour nos héros.

Dans ce tome, on voit une Sarasa toujours plus forte, très bien épaulée par Papillon de nuit, qui voit enfin en elle, la lumière qu’il cherchait. Il accepte cependant ses faiblesses et est là pour l’aider à la rendre plus fort. Quel superbe duo, tellement émouvant. Asagi, lui, est un peu plus mis de côté, ce que je regrette, l’autrice préférant mettre en avant Hibou du vent, à cause de sa parenté avec Shuri. Je ne suis pas fan du choix…

En revanche, cette prison remplie d’épreuves, j’ai adoré ! A peine, Sarasa pense-t-elle avoir trouvé comme s’échapper, qu’une nouvelle info vient tout remettre en question. A peine les prisonniers se sont-ils enfuis d’un endroit, qu’ils tombent dans un autre plus terrible. Cette prison est fascinante. Et pourtant, le fonctionnement de tout ça coule de source. Mais surtout quand l’autrice nous raconte comment les choses en sont arrivés là, on est soufflés une fois de plus par les tragédies que les jeunes vivent dans cet univers bien cruel et on ne peut que compatir alors que c’étaient les méchants de l’histoire juste avant. Et quand on sait qu’en plus d’autres se cachent parmi eux discrètement, prêts à frapper, j’ai envie de dire : « Chapeau l’artiste ! »

Alors âmes sensibles, attention ! Viol, drogue, personnage affamé, violences, maltraitances et maladie psychologique sont au rendez-vous dans ce tome. Mais aussi un beau souffle plein de vie et d’espoir entraîné par une Sarasa de plus en plus inspirée dans son rôle de leader. Cette série est vraiment excellente !

Tome 13

Yumi Tamura continue d’explorer tous les aspects de la révolution avec un tome où l’aventure continue de nous dépayser.

L’autrice conclut son arc « Prison Break » avec l’évasion de Sarasa et ses camarades de manière à la fois évidente et spectaculaire. J’en viens à me demander si l’autrice l’avait prévu ou si elle n’improvise pas au fur et à mesure quand même tant l’intervention de vieux Kaku semble sortie de nulle part ^^! Mais l’importance n’est pas là. Grâce à sa force de caractère mais aussi son grand coeur, Sarasa s’est fait de nouveau alliés et c’est ce pour quoi elle était venue.

Sensible toujours à l’écriture des personnages, j’ai noté une superbe évolution de la relation Sarasa-Papillon de nuit dans cet arc. Celui-ci a eu la confirmation qu’il avait bien trouvé la femme qu’il cherchait et ça lui donne un charisme encore plus intense. Contrairement à bien des shojos, ici l’homme amoureux n’est pas aux pieds de sa dulcinée, non. Papillon de nuit reste lui-même et préfère challenger Sarasa pour la rendre plus forte. C’est superbe ! Je crois que c’est l’un des personnages qui me fascine le plus dans la série avec Shuri, car c’est celui qui a le plus de nuances et de vécu.

Cet arc étant clôt et Papillon de nuit ayant remis Sarasa sur les rails, celle-ci repart vers ses terres natales et son ennemi premier. Mais l’autrice aimant les histoires complexes, elle ne se borne pas à un bête affrontement duel entre Tatara et le Roi Rouge, non. Le Roi Rouge ou plutôt le Tigre Rouge comme il se fait appeler désormais est en pleine reconquête face à celui qui lui a pris ses Terres, Momoi, et cela n’a rien de simple.

On voit ainsi un nouveau Shuri et une nouvelle Sarasa aussi, qui riches de leurs expériences à Okinawa, notamment, ne foncent plus tête baissée dans une réponse violente. J’aime ce pacifisme et cette réflexion progressive vers une révolte silencieuse qui fait son chemin. L’autrice s’intéresse notamment ici, avec la figure du fils de Momoi, à la désobéissance civile et à la non-violence. J’ai adoré. Ce personnage nous montre, avec sa compagne journaliste, la puissance des mots et de l’art, ce qui est une forme de résistance bien difficile dans le monde dans lequel ils vivent mais tellement inspirante.

Ce retour de Sarasa sur les terres du Roi Rouge et dans la ville de Suo assoit le nouveau tournant de l’histoire, passant d’une révolution pleine de hargne à une révolte plus réfléchie qui tente autant que faire se peut d’éviter la violence et de privilégier la réflexion. J’adore cette évolution amenée peu à peu par l’autrice aussi bien dans ses personnages que dans leurs actions. C’est très puissant.

Tome 14

Après tant d’espoir dans les tomes précédents avec la découvertes d’autre façon de fonctionner et de penser, voilà qu’une terrible chape de plomb nous tombe dessus avec un cruel retour à la réalité dans ce tome. Le combat, l’affrontement est-il inéluctable ?

C’est avec un noeud dans la gorge que j’ai lu ce nouveau tome des aventures de Sarasa et Shuri. Les voilà qui confrontent enfin leur force, toujours sans le savoir, dans la ville de Suo, lieu emblématique. Les souffrances sont nombreuses. Chacun a changé mais c’est terriblement dur d’appliquer ce qu’ils ont appris dans le contexte actuel car il y a encore trop d’enjeux, de rancoeur et que le dialogue n’a pas été établi et semble impossible. Ainsi on est terriblement triste du déroulement inéluctable de tout cela.

Pour autant, c’est fascinant comme tout coule de source, sans mauvais jeu de mots : le combat contre Momoi, la perte de nos deux nouveaux amis trop pacifiques, la reprise du château par Shuri, l’attaque de Tatara et la défaite de tout le monde. Il se passe énormément de micro-événements dans ce tome, des combats aux rencontres, des soupçons aux confirmations, la roue tourne. C’est fascinant de mise en scène. C’est vibrant d’émotion brute.

J’adore la façon dont l’autrice torture ses personnages. A chaque fois qu’on s’attache ça finit mal et ceux qui restent ne sont pas protégés pour autant, comme dans une vraie guerre, tout le monde risque sa peau mais aussi son coeur et son âme. La force et la fragilité de Sarasa/Tatara est déterminante ici. Là, où Shuri a su faire de ses revers une force et en est sorti transfiguré. L’évolution de Sarasa est plus lente et compliquée, alors quand on la voit vaciller après avoir réalisé ses erreurs, on souffre avec elle.

Un tome qui nous aura bien mis à mal. J’ai été peinée par les pertes vécues, les vies prises, les familles déchirées, les idéaux perdus. Yumi Tamura capture parfaitement ce qu’est une guerre dans toute sa complexité, de ceux qui ne veulent pas se battre mais sont obligés, de ceux qui meurent pour leurs idéaux, de ceux qui doivent renoncer, des pertes que cela occasionne humaine mais pas que. C’est terrible et implacable. Déchirant.

Tome 15

Je me rappelais que ce tome avait quelque chose de spécial, après c’était le seul avec une couverture aussi sobre, mais je ne pensais pas qu’il serait aussi déterminant.

Yumi Tamura nous amène à l’apex de sa série. Tous les fils, tous les noeuds se rejoignent ici pour mieux nous enserrer et nous torturer. Depuis un moment, les changements qui s’opéraient chez les deux héros semblaient également les faire terriblement souffrir car cela contredisait leurs premières certitudes. Ainsi, Tatara/Sarasa se retrouvait surtout dans une impasse et cela explose ici.

J’ai adoré le travail de l’autrice pour porter au sommet chaque pan de son intrigue. La romance est la première à atteindre son point culminant dans des pages d’une douceur et d’une poésie inattendues. Je pensais avoir une explosion de passion quand cela se produirait, mais à la place c’est toute la chaleur humaine et la bonté des deux héros qui nous saute au visage lors de leur première fois. Que c’était beau et émouvant. Mais à peine ce moment de grâce atteint, l’autrice nous achève en faisant enfin se rencontrer sur le champ de bataille nos deux héros – ennemis. C’est la déchirure attendue.

Le travail qu’elle effectue alors sur la psychologie de chacun montre à quel point elle a bien réfléchi à ses personnages depuis un moment. Les vacillements de Tatara/Sarasa sur sa double identité homme/femme ne pouvait aboutir qu’à se déchirement dont Shuri/Le Roi Rouge ne fut que le déclencheur. J’ai eu terriblement mal pour elle. Mais elle n’est pas la seule à souffrir l’incrédulité de Shuri est aussi dévastatrice, lui qui a tant perdu, qui s’est relevé et qui vient à nouveau de tout perdre. Comment ne pas avoir mal pour ces deux jeunes gens plein d’avenir mais que le destin n’épargne pas ?

Pour mettre cela en scène, l’autrice a eu une idée de génie. Pour la première fois, il nous montre l’écho des pensées de chacun d’eux, dans un jeu de miroir saisissant et déchirant, où nous coeur souffre avec eux devant l’incrédulité de la scène. Ils n’arrivent pas à réaliser et nous sommes sous le choc avec eux, mais c’est tellement poignant, émouvant.

Dur dur de se relever après ce summum, mais Yumi Tamura n’attend pas et elle a raison. Si on avait du suivre les héros en train de se morfondre, j’aurais détesté. Là, elle montre le choc que c’est pour chacun d’eux et pour leur entourage, mais celui-ci est là pour les épauler et les forcer à se relever. Étonnamment, c’est Asagi qui se charge de Shuri, un duo que tout oppose mais que j’adore. Et sans surprise, c’est le fascinant Papillon de nuit qui se charge de donner le coup de fouet nécessaire à l’apathique Sarasa, la réveillant de son long sommeil pour qu’elle se relance mieux sur le chemin de la révolution.

Par ce long tome chargé en tragédie, l’autrice nous assomme avant de nous réveiller une nouvelle fois. Elle est d’une terrible cruauté envers ses personnages mais d’une terrible humanité également. Les rêves de Shuri et Sarasa, qu’ils ont pourtant en commun, ne pouvaient se réaliser sans cette confrontation nécessaire pour faire table rase. Maintenant seul le futur nous dira s’ils pourront surmonter cela mais on l’espère très fort tant on aime ces personnages.

Tome 16

Comme promis, le tome précédent m’avait dévastée, Yumi Tamura n’épargnant ni ses personnages ni ses lecteurs. Il fallait donc un tome moins chargé émotionnellement mais apaiser un peu nos petits coeur. Elle le fait… à sa façon ^^

Nous entrons dans une nouvelle phase du récit où après ce qui s’est passé, Sarasa et Shuri ont encore bien du mal à se remettre. J’ai été fascinée par les quelques pages où on voit ce dernier apparemment en pleine déprime post-chagrin d’amour, mais en même temps toujours aussi sûr de lui sur certains points, certaines valeurs. Il m’a déchiré le coeur et ce que la suite lui réserve va encore me faire mal, je sens V.V

Du côté de Sarasa, c’est moins clair. Il faut dire qu’elle a plus de poids sur les épaules. L’autrice travaille surperbement sa psychologie. Elle transforme cette frêle jeune fille, propulsée Elue, en sorte de Dr Jekyll et Mr Hyde, douce aidante dans un temple le jour, furieuse combattante sur les terres en guerre la nuit. J’ai été fascinée. La détresse qu’on ressent chez elle est bouleversante. Elle n’est encore qu’une enfant, une enfant à qui on a trop demandé et pas assez donné, une enfant à qui sa famille, ses parents, sa mère manque. Et elle s’en veut terriblement d’être tombée amoureuse de l’ennemi, elle ne parvient pas à se pardonner. L’autrice nous offre vraiment des scènes déchirantes avec elle, qu’on observe cette fois d’un point de vue extérieur bienvenu qui vient magnifier ce dur moment.

Malgré tout, même si comme dit la mangaka, ce n’est pas trop joyeux en ce moment, la lumière est au bout du chemin. Sarasa se trouve de nouveaux compagnons précieux. J’ai adoré la voir avec sa première amie de son âge. Celle-ci est un sacré personnage ! J’ai également beaucoup aimé la profonde gentillesse des gens du temple qui l’ont accueilli, ainsi que l’étrange Monta qu’elle rencontre et qui est une béquille précieuse pour elle, ou encore l’observateur Taro, écho de Papillon de nuit pour elle, homme tellement précieux. Ainsi dans ses moments durs, elle n’est pas seule. Et puis, il y a la rencontre fondamentale qu’elle fait dans la dernière partie, qui m’a achevée et fait fondre en larme après toutes ses épreuves. C’est tellement beau.

Cette puissance émotionnelle ne fait tout de même pas oublier l’importance des événements politiques qui se déroulent en parallèle. Sarasa est venue là pour observer le Roi Noir, mais c’est sa femme qu’elle rencontre, une dame fascinante, forte et humaine, dont elle va chercher à se faire une alliée pour le projet qu’elle commence enfin à définir concernant le Japon qu’elle voudrait dans le futur. Ce n’est pas un chemin facile mais j’ai aimé voir cela se dessiner et s’affirmer sous nos yeux après tant et tant d’épreuve.

Comme promis par l’autrice, tourments il y a eu mais espoirs il y aura. Elle écrit magistralement un nouvel épisode dur mais prometteur dans cette vaste fresque épique visant à donner un nouveau visage au Japon. Je suis autant émue que fascinée.

Tome 17

Que c’est beau de voir une révolution populaire se mettre en marche. L’autrice le propose depuis le début mais je trouve que cela prend vraiment forme depuis quelques tomes et c’est d’une puissance !

Après bien des tours et des détours, voici enfin notre héroïne à la capitale du royaume, la ville de tous les pouvoirs, la ville du Roi d’Or. Yumi Tamura nous soigne avec une intrigue puissante et magique faisant vibrer nos coeurs. Sur fond de politique, religion, révolution et lutte contre l’esclavage, elle nous pond une intrigue palpitante qui se tient de bout en bout.

J’ai adoré découvrir la Kyoto de Yumi Tamura. L’autrice joue sur les éléments culturels de cette ville, ancienne capitale impériale dans notre réalité, la ville ayant peu à peu cédé la place à Edo/Tokyo. Elle est aussi une ville sur le déclin dans Basara, Sarasa ne s’y trompe pas, et tout ce que raconte ensuite l’autrice pour construire son background s’appuie sur l’Histoire réelle japonaise qu’elle réinjecte ici. C’est excellent !

Arrivée à Kyoto, Sarasa est donc confrontée à la folie des grandeur du Roi d’Or qui se la joue en pharaon en faisant construire une statue gigantesque en or pour laquelle il prémédite de tuer les esclaves qui y ont participé en les enterrant. Sarasa ne pouvait que se révolter contre cela. Nous allons ainsi à la fois découvrir la vie à Kyoto, sa police si particulière, le roi et ses conseillers, et suivre le plan de Sarasa et Chrysanthème pour donner un grand coup de pied dans la fourmilière, donner de l’espoir à tous et ridiculiser le Roi. C’est d’une efficacité redoutable ! Le duo fonctionne à merveille, les rebondissements s’enchaînent avec drôlerie et émotion. Tout était parfait !

Jusqu’à l’intervention de Shuri dans le paysage, Shuri que l’autrice n’épargne vraiment pas. Il est à nouveau réduit en esclavage mais il change et dans le bon sens. Il devient plus humble, plus humain, plus sensible et se met à penser aux autres et pas seulement à lui. En gros, tout ce qui germait en lui se concrétise dans ce très beau moment de souffrance. Certes, il n’en est pas encore à faire son mea culpa, à pardonner à Sarasa/Tatara car il est très rancunier, mais il avance. Et quel charisme chez cet homme ! L’autrice met tout ça superbement en scène avec une fois de plus des moments dramatiques déchirants entre Sarasa et lui. Que c’était beau !

J’ai vraiment eu la quintessence de ce que j’aime dans cette oeuvre dans ce tome. Sarasa est magnifique dans ce nouveau rôle de leader plus apaisé. Shuri s’éveille dans les épreuves. Et la révolution gronde de plus en plus tandis que le peuple rêve d’un monde meilleur et reconstruit ce qui a été détruit. Quel grand titre humaniste !

Tome 18

La révolution est résolument en marche avec ce tome où ça bouge dans tous les sens et c’est proprement jouissif, je dois dire. On voit tous les pions placés les tomes précédents voire depuis le début en fait se mettre en branle dans une vaste action en vue de renverser le Grand Roi. Au programme stratagèmes, guerre, complot et combats pour ne jamais perdre notre attention et ça fonctionne du tonnerre de Dieu !

J’ai adoré suivre Shuri à Kyoto avec son petit groupe en fait de plus en plus grand. Le jeune homme, après toutes ces épreuves, s’affirme comme le jeune révolutionnaire qu’il est et non comme le roi qu’on lui a imposé d’être. C’est lumineux ! On le découvre tel qu’il est vraiment, un homme au grand coeur qui sait désormais penser aux autres et pas seulement à lui-même. Il prend donc une autre dimension et son côté fin stratège sert enfin à quelque chose de bien : ici, libérer des otages. Mais comme je le disais, il n’est pas seul et j’ai beaucoup aimé le trio qu’il en est venu à former avec Dame Violet et Ichimaru/Chrysanthème pour renverser le pouvoir. C’était à la fois fin et épique.

Du côté de Sarasa/Tatara, ça bouge aussi. Après la guerre, place à la reconstruction et qu’il est plaisant de retrouver une Sarasa plus sereine, en passe elle aussi à une nouvelle façon de lutter où elle tiendra compte de ses erreurs passées. Elle a ainsi de plus en plus d’alliés et de victoire à son compte. Elle avance. La scène où elle assiste la princesse Senju lors de son accouchement est particulièrement parlante quant à ce changement d’ère qui s’opère et c’est là-aussi lumineux.

Nous préparant pour l’affrontement final face au Grand Roi, Yumi Tamura enchaine drames, amour, résolutions et volonté de changement dans un tome épique qui nous bouleverse une fois de plus et met en lumière encore et toujours combien ses héros ont mûri.

Tome 19

Comment définir cette série ? Je pense avoir déjà atteint le meilleur de celle-ci et pourtant elle continue à me faire vibrer comme jamais. C’est encore tellement beau et puissant à chaque fois de voir ce peuple se soulever pour gagner sa liberté.

L’autrice continue à travailler pour que toutes les lignes de l’intrigue se rejoignent à Kyoto, coeur du pouvoir du Grand Roi. Dans la ville, tout le monde retient son souffle du coup, c’est étouffant et terrifiant. Mais les autres ne sont pas en reste, de Tatara qui subit une attaque par des assassins qui vont le mettre à mal avec son bateau-village, à la Reine Blanche qui semble manipuler tout le monde en coulisse pour se venger de son terrible passé, à Shuri qui continue à mener la révolte de là où on ne l’attend pas. C’est excellent comme l’autrice passe d’un lieu à l’autre mais toujours dans un phénomène d’encerclement de la capitale.

Sarasa va donc devoir lutter contre des assassins, qui au cours d’une vraie bataille navale vont entraîner le naufrage de ce bateau devenu le symbole de sa nouvelle force. Mais comme elle a désormais autour d’elle un groupe très soudé où chacun peut compter sur les autres, la perte du bateau ne signera pas la fin de leur mouvement. Ils vont garder espoir et envie de se battre contre la tyrannie et c’est superbe !

De la même façon que le groupe de Sarasa se débarrasse de ce frein qu’ils avaient encore, l’autrice propose aussi de faire grandir Asagi, ce personnage de l’ombre qui suit tout depuis un moment, un peu comme un terrible spectateur qui n’intervient que pour jouer un mauvais tour. Elle offre de lui faire dépasser son statut de fils de roi, de se débarrasser de son titre pour enfin être lui-même, et ainsi comme il le souhaite, appartenir à un groupe et être aimé. Je suis vraiment ravie pour ce personnage que j’affectionne particulièrement et à qui l’autrice offre un très beau développement pour un anti-héros.

Son frère Shuri suit le même mouvement. Débarrassée de son titre, il mène superbement les troupes dans le Nord et même si on le voit peu ici, ça fait chaud au coeur de le voir ainsi transformé, homme parmi d’autres mais toujours aussi charismatique, attirant ainsi les autres autour de lui.

Dernier point mais pas des moindres au milieu de ce pays en guerre, la relation Shuri / Sarasa qui n’est jamais sur le point de s’éteindre et qui couve toujours. L’autrice ravive les braises en faisant un très douloureux parallèle entre leur histoire tragique et celle vécue par Blanche, la grande soeur de Shuri. Mais là où Blanche en tire une amertume certaine et un désir de vengeance, nos héros en tirent une force encore plus grande pour affronter le monde. Sarasa a fait la paix avec leur passé, au tour de Shuri désormais. La balle est si joliment déposée dans son camp que mon coeur a encore chaviré.

Ce tome n’est donc pas que guerre et politique, ce n’est jamais que ça avec Yumi Tamura, car elle développe ici une oeuvre avant tout humaniste et humaine. Alors en plus de la révolte qui prend de l’ampleur et passe à l’attaque, mettant le Grand Roi sous pression, elle nous conte aussi les petites histoires de chacun, transformant l’ennemi en allié, l’homme abattu en meneur d’hommes. Elle est fascinante et touchante.

Tome 20

Les pions sont en place, ils avancent. Le temps n’est plus au doute mais à l’action. Le temps n’est plus aux rêves, il faut se salir les mains.

Yumi Tamura n’épargne toujours pas nos coeurs sensibles dans ce tome où tous les héros ont des choix cornéliens à prendre qui pourraient avoir des conséquences dramatiques ou libératrices sur la suite, mais qui sont pour l’instant bien sombres.

A la capitale, beaucoup de choses se jouent et celui qui passe à l’action mais qui va profondément se salir les mains pour ça, c’est notre martyre de service : Papillon de nuit. Il porte bien son nom, c’est le chevalier de l’ombre, celui qui va porter les coups pour que les autres restent dans la lumière. J’adore vraiment ce personnage, son histoire, son évolution même si cette dernière a subi ici un virage un peu brutal, mais c’est le pur produit de son époque. Son duo avec Taro, le journaliste, fonctionne à merveille. J’adore voir ces deux hommes adultes lutter ainsi pour leurs idéaux, Taro avec sa plume, Papillon de nuit avec sa fougue dans l’air nocturne. Mais à jouer les assassins, il est bien seul et je suis triste pour lui.

Une grave décision attend également Shuri dans ce tome décidément bien riche de ce côté-là. Une demande inattendue lui arrive et une rencontre toute aussi inattendue lui permettra de prendre sa décision. J’ai beaucoup aimé ces quelques instants avec la mère de Sarasa, c’était d’une émotion ! Celle-ci est probablement l’un de mes personnages préférés dans la série car elle témoigne d’une belle force de vie et de pardon. Elle est profondément humaine, belle et chaleureuse, l’image même que je me fais d’une mère. La guerre ne l’a pas épargnée et pourtant elle a su faire la part des choses. Elle ouvrira les yeux à Shuri et lui permettra enfin, je crois, d’être plus apaisé par rapport à Sarasa. Mais que le cheminement est long. Cette décision va en tout cas complètement redistribuer les cartes et bouleverser les plans de tous. Il est impossible de revenir en arrière désormais.

Côté Sarasa, on poursuit notre focus sur Asagi car oui, il y a eu rédemption pour lui, mais ça ne veut pas dire que ce sera simple à accepter pour les autres après tout ce qu’il a fait. Il est donc bon que l’autrice, à l’aide du droit Hijiri, le mette à l’épreuve pour qu’il prouve son envie sincère de changement. Il n’y a que comme ça qu’il pourra pleinement trouver sa place et se sentir enfin accepté dans le groupe. Là aussi, quelle évolution magistrale !

Voilà, l’autrice nous a amené petit à petit dans un jeu de stratégie de haut vol jusqu’à l’ultime confrontation entre les forces révolutionnaires et les forces royales. Dans un beau phénomène de balancier, nous voilà revenu au point de départ mais chacun a tellement changé que ça ne peut pas être pareil. J’ai hâte de voir le résultat de ce futur face à face.

Tome 21

L’heure de la confrontation a sonné entre Sarasa et Shuri, qui mettent en place leurs ultimes préparatifs avant de se lancer à la tête l’un de l’autre. Avec une maestria rarement également, Yumi Tamura lance ces deux âmes soeurs sur les champs de bataille.

La confrontation était inéluctable, la tension ne faisant que monter dernièrement, je m’attendais donc à ce que ce soit déchirant de les voir, mais ce n’est pas le sentiment que j’ai ressenti. Sarara/Tatara tout comme Shuri/Le Roi Rouge préparent autre chose et ainsi c’est plutôt leur aura de stratège qui m’a frappée, car de haine entre eux il n’y a plus, tel un poison elle a été évacuée hors de leur corps.

Il devient alors fascinant de voir le plan de chacun se mettre en place, surtout celui de Shuri que nous suivons depuis son retour à Kyoto. Il est une fois de plus particulièrement ingénieux et terriblement magnétique. Il met en oeuvre tout ce qu’il a appris précédemment pour protéger cette ville et ses habitants des combats, mais également pour faire semblant d’asseoir le pouvoir du Roi et de la famille royale, mais on sent que ça cache quelque chose.

Il faut dire qu’il a face à lui un terrible complot : « le plan grenade », qui se met en branle. Avec notre journaliste et espion de choc, Taro, on découvre avec stupeur ce qu’Hagiwara, qui veut être calife à la place du calife, prépare. C’est un plan cruel et implacable, dont je ne doute pas une seconde qu’il sera déjoué par Shuri et/ou Sarasa. Il me tarde juste de voir comment, en espérant que Taro survive à la diffusion de l’information.

C’est ainsi que lentement et inéluctablement, nos deux âmes soeurs après tant de tourments vont se retrouver face à face et s’affronter. On voit rapidement la nouvelle force de chacun. Sarasa est une vraie meneuse d’hommes mais pas seulement un leader, quelqu’un au centre de tout et aimé de tous, car elle leur fait confiance comme à des amis proches. Son intelligence fait armes égales avec celle de Shuri dans les stratagèmes que chacun met en place et j’ai adoré cette guerre des cerveaux plutôt que des muscles. Shuri, lui, est tellement intelligent et charismatique qu’il est fascinant dans le plan qu’il invente, mais on sent qu’il se retient.

Ainsi entre fascination et émotion, ce tome m’a encore embarquée dans une aventure stressante et saisissante où complot, préparatifs de guerre et premières passes d’armes font tout le sel de ces chapitres. Sarasa et Shuri se battent à armes égales, avec leur tête et leur coeur, dans une valse bien plus apaisée et rayonnante que la danse brouillonne et sanglante de leur première rencontre. Mais Yumi Tamura semble encore nous réserver de belles surprises et je suis très curieuse de les voir.

Tome 22

La confrontation tant attendue a bien lieu et c’est un tome à couper le souffle que nous offre Yumi Tamura pour cela !

Tandis que les choses se corsent un peu plus à Kyoto autour de Taro qui a découvert le complot mis en place par les plus hautes sphères, Sarasa et Shuri échangent leurs premiers coups sur le champ de bataille. L’autrice rend le combat à la fois vif et déchirant, sanglant et ingénieux, car à la tête des deux armées, il y a deux génies au grand coeur dont les esprits sont en parfaite harmonie.

Au milieu de la poussière de tous ces combats quelque chose gronde et monte qui va nous exploser à la figure. Réunissant les deux intrigues, l’autrice dévoile de manière magistrale ce que mijotait Hajiwara et qu’avait bien senti venir Shuri. On est ravagé par le destin funeste mais inéluctable de Taro, qui aura été fidèle à lui-même et à ses idéaux jusqu’au bout. Papillon de nuit ne s’y trompe pas dans l’hommage qu’il lui rend. Bouleversant. Grâce à eux, Tatara et Shuri auront été prévenus et auront échappé au pire.

C’est alors qu’une deuxième surprise nous est réservée au milieu de ce chaos guerrier. On découvre le vrai plan de Shuri et on est soufflé ! Connaissant le personnage, comme s’en doutait Sarasa, il ne pouvait pas faire ça pour la pompe royale et elle avait totalement raison. Shuri, enfin réconcilié avec tout et tous, est prêt à tout pour voir son rêve d’un pays vert débarrassé de la tyranie, même à se sacrifier. Quel homme magnifique ! J’ai été scotché par son plan d’emmener avec lui tout ce dont il ne voulait plus, de ruiner les plus riches artificiellement sans qu’ils s’en rendent compte, et surtout au final de tout offrir à celle qu’il aime. Splendide !

L’autrice nous offre vraiment encore une fois des évolutions juste magnifiques du côté des personnages. On a le déchirement de la perte d’un ami très cher avec Papillon de nuit. On a l’absolution et la révélation avec Asagi. On a l’amour avec un grand A avec Shuri, amour de son pays, amour envers ses amis et amour de la femme qu’il aime. C’est terriblement beau !

Je suis décidément subjuguée par l’émotion dont fait preuve Ymu Tamura dans son écriture, mais aussi par le souffle qu’elle insuffle dans cette histoire de Révolution de tout un peuple.

Tome 23

Les combats font toujours rage et alors que l’on croyait voir une éclaircie bienvenue, l’autrice nous réentraîne vers de nouveaux affrontements inattendus !

Yumi Tamura n’en finit plus de nous surprendre avec cette terrible guerre de libération du pays. Les suprises sont légions, les pertes sont une nouvelle fois douloureuses et les mots sont lourds de sens. C’est une apothéose qui dure et dure, pour nous amener vers ce nouveau pays dont tout le monde rêve.

Shuri est une nouvelle fois magnifique ici. Il porte la série sur ses épaules. Il est d’un charisme inégalable. Il a été jusqu’à tout donner pour arriver jusque-là, c’est admirable et le dernier sacrifice qu’il fait en est très révélateur. Mais il adresse ainsi au peuple les mots qu’il faut pour qu’enfin il fasse de lui-même le choix qui lui convient, le choix de la liberté. C’est un moment fondateur ! J’en aurais pleuré.

Les retrouvailles avec Sarasa ne sont pas donc vraiment de vraie retrouvailles. La guerre est toujours là, rien n’est gagné et ce sont le Roi Rouge et Tatara qui se retrouve en face l’un de l’autre après tant et tant d’épreuves. Yumi Tamura excelle à nous le mettre en scène, montrant qu’ils n’ont rien oublié et que c’est sur les cendres et ruines de ce qu’ils ont vécu qu’ils se sont redressé et ont grimpé pour arriver à ce moment. C’est dur pour leurs proches et leurs armées de le comprendre mais il le faudra bien pour arriver à vivre dans ce nouveau pays qu’ils souhaitent.

L’espoir était donc là, c’est pour que ça que « la trahison » d’Asagi surprend d’autant plus. Que cherche-t-il exactement en retournant à Kyoto prendre la couronne ? Cherche-t-il comme Shuri à réveiller le peuple ? A tirer un trait définitif sur la monarchie ? Si c’est le cas, c’est vraiment tiré par les cheveux comme le personnage… Mais lui aussi, il est tellement émouvant… Et au moins grâce à lui, on voit un Papillon de nuit qui passe à l’action avec un grand sage, contre l’un de ses derniers et le roi. Le peuple entre véritablement dans la danse à Kyoto aussi et participe de ce moment de révolte qui avait embrasé le restant du territoire.

Avec ce nouveau époustouflant, l’autrice nous emmène dans des tourbillons enflammés d’émotions vives. On croit un instant avoir tout gagné, avant de voir tout s’effondrer, puis de reprendre espoir. C’est intense. On pense que notre couple chéri va enfin se retrouver, mais ce n’est pas encore le temps et cela continue de nous hanter. Quelle superbe fresque révolutionnaire !

Tome 24

La spirale infernale est lancée ! Les ultimes événements de la saga se mettent en branle pour nous préparer un final à la fois explosif et plein de nuances, comme l’autrice sait si bien le faire. Emotion, drame et action sont bel et bien toujours au rendez-vous orchestrés par des personnages toujours plus beaux.

Je reste époustouflée par la qualité d’écriture de Yumi Tamura de bout en bout sur cette saga. Tout ce qu’elle a pu écrire fait sens dans ces ultimes moments. Les personnages ont grandi, se sont forgés leur propre vision du monde et de ceux qui doivent le gouverner, et ils savent ce qu’ils sont prêts désormais à faire pour cela.

La trahison d’Asagi est le dernier ressort qui fait bouger tout le monde vers le lieu clé du pouvoir. Celle-ci ne se révèle pas le traitre qu’il semblait être bien heureusement. Il est au contraire l’un des plus fidèles des fidèles de Tatara et leur confrontation finale le montre bien. Quel moment chargé en émotion, en mots importants enfin dits mais aussi en actes extrêmement parlant. Les anciens ennemis, devenus alliés, sont désormais des amis à la vie à la mort, liés par le même but, c’est superbe ! Et ainsi, chacun a trouvé sa place.

Dans ce palais aux multiples étages, les combats et face à face se multiplient, donnant un côté très théâtral à ce tome. Une fois de plus, la mangaka use à merveille de la culture japonaise aussi bien dans la mise en scène, que dans l’ambiance et la puissance de ce qu’elle écrit. C’est très intense.

Les sentiments sont portés à leur paroxysme, qu’ils soient amoureux, amicaux ou plus solitaire. Les actes aussi trouvent leur dernière expression, que ce sont dans un échange fondateur pour se trouver, une dernière passe d’arme, un sacrifice pas si impromptu, ou la fin d’un règne. Tout tourbillonne autour de Tatara pour qu’enfin sa quête prenne fin.

Sarasa est prise par ce tourbillon tentant jusqu’au bout de tenir son rôle, ce qui est de plus en plus compliqué. Shuri est enfin devant elle l’homme qu’elle attendait en tant que Shuri mais aussi que Roi Rouge. Asagi se révèle dans le drame et trouve sa place. Papillon de Nuit réalise la prophétie qu’on lui avait édictée il y a si longtemps. Et tous leurs alliés sont là, prêts à intervenir au moindre besoin, parce qu’ils savent que Tatara a pleinement confiance en eux. C’est un superbe moment de communion.

Reste la stupeur de voir le palais et tout ce qu’on a connu s’effondrer. Reste la tristesse de voir cette pauvre Reine Blanche condamnée par la vie cruelle qu’elle a menée et qui l’a enfermée dans le mauvais rôle. Reste l’effarement de voir l’effondrement d’un monarque qui s’est coupé de la base et ne comprend pas ce qui lui tombe dessus.

Yumi Tamura propose donc avec ce tome à lire en binome avec le suivant une fin âpre mais juste où nuances et complexité restent les maîtres mots, dans un univers réaliste dans ses ressorts humains et son contexte de Japon médiéval futuriste. Définitivement un shojo bien trop méconnu et qu’il serait bon de rééditer !

Tome 25 – Fin

Même s’il reste encore deux tomes, nous voici arrivés à la fin de l’histoire principale et il n’est pas simple de trouver les mots pour en parler tellement je fus émue.

Nous assistons aux ultimes combats, aux ultimes pertes avant l’effondrement total et la renaissance. C’est dur et lumineux à la fois, beau et terrible à la fois, mais toujours terriblement émouvant. L’effondrement du château est un symbole fort, surtout avec tous les personnages principaux qui s’y retrouvent dans un ultime ballet déchirant. Le compte-à-rebours est lancé et on sent le lent écoulement du temps et des vies qui s’acheminent vers le moment inéluctable qu’on attendait : la fin de la royauté et la fin de la guerre.

L’autrice offre alors des pages sublimes où les vies s’égrennent. Elle fait preuve d’une grande force dans le pardon. Mais les pertes font mal : d’Ephémère, en passant par Papillon de Nuit, à la mère de Shuri, mais aussi avec la Reine Blanche et son fidèle Hiragi. C’est déchirant. La peur ne nous quitte pas, elle est froide et étouffante. On a peur que tout s’embrase une dernière fois alors que les forces quittent peu à peu les personnages qui trouvent enfin une forme de repos. Asagi s’est trouvé lui-même et l’a accepté. Tatara a été au bout de sa révolte et ses compagnons aussi, mais certains destins sont à régler. La réponse trouvée est la seule voie qui était possible mais ce n’était pas la plus simple et la dimension humaniste et pacifique que lui donne Yumi Tamura est à l’image de l’ensemble de son oeuvre : bienveillante.

Se referme ainsi avec beaucoup de force une histoire puissante qui fut parfaitement menée du début à la fin. Cette fin douce-amère est à l’image du reste. On est heureux pour ceux restés en vie mais aussi pour ceux décédés qui sont tous allés au bout de leur destinée et ont eu des amis pour les accompagner et les aider à s’accomplir. Une nouvele ère s’ouvre donc.

Cette fin sublime s’accompagne heureusement à partir de la moitié du tome et encore sur deux volumes d’histoires courtes permettant de replonger ou de poursuivre leur destinée. La première consacrée à la Reine Blanche, explique ses choix tragiques avec la vie misérable qu’elle a vécue. J’en ai pleuré de rage. Elle nous permet aussi de voir les ultimes instants de ceux qui nous ont quitté au cours de cette ultime bataille. Enfin la seconde relate un pan méconnu de la jeunesse de Papillon de Nuit, ces moments clés qui l’ont lancé sur les routes de sa destinée. Poignant également.

Yumi Tamura a été une grande conteuse ici. En s’appuyant sur l’Histoire et la culture de son pays, elle a composé une vaste fresque épique, humaniste mais aussi terrible. Elle a su mener sa révolution de bout en bout avec tous les drames que cela peut occasionner mais aussi tous l’espoir que l’on peut trouver dans les rencontres qu’on fait. Tout ça pour offrir une conclusion qui sonne juste, qui n’est pas un appel à la violence, mais plutôt un appel au dialogue et à la co-construction. Inoubliable !

Tome 26 – Histoires Annexes 1

Nous entrons désormais dans d’autres temps, celui des petites histoires complémentaires avec lesquelles l’autrice nous ravis en enrichissant encore son univers et en retrouvant ses personnages dans de nouvelles scènes tour à tour drôles, amusantes ou touchantes mais toujours pertinentes.

Ce tome peut se découper en 2 parties. La première contient 3 histoires concernant les personnages de la saga. Quant à la seconde, l’autrice s’amuse avec de petites parodies décapantes. J’ai adoré les deux bien sûr !

Elle nous offre ainsi une première histoire centrée sur Hijiri et Nachi, où on découvre leur rencontre tandis qu’Hijiri réfléchit à leur avenir à chacun qui va forcément ne plus être aussi exclusif qu’actuellement et qui va les obliger à s’ouvrir aux autres, chacun se trouvant une compagne. J’ai toujours aimé la façon amusante dont l’autrice dessine les enfants comme des êtres courts sur pattes mais plein de perspicacité et la petite aventure que nos deux Tengus vivent le confirme.

La seconde histoire, ultra rapide, revient sur l’origine cocasse de la haine d’Asagi envers Shuri. Comme prévu avec ce personnage c’est à la fois profond et n’importe quoi lol

Enfin, le gros morceau est une longue histoire de 100 pages qui revient sur les premiers détenteurs des sabres et leur révolte contre le Roi de l’époque. Drame et camaraderie au rendez-vous dans cette aventure tragique. J’ai beaucoup découvrir les ancêtres des détenteurs actuels, voir la situation différente et en même temps similaire de l’époque qui les a aussi poussés à se révolter. Cependant l’autrice se centre avant tout sur les relations entre les protagonistes et c’est là qu’elle est la plus douée. Que ce soit Rasho, le jeune observateur, Nahezo qui a la tête sur les épaules, le fragile Asahiko, ou le courageux Gensho et la déterminée Tara, tous ont de très belles histoires vraiment poignantes et tout sauf manichéennes. Un très bel hommage à ces ancêtres méconnus.

Quant à la dernière partie, plus humoriste, elle a cet humour parodique con con que j’aime beaucoup et qui me parle. J’avais déjà apprécié dans certains volumes les yonkoma où l’autrice se moquait de ses personnages en parodiant certaines scènes, c’est à nouveau le cas ici. En plus, elle détaille un peu ses intentions sur ses histoires courtes et c’est éclairant. Quant à l’histoire parodique plus longue où les personnages sont des artistes d’une émission de télé-crochet, c’est excellent ici aussi, car elle exploite à merveille chacune de leur caractéristique vue dans l’histoire principale pour pondre une parodie désopilante. Rire garanti !

Il y a des volumes d’histoires annexes qui n’apportent pas grand-chose à l’univers dont elles sont tirées. Ici, ce n’est pas le cas. C’est à la fois drôle, tendre et dramatique, et cela approfondit vraiment le monde de Basara, expliquant même le titre de la saga. A lire sans se priver une fois la série terminée !

Tome 27 – Histoires Annexes 2 (Fin)

Ultime voyage auprès des amis de l’épopée de Basara. Dur dur de se dire qu’on va désormais les quitter tant leur aventure les a ancrés en nous. Heureusement l’autrice nous offre 7 dernières histoires pour cela.

J’avais été un peu frustrée de si peu voir Shuri et Sarasa dans le tome précédent, j’ai donc été comblée ici en les retrouvant dès le démarre dans une histoire douce-amère se déroulant après la fin de Révolution. Yumi Tamura nous avons laissé sur une belle image de retrouvailles, mais après tout ce qu’ils avaient vécu et ce que chacun avait commis, il n’est pas si simple d’avancer ensemble. J’ai aimé que l’autrice ose nous parler des difficultés psychologique de l’après guerre pour chacun d’eux. Shuri se remet mal de ce qu’il a fait à Sarasa, mais aussi de sa perte physique. Sarasa ne sait pas trop comment se comporter avec lui et s’y prend mal. Elle ne parvient pas non plus à oublier Papillon de nuit, une grande perte pour elle. Leur voyage à destination de la Corée voisine est donc l’occasion parfaite pour les faire bouger.

Entre repentance et renouveau, Sarasa, Shuri et Sakaki qui se tient à leur côté vont vivre une nouvelle grande aventure, dans un pays secoué lui aussi par une révolte populaire contre son roi. On y retrouve nos héros dans les costumes qu’ils ont l’habitude de porter mais l’autrice va plus loin, montrant ceux qu’ils sont devenus à l’issue de la guerre. Ainsi, on voit Shuri surmonter peu à peu ses traumas et montrer à Sarasa l’homme de paix qu’il souhaite être. Et on voit Sarasa trouver sa place et le juste milieu entre souffrance et espoir, communiquant à Shuri la confiance qu’il a acquis auprès d’elle. Ils sont extrêmement touchant et c’était l’ultime chapitre dont on avait besoin avec eux.

Les petites histoires qui suivent mettant tour à tour en scène Tamon et Masunaga, Hachiya de la police secrète de Kyoto, ainsi qu’Hijiri, Asagi et les habitants du village de Sarasa sont mignons et touchants tout plein, nous apprenant ce qu’ils sont devenus. Mais c’est vraiment l’histoire d’Hayato qui marquera car elle nous dévoile, là aussi comme la première, la difficile période d’après-guerre et ses conséquences sur nos héros.

L’histoire se passe 15 ans plus tard. Le royaume est à nouveau en proie à l’agitation car les dirigeants des différentes territoires n’ont pas réussi à s’entendre autour d’un chef commun. Hayato a fui pour se réfugier au calme ne sachant que faire. J’aime assez ce nouvel Hayato plus mature et plus calme. C’est très sympa de voir l’évolution politique du pays et ses difficultés. Mais surtout l’autrice nous offre de découvrir la nouvelle génération avec les enfants de nos héros, certains connus (Motomichi, Raita) et d’autres nouveaux (Ayumu et Hikaru), et le devenir de nos héros qui dirigent une maison de commerce. C’est ainsi une histoire à la fois âpre et pleine d’espoir, qui remet bien les pendules à l’heure.

Enfin l’autrice sous forme de boucle, nous offre d’ultimes pages où l’on va à la rencontre avec émotion d’anciennes réincarnation de Sarasa et Shuri pour se quitter avec cette dernière. C’est terriblement émouvant.

Terminant un long périple, ce recueil de nouvelles de taille inégale m’a apporté encore un petit truc en plus après avoir clôturé l’histoire principale. Après tout ce qu’avait vécu les personnages s’arrêter si rapidement sans voir un peu l’après manquait. Il fallait quelques pages pour rester juste et montrer les difficultés qu’ils allaient nécessairement rencontrer dans ce pays à reconstruire. C’est fait ici et avec toujours autant de doigté et de crédibilité. Quelle grande autrice que cette Yumi Tamura ! Quelle grande oeuvre que Basara !

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14 commentaires sur “Basara de Yumi Tamura

  1. Je t’avoue que la couverture ne m’aurait pas tentée plus que cela mais l’intrigue semble d’une richesse incroyable et les personnages fascinants. Je ne pense pas que ma médiathèque possède la série mais je regarderai à l’occasion.

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  2. C’est une série dont j’ai eu du mal à poursuivre parce que c’était loin de ce que Kana avait vendu mais incontestablement j’ai adoré !
    J’ai un artbook de cette saga et franchement les couvertures auraient été plus belles sans ce remaniement…

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  3. Basara !!!! Un des meilleurs shôjo que j’ai pu lire 🥰 Les personnages, l’histoire, tout est parfait ou presque 👌 On est loin de la romance lycéenne toute scintillante de paillettes…
    Je suis carrément déçue que Pika ait stoppé 7 Seeds parce que voilà quoi, ça me saoule les éditeurs qui font ça… Je suis atteinte du syndrome Panini, je ne me remets toujours pas de l’arrêt de Princesse Kaguya 😭
    Mais carrément ravie du retour de Yumi Tamura en France chez Noeve avec Don’t call it mystery 🥳 Même si le tome 2 est repoussé à trop loin 😭

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    1. 100% d’accord. J’ai rarement lu une épopée aussi passionnante et bien écrite, avec des personnages avec autant de nuances !
      Je suis aussi dégoûtée que 7 seeds ait été arrêté. Ça se vendait moins qu’un Chihayafuru toujours en cours avec plus de 30 tomes ou qu’un Nodame à plus de 39 tomes ? Je suis sceptique…
      M’en parle pas de Princesse Kaguya, je ne suis pas remise non plus 😭
      Les deux pires arrêts de mon histoire avec le manga v.v
      Et clair, merci à Noeve de lui avoir donné une nouvelle chance !

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      1. Nodame Cantabile, c’est 25 tomes 😉 Je ne sais pas si ça vendait qu’un Chihayafuru ou que Nodame Cantabile, les chiffres sont rarement communiqués et quand ils le sont, ils sont surprenants, quand tu sais que la meilleure vente manga de 2020 c’est le tome 1 de Naruto, voilà quoi 🤔
        Pour 7 Seeds, c’est lors de la renégociation du contrat avec les japonais que ça a coincé, sûrement dû aux mauvais chiffres de ventes. Après Pika a fait n’importe quoi, en le vendant comme un seinen et a sûrement fait une promo bâclée.
        Et pareil pour Panini, il me semble que pour Princesse Kaguya c’est un problème de droits. Pour avoir discuter avec quelqu’un de chez eux, tu comprends rapidement que la négociation et renégociation des contrats, c’est compliqué. Après, je ne vais pas trop cracher sur Panini, depuis l’arrivé du nouveau directeur de publication, ils font un boulot de dingue (les chiffres sont édifiants 😲), ils multiplient les sorties, reprennent des mangas qu’on pensait perdu à jamais (le reprise inespérée d’Ane no Kekkon 🥳), je l’ai juste en travers de la gorge pour Princesse Kaguya mais je pense qu’il faut plus regarder du côté des japonais sur ce coup-là.

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      2. Je pense surtout que le titre, comme Princesse Kaguya, est tombé sur une équipe qui ne croyait pas en lui et n’avait pas envie de se battre pour lui, ce que je trouve fort triste. Il y a plein de titres qui vendent aussi peu et qui ont été publiés chez nous voire réédités mais ils sont écrits par des hommes… Après pour ne pas être totalement de mauvaise foi, ils sont moins longs aussi ^^!
        Après je sais que les jap sont parfois durs lors des négociations, mais si les titres avaient été correctement soutenus, on n’en serait pas là.
        Et j’attends encore pour Panini, je n’ai rien contre la nouvelle direction, mais ils n’ont pas encore pleinement racheté le passif de ceux avant eux… Il y a plusieurs suites qui avaient été annoncées et dont on a pas vu le bout du nez, comme Rain Man ou From 5 to 9. Alors même si je suis ravie des rééditions d’Eden et Banana Fish, j’attends de voir ^^

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  4. Basara, mon tout premier manga.

    J’étais alors jeune collégien quand j’ai découvert cette histoire, à la médiathèque de ma ville.

    J’ai alors commencé à les acheter et je ne m’en suis jamais lassé.

    Merci pour cette longue review de chaque tomes
    Les valeurs amenées avec brio par l’autrice ont eu un impact monstre sur moi et je ne peux qu’approuver la lecture de cette œuvre.

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    1. Merci à toi. Ça me fait chuad au coeur de lire un tel témoignage. C’est fou qu’une médiathèque l’ait eu à l’époque car déjà ce n’était pas, je crois, une des meilleures ventes de Kana ><
      J'ai aussi été longtemps marquée par cette histoire et je le suis encore. J'espère qu'un jour les éditeurs se pencheront sur tous ces vieux et beaux shojos qu'ils devraient remettre en avant comme ils le font avec les shonen/seinen.

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